PHYTOTHÉRAPIE, AROMATHÉRAPIE ET TROUBLES DIGESTIFS - Le Moniteur des Pharmacies n° 2973 du 09/03/2013 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2973 du 09/03/2013
 

Cahiers Formation du Moniteur

Conseil

BALLONNEMENTS, FLATULENCES, DOULEURS ABDOMINALES

« Je me sens ballonnée »

Clémentine, secrétaire, 26 ans :

– Je me sens ballonnée, gonflée, je crois que ce sont les salsifis que j’ai mangés à midi, je n’ai pas l’habitude.

– C’est possible. Les salsifis contiennent de l’inuline et sa dégradation donne des gaz et donc des flatulences. Je vous conseille de prendre cette tisane carminative, elle vous soulagera rapidement.

BALLONNEMENTS ET FLATULENCES

Les sensations de ballonnement digestif peuvent être limitées à l’estomac (aérophagie) ou toucher l’ensemble du tube digestif (flatulences).

Les règles hygiénodiététiques

Respecter quelques mesures simples est indispensable et permet de prévenir au moins en partie aérophagie et météorisme ?:

– règle n° 1 : mastiquer et manger lentement pour éviter d’avaler de l’air ;

– règle n° 2 : chez les personnes sensibles, limiter la consommation des aliments connus pour fermenter en donnant des gaz (haricots secs, lentilles, choux, oignon, radis, poireaux…) ;

– règle n° 3 : éviter chewing-gums et boissons gazeuses.

Le traitement phytothérapique

Il fait appel aux plantes carminatives. Souvent riches en huile essentielle, ces plantes s’opposent aux fermentations intestinales et facilitent la digestion en augmentant les sécrétions digestives. Les carminatifs les plus utilisés sont des fruits d’Apiacées. Leur activité antispasmodique les rend aussi utiles en cas de douleurs abdominales d’origine digestive.

• Anis vert (fruits): son usage n’est pas recommandé chez l’enfant.

• Fenouil doux (fruits): à partir de 12 ans, en infusion ou en gélule de poudre : 400 mg, 3 fois par jour sans dépasser 2 g par jour. Le traitement n’excédera pas 2 semaines. Entre 4 et 12 ans, une infusion avec une cuiller à café de fruit à répartir en trois prises.

• Coriandre (fruits): indiquée en cas de ballonnement épigastrique.

• Carvi (fruits): un des plus puissants carminatifs mais au goût prononcé. La quantité de fruit doit être réduite à 1,5 g/tasse.

• Angélique officinale : le fruit ou la racine sont utilisés (en infusion 4 à 5 g/j).

• Aneth (fruits): la graine est également diurétique.

• Conseils d’utilisation pour toutes les Apiacées : verser l’eau bouillante sur les graines (une cuiller à café rase par tasse, une demi pour le carvi et l’aneth) et laisser infuser 15 minutes à couvert pour éviter de perdre les HE. A prendre 30 minutes avant les 3 repas ou au moment de la gêne en cas de troubles ponctuels. Limiter le traitement à deux semaines. Contre-indiqué en cas d’allergie aux Apiacées.

• Le charbon végétal activé obtenu par carbonisation des noix de coco est un adsorbant des gaz intestinaux. La dose utile est de 1 g pris 30 minutes avant le repas et 1 g juste après. Il doit être pris à distance des autres médicaments (2 heures) pour ne pas en réduire l’absorption.

Le traitement en aromathérapie

Ballonnements et flatulences répondent bien aux huiles essentielles (HE), à la fois carminatives, toniques digestives et apéritives.

• Conseils de prise

– Voie orale : 1 à 2 gouttes sur 1 morceau de sucre ou dans 1 cuiller à café d’huile d’olive ou de miel avant ou après le repas, à répéter selon les besoins et au maximum 3 fois par jour.

– En application sur l’abdomen et/ou le ventre : 2 à 4 gouttes d’HE dans 10 à 20 gouttes d’huile végétale de noisette. A répéter selon les besoins.

HE extraites des Apiacées

• HE d’anis vert et de fenouil sont indiquées dans les troubles gastro-intestinaux avec douleurs spasmodiques, ballonnements et flatulences, 1 à 4 gouttes par prise, trois prises par jour sur une durée de prise maximale de deux semaines. Elles sont contre-indiquées en cas d’allergie aux apiacées et non recommandées chez les enfants (en dessous de 18 ans). L’HE de fenouil possède un effet œstrogène qui peut déstabiliser un traitement hormonal.

• Les HE anisées (anis, fenouil, badiane) ne peuvent être vendues que sur prescription (inscription à l’ordonnancier).

• Autres HE disponibles : carvi, coriandre et cumin.

HE extraites des Zingiberaceæ

• HE de cardamome : également antispasmodique, elle est irritante à l’état pur. Pas d’utilisation prolongée sans avis médical. Pour purifier l’haleine, 1 goutte d’HE en bouche dans 3 gouttes d’huile végétale.

• HE de gingembre : remarquable tonique du système digestif, carminative, antispasmodique et anti-inflammatoire (peut être irritante en application sur la peau, utiliser en concentration maximale à 20 %). En cas de flatulences : 1 goutte dans 1 cuiller à soupe de miel à solubiliser dans un verre d’eau chaude et à boire par petites gorgées.

HE à méthylchavicol (estragole)

• Les HE à estragole sont carminatives, antispasmodiques et antalgiques. En raison du risque hépatocarcinogène de l’estragole, il est préférable de ne pas les utiliser par voie orale. Les HE contenant de l’estragole sont déconseillées chez l’enfant.

• Ce sont principalement les HE d’estragon et de basilic exotique. L’HE d’estragon a un effet carminatif plus marqué. Dermocaustiques, elles doivent être diluées à 10 % (à appliquer sur le ventre).

DOULEURS ABDOMINALES D’ORIGINE DIGESTIVE

Les spasmes intestinaux sont souvent occasionnés par une alimentation inadaptée (excès d’acidité) qu’il faut avant tout corriger. Il s’agit parfois de côlon irritable.

Dans le cadre du conseil, le traitement est limité à deux semaines. Une consultation médicale est nécessaire si les douleurs persistent.

Le traitement phytothérapique

Il fait appel à des plantes à action antispasmodique ou émolliente, prises entre les repas. Privilégier les Astéracées et les Lamiacées en cas de douleur abdominale seule, et les Apiacées en cas de ballonnements associés (voir « ballonnements » supra).

