L’ACNÉ - Le Moniteur des Pharmacies n° 2981 du 27/04/2013 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2981 du 27/04/2013
 

Cahiers Formation du Moniteur

Ordonnance

ANALYSE D’ORDONNANCE

Agathe 15 ans, débute un traitement oral par cycline

RÉCEPTION DE L’ORDONNANCE

Pour qui ?

Agathe, 15 ans.

Par quel médecin ?

Le médecin généraliste de la famille.

L’ordonnance est-elle conforme à la législation ?

Une évaluation du bénéfice-risque de la minocycline, autrefois fréquemment prescrite dans le traitement de l’acné (du fait d’une bonne efficacité), a montré qu’elle exposait à la survenue d’atteintes auto-immunes (lupus induits, vascularites…) et de manifestations d’hypersensibilité rares mais graves. Depuis juin 2012, elle n’est plus indiquée dans le traitement de l’acné. De plus, les spécialités à base de minocycline sont désormais soumises à prescription hospitalière (réponse 2).

Avant de contacter le médecin, le pharmacien discute de la prescription avec la patiente.

QUEL EST LE CONdiv DE L’ORDONNANCE ?

Que savez-vous de la patiente ?

Agathe a déjà eu des prescriptions de traitements antiacnéiques locaux (rétinoïdes). Les trouvant contraignants et irritants, elle était souvent peu observante. Elle utilise également un gel nettoyant sans savon adapté aux peaux à tendance acnéique et a déjà eu recours à des cosmétiques locaux à visée antiacnéique.

Motif de la consultation

Gênée par l’aggravation de ses lésions d’acné, Agathe a consulté son médecin généraliste.

Que lui a dit le médecin ?

Le médecin a effectivement constaté une aggravation des lésions d’acné. Il a proposé à Agathe un traitement antibiotique sur 3 mois en lui recommandant de bien se protéger du soleil durant toute la durée de l’antibiothérapie. Il lui a aussi expliqué que le traitement local était aussi important que le traitement par voie générale et qu’il faudrait le poursuivre « en entretien ». Pour que les applications soient moins contraignantes, il lui a proposé un gel associant deux antiacnéiques locaux différents.

Vérification de l’historique du patient

Agathe a déjà pris des rétinoïdes et de l’érythromycine par voie locale. L’historique mentionne aussi du gluconate de zinc (Rubozinc). Elle ne prend pas de traitement particulier et n’a jamais eu de cyclines.

Intervention pharmaceutique

Vous contactez le médecin généraliste par téléphone. Celui-ci vous remercie pour votre vigilance car il n’avait plus souvenir des dernières recommandations associées à la prescription de minocycline. Il vous demande de modifier la prescription et de remplacer la minocycline par de la doxycycline à la même posologie.

LA PRESCRIPTION EST-ELLE COHÉRENTE ?

Que comporte la prescription ?

• Doxycycline : antibiotique de la famille des tétracyclines indiqué notamment dans le traitement des acnés inflammatoires. Les cyclines diminuent la synthèse de cytokines pro-inflammatoires. Aux posologies employées dans l’acné, elles diminuent le nombre de Propionibacterium acnes (action bactériostatique), bactérie saprophyte de la peau entraînant l’inflammation des microkystes (points blancs) et la formation de boutons rouges (papules).

• Epiduo : antiacnéique à usage topique associant 2 principes actifs à l’action complémentaire. L’adapalène a une activité de type rétinoïde : il améliore surtout les lésions rétentionnelles (points noirs et microkystes) en réduisant la production de sébum ; il accélère aussi l’évolution des éléments inflammatoires (papules, pustules). Le peroxyde de benzoyle améliore les lésions inflammatoires et a également une activité kératolytique et sébostatique modérée.

Est-elle conforme aux référentiels ?

• Un traitement par voie orale est proposé en cas d’acné à prédominance inflammatoire, en cas d’atteinte étendue et/ou prolongée. Dans ces situations, une antibiothérapie est recommandée en première intention sauf dans les formes sévères où le recours à l’isotrétinoïne orale peut être proposé d’emblée. La doxycycline ou la lymécycline sont indiquées en première intention en se limitant à 3 mois de traitement continu (ce qui est bien le cas ici).

• L’association à un traitement topique renforce l’action des cyclines orales : classiquement, peroxyde de benzoyle et/ou rétinoïdes. Ces deux traitements locaux étant complémentaires (cf. supra), il est logique de les associer dans l’acné inflammatoire. Une seule application par jour est préconisée pour favoriser l’observance, d’où l’intérêt des spécialités associant deux traitements différents (type Epiduo).

• En complément des traitements prescrits, des soins d’hygiène adaptés sont recommandés (voir « Conseils complémentaires » infra).

Y a-t-il des médicaments à marge thérapeutique étroite ?

Non.

Les posologies sont-elles cohérentes ?

Oui. Dans l’acné, la doxycycline est habituellement employée à la posologie de 100 mg par jour. Epiduo s’applique 1 fois par jour.

Y a-t-il des contre– indications pour la patiente ?

Non. Les seules contre-indications des cyclines sont la grossesse (à partir du 2e trimestre), ce qui ne concerne pas Agathe, et les enfants de moins de 8 ans (risque de coloration permanente des dents et d’hypoplasie de l’émail). Il n’y a pas de contre-indications particulières pour les traitements locaux.

Y a-t-il des interactions médicamenteuses ?

Non. Les cyclines ne doivent pas être associées aux rétinoïdes par voie générale en raison du risque d’hypertension intracrânienne. Cette contre-indication ne concerne pas les rétinoïdes locaux.

Par ailleurs, il faut vérifier qu’Agathe ne prend plus de sels de zinc (Rubozinc). Il n’y a pas d’intérêt à les associer aux cyclines (dont l’efficacité est supérieure) ; de plus, leur prise simultanée avec les cyclines risque de diminuer leur efficacité par chélation.

Le traitement nécessite-t-il une surveillance particulière ?

Non. En dehors de l’évaluation de la bonne tolérance à l’antibiotique et au traitement local, il n’y a pas de surveillance particulière.

QUELS CONSEILS DE PRISE DONNER ?

Agathe n’a encore jamais pris d’antibiothérapie orale à visée antiacnéique ni de peroxyde de benzoyle. Des conseils sur les modalités d’application des traitements locaux doivent lui être rappelés pour éviter tout abandon du traitement.

Quand commencer le traitement ?

Les traitements peuvent être commencés le jour même.

