POLLUANTS ET TOXIQUES DOMESTIQUES - Le Moniteur des Pharmacies n° 2967 du 26/01/2013 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2967 du 26/01/2013
 

Cahiers Formation du Moniteur

Conseil

AIR INTÉRIEUR

« Avec tous les polluants dont on parle… »

Madame F., 36 ans :

– Avec tous les polluants dont on nous parle, je suis en train de me documenter sur les purificateurs d’air. Qu’en pensez-vous ?

– Ceux destinés à un usage privé ne font actuellement l’objet d’aucun label de qualité. Mieux vaut commencer par agir à la source en aérant votre logement. Ouvrez en grand les fenêtres pendant 5 à 10 minutes le matin.

Chaque individu passe en moyenne 14 heures par jour à son domicile dans un environnement où la qualité de l’air n’est pas toujours bonne. Emanations des moquettes, des peintures, fumée de tabac, radon, moisissures…, voici une revue de détail des principaux polluants et toxiques, de leurs risques et des mesures de prévention à conseiller.

COMPOSÉS ORGANIQUES VOLATILS

• Les composés organiques volatils (COV) sont des composés chimiques organiques qui passent facilement à l’état gazeux à température ambiante.

• Appartenant à différentes familles chimiques (alcools, aldéhydes, éthers de glycol, terpènes, composés aromatiques…), ils entrent dans la composition de nombreux produits courants (voir tableau ci-dessous).

• Tous les produits odorants dégagent des COV (peintures, colles, produits ménagers…), mais aussi les parfums d’ambiance, les cosmétiques, les bougies, les bâtonnets d’encens…

Quels risques ?

• Leur toxicité aiguë se traduit principalement par des irritations de la peau, des muqueuses et de l’appareil respiratoire, des nausées et des maux de tête.

• Leurs effets liés à une exposition chronique sont pour la plupart mal connus. Certains COV sont des « cancérogènes avérés » et/ou ont des effets nocifs sur la reproduction.

• Parmi les COV les plus préoccupants :

– le formaldéhyde (formol) est l’un des produits les plus incriminés dans la pollution de l’air intérieur. Irritant pour les yeux, le nez et la gorge, il est classé comme « cancérogène certain » du nasopharynx (groupe 1 du CIRC, Centre international de recherche sur le cancer). Ce risque n’apparaît que pour des concentrations élevées, également responsables d’irritations respiratoires ;

– le benzène, classé comme « cancérogène certain », est impliqué dans la survenue de leucémies ;

– le trichloroéthylène est cancérogène certain (pour le rein), le tétrachloroéthylène est « cancérogène » probable chez l’homme (groupe 2A du CIRC) et l’acétaldéhyde est classé comme « cancérogène possible » (groupe 2B du CIRC) ;

– certains éthers de glycol sont toxiques pour la reproduction.

Prévention

Mesures générales

• Assurer une aération et une ventilation efficaces (voir encadré page 6).

• Dans la mesure du possible, choisir des produits de construction et de décoration éco-labellisés, dégageant le moins de COV (voir encadré p. 3).

• Limiter le nombre de produits d’entretien de la maison, les utiliser en quantité raisonnable.

• Respecter dans tous les cas les consignes d’utilisation : temps de séchage, pas d’utilisation dans un local fermé…

• Utiliser une housse de protection pour le matelas.

• Eviter ou, en tout cas, ne pas abuser des parfums d’ambiance (en diffuseur ou vaporisateur) : l’odeur devient avec le temps imperceptible par les occupants qui, par conséquent, ont tendance à abuser de ces produits.

• Aérer les vêtements après les avoir apportés au « nettoyage à sec ». Se méfier d’une manière générale de l’odeur de « neuf » ou de « propre ».

Rénovation

• Le carrelage est le revêtement de sol le plus inerte chimiquement. Les autres revêtements libèrent souvent du formaldéhyde (soit lors de la pose en raison de la colle utilisée, soit lors de la vitrification). Les matériaux dits « naturels » peuvent aussi diffuser des COV (bois traité par exemple).

• Dans tous les cas, porter un masque protecteur lors de certains travaux, ne pas occuper trop rapidement des pièces récemment rénovées. Rénover de préférence en été pour pouvoir bien aérer pendant et après les travaux.

• L’idéal est de laisser reposer les meubles en aggloméré nouvellement achetés sur un balcon (ou dans un endroit bien ventilé) durant 15 jours au minimum, avant de les placer dans les pièces habitées. Sinon, aérer le plus possible.