Plantes antispasmodiques et anti-inflammatoires

• Menthe poivrée : plante majeure des troubles digestifs, elle est cependant moins efficace que son huile essentielle en cas de côlon irritable. Infusion 5 à 10 minutes, 1,5 à 3 g/tasse (deux cuillères à soupe dans 150 ml d’eau bouillante), 3 fois par jour. La menthe poivrée est déconseillée en cas de reflux gastro-œsophagien (augmentation du risque de brûlures gastriques), de lithiase biliaire et chez l’enfant de moins de quatre ans.

• Matricaire ou camomille allemande : des propriétés sédatives et antiulcéreuses ont été démontrées. Infusion

15 minutes (une cuiller à soupe rase par tasse).

• Camomille romaine : stimulante contrairement à la matricaire. Infuser durant 15 minutes 3 à 4 capitules pour une tasse, 3 fois par jour. La camomille est contre-indiquée en cas d’allergie à une astéracée.

• Achillée millefeuille (sommité fleurie): également indiquée dans les dysménorrhées, elle favorise aussi l’appétit. Infuser 2 à 4 g/tasse pendant 15 minutes (soit deux cuillers à café).

• Réglisse : plante de choix lorsque les douleurs abdominales s’accompagnent de brûlures gastriques. Faire des copeaux avec un morceau de racine et mettre une cuiller à café rase dans 150 ml d’eau froide. Porter à ébullition et laisser infuser 10 à 15 minutes.

• Ne pas dépasser 8 g de racine/24 heures ou plus de 5 g de poudre/24 heures, ou pour un extrait plus de 3 mg/kg/24 heures de glycyrrhizine. Ne pas utiliser plus de 4 semaines sans avis médical. La réglisse exerçant des effets corticomimétiques, elle est déconseillée chez l’enfant et l’adolescent de moins de 18 ans, en cas de grossesse et d’allaitement faute de données suffisantes. A utiliser avec prudence en cas d’hypertension, hypokaliémie, troubles cardiaques, altération de la fonction rénale ou hépatique (risque d’hypertension, hypokaliémie). Attention aux autres produits contenant de la réglisse !

Plantes antispasmodiques à tropisme intestinal

• Origan (sommité fleurie): stimule également la digestion ; infusion 15 minutes à 20 g/l, 250 à 500 ml/jour.

• Mélisse : indication de choix lorsque les douleurs sont liées au stress ; infusion 5 à 15 minutes, 1,5 à 4,5 g pour 150 ml d’eau bouillante, 1 à 3 fois par jour.

Plantes émollientes

Ce sont des plantes à mucilages. à l’effet adoucissant.

• Guimauve, racine : à préparer en macération de 30 minutes, 3 à 5 g de racine en copeaux pour 150 ml d’eau à 40°C au maximum. Agiter fréquemment. Filtrer et boire immédiatement. A répéter 1 à 3 fois par jour. La macération à froid permet d’extraire les mucilages sans extraire les tanins sans intérêt thérapeutique dans cette indication et parfois sources de douleurs stomacales chez les personnes sensibles.

• Mauve (feuille, fleur): moins active que la guimauve. Pour la fleur, infusion 15 minutes à 10 g/l, à boire dans la journée.

• Bouillon blanc (fleur mondée) : 2,5 g par tasse deux fois par jour. Bien filtrer pour éliminer les poils irritants.

• Ispaghul : indiqué en cas de syndrome de l’intestin irritable avec constipation (voir p. 10).

Le traitement en aromathérapie

HE à esters monoterpéniques

Ces esters sont anti-inflammatoires et calmants.

• L’HE de menthe poivrée : à partir de 8 ans, l’Agence européenne du médicament recommande 0,2 ml (soit 4 gouttes) trois fois par jour et de 0,2 à 0,4 ml trois fois par jour à partir de 12 ans, sous forme de gélules gastrorésistantes pour éviter l’irritation de la muqueuse gastrique. Attention, les médicaments (antiacides, inhibiteurs de la pompe à protons) qui élèvent le pH gastrique peuvent provoquer la libération anticipée d’une forme gastrorésistante !

Le cas échéant, les gouttes peuvent être déposées dans 1 cuiller à café de miel ou sur un sucre. Suspendre l’utilisation en cas d’exacerbation des brûlures gastriques. Cette HE est contre-indiquée en cas de troubles hépatobiliaires (le menthol est éliminé par voie biliaire), d’hypersensibilité au menthol et en cas de grossesse ou d’allaitement.

HE à phénols méthyléthers

L’estragole a une action antispasmodique majeure.

• HE de basilic exotique ou HE d’estragon : 2 à 5 gouttes + 5 gouttes d’huile végétale en application locale sur le bas du ventre plusieurs fois par jour.

• Ce sont des HE dermocaustiques. Ne pas utiliser de façon prolongée en raison du risque carcinogène mal défini de l’estragole. Déconseillées chez l’enfant et contre-indiquées chez la femme enceinte et allaitante.

HE à carvone

Le carvone est une cétone à activité antispasmodique.

• L’HE de Carum carvi (carvi) : 4 à 5 gouttes dans 10 gouttes d’huile végétale en friction sur l’abdomen au moment des douleurs. Per os, neurotoxique et abortif à haute dose, contre-indiquée chez l’enfant de moins de 7 ans et la femme enceinte.

INDIGESTION

« J’ai la nausée depuis ce midi »

Gaston, 20 ans, jeune étudiant sportif :

– J’ai mangé un gros sandwich juste avant l’entraînement à la piscine. Ça ne va pas, j’ai envie de vomir.

– Le froid et les aliments glacés provoquent une contraction du pylore. Les aliments stagnent dans l’estomac et donnent la sensation d’être lourd et nauséeux comme après un repas trop copieux. Prenez cette tisane digestive, elle facilitera votre digestion.

L’indigestion ou « crise de foie » traduit une saturation des capacités digestives de l’organisme (repas trop copieux, riche en graisses ou en alcool). Elle se traduit par des nausées, une langue pâteuse, des sensations de lourdeur digestive et de gêne, parfois des maux de tête.

LES NAUSÉES

Le traitement phytothérapique

Les plantes stomachiques accélèrent la digestion et sont utilisées en cas de nausées.

• Menthe poivrée : indiquée en cas de dyspepsie accompagnée de nausées. Infusion (voir p. 3) ou teinture 1 à 3 fois par jour. Commencer par quelques gouttes diluées dans une cuiller à café d’eau et augmenter progressivement jusqu’à 20 gouttes par prise diluées dans de l’eau. A éviter en cas de brûlures gastriques, RGO, lithiase biliaire.