• L’administration de la doxycycline s’effectue au milieu d’un repas avec un grand verre d’eau. Il ne faut pas se coucher dans l’heure qui suit pour éviter tout risque d’atteinte œsophagienne.

• Epiduo, comme les autres antiacnéiques locaux, doit être appliqué le soir (rétinoïdes et peroxyde de benzoyle sont irritants au soleil). L’application se fait en couche mince, sur l’ensemble des zones atteintes (et pas seulement sur les boutons), pour prévenir la survenue de nouvelles lésions d’acné (en évitant les yeux et les lèvres).

Demande de la patiente

Agathe se rappelle d’irritations importantes qui l’ont découragée lors de l’application des traitements antiacnéiques. Comment les éviter ? Faut-il poursuivre les applications en cas d’irritations ?

Les antiacnéiques locaux induisent souvent des irritations, surtout en début de traitement. Cet effet indésirable peut être prévenu en les appliquant un soir sur deux ou même un sur trois ou sur quatre. Petit à petit, la peau finit par s’habituer et la fréquence des applications peut devenir quotidienne. Si une irritation survient malgré tout (érythème cuisant avec desquamation), il faut stopper les applications durant quelques jours puis les reprendre à un rythme plus espacé (réponse 2). Pour améliorer la tolérance des traitements locaux, il est aussi recommandé d’appliquer un soin hydratant non comédogène le matin (réponse 3).

Que faire en cas d’oubli ?

Inutile de rattraper un oubli : des doses inférieures de doxycycline (50 mg par jour) restent efficaces dans l’acné.

Le patient pourra-t-il juger de l’efficacité du traitement ?

Sous antibiothérapie orale, une amélioration des lésions d’acné peut être constatée au bout d’un mois environ.

Quels sont les principaux effets indésirables ?

• Sous doxycycline : troubles digestifs (nausées, diarrhées…), risque d’atteintes œsophagiennes (nécessitant de bien respecter les modalités d’administration), risque de photosensibilisation, risque d’hypertension intracrânienne (notamment en cas d’association à un rétinoïde per os) ; rarement réactions allergiques et troubles hématologiques.

• Sous Epiduo : outre les phénomènes irritatifs, le peroxyde de benzoyle est photosensibilisant et il entraîne une décoloration des phanères et de certaines fibres textiles ; l’adapalène est aussi irritant (mais moins que les autres rétinoïdes) et photosensibilisant. Comme les autres rétinoïdes, il peut induire des exacerbations de lésions d’acné en début de traitement : cet effet est moindre en cas d’association à un traitement local anti-inflammatoire (peroxyde de benzoyle ici).

Quels sont ceux gérables à l’officine ?

• Doxycycline : inciter à bien respecter les consignes d’administration (prise au cours d’un repas avec un grand verre d’eau, ne pas se coucher). Proposer la prise de levures ou de probiotiques pour limiter l’altération de la flore intestinale microbienne et pour la restaurer après la fin du traitement.

• Epiduo : adapter les applications pour prévenir les irritations. Recommander l’utilisation d’une taie d’oreiller blanche.

Agathe doit éviter toute exposition solaire ou prévoir une protection efficace (vêtement, chapeau et crème solaire haute protection non comédogène).

Quels signes nécessiteraient d’appeler le médecin ?

Des brûlures ou des douleurs œsophagiennes, l’apparition d’un érythème important (réaction de photosensibilisation), des signes allergiques (urticaire…), des céphalées inhabituelles ou intenses ou des troubles de la vision (suspicion d’hypertension intracrânienne) nécessitent d’alerter le médecin.

CONSEILS COMPLÉMENTAIRES

• Vérifier qu’Agathe nettoie sa peau matin et soir à l’aide d’un nettoyant doux (type syndet). Une lotion ou une eau micellaire adaptée aux peaux à tendance acnéique peut aussi être utilisée. Attendre que la peau soit bien sèche avant d’appliquer le soin antiacnéique.

• Outre une crème hydratante pour pallier l’irritation et le dessèchement de la peau (voir « Accompagner le patient » p. 14), des produits de maquillage peuvent aussi être recommandés pour masquer les boutons. Choisir impérativement des références non comédogènes (Couvrance, Dermablend…).

• La prise de certains médicaments ou compléments alimentaires (fer, magnésium, zinc, calcium…) doit se faire à au moins 2 heures de distance de la prise de doxycycline.

PATHOLOGIE

L’ACNÉ EN 4 QUESTIONS

L’acné est une affection de la peau androgénodépendante survenant essentiellement à l’adolescence et caractérisée par un dysfonctionnement du follicule pileux et de la glande sébacée qui lui est accolée.

1 QUELS SONT LES SIGNES CLINIQUES ?

Le diagnostic repose sur la clinique et ne justifie presque jamais d’examens complémentaires. Les lésions élémentaires de l’acné se présentent sous forme de lésions d’origine rétentionnelle et /ou inflammatoire.

• Les lésions rétentionnelles : les comédons sont consécutifs à l’hyperséborrhée et à la kératinisation infundibulaire. La lésion primitive est un microcomédon invisible à l’œil nu qui évolue vers une lésion plus grosse pouvant prendre deux formes. Il s’agira soit de points noirs (ou comédons ouverts), soit de points blancs (comédons fermés ou microkystes).

• Les lésions inflammatoires débutent avec la prolifération bactérienne locale de Propionibacterium acnes :

– la papule est un bouton rouge en relief de 1 à 5 mm de diamètre qui peut se résorber ou se transformer en pustule ;

– la pustule est d’aspect purulent avec un contenu blanc jaunâtre ;

– le nodule est, lui, plus gros (plus de 5 mm de diamètre), plus profond et comporte le risque d’évoluer vers l’abcédation et la rupture avec formation de cicatrices.

2 QUELLES SONT LES DIFFÉRENTES FORMES CLINIQUES ?

L’acné polymorphe juvénile

Elle est sans conteste la forme la plus fréquente. Elle débute avant même la puberté avec une peau qui devient anormalement grasse. Elle concerne ensuite la plupart des adolescents qui présentent, à des degrés variables, soit des lésions rétentionnelles, soit des lésions papulopustuleuses, soit des formes mixtes. L’évolution se fait par poussées pour se terminer en général vers vingt ans. Plus rarement, elle peut perdurer jusqu’à vingt-cinq ans et parfois plus.

