TOUT SAVOIR SUR LE DPC - Le Moniteur des Pharmacies n° 2981 du 27/04/2013 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2981 du 27/04/2013
 

Formation

PARMAGORA 2013

Auteur(s) : Florence Bontemps

Le DPC a été l’un des thèmes phares de Pharmagora. Acté en avril 2009 par la loi HPST, officiellement en vigueur depuis janvier 2012, annoncé comme effectif depuis le 1er janvier 2013, il suscite encore mille questions. Synthèse des éclairages de l’OGDPC, des CSI et de l’Ordre sur ce sujet d’avenir.

Qu’est-ce que le DPC ?

Le DPC ou développement professionnel continu concerne l’ensemble des professionnels de santé. Par rapport à une formation classique, le DPC associe à la phase d’acquisition de connaissances ou de compétences une phase d’évaluation des pratiques professionnelles, l’EPP. Cette phase essentielle d’analyse de leurs pratiques par les professionnels de santé eux-mêmes a pour objectif d’augmenter la qualité des soins et la sécurité des patients. Le DPC se répète tout au long de la carrière professionnelle.

Qu’est-ce que l’EPP en pratique ?

L’évaluation des pratiques professionnelles ne doit pas être confondue avec l’évaluation des connaissances. Il s’agit d’observer ce que l’on fait, pas ce que l’on sait. Il peut s’agir d’une analyse de la délivrance d’une classe de médicaments (AVK : l’INR est-il systématiquement vérifié à chaque dispensation ? Benzodiazépines : depuis combien de temps le patient prend-il ce traitement pour dormir ?), d’une analyse d’ordonnances ayant soulevé un problème au sein de la pharmacie ou encore d’une analyse de dossiers de patients ayant eu des effets indésirables (ces effets étaient-ils prévisibles ? évitables ?). L’EPP se réalise essentiellement à l’officine mais elle nécessite un temps dédié. Elle est faite par le professionnel de santé lui-même.

Le DPC est-il obligatoire ?

Le DPC est obligatoire pour tous les professionnels médicaux et paramédicaux. C’est une obligation annuelle, individuelle et légale. Chaque professionnel de santé doit valider (donc terminer) un parcours de DPC chaque année. Certains programmes de DPC pourront être conçus sur deux ou plusieurs années. Il faut alors valider la partie du parcours correspondant à chaque année.

Quels sont les organismes qui peuvent actuellement proposer des parcours de DPC ?

Le DPC est encore dans une phase transitoire. La majorité des anciens organismes de formation a été évaluée positivement par l’OGDPC de façon transitoire jusqu’au 30 juin. Ils s’engagent dès lors à proposer des programmes de DPC conformes aux orientations nationales (voir page 35) et articulés selon l’une des modalités définies par la Haute Autorité de santé, notamment en ce qui concerne les deux « briques » EPP et acquisition des connaissances.

Dans un deuxième temps, les organismes de DPC devront présenter un dossier et un « parcours type » à l’OGDPC, qui seront évalués par la commission scientifique indépendante des pharmaciens ou, pour les préparateurs, par la commission scientifique du Haut Conseil des professions paramédicales. L’organisme sera évalué sur ses qualités pédagogiques et méthodologiques, sur la qualité et les références de ses intervenants et sur son indépendance financière.

Où trouver la liste des différents parcours DPC ?

La liste des parcours de DPC est disponible sur le site www.ogdpc.fr. (onglet Programmes). 2 953 programmes y sont actuellement répertoriés, dont environ 500 pour les pharmaciens.

Sur la page d’accueil et sans inscription préalable, tout professionnel de santé peut ainsi consulter la liste des parcours DPC et la liste des sessions proposées par catégorie professionnelle, par nom d’organisme, thème de la formation, région…

Si l’EPP se passe à l’officine, quel est alors le rôle de l’organisme de DPC ?

L’organisation des EPP relève de la responsabilité de l’organisme de DPC (ODPC), car c’est lui qui va apporter la méthodologie : comment organiser une réunion d’équipe, quelle synthèse en faire, quels cas analyser ? quels indicateurs de qualité choisir ? comment les suivre ?

Les ODPC vont devoir prendre en compte et valoriser les habitudes des officinaux, leurs pratiques en terme de réunions d’équipes, de suivi de patients, de disponibilités pour leur proposer un éventail de programmes. L’idée est de partir de ce qui se fait déjà pour le valoriser, le tracer, l’exploiter et formaliser l’existant. Mais attention : l’EPP proposée par l’organisme ne pourra pas être un simple quiz d’évaluation des connaissances !

Au final, combien de temps dure un programme de DPC ?

En général, 3 étapes se succèdent :

– l’évaluation de ses pratiques ;

– le perfectionnement des connaissances, qui peut se faire de différentes façons : en présentiel, en e-learning, par de la lecture de documents (proposés par l’ODPC) ;

– la mesure d’impact, pour vérifier les modifications qu’a entraînées ce programme de DPC dans les pratiques professionnelles.

Un programme de DPC ne peut donc pas se faire sur une seule journée. Il va s’étaler sur quelques semaines ou mois.

Peut-on faire son DPC entièrement en e-learning ?

Le DPC peut se faire en totalité à distance. La partie e-learning, correspondant en général à la partie « acquisition des connaissances », doit être accompagnée d’EPP (à faire au sein de la pharmacie, sous la houlette de l’organisme de DPC), voire de regroupements téléphoniques, web-conférences, échanges sur un forum ou autres… Le déplacement n’est pas obligatoire.