• Mélisse : infusion (1 à 2 c à soupe par tasse) ou teinture (2 à 6 ml dilués dans de l’eau) 1 à 3 fois par jour.

• Gingembre : il exerce une action à la fois antinauséeuse par inhibition des récepteurs 5-HT3, stomachique et digestive en stimulant la vidange et les sécrétions gastriques, la cholérèse et le péristaltisme intestinal : 180 mg de poudre 1 à 3 fois par jour. Déconseillé par l’Agence européenne du médicament en cas de grossesse, allaitement, chez l’enfant et l’adolescent de moins de 18 ans faute de données suffisantes. Il est conseillé par l’ANSM pour prévenir les nausées de la grossesse. Largement utilisé chez la femme enceinte, il n’est à l’origine d’aucun incident notifié. Effets indésirables : éructations, dyspepsie, troubles gastriques.

Le traitement en aromathérapie

• HE de menthe poivrée : efficace quelle que soit l’origine de la nausée. Elle est contre-indiquée en cas de grossesse, d’allaitement et chez l’enfant de moins de 7 ans. Per os, prendre 2 gouttes sur un morceau de sucre. A renouveler selon les besoins. En application sur la peau : préparer 3 ml d’HE + 17 ml d’huile végétale sèche (macadamia ou noisette). Appliquer 10 à 20 gouttes du mélange sur l’abdomen, 2 à 3 fois par jour en massant dans le sens du péristaltisme (sens des aiguilles d’une montre).

• HE de citron : par voie orale, 1 à 2 gouttes sur un morceau de sucre à sucer. Renouveler selon les besoins.

• HE d’estragon : en application sur la peau, 2 gouttes dans 8 gouttes d’huile végétale sèche, 2 applications par jour sur le ventre et l’estomac. Contre-indiqué avant 7 ans.

LES DYSPEPSIES

Le trouble dyspeptique se traduit le plus souvent par une sensation de lourdeur après les repas, des éructations, des nausées, des brûlures d’estomac…

Les règles hygiénodiététiques

• Mastiquer, la digestion commence avec la salive et manger calmement et lentement (les sécrétions digestives diminuent avec l’âge).

• Réduire la consommation d’alcool, de café, d’eau gazeuse, arrêter de fumer.

• Prendre des repas légers, équilibrés et à heures régulières. Eviter les aliments gras ou épicés.

Le traitement phytothérapique

De nombreuses plantes ont la réputation de faciliter la digestion.

Les plantes stomachiques

Elles stimulent l’estomac et sont souvent utilisées comme épices : basilic, laurier noble, estragon, origan, sauge, thym. Les baies de genièvre sont également diurétiques et toniques amères.

Les toniques amers

• Les toniques amers stimulent l’appétit. Elles sont également utiles en cas de digestion lente ou douloureuse. D’un goût amer, elles stimulent la motricité et la sécrétion gastrique, les sécrétions pancréatiques et salivaires, favorisant une meilleure assimilation des nutriments. Elles régularisent le tonus du sphincter inférieur de l’œsophage.

• Les toniques amers sont pris 30 minutes avant les principaux repas pour les formes liquides et 1 heure pour les formes solides. Le traitement ne doit pas être poursuivi au-delà de 2 semaines sans avis médical. Ils sont contre-indiqués en cas d’ulcère gastrique ou duodénal.

• Gentiane (organes souterrains) : préférer la teinture (1 ml dilué dans un peu d’eau 1 à 3 fois/jour). Les personnes sensibles à l’amertume peuvent ressentir des spasmes de l’estomac, des maux de tête ou une diarrhée.

• Petite centaurée (sommités fleuries): en poudre (0,25 à 2 g) ou en teinture (1,5 à 5 ml dilué dans de l’eau) 1 à 3 fois/jour.

• Quinquina (écorce): utilisé surtout en association avec d’autres plantes sous forme de spécialités (Quintonine, Tonique végétal). A posologie trop élevée (supérieure à 2 g/jour de quinine), le quinquina expose à un risque de nausées, dépression du système nerveux central (bourdonnements d’oreille, vertiges), ralentissement cardiaque…

• Absinthe (sommité fleurie): elle est à la fois tonique amer et un bon antispasmodique du tractus gastro-intestinal et biliaire. Infusion 10 minutes, 1 g pour 150 ml d’eau bouillante, 1 tasse 1 à 3 fois par jour. Elle est contre-indiquée en cas d’obstruction des voies biliaires en raison de son activité cholérétique.

Les enzymes protéolytiques

Elles faciliteraient la digestion des protéines mais leur intérêt n’est pas démontré. Elles sont contre-indiquées en dessous de 6 ans.

• Bromélaïnes : mélange de protéases extraites de l’ananas frais, elles apaisent les flatulences et diminuent l’acidité gastrique. Elles ont également des propriétés anti-inflammatoires, anti-œdémateuses et antiagrégantes plaquettaires. Elles pourraient augmenter l’effet des anticoagulants oraux et des antiagrégants plaquettaires et augmenteraient l’absorption de la glucosamine. Posologie indicative : 125 mg, 3 fois/jour aux repas.

• Le latex épaissi de la papaye ou suc de papayer est extrait de l’écorce du fruit vert. Il contient de la papaïne brute, mélange de protéases et d’estérases. Son emploi dans les troubles digestifs repose sur un usage traditionnel. Préférer les présentations gastrorésistantes car les enzymes se dégradent dans l’estomac. Déconseillé en cas d’allergie au latex (risque de réaction croisée).

Les plantes cholagogues et/ou cholérétiques

Elles sont indiquées en cas d’excès alimentaire, en particulier d’aliments gras. Elles se prennent avant les repas et sont contre-indiquées en cas d’obstruction des voies biliaires et d’insuffisance hépatocellulaire grave (voir tableau p. 7).

Le traitement en aromathérapie

Les HE eupeptiques

• HE de gingembre : stimule et accélère le passage du bol alimentaire. En application locale, 1 à 3 gouttes diluées au minimum à 20 % dans une huile végétale en massage sur le ventre 1 à 3 fois par jour. Risque d’irritation cutanée à l’état pur. Par voie orale sur une période de 48 heures : 1 goutte sur un sucre après les repas.

• HE d’estragon : stomachique et apéritive. Utilisation ponctuelle per os (à cause de la présence d’estragole): 2 gouttes après les repas dans 1 cuiller à café de miel ou d’huile d’olive, sous la langue.