L’acné de l’adulte

Chez les femmes, l’acné peut sous-tendre une endocrinopathie et c’est un des rares cas où un bilan complémentaire se justifie, surtout s’il existe des signes cliniques d’hyperandrogénisme. Un bilan hormonal biologique et une échographie pelvienne permettent de dépister une sécrétion anormale d’androgènes et la possibilité d’ovaires polykystiques. L’acné excoriée est également une forme clinique principalement féminine. Elle est provoquée par la manipulation intempestive de lésions d’acné initialement minimes.

Chez l’homme, l’acné revêt surtout une forme inflammatoire, généralement localisée au dos.

L’acné du nouveau-né et de l’enfant

L’acné est présente chez le nouveau-né de 0 à 3 mois dans près de un cas sur cinq. Il s’agit d’une forme bénigne et transitoire liée à une activité androgène résiduelle d’origine maternelle. L’acné disparaît au bout de trois mois au maximum. Sa présentation est souvent banale, sous forme de comédons fermés. Elle peut être entretenue par l’application de corps gras. L’acné du nourrisson après 3 mois est rare. En revanche, chez l’enfant de plus de trois ans la présence d’une acné n’a pas de raison d’être physiologique et doit impérativement faire rechercher une maladie hormonale, notamment s’il existe des signes de puberté précoce.

L’acné d’origine médicamenteuse

Certains médicaments peuvent soit potentialiser une acné préexistante, soit provoquer des lésions acnéiformes. Parmi les principales molécules incriminées, on citera les traitements hormonaux (contraceptifs, androgènes), les corticoïdes, les immunosuppresseurs, les antiépileptiques, les anticancéreux, les antituberculeux et la vitamine B12.

L’acné exogène

Elle est provoquée par des facteurs locaux irritants. Les cosmétiques, autrefois incriminés, sont devenus une cause plus rare depuis la mise en place de tests de comédogénicité et une meilleure sélection des produits à base d’huiles végétales, de vaseline ou de lanoline. Utilisées par les travailleurs des secteurs de la mécanique automobile ou industrielle, les huiles minérales provoquent les « boutons d’huile » caractéristiques de cette forme d’acné irritative.

3 QUELS SONT LES FACTEURS DE RISQUE ?

Outre les causes exogènes et médicamenteuses déjà évoquées, l’acné se développera plus facilement dans certaines circonstances :

• les prédispositions génétiques (le risque de développer une acné est sensiblement plus élevé s’il existe déjà des cas familiaux) ;

• les modifications du climat hormonal (puberté, règles, grossesse, production anormale d’androgènes chez certaines femmes) ;

• l’exposition au soleil peut apporter une amélioration transitoire, liée à l’effet anti-inflammatoire des rayons ultraviolets, mais la rechute est classique à l’automne car le soleil entraîne aussi un épaississement de la couche cornée qui semble à l’origine d’un rebond des lésions rétentionnelles ;

• le tabac aurait un effet défavorable sur l’acné, principalement chez l’adulte, mais son rôle est controversé.

• le stress favorise les poussées d’acné par une augmentation de l’activité de neuromédiateurs spécifiques présents dans les terminaisons nerveuses qui entourent les glandes sébacées. Cette activité est plus importante chez les sujets acnéiques ;

• l’alimentation ne semble avoir aucune incidence. Cependant, des études récentes semblent montrer un lien entre acné et hydrates de carbone (glucides).

4 Y-A-T-IL DES COMPLICATIONS ?

• Les cicatrices sont les complications les plus affligeantes de l’acné. Elles sont principalement de deux types :

– les cicatrices atrophiques, les plus fréquentes, se présentent sous forme de petits cratères qui ne régressent pas spontanément ;

– les cicatrices hypertrophiques, à l’inverse, prennent la forme d’éléments soit simplement en relief, ne dépassant pas la taille de la lésion initiale, soit de taille plus importante liée à une évolution fibreuse de la peau que l’on qualifie de chéloïdes. La forme simple régresse en 12 à 18 mois, la forme chéloïde ne régresse pas.

• Les formes graves se déclinent en trois modes :

– l’acné nodulaire débute à la puberté comme une forme classique mais s’étend progressivement au cou, au tronc et parfois aux fesses et racines des membres. C’est une forme plutôt familiale et masculine cumulant des lésions rétentionnelles et inflammatoires. Les comédons ont souvent un aspect multiporal et les nodules qui peuvent s’abcéder sont à l’origine de cicatrices disgracieuses et définitives ;

– l’acné conglobata est une variante plus sévère et souvent familiale : nodules et comédons multipores évoluent vers le stade de papules, pustules ou abcès formant des tunnels suppuratifs. Leur évolution est souvent chronique, entraînant des cicatrices définitives et difficiles à vivre sur le plan social : aspect de visage « grêlé », chéloïdes sur le tronc ou les racines des membres. Cette forme touche l’homme préférentiellement et continue à évoluer après 25 ans ;

– l’acné fulminans : poussée brutale de lésions acnéiques très inflammatoires accompagnée de fièvre et d’une baisse de l’état général, de douleurs articulaires et musculaires. Les lésions peuvent devenir purulentes et évoluer vers des ulcérations nécrosantes. C’est la forme la plus grave de l’acné, de manière inattendue, touchant principalement les adolescents et adultes jeunes de sexe masculin.

THÉRAPEUTIQUE

Comment traiter l’acné ?

L’objectif du traitement antiacnéique est de diminuer la séborrhée, supprimer la rétention sébacée et limiter la composante inflammatoire. Les traitements sont efficaces après plusieurs semaines d’utilisation.

STRATÉGIE THÉRAPEUTIQUE

• Avant tout traitement, une recherche étiologique est effectuée. En cas d’acné induite (médicaments, cosmétiques…), l’élément en cause sera évité. Dans les autres cas, un traitement médicamenteux, généralement long, est initié par un traitement d’attaque de 3 mois puis est poursuivi obligatoirement par un traitement d’entretien. Une observance rigoureuse est nécessaire. Les premiers signes d’amélioration apparaissent après 4 à 6 semaines. Le traitement est poursuivi 6 à 12 mois. Quel que soit le type d’acné, des soins d’hygiène sont recommandés (voir « Accompagner le patient »). La manipulation et l’excoriation des lésions sont quant à elles déconseillées.

• En cas d’acné à prédominance rétentionnelle minime à modérée, un traitement local consiste en une application par jour par rétinoïde topique (adapalène, isotrétinoïne ou trétinoïne) est privilégié.