L’abonnement à une revue scientifique ou comportant des parties scientifiques peut-il valider le DPC ?

Non, l’abonnement à une revue ne peut pas valider à lui seul le DPC, mais la lecture de certains articles proposés par l’ODPC, répondant à un certain nombre de critères fixés par la HAS, peut constituer l’étape d’« acquisition des connaissances » d’un programme de DPC. En complément, il doit y avoir une grille de lecture élaborée par l’organisme de DPC pour prouver que le professionnel de santé a bien assimilé le contenu.

Le DPC doit-il être suivi pendant un jour normalement travaillé ?

Rien ne le précise actuellement. D’après les dispositions du Code du travail, pour une formation d’une journée hors temps de travail, le salarié touche 50 % de son salaire d’une journée (remboursé à l’employeur par l’OPCA-PL). Des discussions ont lieu actuellement entre DGEFP et OGDPC. Une convention devrait être signée d’ici l’été.

Les parcours peuvent–ils réunir pharmaciens et médecins ?

Oui, c’est la volonté de l’OGDPC qui souhaite développer les échanges entre professionnels de santé. Il peut aussi s’agir de programmes communs pharmaciens-infirmières.

Toute l’équipe doit-elle s’inscrire au même parcours de DPC ?

Il peut être logique que toute l’équipe choisisse le même parcours de DPC, puisque tous les membres de l’équipe vont être amenés à travailler ensemble en réunions d’équipe. Toutefois, les adjoints ont le choix de leur DPC. Pour les préparateurs, ce choix relève de l’employeur.

Les programmes pour les préparateurs sont-ils spécifiques ?

Il peut en exister. Chaque ODPC choisit le public auquel il s’adresse pour chaque parcours de formation. A l’heure actuelle, les programmes sont plutôt communs pharmaciens-préparateurs, ce qui favorise les échanges au sein de l’équipe.

Les DU sont-ils validants DPC ?

Certains DU seront validants DPC, d’autres devront ajouter une partie EPP pour pouvoir être DPC. La liste n’est pas encore connue à ce jour. Ce sont les commissions scientifiques qui évalueront les DU.

Qui va contrôler le DPC ?

Le Conseil national de l’Ordre s’assure sur la base des attestations fournies par les organismes de DPC que les pharmaciens titulaires et adjoints ont bien satisfait à leur obligation annuelle de DPC. La sanction ultime serait l’insuffisance professionnelle, mais l’Ordre est plutôt dans la démarche d’accompagner et de proposer un programme adapté. Pour les préparateurs, c’est le titulaire qui contrôle le DPC. Dans les deux cas, le contrôle doit être effectif tous les cinq ans.

GLOSSAIRE

DPC : développement professionnel continu.

OGDPC : organisme gestionnaire du DPC.

ODPC : organisme de DPC.

CSI : commission scientifique indépendante.

EPP : évaluation des pratiques professionnelles.

OPCA-PL : organisme paritaire collecteur agréé des professions libérales.

FCC : formation continue conventionnelle.

DGEFP : délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle.

EPP : qui fait quoi, où, comment, pourquoi ?

Qui : tous les professionnels de santé évaluent eux-mêmes leurs pratiques. Une fois le sujet déterminé (AVK, diabète, iatrogénie…), ils sont guidés (méthodologie) par l’organisme de DPC qu’ils ont choisi.

Quoi : l’EPP, comme son nom l’indique, évalue les pratiques. Il peut s’agir de réunions en équipe sur un sujet comme les AVK, en partant d’un constat : le carnet de suivi des AVK n’est donné qu’à 10 % des patients. Après discussion en équipe, l’objectif est fixé à 40 % et vérifié deux mois plus tard lors d’une nouvelle réunion, ce qui permet de discuter de la façon des uns et des autres de présenter le carnet au patient. Autre exemple, tracer systématiquement les appels aux médecins : le problème à l’origine de l’appel, ce que le médecin a dit, les modifications de délivrance induites. Reprendre ces documents et en discuter au sein d’une réunion d’équipe constitue une EPP, à condition d’y apporter une méthodologie qui sera fournie par l’organisme de DPC.

Où : la plupart du temps à l’officine, mais aussi en réunion entre pharmaciens ou avec d’autres professionnels de santé.

Quand : par exemple lors d’une réunion d’équipe de 30 à 35 minutes quatre ou cinq fois dans l’année.

Comment : les outils pratiques (questionnaire, feuille de présence, consignes pour rédiger une synthèse) sont fournis par l’ODPC.

Pourquoi ? L’EPP a pour finalité de vérifier que la formation a réellement une utilité pour améliorer la prise en charge des patients.

Les orientations nationales du DPC

Les programmes de DPC doivent suivre l’une des six « orientations nationales » fixées par le ministère des Affaires sociales et de la Santé, dans un arrêté publié le 26 février 2013. Ces orientations prennent en compte les priorités de santé publique :

– contribuer à l’amélioration de la prise en charge des patients ;

– contribuer à l’amélioration de la relation entre professionnels de santé et patients ;

– contribuer à l’implication des professionnels de santé dans la qualité et la sécurité des soins ainsi que dans la gestion des risques…

Ces thématiques sont tellement au cœur de l’officine que les organismes de formation n’auront a priori pas de mal à suivre ces orientations nationales, auxquelles pourront s’ajouter des orientations régionales, fixées par les ARS, comme le chikungunya ou l’obésité.

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