• HE de cardamome : indiquée dans les lourdeurs digestives et les dyspepsies. Des propriétés ulcéroprotectrices lui sont attribuées. 2 à 4 gouttes dans 20 gouttes d’huile végétale en massage sur le ventre (dermocaustique à l’état pur), 1 à 2 fois par jour dans le sens du péristaltisme (sens des aiguilles d’une montre).

• HE de coriandre : stomachique, elle est indiquée dans l’atonie digestive ; elle est également sédative. 2 gouttes dans 1 cuiller à café de miel ou d’huile d’olive, sous la langue, 1 à 3 fois par jour.

Les HE cholagogues et/ou cholérétiques

Elles sont contre-indiquées en cas d’obstruction des voies biliaires.

• HE de carvi : apéritive et digestive, cholagogue. Contenant une cétone, elle est contre-indiquée pendant la grossesse et avant 7 ans. 4 à 5 gouttes dans 20 gouttes d’huile végétale sur le ventre (massage).

• HE de citron : riche en limonène, elle est aussi tonique digestive, hépatoprotectrice et détoxifiante hépatique. Elle calme les brûlures d’estomac. Au quotidien : 2 gouttes le matin avant le petit déjeuner sur un sucre à sucer pour activer toutes les fonctions digestives. Peut se faire en cures de 7 jours/mois. En curatif : 2 gouttes, 3 fois/jour dans du miel ou sur un sucre à sucer.

• HE de menthe poivrée : HE majeure des troubles digestifs, indiquée dans le syndrome de l’intestin irritable, elle est tonique et stimulante générale, y compris pour le système digestif (contre-indiquée en cas de grossesse et chez l’enfant de moins de 7 ans). Eviter l’utilisation prolongée sans avis médical. Peut exacerber des brûlures gastriques ou un RGO. 2 gouttes 3 fois par jour dans une cuiller à café de miel.

• HE d’orange amère : selon certains divs, elle favoriserait l’élimination de substances toxiques, propriété non démontrée. 2 gouttes sur 1 morceau de sucre sous la langue à la fin du repas.

Les HE protecteurs hépatiques

• HE de romarin à verbénone : réputée régénératrice hépatocytaire et draineur hépatobiliaire. Contre-indiquée en cas de cancer hormonodépendant. En drainage hépatobiliaire : 2 gouttes sur un morceau de sucre à sucer le matin durant trois semaines. Deux cures par an en mars et septembre. En cas de congestion hépatique : 2 gouttes le matin sur un morceau de sucre à sucer.

• HE de thym à thuyanol : antivirale et stimulante immunitaire, elle est aussi tonique et régénérante du foie : utilisée en cas d’insuffisance hépatique, congestion hépatique, hépatites. Posologie : 2 gouttes sur un morceau de sucre sous la langue, 1 à 3 fois par jour (dermocaustique à l’état pur).

• HE de carotte cultivée (graine): souvent utilisée en synergie avec l’HE de thym à thuyanol en cas d’hépatite pour ses propriétés stimulantes hépatobiliaires, elle est régénératrice du foie et dépurative. 1 goutte d’HE dans la vinaigrette permet de mieux digérer les crudités.

CONSTIPATION

« Je suis constipée en voyage »

Sylvie, une cliente habituelle, la cinquantaine :

– Je vais partir 8 jours en voyage organisé itinérant. Je vais être constipée si je ne prends rien. Pouvez-vous me conseiller un produit ?

– Oui, des laxatifs stimulants à base de plantes, qui ont une action fiable et agissent vite, d’autant plus que vous n’avez pas de problèmes particuliers. Mais n’en prenez que si cela est nécessaire et n’oubliez pas d’avoir toujours avec vous une bouteille d’eau.

Emissions trop rares de selles (moins de 3 fois par semaine), émissions de selles trop dures, difficultés d’exonération ou encore sensations d’évacuation incomplète sont autant de définitions de la constipation. Celle-ci peut être passagère (voyage, modification des habitudes alimentaires, grossesse, alitement, stress) ou chronique. La constipation primitive est trois fois plus fréquente chez la femme que chez l’homme.

LES RÈGLES HYGIÉNODIÉTÉTIQUES

• C’est le premier traitement de la constipation :

– l’alimentation doit être suffisamment riche en fibres végétales et en eau ;

– la personne doit pratiquer une activité physique régulière et respecter des horaires réguliers pour aller à la selle, même si elle n’en ressent pas le besoin.

• Le traitement médicamenteux, s’il s’avère nécessaire, ne vient qu’en complément des règles énoncées ci-dessus.

LE TRAITEMENT DE PHYTOTHÉRAPIE

La forme tisane est particulièrement indiquée en cas de constipation car elle favorise l’hydratation du bol alimentaire. Tous les laxatifs sont contre-indiqués en cas de syndrome occlusif ou subocclusif ou de syndrome douloureux abdominal de cause indéterminée.

Les laxatifs stimulants

• Indiqués chez l’adulte uniquement pour le traitement de courte durée de la constipation passagère, ils ont pour principes actifs des dérivés anthraquinoniques métabolisés par la flore colique en anthrones. Ces dernières exercent un effet laxatif par :

– stimulation du péristaltisme intestinal et donc accélération du transit ;

– inhibition de la réabsorption et stimulation de la sécrétion d’eau et d’électrolytes ce qui augmente le volume du contenu intestinal.

• Délai d’action : 8 à 12 h.

• Ces laxatifs stimulants ne sont pas proposés sous forme vrac mais sous formes dosées (Idéolaxyl, Tonilax, Yerbalaxa…) pour éviter tout risque de surdosage.

• Contre-indications :

– maladie inflammatoire du côlon (Crohn, colites…) ;

– état de déshydratation sévère avec déplétion électrolytique ;

– enfant de moins de 12 ans.

• Leur association est déconseillée avec les médicaments donnant des torsades de pointes (risque majoré) et des précautions d’emploi sont nécessaires en association avec les digitaliques et les médicaments hypokaliémiants (diurétiques, corticostéroïdes). Dans tous ces cas, utiliser un laxatif non stimulant.

• Limiter le traitement à 1 ou 2 semaines pour éviter tout risque de dépendance : nécessité d’augmenter les doses pour avoir un effet, risque de côlon atonique avec altération de la motricité colique et aggravation de la constipation. La maladie des laxatifs est rare (colopathie fonctionnelle sévère, anomalies hydroélectrolytiques).