Kits d’analyse

• En vente dans le commerce ou sur Internet (Kudzu Sciences…), ces kits d’analyse de l’air ambiant n’ont à l’heure actuelle fait l’objet d’aucune évaluation et ils ne donnent dans tous les cas qu’une analyse partielle.

• Si une analyse poussée de la qualité de l’air du domicile est nécessaire (par exemple, sur prescription médicale en présence d’une personne allergique), il est préférable de faire appel à un professionnel (liste des conseillers médicaux en environnement intérieur sur le site www.cei-france.fr).

Les purificateurs

• Des systèmes de traitement de l’air intérieur ou de filtration sont disponibles sur le marché : purificateur par ionisation, appareils de photocatalyse, produits photocatalytiques (papiers muraux…).

• L’Observatoire de la qualité de l’air intérieur (OQAI) rappelle qu’à l’heure actuelle, il n’existe pas de normes ni de labels garantissant l’efficacité de ces appareils ou produits destinés à un usage individuel (à la différence de ceux pouvant être installés dans des locaux publics, des immeubles collectifs…).

• Leur innocuité n’est pas non plus démontrée (par exemple en cas de réaction incomplète des systèmes photocatalytiques, possibilité de formation de composés polluants secondaires…).

• S’ils peuvent avoir, au mieux, un effet sur certaines particules, ils ne remplacent pas les gestes de prévention : aération, ventilation, limitation du nombre de polluants. Par ailleurs, leur coût n’est pas négligeable (à l’achat et en fonctionnement puisqu’ils consomment de l’énergie).

FUMÉE DU TABAC

La fumée du tabac renferme plus de 4 000 composés chimiques dont de nombreux sont toxiques ou irritants, ou cancérogènes (benzène, monoxyde de carbone, benzopyrène, nitrosamines, arsenic, ammoniaque…).

Quels risques

• Augmentation de la fréquence et de la gravité des infections respiratoires chez l’enfant (notamment en cas de tabagisme maternel) : bronchiolites, bronchites, rhinopharyngites, otites, hypertrophie des végétations adénoïdes…

• Plus faible poids de naissance de l’enfant à naître.

• Chez l’enfant asthmatique, augmentation de la fréquence et de la gravité des crises.

• L’exposition au tabac augmente le risque de survenue des cancers du poumon, du larynx, du pancréas, du rein, de la vessie… Il favorise la survenue d’accidents cardiovasculaires (angor, infarctus du myocarde…) et de problèmes respiratoires (asthme, BPCO…).

Prévention

Afin de diminuer l’exposition de l’entourage à la fumée du tabac :

– à défaut de stopper le tabac, essayer de réduire sa consommation le plus possible ;

– ne pas fumer à l’intérieur du domicile ni dans la voiture, même en l’absence de l’entourage ;

– changer de vêtements et prendre une douche au retour au domicile ;

– aérer le domicile le plus possible (y compris mécaniquement en vérifiant le bon fonctionnement de la ventilation mécanique contrôlée).

LE RADON

• Inodore et incolore, le radon est un élément radioactif présent sous forme de gaz à température ambiante. D’origine naturelle, il est issu de la désintégration de l’uranium et du radium présents dans la couche terrestre.

• En France, il est la principale source d’irradiation naturelle. Les régions granitiques et volcaniques, riches en uranium, sont aussi les plus riches en radon (principalement Bretagne, Massif central, Vosges et Corse).

Quels risques

• Le radon est classé « cancérogène avéré » (groupe 1) par le CIRC. Son inhalation augmente le risque de cancer du poumon dans des proportions comparables au tabagisme passif : en France, environ 2 000 décès par cancer du poumon seraient attribuables chaque année à l’exposition domestique au radon (soit entre 5 % et 12 % des décès par cancer du poumon).

• L’obligation de mesure systématique du radon et de gestion du risque concerne 31 départements prioritaires (voir carte ci-dessus), et uniquement certains établissements ouverts au public (dont les établissements d’enseignement). Il n’y a actuellement pas d’obligation pour l’habitat.

• L’exposition au radon associée au tabagisme multiplie le risque de cancer du poumon par rapport au tabagisme seul ou à la seule exposition au radon.

Prévention

• La présence de radon peut être mesurée à l’aide d’un dosimètre. Elle s’effectue durant 3 mois consécutifs (octobre à mai en saison froide, car en été les portes et fenêtres ouvertes diluent la concentration en radon).