Une extraction des microkystes par microchirurgie est parfois recommandée en association. Elle est pratiquée par le dermatologue après quelques semaines de traitement afin d’accélérer l’effet et d’éviter une récidive précoce. Après 3 mois de traitement, le traitement par rétinoïde topique est poursuivi en entretien.

• En cas d’acné à prédominance inflammatoire papulopustuleuse minime à modérée, un traitement local par peroxyde de benzoyle est envisagé en première intention dans les formes localisées. En cas d’intolérance, l’adapalène ou une association d’antibiotique local et de rétinoïde topique peut être une alternative. Dans les formes étendues ou d’évolution prolongée, une antibiothérapie générale associée à un traitement local par peroxyde de benzoyle et/ou rétinoïde topique est recommandé.

Après 3 mois, si le traitement s’est avéré efficace, un traitement d’entretien par rétinoïde topique est mis en place. En cas d’échec du traitement, un traitement par isotrétinoïne orale est envisagé. Ce traitement per os possède des règles de prescription très strictes en raison de son risque tératogène.

• En cas d’acné nodulaire et d’autre acné sévère, un avis spécialisé est recommandé pour mettre en place un traitement par isotrétinoïne orale. En cas de forte composante rétentionnelle, l’isotrétinoïne est initiée à dose faible pour limiter le risque d’acné fulminans. Avant traitement, une microchirurgie des lésions rétentionnelles est recommandée pour éviter les poussées inflammatoires sévères à l’initiation du traitement.

En entretien, le traitement repose sur les rétinoïdes locaux.

• Parmi les rétinoïdes locaux, seul l’adapalène a démontré son efficacité en traitement d’entretien. Il peut être éventuellement associé au gluconate de zinc oral.

Cas particuliers

• Chez la femme acnéique, la contraception hormonale ne doit pas contenir de progestatif androgène. Les progestatifs de synthèse dépourvus de propriétés androgènes sont le désogestrel, le gestodène et le norgestimate. La seule contraception ayant l’indication « Contraception orale chez la femme ayant une acné légère à modérée » est l’association éthinylestradiol à 35 µg et norgestimate à 180/215/250 mg (Triafemi, Tricilest).

• Chez la femme enceinte, le Centre de référence sur les agents tératogènes préconise de reporter si possible le traitement de l’acné après l’accouchement. Si ce n’est pas possible, le peroxyde de benzoyle peut être utilisé quel que soit le terme de la grossesse, ainsi que les antibactériens locaux : clindamycine, érythromycine, acide azélaïque. Le zinc per os peut être utilisé à partir du 2e trimestre, en tenant compte des autres apports éventuels de zinc (suppléments « polyvitaminés et oligoéléments » notamment). L’érythromycine par voie orale est préférée si un antibactérien systémique est réellement nécessaire. Ces molécules peuvent également être utilisées chez une femme qui allaite.

Associations médicamenteuses

Certains traitements locaux sont composés de deux principes actifs. C’est le cas d’Erylik gel (trétinoïne + érythromycine), d’Antibiotrex gel (isotrétinoïne + érythromycine) et d’Epiduo gel (adapalène + peroxyde de benzoyle).

TRAITEMENTS

Antiacnéiques locaux

Lorsque deux antiacnéiques locaux distincts sont utilisés, l’un est à utiliser le matin, et l’autre le soir. Les traitements locaux permettant une seule application par jour sont à privilégier. Ils s’appliquent de préférence le soir après la toilette sur une peau sèche.

Rétinoïdes locaux

La trétinoïne prévient et favorise l’élimination des kystes ouverts et fermés. L’isotrétinoïne, dérivée de la trétinoïne, a la même action. L’adapalène possède de plus une activité anti-inflammatoire. Ces dérivés de la vitamine A sont indiqués dans l’acné à prédominance rétentionnelle.

Les effets indésirables possibles sont des signes d’irritation (érythème, desquamation) et d’hypo- et hyperpigmentation. Ils sont transitoires et appellent à espacer les applications 1 soir sur 2 ou 3. Une recrudescence des lésions acnéiques est possible en début de traitement. L’adapalène semble présenter moins d’effets secondaires pour une efficacité identique à la trétinoïne. Ces médicaments ne doivent pas être associés sous peine d’irritation.

Les rétinoïdes locaux sont parfois utilisés en association à l’érythromycine ou au peroxyde de benzoyle.

Peroxyde de benzoyle

Le peroxyde de benzoyle est indiqué dans les acnés polymorphes avec prédominance inflammatoire. Concentré à 5 %, il permet la réduction des lésions d’un tiers.

Une décoloration des textiles (literie, vêtements) et des phanères est possible. Une irritation locale peut apparaître. L’efficacité du peroxyde de benzoyle est augmentée s’il est associé à un rétinoïde ou à un antibiotique local. Le peroxyde de benzoyle à concentration de 5 % ou inférieure à 5 % est exonéré. Ces nombreuses spécialités sont disponibles en conseil et peuvent être proposées par le pharmacien.

Antibiotiques locaux

L’érythromycine et la clindamycine agissent sur Propionibacterium acnes et ont une action anti-inflammatoire. Ils sont utilisés en seconde intention en cas d’acné inflammatoire localisée. L’utilisation des antibiotiques locaux en monothérapie n’est pas recommandée en raison du risque de résistance bactérienne. Il faut les associer à un rétinoïde local ou à du peroxyde de benzoyle. Ils s’appliquent sur toutes les lésions inflammatoires 1 à 2 fois par jour pendant plusieurs semaines en évitant la bouche et les yeux. Des signes d’irritation transitoire sont possibles. Il n’est pas totalement exclu que la clindamycine par voie locale puisse induire une colite pseudo-membraneuse. L’association d’une antibiothérapie locale et orale n’est pas recommandée.

Acide azélaïque

Son efficacité en pratique clinique est limitée. La posologie est de deux applications par jour dans les formes localisées de l’acné à prédominance rétentionnelle. Il peut induire irritations locales, érythèmes, desquamations, sécheresses, sensations de brûlures, de picotement ou de prurit, photosensibilisation, hypopigmentation des peaux foncées.