• Effets indésirables : possibilité de douleurs abdominales, diarrhée, hypokaliémie, coloration anormale des urines mais sans signification clinique.

• Grossesse et allaitement : les laxatifs stimulants sont déconseillés durant la grossesse et l’allaitement : un risque de génotoxicité a été mis en évidence pour quelques dérivés anthracéniques, et certains métabolites actifs passent en petite quantité dans le lait maternel. Seul le séné (Sénokot, Modane) est autorisé aux deuxième et troisième trimestres de la grossesse si nécessaire et uniquement en cas d’échec des autres alternatives, y compris les laxatifs de lest.

• Posologie : la plus petite dose nécessaire pour produire une selle molle sans dépasser la dose maximale (voir tableau ci-dessus), à prendre en une prise le soir au coucher et à renouveler si nécessaire 2 à 3 fois par semaine, pendant une à deux semaines au maximum. w Un surdosage se traduit par des coliques et une diarrhée sévère avec perte d’eau et d’électrolytes. La diarrhée peut entraîner une déplétion potassique avec ses conséquences cardiaques et musculaires.

Les laxatifs de lest

• Riches en fibres peu ou pas digestibles analogues aux fibres alimentaires, ils augmentent le volume du bol fécal, ce qui stimule les contractions coliques tout en lui assurant une humidification suffisante.

Laxatifs non fermentescibles

• Les laxatifs non fermentescibles augmentent la teneur en résidus non digestibles et hydrophiles des selles et en eau liée à ces résidus : son de blé, son d’avoine, cellulose, gomme karaya ou de Sterculia (Normacol par exemple), gomme adragante, mucilages de Plantaginacées (ispaghul, psyllium…).

Laxatifs fermentescibles

• Les laxatifs fermentescibles augmentent la masse bactérienne des selles et leur teneur en eau. Les fibres fermentescibles sont transformées en acides gras à chaîne courte (acide acétique, propionique et butyrique) qui attirent l’eau par effet osmotique.

• Ils agissent dans un délai de 12 à 24 heures et ont un effet progressif, optimal après 2 à 3 jours de prise. Les fibres solubles (gommes, mucilages, son d’avoine, pectines) contribuent par ailleurs à la baisse des taux plasmatiques de cholestérol et à la réduction de l’insulinémie postprandiale. Les acides gras à courte chaîne préviennent du cancer colique en inhibant les cellules cancéreuses et en favorisant la croissance des cellules saines de l’épithélium colique. Ils réduisent également la prolifération et l’adhésion de germes pathogènes comme les salmonelles et Clostridium difficile.

• Ils sont contre-indiqués en cas de fécalome.

• Prudence en cas de diabète (retard à l’absorption des hypoglycémiants), de mégacôlon et chez les sujets alités.

• Leur emploi est déconseillé chez l’enfant de moins de 6 ans. En cas de grossesse ou d’allaitement, leur utilisation est possible en cas de nécessité.

• Le météorisme abdominal est un effet indésirable possible occasionné par fermentation et formation de gaz et/ou par pouvoir gonflant excessif.

Principaux laxatifs de lest

• Le son de blé est le plus physiologique des laxatifs de lest. Dose journalière : 10 à 20 g en maintenant une hydratation suffisante. A utiliser à posologie progressive pour éviter flatulences et ballonnements : 5 g en dose initiale à augmenter de 5 g tous les 5 jours jusqu’à la dose souhaitée répartie en 2 à 3 prises à absorber pendant ou après les repas. En cas de colopathie fonctionnelle, préférer un autre laxatif de lest.

• Les laxatifs à mucilages sont représentés principalement par les graines de lin et de Plantaginacées. Les mucilages sont des composés polysaccharidiques fréquents dans les téguments externes de graines qui gonflent en présence d’eau. Ils agissent de façon mécanique par effet hydratant et lubrifiant sur le transit : peu fermentescibles, ils absorbent un grand volume d’eau et forment dans le côlon un gel volumineux qui augmente la masse et la teneur en eau des selles, diminue leur viscosité et facilite ainsi l’exonération.

• Mode d’emploi : mélanger la prise avec un minimum de 30 ml de liquide (eau, jus de fruits, lait) par gramme de plante. Agiter vigoureusement et avaler. A prendre 1/2 h à 1 h avant ou après l’ingestion d’autres médicaments. Ne pas prendre juste avant le coucher. Risque d’obstruction œsophagienne ou intestinale si la prise de liquide est trop faible. Un avis médical est nécessaire si la constipation persiste au-delà de 3 jours en dépit du traitement.

• Déconseillé chez les personnes qui ont des difficultés à avaler ou des problèmes de déglutition.

• Interactions médicamenteuses possibles avec les hormones thyroïdiennes si elles sont prises en même temps. Il est conseillé d’attendre 3  min après la prise d’hormones thyroïdiennes avant de prendre un laxatif. Risque de retard à l’absorption des médicaments tels minéraux, vitamines (B12 en particulier), dérivés coumariniques, carbamazépine, lithium en cas de prise simultanée.

• Lin : en cas de surpoids, prendre les graines entières, cela évite l’absorption de l’huile contenue dans la graine. Déconseillé en cas d’intestin irritable et chez la femme ayant un cancer hormonodépendant (activité estrogène).

• D’autres plantes à mucilages sont moins utilisées :

– la mauve (feuille, fleur) est un laxatif de lest très doux : infusion 15 minutes, 10 g pour 1/2 à 1 l d’eau chaude à boire dans la journée entre les repas (1 c à c de feuilles = 1,8 g environ) ;

– la guimauve (racine): macéré aqueux à froid de 3 h, 3 à 5 g/tasse, 1 à 3 tasses par jour sans dépasser 15 g ;

– la gomme guar extraite de l’albumen des graines de Cyamopsis tetragonolobus est très riche en mucilages ; jusqu’à 10 g par jour à avaler avec beaucoup d’eau pour éviter tout risque de suffocation. Déconseillée chez les personnes ayant des troubles de la déglutition, elle a un goût peu agréable et peut entraîner nausées et flatulences.

• La pectine : la dose efficace peut aller jusqu’à 15 g/jour (pomme, figue, nerprun, tamarin…). La pectine est concentrée dans la peau et le trognon de la pomme (une pomme contient de 1 à 3 g de pectine).

• La manne : le suc épaissi issu de l’écore du frêne à manne contient du D-mannitol (laxatif osmotique): 30 à 60 g/jour dans de l’eau chaude.

