Un transfert à 7 000 kilomètres !

Est-ce le record de distance pour un transfert de pharmacie ? En tout cas, celui de Lise Pratlong se chiffre en milliers de kilomètres. Partie de Meudon-la-Forêt, en banlieue parisienne, elle s’est installée en Guyane, à Matoury près de Cayenne. « C’est un challenge que je me suis lancé, alors que je suis plus proche de la fin que du début de carrière », raconte-t-elle.

Après une tentative échouée de transfert de sa pharmacie dans le Gard, elle plaque tout, se fait remplacer et part faire un remplacement en Guyane. Elle découvre là-bas qu’il y a de la place pour ouvrir une officine à Matoury. Avec l’aide de deux pharmaciens installés dans cette ville qui lui proposent une association en SELARL où ils seront à ses côtés en tant qu’investisseurs, le projet prend forme et le transfert de la pharmacie de Meudon – où elle a exercé dix mois – à Matoury se réalise. La nouvelle licence est accordée en janvier 2010 et la pharmacie ouvre en juillet de la même année, pour le plus grand bonheur des habitants de cette ville-champignon. Le quartier d’accueil est en devenir (construction de 1 500 logements d’ici à deux ans).

« Il n’y avait rien à l’origine sauf une supérette », se souvient Eric Chinchilla, un médecin qui a ouvert son cabinet à côté de la pharmacie, à une semaine d’intervalle avec Lise Pratlong. « La pharmacie voisine la plus proche se situe à 2,5 km et la suivante à 4,5 km, mon ouverture ne leur a donc pas porté préjudice », précise la titulaire. Les quartiers sont très éclatés et le trajet à pied pour passer de l’un à l’autre est assez rebutant. Le climat étant très changeant, il n’est pas garanti d’arriver à destination sans se faire mouiller ! Le mode de déplacement typique est le taxi collectif (minibus), qui part quand il a un nombre suffisant de passagers. « Aller consulter un médecin peut prendre la journée ! », explique Eric Chinchilla. Depuis, un couple de chirurgiens-dentistes a rejoint la titulaire et le généraliste dans le même immeuble. Et les gens apprécient de ne plus être obligés de prendre le bus pour se faire soigner.