Antiacnéiques oraux

Antibiotiques oraux

• Les antibiotiques sont indiqués dans les formes étendues et/ou d’évolution prolongée de l’acné à prédominance inflammatoire. La doxycycline inhibe la synthèse protéique des bactéries et possède une action anti-inflammatoire et antilipasique. La doxycycline (Vibramycine N) et la lymécycline (Tétralysal) peuvent être utilisées en première intention pour une durée maximale de 3 mois. La minocycline n’est plus indiquée. Afin de limiter le risque d’ulcération œsophagienne, les cyclines sont à prendre au moment des repas avec un grand verre d’eau et au moins 1 h avant le coucher. Les cyclines sont à prendre à distance des autres médicaments car leur absorption est diminuée par nombre d’entre eux. Les effets indésirables sont des troubles digestifs (dont des atteintes œsophagiennes), un risque de photosensibilité (doxycycline surtout) et de toxidermies graves et une hypertension intracrânienne. L’antibiothérapie générale doit être associée à un traitement local (peroxyde de benzoyle, rétinoïde local ou les deux).

• En cas de contre-indications aux cyclines, les macrolides (érythromycine 1 g /j) peuvent être utilisés en association à des traitements locaux. Ils peuvent entraîner des manifestations digestives, des allergies cutanées, une ototoxicité…

Isotrétinoïne orale

L’isotrétinoïne (Contracné, Curacné, Procuta) est un rétinoïde antiséborrhéique, kératolytique, légèrement anti-inflammatoire. Elle est initiée à la dose de 0,25 à 0,5 mg/kg/jour en 1 à 2 prises au cours du repas afin d’éviter la possible aggravation initiale. La posologie usuelle est de 0,5 à 1 mg/kg/jour en 1 à 2 prises pendant 16 à 24 semaines. Une seule cure est souvent suffisante. Lors d’une cure, la dose cumulée de 150 mg/kg ne doit pas être dépassée. Ce traitement est efficace dans un délai de 4 à 8 semaines. Des rechutes surviennent dans 20 à 50 % des cas à l’arrêt du traitement. La prescription n’est pas restreinte aux seuls dermatologues. L’isotrétinoïne est tératogène. Un programme obligatoire de prévention de la grossesse a donc été mis en place chez les femmes en âge de procréer (accord de soins et de contraception…). La patiente reconnaît avoir compris les risques et les précautions nécessaires liés à l’utilisation de l’isotrétinoïne.

Chez les femmes en âge de procréer

La prescription doit être limitée à 30 jours ; sa poursuite nécessite une nouvelle prescription. Dans les conditions idéales, le test de grossesse, la prescription et la délivrance d’isotrétinoïne devraient être réalisés le même jour. La délivrance de l’isotrétinoïne doit avoir lieu dans les 7 jours au maximum suivant sa prescription.

• Contraception : la patiente doit être capable de comprendre et d’accepter la nécessité d’une contraception efficace, ininterrompue, débutant 1 mois avant le début du traitement, se poursuivant pendant toute la durée du traitement et se prolongeant 1 mois après sa fin. Au moins une et de préférence deux méthodes de contraception (incluant une méthode mécanique) sont nécessaires. Même en cas d’aménorrhée, la patiente doit suivre toutes les mesures relatives à une contraception efficace. Ces conditions concernent également les femmes qui déclarent n’avoir aucune activité sexuelle, sauf lorsque le prescripteur estime qu’il existe des raisons convaincantes indiquant l’absence de tout risque de grossesse. Dans ce dernier cas, s’en assurer auprès du prescripteur.

• Tests de grossesse :

– afin d’exclure toute grossesse éventuelle avant de débuter une contraception, un premier test de grossesse médicalement supervisé (hCG plasmatiques) est recommandé ;

– un test de grossesse est obligatoire lors de la visite de prescription initiale d’isotrétinoïne, ou dans les 3 jours qui précèdent cette visite. Ce test ne doit être pratiqué qu’après un mois de contraception efficace ?;

– des consultations de suivi doivent être régulièrement programmées tous les 28 jours ;

– les tests de grossesse des visites de suivi devront être effectués le jour de la visite ou dans les 3 jours qui précèdent ;

– cinq semaines après l’arrêt du traitement, la patiente devra réaliser un dernier test de grossesse.

• Carnet patiente : lors de la première prescription, vérifier au moment de la dispensation qu’y figurent : accord de soins et de contraception établi et signé, conseils concernant l’effet tératogène de l’isotrétinoïne et la nécessité d’éviter toute grossesse, données, date du test de grossesse, résultat négatif du test de grossesse et méthode de contraception depuis au moins 1 mois ;

– lors des prescriptions suivantes, vérifier la date du test de grossesse, son résultat négatif et la méthode de contraception. Le pharmacien doit apposer des mentions sur le carnet patiente : nom du médicament prescrit, nom du médicament délivré, date de délivrance, tampon de l’officine et un commentaire en cas de non-délivrance.

Pour les hommes

Le niveau d’exposition maternelle à partir du sperme des patients sous isotrétinoïne n’est pas suffisamment important pour être associé à un effet tératogène. Les relations sexuelles avec une partenaire enceinte ou susceptible de l’être ne sont pas déconseillées. Il n’y a pas de restriction de prescription, de délivrance ou de renouvellement.

Autres effets indésirables

Ils sont cutanéomuqueux (xérose, sécheresse buccale, érythème facial, épistaxis, conjonctivite, chute de cheveux, hyperpilosités, fragilité des ongles), osseux (douleurs, arthralgies), ophtalmologiques (sécheresse oculaire, conjonctivite), hépatiques (élévation des transaminases, hépatites), biologiques (élévation du cholestérol total et des triglycérides), neuropsychiatriques (céphalées par hypertension intracrânienne, dépression voire suicide) et myalgiques. Les transaminases, les triglycérides et le cholestérol total sont surveillés avant le traitement, à 1 mois puis tous les 3 mois. Une aggravation de l’acné en début de traitement peut nécessiter son arrêt. L’exposition au soleil doit être évitée (irritation supplémentaire).

• Le patient doit être informé des premières manifestations de la dépression : signes physiques, psychologiques et/ou émotionnels.

Une brochure d’information (« Ce qu’il faut savoir avant de commencer un traitement par isotrétinoïne orale ») à remettre à tous les patients est disponible sur le site Internet de l’ANSM.

• Les patients doivent être avertis qu’ils ne devront jamais donner ce médicament à une personne de leur entourage, et qu’ils doivent rapporter toutes les capsules non utilisées à leur pharmacien à la fin du traitement.

Dérivé du zinc

Indiqué dans l’acné inflammatoire, il est à prendre à distance des repas ou des autres médicaments le matin à jeun : fer, calcium, cyclines, fluoroquinolones, strontium (à prendre à 2 h de distance). En effet, le gluconate de zinc (Effizinc, Granions de zinc, Rubozinc) peut se chélater avec des aliments riches en acide phytique (pains complets, maïs, soja, céréales…) dans l’intestin. Il est parfois une alternative aux cyclines durant la période estivale. Des gastralgies spontanément résolutives peuvent apparaître.