• L’inuline : polymère de 20 à 60 unités de fructose, elle aide à réguler le transit intestinal à partir d’une dose de 8 g par jour (racine de chicorée, artichaut, oignon, salsifis…), soit 10 g de racine de chicorée par exemple.

• Le pruneau : contenant environ 13 % de fibres solubles et insolubles et du sorbitol (laxatif osmotique), il aide à régulariser le transit intestinal pour une dose de 100 g/jour (une dizaine de pruneaux).

LE TRAITEMENT EN AROMATHÉRAPIE

L’aromathérapie est un traitement adjuvant qui permet de lever les spasmes intestinaux liés à la constipation et de lutter contre l’atonie digestive.

• HE à action antispasmodique : menthe poivrée, estragon, gingembre.

• 1 à 2 gouttes d’HE de coriandre (tonique digestif) dans 10 gouttes d’huile végétale en massage sur le ventre, dans le sens du péristaltisme, 2 à 3 fois/jour.

DIARRHEE AIGUË

« Ma voisine ne veut pas se soigner »

Une cliente, la soixantaine, entre dans la pharmacie :

– J’ai la diarrhée depuis hier soir mais je ne veux pas de lopéramide, ça me constipe trop. Que me conseillez-vous ?

– Vous pouvez prendre ce produit à base de salicaire. Vous mangerez du riz et du bouillon de légume pour compenser les pertes en eau et minéraux. Si votre diarrhée ne s’améliore pas d’ici quelques jours il faudra consulter.

La diarrhée aiguë se manifeste par l’émission de selles liquides plus de 3 fois par jour et peut s’accompagner de crampes, fatigue, douleurs abdominales. De survenue brutale, elle dure 2 à 3 jours. Elle est le plus souvent due à une infection virale, un changement d’habitudes alimentaires ou un stress.

COMPLICATIONS DE LA DIARRHÉE

• La déshydratation est la complication la plus grave, en particulier aux âges extrêmes de la vie. Pour la prévenir, boire abondamment légèrement salé ou sucré dès le début de la diarrhée.

• Prévenir la dénutrition en mangeant des aliments qui contribuent à ralentir le transit intestinal : riz, pâtes, compotes, bananes, coing, carottes cuites…

LIMITES DU CONSEIL

Une consultation est nécessaire si la diarrhée :

– concerne une personne à risque (nourrissons et personnes âgées, certaines pathologies chroniques, personnes peu autonomes…) ;

– s’accompagne de fièvre, sang, pus ou glaires dans les selles, vomissements importants, maux de tête, fortes douleurs abdominales ;

– survient à l’occasion d’un retour de voyage dans un pays à faible niveau d’hygiène ou suite à la prise d’un nouveau médicament ;

– est chronique ;

– se prolonge au-delà de 2 à 3 jours en dépit du traitement.

LE TRAITEMENT PHYTOTHÉRAPIQUE

Les plantes à tanins sont utilisées pour leurs propriétés astringentes. Leurs effets indésirables possibles sont des douleurs d’estomac, nausées, vomissements.

• Myrtille, fruit sec : 1 à 2 cuillers à café de baies séchées à mâcher et avaler avec un peu de liquide (1 c à c = 4 g) plusieurs fois par jour ou 1 à 2 cuillers à soupe/150 ml d’eau (1 c à s = 10 g), décoction 10 min, filtrer à chaud et boire froid, 1 tasse plusieurs fois par jour.

• Potentille, organes souterrains : infusion 15 minutes, 2 à 4 g/150 ml d’eau. Plusieurs tasses par jour sans dépasser 12 g de plante. Elle est déconseillée en cas de grossesse, allaitement et avant 18 ans faute de données suffisantes. Elle peut retarder l’absorption d’autres médicaments dans l’heure suivant sa prise.

• Cannelle de Ceylan, écorce : infusion 15 minutes, 0,5 à 1 g/150 ml d’eau, 1 à 4 tasses par jour (un bâton moyen pèse entre 2 et 5 g). Une allergie croisée existe avec le baume du Pérou. Elle est déconseillée en cas de grossesse, allaitement et chez l’enfant faute de données suffisantes.

• Salicaire, sommité fleurie : en infusion 15 minutes 5 g/tasse (2 tasses par jour) ou en spécialité (Salicairine, réservé à l’adulte en raison de la présence d’alcool).

• Ronce, feuille : en infusion, même dosage que la salicaire.

• Thé noir, 1 cuiller à café (2,5 g) par tasse d’eau bouillante, infusion 10 min (pour permettre aux tanins de passer en solution), 2 à 3 tasses par jour à prendre à distance des autres médicaments (limite notamment l’absorption du fer).

• Caroube (fruit sans graine) : la pulpe de caroube est utilisée en cas de diarrhées infantiles sous forme de préparations instantanées à diluer.

LE TRAITEMENT EN AROMATHÉRAPIE

Il est surtout indiqué en cas de diarrhée infectieuse. L’activité anti-infectieuse (antibactérienne, antivirale et parfois antiparasitaire) des HE est liée à différentes classes de molécules.

HE à composés phénoliques

• Les composés phénoliques (thymol, carvacrol…) sont dermocaustiques à l’état pur et doivent être dilués à 10 % ; hépatotoxiques en cas d’usage prolongé et à haute dose, les huiles essentielles en contenant sont déconseillées chez l’enfant de moins de 6 ans.

• HE de sarriette des montagnes : en prévention en cas de voyage, 1 goutte d’un mélange à parties égales de HE sarriette, lédon du Groenland, menthe poivrée dans une boulette de mie de pain matin et soir. En curatif : 2 gouttes d’HE de sarriette dans une boulette de mie de pain, 3 fois par jour.

• HE d’origan à inflorescences compactes : en prévention lors d’un voyage, 1 capsule matin et soir à avaler avec de l’eau froide au cours des repas. En curatif, 2 gouttes dans une cuiller à café de miel ou d’huile d’olive, 3 fois par jour.

• HE de thym à thymol : action très puissante, à utiliser uniquement chez l’adulte, 3 à 5 gouttes/jour diluées à 5 % durant deux semaines au maximum.

• HE d’ajowan : contient du thymol et possède une action antibactérienne à large spectre ; 2 gouttes dans 1 cuiller à café de miel ou d’huile d’olive sous la langue, 3 fois par jour.

HE à alcools terpéniques

• Les alcools terpéniques (linalol, géraniol…) sont moins irritants que les phénols.