• L’OMS recommande un niveau de référence de 100 Bq (becquerels)/m3 et, dans tous les cas, de rester en deçà de 300 Bq/m3.

• Au-dessous de 400 Bq/m3, la principale prévention est l’aération. Entre 400 et 1 000 Bq/m3, des travaux simples peuvent être réalisés (colmater les fissures au sol, aux murs…). Au-dessus de 1 000 Bq/m3, des travaux plus importants, permettant de favoriser la circulation de l’air sous la maison, sont à entreprendre.

MOISISSURES

« Chloé est allergique aux moisissures »

La maman de Chloé vient d’apprendre que sa fille est allergique aux moisissures :

– Elle a un aquarium dans sa chambre. Le médecin m’a recommandé de le supprimer !

– Effectivement, mieux vaut le placer ailleurs, voire s’en débarrasser.

– Et si j’installais un déshumidificateur ?

– Enlever l’aquarium de sa chambre et aérer régulièrement sera plus efficace qu’un déshumidificateur.

CARACTÉRISTIQUES

• Les moisissures sont des champignons microscopiques capables de coloniser de nombreux supports (bois, papiers, tissus, produits alimentaires…).

• Leur croissance sur les supports contaminés se traduit par des taches de tailles et de couleurs variées et, selon le degré d’atteinte, par une odeur caractéristique (odeur de moisi). La présence de signes d’infiltration d’eau (gondolements) peut indiquer la présence de moisissure.

• Près de 37 % des logements présentent des contaminations en moisissures visibles ou masquées (au niveau des matériaux de construction, des systèmes de ventilation…).

• Aspergillus, Penicillium et Cladosporium sont les genres de moisissures le plus souvent relevés dans les habitats.

DÉVELOPPEMENT

• Les moisissures se développent en abondance dans les environnements humides et mal ventilés (salle de bains, cave, cuisine…).

• A l’origine d’une humidité excessive : des fuites (provenant du toit, d’une tuyauterie…), une inondation, une ventilation et une aération insuffisante.

• Les moisissures se multiplient et prolifèrent par l’intermédiaire des spores véhiculées par les objets, les plantes, les animaux, l’homme.

• Outre des effets immunoallergiques, des effets toxiques et irritatifs leur sont aussi attribués :

– certaines espèces sécrètent des mycotoxines, substances de faibles poids moléculaires, non volatiles, mais qui sont dispersées dans l’air en même temps que les spores et qui peuvent avoir des effets potentiellement toxiques, notamment sur les voies respiratoires ;

– des composés organiques volatils (COV qui sont aussi responsables de l’odeur de moisi) produits par les moisissures lors de leur croissance peuvent être irritants pour les muqueuses oculaires, nasales, digestives et bronchiques.

TOXICITÉ

Allergie

Les substances qui composent les moisissures et les spores (protéines, polysaccharides…) sont reconnues comme étant des allergènes. Tout type d’allergie peut survenir (rhinites, bronchites allergiques, dermatites allergiques…). En particulier, la présence de moisissures est un facteur de risque de majoration des symptômes de l’asthme (respiration sifflante, toux).

Infections

L’aspergillose bronchopulmonaire invasive, due principalement à Aspergillus fumigatus, est une infection rare mais possible chez des sujets immunodéprimés. Elle est le plus souvent constatée dans les services d’hématologie des hôpitaux, où elle représente la première cause de mortalité.

Effets irritatifs

Les particules fongiques ou les COV produits par les champignons peuvent irriter les muqueuses oculaires, nasales, digestives, bronchiques ou la peau.

Effets toxiques

L’exposition aux mycotoxines pourrait avoir des effets délétères sur les voies respiratoires et être à l’origine de symptômes généraux (maux de tête, maux de gorge…). Certaines mycotoxines sont cancérogènes.

PRÉVENTION

Limiter l’humidité

• Maintenir une hygrométrie comprise entre 40 % et 60 %, si besoin en utilisant un déshumidificateur.

• Repérer et réparer le plus rapidement possible les fuites et les infiltrations d’eau chroniques (toiture, tuyauterie, joints, maçonnerie, menuiserie…).

• Après un dégât des eaux, assécher le plus rapidement possible et remplacer si besoin les matériaux les plus fortement endommagés (tapis, matelas…).

• Eviter de faire sécher le linge à l’intérieur de la maison ou le faire dans une pièce bien ventilée.

• Entretenir régulièrement les systèmes de ventilation.

• Si l’usage d’un humidificateur est recommandé, ne le faire fonctionner que la nuit (dans une chambre par exemple) et aérer la pièce durant la journée.? Vider et nettoyer l’humidificateur régulièrement.