ACCOMPAGNER LE PATIENT

Olivia, 16 ans, lycéenne

« J’ai d’abord eu des traitements locaux puis, depuis quelque temps, la dermatologue me prescrit des antibiotiques et parfois Rubozinc. Je ne trouve pas ces traitements très efficaces. J’ai des boutons mais aussi des cicatrices d’acné qui me gênent beaucoup au niveau du visage et du dos. Pour les cicatrices, la dermatologue m’a prescrit Cicaplast et j’utilise aussi une crème teintée pour les masquer. Mon frère a eu un traitement par isotrétinoïne qui lui a bien réussi. J’ai quelques fois envie d’essayer mais ce traitement me fait un peu peur. Je me souviens surtout qu’il devait faire très attention au soleil : sans protection solaire, il attrapait un coup de soleil dès qu’il faisait beau ! D’ailleurs, cette année-là nous ne sommes pas allés à la mer ! »

L’ACNÉ VU PAR LES PATIENTS

Impact psychologique

L’acné est souvent à l’origine d’une gêne esthétique. Les formes sévères ou même modérées peuvent entraîner un handicap psychosocial important. Chez l’adolescent notamment, l’acné peut s’ajouter à d’autres causes de troubles anxieux et a été liée dans certains cas à une altération de la confiance en soi voire à des dépressions.

Impact au quotidien

Les soins locaux quotidiens sont souvent considérés comme fastidieux et superflus par les adolescents qui ne voient pas de résultats rapides à leurs « efforts ».

À DIRE AU PATIENT

A propos de la pathologie

• L’acné des adolescents évolue par poussées et régresse le plus souvent spontanément vers l’âge de 20-25 ans. Elle n’est pas due à un manque d’hygiène.

• L’acné peut survenir aussi à l’âge adulte, favorisée par un déséquilibre hormonal, l’application de cosmétiques inadaptés (cf. « Prévention » infra) ou certains traitements.

• Cicatrices : elles peuvent être définitives. Pour les éviter, proscrire la manipulation des lésions (qui favorise les poussées inflammatoires) et encourager une prise en charge précoce.

• Toilette douce du visage : elle est recommandée 2 fois par jour à l’aide d’un nettoyant sans savon (type syndet, lotion sans rinçage ou eau micellaire adaptée aux peaux acnéiques) pour respecter le pH physiologique cutané. Les savons (pH alcalin), les produits irritants (alcool, antiseptiques…), les gommages sont déconseillés car ils peuvent favoriser une hyperséborrhée réactionnelle. Pour le rasage, les garçons doivent préférer un rasoir électrique moins agressif et irritant que le rasoir mécanique. Si besoin, laver les cheveux aussi souvent que nécessaire à l’aide d’un shampooing à usage fréquent spécifique pour les cheveux gras.

• Photoprotection : elle est indispensable (chapeau, solaire non comédogène haute protection) en période estivale en raison du rôle aggravant du soleil (comme des lampes UV) sur les lésions d’acné, du risque de photosensibilisation ou d’irritation supplémentaire lié à la plupart des traitements antiacnéiques et du risque de pigmentation irréversible des cicatrices. Stopper les traitements locaux la veille, le jour même et le lendemain d’une forte exposition solaire (journée à la mer…). Interrompre le traitement en cas de coup de soleil.

• Autres soins locaux et cosmétiques : les soins hydratants non comédogènes (type Clean-Ac, Sébium Hydra, Hyséac Restructurant, Hyséké Emulsion…) s’appliquent le matin pour corriger l’irritation due aux traitements locaux. Des soins plus riches sont nécessaires sous isotrétinoïne (cf. infra). Les soins « traitants » (crèmes, gels…) pour peaux à tendance acnéique renfermant des agents séborégulateurs et anti-inflammatoires, kératolytiques ou kératorégulateurs (zinc, piroctone olamine, vitamine A, acides de fruits…), peuvent avoir un intérêt dans les acnés légères. Plus ou moins irritants, ils ne doivent pas être appliqués en même temps qu’un traitement antiacnéique local.

A propos des traitements

La plupart des traitements sont photosensibilisants ou irritants au soleil (à l’exception des sels de zinc, des antibiotiques locaux, de l’acide azélaïque et des macrolides oraux). Encourager à bien suivre le traitement prescrit, à persévérer même si les résultats ne sont pas visibles immédiatement. Expliquer l’intérêt du traitement d’entretien et la nécessité de poursuivre des soins d’hygiène adaptés pour éviter les récidives.

• Traitements locaux : application une fois par jour (pour faciliter l’observance), le soir, en couche mince et sur l’ensemble des zones habituellement atteintes pour prévenir l’apparition d’autres lésions (en respectant le contour des yeux). Si deux soins sont prescrits, les appliquer en alternance. En cas d’irritations (fréquentes sous rétinoïdes, sauf avec l’adapalène, mieux toléré), il faut espacer les applications et/ou utiliser un soin hydratant le matin (cf. supra). Le peroxyde de benzoyle peut décolorer les fibres textiles (et également les phanères) : prévoir une taie d’oreiller blanche. Concernant les présentations non listées (≤ 5 %), inutile de les conseiller en cas d’acné rétentionnelle (comédon) : la molécule n’a d’intérêt qu’en cas de lésions inflammatoires.

• Cyclines : administration avec un grand verre d’eau à 2 heures de distance des sels de fer, de zinc, de magnésium, d’aluminium… Ne pas s’allonger dans l’heure qui suit (prévention des ulcérations œsophagiennes).

• Sel de zinc : administration à jeun à distance des cyclines, des fluoroquinolones, des sels de fer, de calcium.

• Isotrétinoïne : les acnés sévères peuvent nécessiter plusieurs traitements par isotrétinoïne. La rémission persiste quelques mois après l’arrêt du traitement. Ne pas associer de kératolytiques locaux ou d’antiacnéiques exfoliants. Pour les patientes, vérifier dans le carnet patiente (voir « Thérapeutique ») la prise d’une contraception efficace et la réalisation du test de grossesse. Il est normal qu’une exacerbation de l’acné survienne en début de traitement. Recommander de bien hydrater la peau du visage, du corps et les lèvres (baume ou stick à lèvre) avec des soins relipidants (Hydrance Optimale Riche, Effaclar H, Xérial 5…). Proscrire les épilations à la cire durant le traitement (risque d’arrachement de l’épiderme). Signaler la survenue de troubles psychiatriques (modification de l’humeur, signes dépressifs…) au médecin. Aucun don de sang ne doit être effectué durant le traitement et le mois suivant son arrêt (l’isotrétinoïne est présente dans le sang). A la fin du traitement, recommander de ramener à la pharmacie les unités de prise non utilisées.