• HE d’arbre à thé : en application sur l’abdomen, 3 à 4 gouttes dans 5 gouttes d’huile végétale, 3 fois/jour.

HE à aldéhydes aromatiques

Les aldéhydes aromatiques (cinnamaldéhyde, benzaldéhyde…) sont dermocaustiques à l’état pur et doivent être dilués à 10 %. Ils sont à éviter chez l’enfant de moins de 6 ans. Un usage prolongé n’est pas justifié.

HE de cannelle de Chine (écorce) : voie orale, 1 goutte dans 10 gouttes d’huile végétale, 4 fois par jour.

L’INTERVIEW Dr Pierre Champy MAÎTRE DE CONFÉRENCES EN PHARMACOGNOSIE (FACULTÉ DE PHARMACIE PARIS-SUD)

« Le complément alimentaire pose des problèmes de qualité »

Le Moniteur : L’utilisation de phytothérapie dans le traitement des troubles digestifs présente-t-elle des risques ?

Dr Champy : Nous disposons d’un excellent recul sur les plantes utilisées dans les troubles digestifs, au contraire d’autres domaines de la phytothérapie telle l’aide à l’amaigrissement. Les formes utilisées sont généralement des tisanes, proches de l’utilisation traditionnelle. Dans ce domaine, la phytothérapie est donc peu risquée, même si se posent toujours les problèmes de qualité liés au statut de compléments alimentaires.

Comment résoudre ce problème de qualité ?

Certaines des plantes médicinales publiées dans la Pharmacopée française sont aussi utilisées comme plantes alimentaires. Elles ont donc été libérées du monopole pharmaceutique et peuvent être vendues en dehors des pharmacies. Comme elles possèdent un double statut, un laboratoire peut fabriquer un même produit de phytothérapie en choisissant la réglementation des compléments alimentaires ou celle des médicaments. Le statut de médicament l’oblige à demander une AMM, procédure plus contraignante que pour mettre sur le marché un complément alimentaire. En contrepartie, le médicament offre une garantie de qualité et de contrôle des plantes utilisées. Il est donc préférable de conseiller un médicament à base de plante plutôt qu’un complément alimentaire si on a le choix entre deux produits de phytothérapie ayant la même indication [un numéro d’AMM est inscrit uniquement sur les médicaments, NdlR].

La tisane présente-t-elle un avantage particulier ?

L’avantage de cette forme est qu’elle permet de faire consommer de l’eau, ce qui facilite le transit en cas de constipation, et de prendre du temps de repos après le repas, qui favorise la digestion. Pour la menthe, il a été montré que la forme tisane est tout à fait adaptée à l’extraction des principes actifs. Les formes sèches ont aussi leur intérêt.

CARMINATIVE

Qui favorise l’élimination des gaz et leur résorption, tout en limitant leur formation dans l’ingestion.

La badiane de Chine

• La badiane de Chine est indiquée en de ballonnements et de flatulences.

• En novembre 2001, elle fut interdite à la vente en pharmacie (mais pas en dehors !) suite au signalement de cas de convulsions observés après une consommation de tisane. Certains lots avaient été contaminés par de la badiane du Japon, dont le fruit est semblable mais qui contient des lactones sesquiterpéniques, convulsivantes. Depuis 2007, la monographie de contrôle a été révisée et la badiane de Chine est à nouveau vendue en pharmacie.

INFOS CLÉS

• Les plantes carminatives s’opposent à la formation de gaz et facilitent leur expulsion. Elles se prennent avant les repas ou lors des troubles.

• Les HE carminatives peuvent s’employer en massage du ventre et/ou de l’abdomen.

• Les plantes antispasmodiques à tropisme intestinal soulagent les douleurs abdominales d’origine digestive. Elles se prennent entre les repas.

Huiles essentielles, précautions d’emploi

• Utiliser des HE 100 % pures, naturelles, certifiées. Bien refermer les flacons après utilisation. Ne pas laisser à portée des enfants. Bien se laver les mains après avoir touché une HE.

• Chez le patient à risque allergique : faire un test de sensibilité.

• Avis médical nécessaire : grossesse, allaitement, enfant de moins de 3 ans, enfant de moins de 6 ans pour la voie orale, antécédents d’épilepsie, allergie avérée.

• Voie orale : sauf avis contraire d’un professionnel de santé, ne pas dépasser 6 gouttes d’HE par jour chez un adulte (toutes HE confondues) durant 24 à 48 heures, une semaine au maximum. En cas d’ulcère gastrique, utiliser des gélules gastrorésistantes. Prudence avec les HE neurotoxiques.

• En application sur la peau : les HE s’appliquent le plus souvent diluées dans une huile végétale. Attention aux HE allergisantes, photosensibilisantes, dermocaustiques (y compris pour la muqueuse buccale) et neurotoxiques !

MONDÉE

Dont les impuretés ou les parties inutiles ont été éliminées.

Testez-vous

En cas de douleurs abdominales d’origine digestive, vous proposez :

a) Carvi

b) HE menthe poivrée

c) Mélisse

d) Gentiane

e) Guimauve racine

f) Pissenlit (feuilles et racines)

Réponse : a, b, c, e. Gentiane et pissenlit ne sont ni des antispasmodiques ni des émollients intestinaux.

Le chardon-marie, un hépatoprotecteur

• Le fruit du chardon-marie est un protecteur hépatique. En expérimentation animale, il protège le foie contre divers toxiques dont la phalloïdine et vis-à-vis de certaines hépatites virales (Vogel et al., 1984).

• Ses principes actifs sont des flavonolignanes, dont le mélange est appelé silymarine, peu solubles dans l’eau (la forme tisane n’est pas efficace).

• L’effet hépatoprotecteur, observé au cours d’essais chez l’homme, résulterait de plusieurs mécanismes d’action : effet antiradicalaire et antioxydant, stabilisation des membranes cellulaires externes, stimulation de la synthèse protéique, augmentant ainsi la régénération du foie.

INFOS CLÉS

• Les toniques amers stimulent l’appétit et la vidange gastrique. Ils se prennent 1 heure à 30 minutes avant les repas.

• Les plantes et HE cholagogues et/ou cholérétiques se prennent avant les repas et sont contre-indiquées en cas d’obstruction des voies biliaires.

• L’HE de menthe poivrée est efficace contre les nausées (contre-indiquée en cas de grossesse, d’allaitement et chez l’enfant de moins de 7 ans).