Autres mesures

• Maintenir une température entre 18 et 22°C.

• Aérer et ventiler, notamment après les activités qui produisent beaucoup d’humidité (bain, douche, cuisson…). Lors des activités de cuisine, penser à mettre en route la hotte aspirante.

• Nettoyer : utiliser un aspirateur équipé de filtres HEPA contre les allergènes (acariens, moisissures…), les bactéries et les virus (mais pas les polluants chimiques). Eviter de faire le ménage en présence de la personne allergique.

Sujets immunodéprimés

• Les patients sortant des services d’hématologie sont les plus à risque de contracter une aspergillose, le retour à domicile se faisant le plus souvent alors que le patient n’a pas récupéré un statut immunitaire suffisant.

• Nettoyer de façon approfondie les pièces de la maison (nettoyage et désinfection des surfaces), supprimer les tapis et moquettes, ou les aspirer avec un aspirateur muni d’un filtre HEPA ; éliminer les plantes, aquarium et nettoyer la voiture qui sera utilisée par le patient.

TRAITEMENT

• Si des moisissures apparaissent sur une petite surface, il est recommandé de les éliminer sans délai par un nettoyage avec une éponge imbibée d’eau de Javel ?; laisser agir 24 heures puis rincer.

• La peinture ne détruit pas les moisissures et ne les empêche pas de croître.

• L’intervention d’une société spécialisée est recommandée si la surface atteinte dépasse 3 mètres carrés.

INTOXICATIONS PAR LES MÉTAUX

« Dois-je consommer moins de poisson »

Madame K., enceinte de 2 mois :

– J’aime le poisson, mais on m’a dit qu’il fallait que j’en consomme moins.

– Des polluants peuvent être présents dans certaines espèces de mer ou de rivière. Mais le poisson est une bonne source d’acides gras essentiels et vous pouvez continuer à en consommer deux fois par semaine.

– Faut-il éviter certaines espèces ?

– Oui, les gros poissons carnassiers comme le thon ou le requin. Mieux vaut consommer des poissons d’élevage pendant votre grossesse.

Les polluants métalliques peuvent se retrouver à la fois dans l’eau de boisson, les produits alimentaires ou les matériaux de construction.

PLOMB

• L’intoxication au plomb (ou saturnisme) est particulièrement dangereuse pour les enfants et les femmes enceintes (risque de contamination du fœtus).

• Le saturnisme de l’enfant, défini par une plombémie supérieure ou égale à 100 µg/l, est une maladie à déclaration obligatoire.

• Il touche 0,1 % des enfants de 1 à 6 ans en France métropolitaine (4 000 enfants).

Sources

• Les peintures à base de céruse présentes dans les logements construits avant 1949 sont la principale source de contamination. Leur dégradation crée des poussières ou des écailles qui peuvent être inhalées ou ingérées par les enfants.

• L’eau de boisson peut être contaminée si les canalisations sont en plomb et si l’eau est peu minéralisée (eau acide).

• D’autres sources peuvent être à l’origine d’intoxications : les cosmétiques traditionnels (certains khôls), les aliments ou les boissons stockés dans des céramiques ou objets artisanaux émaillés (type plat à tajine), certains jouets anciens (soldats de plomb…).

• Les enfants vivant près de terrains pollués par certaines activités industrielles peuvent avoir des plombémies anormalement élevées.

Effets toxiques

• Le plomb, stocké principalement dans les os, n’est que très lentement éliminé. De faibles concentrations (avant le seuil de 100 µg/l) sont à l’origine d’atteintes des facultés cognitives et psychomotrices chez l’enfant.

• Les signes cliniques sont peu spécifiques : troubles digestifs (anorexie, douleurs abdominales, constipation…), troubles du comportement, troubles de l’attention et du sommeil, pâleur en rapport avec une anémie.

• Des effets toxiques sur le système nerveux central, les reins, les systèmes hématopoïétique, endocrinien et reproductif ont été décrits chez les adultes exposés au plomb.

Conduite à tenir

• S’assurer que les enfants n’ont pas accès à des peintures écaillées (murs, fenêtres, radiateurs…).

• En cas de travaux de rénovation, faire appel à un professionnel. Des aides financières peuvent être accordées par l’Agence nationale de l’habitat.

• Nettoyer régulièrement pour éliminer les poussières pouvant contenir du plomb en utilisant une serpillière humide.

• Laver les mains des enfants avant chaque repas et leur couper les ongles régulièrement.