PRÉVENTION

• Certains produits de maquillage (blush, poudre…) peuvent contenir des pigments comédogènes. Orienter vers des cosmétiques et des produits de maquillage adaptés (fond de teint, crèmes teintées…), portant la mention « non comédogène » (Avène, La Roche-Posay, Bioderma, Vichy…).

• L’exposition au soleil améliore transitoirement l’acné mais provoque une recrudescence des lésions ensuite.

Délivreriez-vous ces ordonnances ?

ORDONNANCE 1 : NON. Pas sans avoir contacté le prescripteur et vérifié qu’il est informé des antécédents psychiatriques du patient. En effet, des cas d’aggravation de dépression, de changement d’humeur et d’idées suicidaires ont été rapportés lors de traitement par isotrétinoïne. Des antécédents de troubles psychiatriques ne contre-indiquent pas la prescription d’isotrétinoïne mais une surveillance rapprochée est nécessaire.

ORDONNANCE 2 : OUI. Mais l’ordonnance ne pourra pas être renouvelée. Une nouvelle prescription doit être présentée chaque mois pour la délivrance en même temps que le carnet patiente comportant la date et le résultat du test de grossesse (réalisé dans les 3 jours précédant la prescription). Par prudence, vérifier que Camille ne possède plus de gélules de Tétralysal. Si c’est les cas, lui recommander de les rapporter à la pharmacie (l’association cycline/isotrétinoïne orale est contre-indiquée en raison d’un risque d’hypertension intracrânienne).

MÉMO-DÉLIVRANCE

CONCERNANT LES TRAITEMENTS LOCAUX

Le patient sait-il que faire en cas d’irritations locales ?

En cas d’irritations locales, les applications doivent être espacées 1 jour sur 2 voire 1 jour sur 3 ou 4.

Le patient sait-il quand appliquer les produits ?

Les traitements locaux doivent être appliqués le soir sur une peau propre et sèche. Les yeux, les narines et la bouche doivent être évités. Les rétinoïdes et le peroxyde de benzoyle sont appliqués sur l’ensemble des zones atteintes et pas seulement sur les lésions contrairement aux antibiotiques locaux.

Le patient sait-il quelle conduite adopter au soleil ?

Les rétinoïdes locaux et le peroxyde de benzoyle sont irritants suite à l’exposition solaire. Le patient ne doit pas s’exposer au soleil. En cas d’exposition solaire exceptionnelle d’une journée, il doit arrêter le traitement la veille, le jour même et le lendemain.

Le patient connaît-il l’autre principal effet indésirable du peroxyde de benzoyle ?

Le peroxyde de benzoyle peut décolorer les tissus et les phanères. Il est conseillé de dormir sur un oreiller blanc.

CONCERNANT LES CYCLINES

Le patient connaît-il les modalités de prise de l’antibiotique ?

Les cyclines doivent être prises au moment des repas avec un grand verre d’eau au moins 1 h avant le coucher.

Le patient connaît-il les précautions à prendre avec son traitement ?

Les cyclines sont photosensibilisantes. Attention au soleil ?!

Ces médicaments sont à prendre à distance des autres médicaments pour ne pas en gêner l’absorption.

CONCERNANT L’ISOTRÉTINOÏNE

Le patient a-t-il été averti des risques de dépression ?

Des risques de dépression voire de suicide sont possibles. Dans ce cadre, une brochure doit obligatoirement avoir été remise au patient.

La patiente en âge de procréer a-t-elle compris les mesures relatives au programme de prévention de la grossesse ?

La patiente doit notamment être sous contraception efficace (1 mois avant, pendant et 1 mois après le traitement), respecter les modalités de réalisation des tests de grossesse (HcG : 1 mois avant, chaque mois et 5 semaines après) et présenter un carnet patiente dûment rempli à chaque délivrance.

Le patient connaît-il les précautions à prendre avec son traitement ?

Le patient doit notamment bien hydrater sa peau, ses yeux, ses lèvres et utiliser une protection solaire.

NB : De manière générale, les soins d’hygiène spécifique de l’acné sont conseillés.

LE CAS : Agathe, 15 ans, vient de temps en temps à la pharmacie pour la délivrance d’antiacnéiques locaux ou pour demander conseil pour une acné modérée. Elle présente aujourd’hui une prescription émanant de son médecin généraliste.

Vous avez été confronté à une ordonnance à problème ?

Contactez-nous ?: ordonnance@wolters-kluwer.fr

Qu’en pensez-vous

Un traitement par minocycline :

1) doit être prescrit par un médecin spécialiste

2) nécessite une prescription hospitalière

3) peut être prescrit par tout médecin

Qu’en pensez-vous

Quelle(s) réponse(s) faites-vous à Agathe ?

1) Il ne faut pas interrompre le traitement même en cas d’irritation

2) En cas d’irritation, il faut espacer les applications

3) Un soin hydratant peut être appliqué le matin pour atténuer l’irritation

EN CHIFFRES

• Maladie dermatologique de loin la plus fréquente.

• Près de 15 millions de personnes sont touchées en France.

• Concerne environ 80 % des adolescents dont 20 à 30 % justifient une prise en charge médicale avec 1 % de formes très difficiles à traiter.

• Disparaît chez la plupart des garçons vers l’âge de 20 ans, plus tardivement pour les jeunes femmes, jusqu’à 25 ans et plus parfois. Chez les adultes, près de 20 % des femmes restent concernées.

HYPERANDROGÉNISME

Excès d’hormones masculinisantes entraînant une virilisation avec prise de poids, perte de cheveux mais pilosité excessive sur le corps et perturbation des règles chez la femme.

ULCÉRATION NÉCROSANTE

Plaque rouge, inflammatoire creusant le derme et évoluant vers une nécrose noirâtre à croûte épaisse avec des bords irréguliers.

Physiopathologie de l’acné

Elle suit une trajectoire en trois étapes, se succédant de manière fluctuante dans le temps :

• La séborrhée : l’hypersécrétion de sébum est la première condition à la formation d’une lésion d’acné. Elle résulte de l’activité hormonale locale de la dihydrotestostérone produite en excès dans les cellules sébacées sous l’impulsion d’une enzyme, la 5-alpharéductase de type 1, à partir des androgènes circulants. Cette enzyme prédomine dans les glandes sébacées du visage et du cuir chevelu.