CHOLAGOGUE

Qui facilite l’évacuation de la bile vers l’ingestion en provoquant la contraction de la vésicule biliaire.

CHOLÉRÉTIQUE

Qui favorise la production de bile par le foie.

QU’AURIEZ-VOUS RÉPONDU ?

Monsieur S., la quarantaine, bon vivant ayant tendance au RGO, a dignement fêté la veille la troisième mi-temps avec l’équipe de rugby de sa ville :

– J’ai un bon mal de tête, des brûlures d’estomac et je me sens barbouillé. J’aimerais de l’HE de menthe poivrée, un ami m’en a vanté les bienfaits.

– L’HE de menthe poivrée agit sur les nausées, les indigestions et les maux de tête, mais, dans votre cas, elle n’est pas indiquée car elle risque de majorer votre reflux gastro-œsophagien. Vous souffrez d’une simple indigestion, et je vous conseille plutôt de prendre une tisane de mélisse pour la digestion. Une bonne hydratation soulagera votre mal de tête. Si vos nausées persistent, vous pouvez prendre des gélules de gingembre.

Le pharmacien a-t-il bien répondu ?

Oui. Il aurait pu rajouter que toutes les préparations à base de menthe sont susceptibles de majorer un RGO.

Les questions à poser

• « Votre constipation s’accompagne-t-elle de douleurs abdominales importantes, de vomissements, de fièvre ? »

• « Est-elle survenue brutalement avec un arrêt des gaz ou un ballonnement très gênant ? Est-elle inhabituelle ? »

• « Dure-t-elle depuis plus de trois jours ? »

• « Est-elle survenue en même temps que la prise d’un nouveau médicament ? Prenez-vous un médicament qui ralentit le transit (lopéramide, opioïdes) ? »

Toute réponse positive à l’une de ces questions doit inciter à la prudence et éventuellement à proposer une consultation chez le médecin.

INFOS CLÉS

• Constipation occasionnelle : laxatifs stimulants à dérivés anthracéniques. Délai d’action : 8 à 12 heures.

• Constipation chronique : laxatifs de lest. Les graines à mucilage s’avalent avec au moins 30 ml d’eau par gramme de plante, à distance des autres médicaments. Ne pas prendre juste avant le coucher. Délai d’action : 12 à 24 heures.

QU’AURIEZ-VOUS RÉPONDU ?

Le grand-père de Virginie est constipé, il a été victime d’un AVC récemment et a du mal à avaler :

– Je voudrais Spagulax granulés, ma grand-mère utilise ce médicament quand elle a des problèmes.

– Votre grand-père peut-il boire suffisamment ?

– Depuis quelques jours, il boit peu. Il fait parfois des fausses routes et mange mixé.

– Dans ce cas, il vaut mieux préférer un laxatif d’action locale et parler de ce problème avec le médecin. Les granulés de Spagulax doivent être avalés sans les croquer et il y a en plus un risque d’étouffement si la prise n’est pas accompagnée d’ingestion de suffisamment de liquide. Vous pouvez aussi lui donner de la tisane de mauve et l’inciter à boire de l’eau.

Le pharmacien a-t-il bien répondu ?

Oui, les laxatifs de lest à base de psyllium et d’ispaghul doivent être pris avec une certaine quantité d’eau pour, d’une part assurer leur gonflement et, d’autre part, éviter leur stagnation dans l’œsophage. Même Spagulax poudre effervescente ne peut convenir car, après dilution dans un grand verre d’eau et agitation, la préparation doit être bue sans délai. La constipation dans ce cas est probablement due à un manque d’hydratation.

INFOS CLÉS

• Les plantes à tanins diminuent la sécrétion d’eau et d’électrolytes, ralentissent le transit intestinal et exercent un effet antiviral, antimicrobien (salicaire, potentille, thé noir, myrtille).

• L’aromathérapie s’adresse aux diarrhées infectieuses et utilise des HE à phénols, alcools terpéniques ou à aldéhyde cinnamique.

Tanins et diarrhées

Les tanins sont des composés polyphénoliques solubles dans l’eau, hydrolysables (esters des acides galliques ou ellagiques) ou condensés (esters du catéchol ou de l’épicatéchol). Ils ont la propriété de se lier aux macromolécules et en particulier aux protéines (fongiques, virales, enzymes digestives, collagène…) à l’origine de leur effet astringent. En se liant aux protéines, ces tanins exercent un effet antidiarrhéique (par diminution de la sécrétion d’eau et d’électrolytes), antimicrobien, antiviral et cicatrisant. Ils inhibent des mouvements péristaltiques du côlon.

Testez-vous

Chassez l’intrus :

a) Ronce

b) Camomille romaine

c) Salicaire

d) Caroubier fruit sans graine

Réponse : b. La camomille romaine n’a pas d’indication en cas de diarrhée.

Documentez-vous

Ecrit par une pharmacienne diplômée de phytothérapie et d’aromathérapie des facultés de pharmacie de Montpellier et de Paris-XIII, cet ouvrage est précis et offre de nombreuses applications pratiques. Il vous sera utile pour conseiller les HE en toute sécurité au comptoir grâce à ses quatre grandes parties : « Qu’est-ce que c’est ? », « Comment ça marche et mode d’emploi ? »,

« Que soigner ? » et « Monographies des huiles essentielles ».

Fabienne Millet, Le Guide Marabout des huiles essentielles, se soigner par l’aromathérapie au quotidien. Paris : Marabout, 2010.

La constipation touche 20 % de la population, occasionne des gênes digestives mais peut aussi avoir des conséquences plus graves pour la santé. Généraliste, homéopathe, diplômé en nutrition et enseignant en phytothérapie, le Dr Eric Ménat rappelle les six grandes règles hygiénodiététiques, dont font partie les médecines naturelles, pour aider à rétablir un transit régulier. Il aide ceux qui ont toujours été constipés à faire leur marché et à cuisiner. A conseiller à vos patients.

Dr Eric Ménat, La Diététique anti-constipation, Thierry Souccar Editions, 2009.

Vous sentez-vous régulièrement en insécurité dans vos officines ?


Décryptage

NOS FORMATIONS

1Healthformation propose un catalogue de formations en e-learning sur une quinzaine de thématiques liées à la pratique officinale. Certains modules permettent de valider l'obligation de DPC.

Les médicaments à délivrance particulière

Pour délivrer en toute sécurité

Le Pack

Moniteur Expert

Vous avez des questions ?
Des experts vous répondent !