Trois tests autorisés en pharmacie, mais quid de la rémunération ? - Le Moniteur des Pharmacies n° 2989 du 22/06/2013 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2989 du 22/06/2013
 
DÉPISTAGE

Actualités

Auteur(s) : Magali Clausener

Un arrêté publié au « Journal officiel » du 15 juin autorise les pharmaciens à pratiquer trois tests d’autodiagnostic : glycémie, angine et grippe. Une avancée positive pour la profession, mais dont la rémunération n’est pas prévue.

Alors que la profession attend l’arrêté d’approbation de l’avenant sur le suivi des patients sous AVK, c’est un autre div qui a paru au JO du 15 juin : l’arrêté du 11 juin qui autorise les pharmaciens à utiliser trois tests d’autodiagnostic. Il s’agit du test capillaire d’évaluation de la glycémie, du test oropharyngé d’orientation diagnostique des angines à streptocoque du groupe A et du test nasopharyngé d’orientation diagnostique de la grippe. Ces trois tests sont à pratiquer dans « un emplacement de confidentialité » et dans le cadre d’une procédure d’assurance qualité qui s’applique aux professionnels de santé. En effet, l’arrêté ne concerne pas uniquement les pharmaciens, mais également les infirmiers, les sages-femmes et les médecins autorisés à utiliser d’autres tests (voir encadré). La procédure d’assurance qualité comporte deux parties : une fiche à remplir et des modalités de traçabilité. La fiche doit notamment spécifier « la formation accomplie pour pratiquer le test ou recueil et traitement de signaux biologiques », le test utilisé, le numéro de lot, la date et l’heure de réalisation, le traitement des déchets, etc.

Une nouvelle mission pour le pharmacien

« La FSPF est satisfaite de ce div. Ce qui est écrit dans le rapport de l’IGAS se met petit à petit en place. Cet arrêté fait bouger les lignes », déclare Philippe Gaertner, président de la FSPF. Discours à peu près identique de la part de Gilles Bonnefond, président de l’USPO : « Cet arrêté confirme la place du pharmacien dans le dépistage. C’est positif, il était temps ! »

De fait, cela fait plusieurs années que les officinaux réalisent le test capillaire d’évaluation de la glycémie, en particulier dans le cadre de campagnes de dépistage organisées par des groupements ou d’expérimentations comme dans le Var avec l’ARS PACA. Un dépistage parfois mal vu par les biologistes. Et pas réellement autorisé pour les pharmacies. L’arrêté du 11 juin encadre donc la pratique en déterminant les tests « qui ne constituent pas un examen de biologie médicale ». « Cela donne une perspective terrain aux pharmaciens, car depuis la loi HPST nous étions un peu dans le “vide” quant aux actions de dépistage », remarque Jean-Michel Cloppet, président de Giphar, groupement coutumier des campagnes de dépistages dont celui du diabète.

« La rémunération est l’étape suivante »

Pour autant, la mise en œuvre de ces tests suscite de nombreuses interrogations. « Quelle campagne mener auprès du grand public ? Qui va la gérer ? », questionne Jean-Michel Cloppet. Ce dernier s’interroge également sur la définition de l’espace de confidentialité, qui ne figure aujourd’hui que dans le « Guide de recommandations de l’agencement de l’officine » publié par l’Ordre en février 2013. Pascal Louis, président du CNGPO, qui estime « important que le pharmacien soit intégré à ce groupe de professionnels de santé pouvant réaliser ces tests », met en exergue la formation à laquelle d’ailleurs le CNGPO est favorable : « Quelle formation et quel besoin de formation pour les pharmaciens ? Le div ne le précise pas. » Mais c’est la question de la rémunération que tous posent sans détour. « L’arrêté ne donne aucune réponse sur la partie économique. Il ne prévoit ni la fourniture du matériel, ni la rémunération, souligne Pascal Louis. Il faudra bien une logique économique pour que la mise en œuvre du div soit réalisée. »

Pour Jean-Michel Cloppet, Giphar est prêt à adapter les dispositifs du groupement au div, mais pas gracieusement : « Les tests pourraient être gratuits si on avait une marge suffisante. Le problème est que la marge de l’officine s’effrite régulièrement. A court terme, le pharmacien ne pourra pas réaliser ses missions si on ne lui en donne pas les moyens. » Les syndicats partagent ces avis. « La rémunération est l’étape suivante avec l’Assurance maladie », résume Gilles Bonnefond. « Nous avons ouvert un chantier », conclut Pascal Louis.

Les autres tests

L’arrêté du 11 juin 2013 liste plusieurs tests pour les infirmiers, les sages-femmes et les médecins. Tous sont autorisés à pratiquer les tests de glycémie. Les infirmiers, les sages-femmes et les médecins peuvent aussi utiliser les tests urinaires. En revanche, seuls les médecins et les pharmaciens peuvent utiliser les tests d’orientation diagnostique des angines et de la grippe. Ces tests sont achetés par les professionnels de santé libéraux, à l’exception des tests d’angine fournis aux médecins par l’Assurance maladie. L’utilisation des tests n’est pas rémunérée mais s’inscrit dans le cadre d’une consultation ou d’un acte payé par le patient.

Pourrez-vous respecter la minute de silence en mémoire de votre consœur de Guyane le samedi 20 avril ?


Décryptage

NOS FORMATIONS

1Healthformation propose un catalogue de formations en e-learning sur une quinzaine de thématiques liées à la pratique officinale. Certains modules permettent de valider l'obligation de DPC.

Les médicaments à délivrance particulière

Pour délivrer en toute sécurité

Le Pack

Moniteur Expert

Vous avez des questions ?
Des experts vous répondent !