• L’hyperkératinisation infundibulaire est à l’origine de l’obstruction du canal excréteur du follicule pilosébacé liée à des anomalies de la prolifération, de l’adhésion et de la différenciation des kératinocytes qui deviennent incapables de se séparer les uns des autres. Le sébum, qui ne peut plus être évacué à la surface de la peau, forme un « bouchon » à l’origine des comédons (lésions rétentionnelles).

• Les lésions inflammatoires : elles sont consécutives à la prolifération d’une bactérie, Propionibacterium acnes, normalement présente sur la peau et qui trouve dans le comédon un milieu favorable. Cette bactérie produit des substances inflammatoires responsables d’une irritation de la paroi du follicule pilosébacé provoquant l’intervention de polynucléaires. Leur action entraîne la destruction de cette paroi et la diffusion de l’inflammation aux couches voisines du follicule.

MICRO-CHIRURGIE

Technique qui consiste à élargir l’orifice du sac folliculaire du comédon ouvert ou à inciser légèrement le microkyste à l’aide d’un vaccinostyle ou d’une microlance, à expulser le comédon par pression douce ou à l’aide d’un tire-comédon, et détruire le sac folliculaire par de l’acide trichloracétique à 30 %.

CE QUI A CHANGÉ

APPARU

En mai 2009, la mise en place du carnet patiente et la modification des conditions de prescription et de délivrance sont venues renforcer le programme de prévention des grossesses sous isotrétinoïne orale. Depuis mars 2010, la présentation du carnet est devenue obligatoire pour toute prescription et délivrance d’isotrétinoïne orale.

DISPARU

• La minocycline n’a plus d’indication dans le traitement de l’acné depuis juin 2012 en raison du profil bénéfice risque défavorable (atteintes auto-immunes, manifestations d’hypersensibilité graves dont DRESS) par rapport aux autres cyclines.

• Diane 35 (cyprotérone/éthinylestradiol 2 mg/0,035 mg) et ses génériques verront leur AMM suspendue au 21 mai 2013 compte tenu de leur efficacité modérée dans le traitement de l’acné et de leur risque thromboembolique veineux. Par ailleurs, ces spécialités sont souvent utilisées comme contraceptif oral alors qu’elles n’ont pas fait la preuve de leur efficacité contraceptive. Les pharmaciens doivent renouveler la dispensation de ces médicaments pour la durée la plus courte possible, compatible avec la possibilité pour la patiente de consulter un médecin ou une sage-femme.

VIGILANCE !!!

Certaines contre-indications doivent être connues du pharmacien.

Cyclines

Grossesse à partir du deuxième trimestre et enfant de moins de 8 ans.

Isotrétinoïne

Femme en âge de procréer sans contraception efficace, grossesse, allaitement, incapacité de comprendre un suivi régulier, don de sang, insuffisance hépatique, hyperlipidémie, hypervitaminose A.

Rétinoïdes et peroxyde de benzoyle : précautions

• Un test de la sensibilité individuelle peut être effectué en début de traitement par une touche d’essai sur une petite partie du visage. En cas d’irritation, les applications doivent être espacées 1 jour sur 2 voire 1 jour sur 3 ou 4.

• Chez les sujets à peau fragile (roux, blonds, peau fine) et en cas d’association avec d’autres topiques irritants, le traitement doit être prescrit à de faibles concentrations.

• Lors de l’application sur l’ensemble des zones atteintes et non seulement sur les lésions, les yeux, les narines et la bouche doivent être évités.

• Le patient ne doit pas s’exposer au soleil (irritation supplémentaire). En cas d’exposition exceptionnelle une journée entière, il doit arrêter le traitement la veille, le jour même et le lendemain.

POINT DE VUE Dr Sandra Ly, dermatologue, praticien attaché au CHU de Bordeaux, interrogée par Carole Fusi, pharmacienne

« Les soins cosmétiques font partie intégrante de la prise en charge de l’acné »

Y a-t-il un message particulier sur l’acné que voudriez faire passer aux officinaux ?

Oui. Les soins cosmétiques font partie intégrante de la prise en charge. Ils permettent d’optimiser les traitements médicaux en en améliorant la tolérance et donc l’observance. Pour les acnés débutantes, ils sont même parfois suffisants.

Que pensez-vous du retrait de Diane 35, le 21 mai prochain ?

Tous les œstroprogestatifs comportent un risque thromboembolique. Diane ? 35 a rendu service à de nombreuses patientes. Sa suspension va certainement pénaliser certaines d’entre elles.

Par quoi allez-vous remplacer ce traitement ?

Nous disposons d’Androcur en association à un œstrogène pour les patientes présentant une acné dans le cadre d’un hirsutisme.

L’acné apparaissant lors d’une grossesse disparaît-elle après ?

C’est très variable selon les patientes. En revanche, une fois que la patiente a accouché, le dermatologue peut lui proposer de traiter son acné par des traitements tels que les rétinoïdes topiques, les cyclines voire l’isotrétinoïne, qui sont contre-indiqués pendant la grossesse et qui nécessitent une contraception efficace.

QUESTION DE PATIENTS « Le chocolat et le lait peuvent-ils aggraver l’acné ? »

Le rôle aggravant de certains aliments (chocolat, lait…) est controversé, aucun lien entre acné et alimentation n’ayant été clairement démontré, ni infirmé. En revanche, un lien entre acné et hydrates de carbone a été évoqué dans des études récentes.

QUESTION DE PATIENTS « Le port de lentilles est-il compatible avec un traitement par isotrétinoïne ? »

Une sécheresse de la peau et des muqueuses est très fréquente sous isotrétinoïne orale. Au niveau oculaire, elle induit des irritations et une gêne, notamment en cas de port de lentilles de contact. De fait, les lentilles sont déconseillées. Pour prévenir ce phénomène, des collyres hydratants ou lubrifiants (Aqualarm UP, Vismed Multi, Systane Ultra…) peuvent être utilisés.

EN SAVOIR PLUS

• Le Moniteur des pharmacies, Cahier Formation Iatrogénie n° 2771/2772 du 21 mars 2009 : Antiacnéiques – 15 cas pratiques.

• Le Moniteur des pharmacies, Cahier Formation Conseil n° 2693 du 22 septembre 2007 : Les peaux à tendance acnéique.

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