UNE ARME POUR SAUVER L’ÉCONOMIE DE L’OFFICINE - Le Moniteur des Pharmacies n° 2972 du 02/03/2013 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2972 du 02/03/2013
 
GROUPEMENT LOCAL

Entreprise

Auteur(s) : Marie Luginsland

Tous les pharmaciens qui se lancent dans la création d’un groupement local ont pour priorité l’optimisation de leurs achats et la croissance de leur marge. Si chacun définit son concept avec un statut juridique et des partenaires privilégiés propres, le constat reste le même, la création d’un groupement ne s’improvise pas.

J’ai créé le groupement que j’aurais voulu trouver quand je me suis installé. » C’est ainsi que Romain Socquet, titulaire à Vincennes (Val-de-Marne), justifie la création en avril dernier du groupement Planète Santé (12 adhérents). Comme lui, nombre de titulaires se lancent dans la création d’un groupement qui répond à la nécessité d’améliorer la marge de ses adhérents. De fait, les membres de ces groupements récemment créés attestent d’une hausse d’activité de 20 à 25 % au bout de trois ans et de progressions de marges supérieures de 2, 3 voire 4 % à la moyenne nationale dès les premières années.

Dans ces conditions, aucune place n’est laissée à l’amateurisme. « Il faut compter trois ans pour structurer un groupement », rappelle Didier Le Bail, titulaire à Grasse (Alpes-Maritimes) et président du groupement CUC 06 (16 adhérents). Un délai qui permet de faire les choix décisifs de la forme juridique et des partenaires à privilégier.

Bien choisir sa structure

Le groupement doit être dimensionné à ses objectifs. Ainsi un GIE qui peut satisfaire des novices, se révélera vite un piège à l’usage. « En effet, dans cette structure, au moindre problème l’un des associés peut être tenu pour solidaire du passif du groupement dans son intégralité, avec des conséquences sur ses bien personnels », met en garde Jean-Pascal Couturier, avocat spécialisé en droit des sociétés. Aujourd’hui, la majorité des créateurs privilégie la SAS (société en action simplifiée) car, comme le précise cet avocat, « elle a pour avantage d’offrir une liberté statutaire dans l’organisation du management et de limiter la responsabilité aux apports ». Il en est ainsi chez Pharmacorp (70 adhérents) qui s’est constitué en SAS au cours de l’année 2012 et pour laquelle les huit titulaires du « noyau dur » détiennent dix actions chacun. Autre avantage, la SAS permet des entrées et des sorties aisées. « A capital variable, la SAS détient une grande flexibilité et réserve le droit d’entrée de nouveaux actionnaires », relève Romain Socquet, qui prévoit une quinzaine de nouveaux adhérents en cours d’année. Toutefois, comme le note Cédric Fernandes, expert-comptable auprès du cabinet Hygie Conseils, « il faut veiller à bien figer la nature de l’activité dans le statut de la société, au risque de voir tout écart assimilé à une cessation d’activité par l’administration fiscale et donc de se voir imposer sur la plus-value ».

Bien se border

Le choix de la structure juridique n’exempte pas les créateurs d’un règlement intérieur qui définira, par exemple, le périmètre de chalandise exclusif ou la répartition des tâches. « Ceci est primordial lorsque le fonctionnement est basé sur le bénévolat », insiste Philippe Leclercq, administrateur du groupement Calipharma (30 adhérents), rappelant l’aspect chronophage d’un groupement.

Le règlement assure la cohésion du groupement mais aussi sa cohérence. « Il faut préserver l’homogénéité en définissant soigneusement le profil de l’adhérent », martèle Matthieu Brivet, chargé du développement de Pharm O’naturel (10 adhérents). Le respect du règlement apparaît rapidement comme un gage de crédibilité auprès des partenaires. « Dans le cadre de nos négociations avec les fabricants, nous mettons en avant l’un de nos critères d’adhésion qui est un chiffre d’affaires minimal d’1,3 million d’euros, soit l’équivalent de 70 % du chiffre d’affaires moyen réalisé par nos adhérents », expose Philippe Leclercq.

Cap sur les remises

S’attacher des partenaires industriels est une étape déterminante dans la création d’un groupement. Les remises négociées conditionneront également le développement de la marge des adhérents. Au premier rang de ces partenaires, il y a l’incontournable génériqueur. « Si l’adhésion à un grossiste est facultative, le choix d’un génériqueur principal est obligatoire », rappelle Claude Fontaneau, directeur général de Pharmacorp, qui s’est engagé auprès du laboratoire Mylan.

Relativement aisées à établir avec les génériqueurs, les relations avec les autres laboratoires sont toutefois plus difficiles à tisser. Cependant, une évolution des mentalités commence à se faire sentir. « Les industriels sont de plus en plus à la recherche de relation gagnant-gagnant et de partenariats forts avec les groupements régionaux », constate Jean-Pierre Le Bras, titulaire à Morzine (Haute-Savoie) et créateur de Be Pharma (27 adhérents), qui a un partenariat avec le laboratoire Sanofi. Tendance confirmée chez Pharmagrif (40 adhérents), qui travaille avec Bayer et qui est en négociation avec les laboratoires GSK et Novartis. Comme la plupart de ces « petits » groupements, Pharmagrif et Pharmacorp ne détiennent pas de CAP (centrale d’achats pharmaceutiques) car, comme le précise Claude Fontaneau, « il s’agit d’une structure trop coûteuse pour une petite entité », mais s’appuient sur la plate-forme de distribution de leur grossiste. De même, la constitution d’une SRA (structure de regroupement à l’achat) s’avère très souvent complexe sur le plan juridique et économique dans la première phase de la création, et n’apparaît souvent qu’une fois la structure bien rodée.

Garder son avance

S’assurer un maximum de soutien afin de limiter les coûts de fonctionnement, tel est le modus vivendi des créateurs de petits groupements. Mais c’est également un dilemme pour des titulaires soucieux de préserver leur indépendance. Aussi, tout groupement peut se doter d’instruments originaux qui deviendront leurs signes distinctifs. Il en est ainsi pour Pharmacorp et Pharmagrif qui se sont équipés de logiciels spécifiques d’achat/commande. Be Pharma a mis en place des formations sur la micronutrition, la cancérologie, les antivitamines K.

Repère

Pourquoi un petit groupement ?

Plus petit qu’un groupement national, il répond à des aspirations personnelles et un besoin d’identification forte. Son ancrage géographique permet une proximité physique des membres et renforce ainsi l’interactivité. Un petit groupement représente aussi un avantage pour les laboratoires et répartiteurs qui fonctionnent alors à partir de leurs bases régionales.

Les bons conseils

◊ Se faire assister d’un juriste et d’un expert-comptable dans la phase de création.

◊ Définir un statut juridique en adéquation avec ses aspirations.

◊ Se doter de partenariats industriels offrant des remises suffisantes au bon fonctionnement du groupement et à la progression de la marge des adhérents.

◊ Choisir un génériqueur offrant un référencement cohérent, soutenant la mise en place de commandes groupées et de solutions logistiques (mise à disposition de logiciels ou d’autres solutions).

◊ Choisir un logisticien qui puisse répartir les commandes et les assurer sur la zone géographique.

◊ Se doter d’un logiciel informatique commun à tous les membres.

◊ Privilégier le recrutement par le bouche-à-oreille, la cooptation, tout en veillant au respect du règlement intérieur.

◊ Chercher à atteindre une taille critique se situant entre 50 et 70 adhérents.

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