• Eviter la vaisselle ou la verrerie en céramique émaillée pour servir des aliments ou des boissons.

MERCURE

Sources

• Dans la population générale, les apports de mercure sont principalement alimentaires, essentiellement sous la forme de méthylmercure.

• Les amalgames dentaires sont la principale source de mercure inorganique.

• Les lampes fluocompactes contiennent du mercure volatilisable. Il faut donc faire attention à ne pas les briser.

Effets toxiques

• Le méthylmercure est toxique pour le fœtus et les jeunes enfants. Neurotoxique, fœtotoxique et tératogène (lésions cérébrales et du système nerveux), il expose à des anomalies du développement (retard psychomoteur et staturopondéral), à des troubles de l’équilibre et des troubles visuels et auditifs.

• Le mercure inorganique est absorbé par voie digestive et se concentre principalement au niveau du rein et du cerveau, ainsi qu’au niveau du placenta et dans le lait maternel. Le lien entre exposition au mercure des amalgames et maladies neurodégénératives n’est ni établi ni exclu.

Conduite à tenir

• Les gros poissons prédateurs sauvages sont les plus contaminés en méthylmercure : daurade, thon, raie, requin…

• Le poisson constituant une source importante d’acides gras essentiels, il est toutefois recommandé d’en consommer deux portions par semaine.

• Pour les femmes enceintes et allaitantes et les enfants de moins de 30 mois, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) recommande de varier les espèces de poissons. Les fruits de mer, le poisson d’élevage comme le saumon ou la truite sont moins contaminés.

• Il n’est pas recommandé à l’heure actuelle de retirer des amalgames déjà en bouche (la dépose des amalgames étant susceptible d’occasionner un pic sanguin de mercure).

• En cas de bris d’une ampoule fluocompacte, aérer la pièce et éviter d’utiliser un aspirateur, qui favorise la dispersion du mercure.

ALUMINIUM

Sources

• La principale voie d’exposition à l’aluminium est l’alimentation, qui constitue 95 % des apports quotidiens.

• La présence d’aluminium dans les aliments et dans l’eau peut être issue d’une migration du contenant vers le contenu (emballages, ustensiles de cuisine) ou des aliments eux-mêmes (forte teneur dans les céréales).

• Les sels d’aluminium utilisés comme floculants lors du traitement des eaux augmentent la concentration d’aluminium dissous.

• Certains topiques gastro-intestinaux (Maalox, Riopan…) contiennent des sels d’aluminium.

Effets toxiques

• Des effets avérés ont été décrits dans des populations soumises à des expositions de forte intensité (sujets dialysés, expositions professionnelles…). Ces atteintes sont essentiellement neurologiques à type d’encéphalopathie. Les atteintes osseuses et hématologiques ne concernent que les personnes hémodialysées.

• A l’heure actuelle, les niveaux de preuve sont insuffisants pour considérer que l’aluminium a un rôle causal dans la maladie d’Alzheimer.

Conduite à tenir

• Aucune recommandation particulière n’est formulée concernant l’exposition alimentaire à l’aluminium en population générale.

• Toutefois, les autorités de santé rappellent que l’évaluation des risques sanitaires liés à l’exposition à l’aluminium se heurte à des difficultés de mesure et à une mauvaise connaissance de la cinétique du métabolisme et de la toxicité des différentes formes chimiques de l’aluminium.

• Concernant le cas particulier des patients sous traitements antiacides à base de sels d’aluminium au long cours, il est recommandé de les inciter à respecter les posologies et d’évaluer l’intérêt d’une alternative en cas de forte consommation ou d’insuffisance rénale.

ONDES ÉLECTROMAGNÉTIQUES

« J’ai la tête qui explose ! »

Monsieur S., 35 ans, technicien en informatique :

– J’ai des maux de tête depuis que je passe beaucoup de temps avec mon mobile et mon ordinateur portable.

– Pour soulager vos maux de tête, prenez du paracétamol. Pour éviter qu’ils ne se reproduisent, utilisez votre téléphone avec un kit mains libres ou un téléphone fixe non portatif. Ménagez-vous des poses régulièrement et essayez de ne pas rester trop près de votre écran.

Les champs électromagnétiques sont présents partout dans notre environnement et peuvent avoir des effets néfastes sur la santé.

LES CHAMPS ÉLECTROMAGNÉTIQUES

Caractéristiques

• Un champ électromagnétique est défini par l’association d’une composante électrique et d’une composante magnétique. Il se caractérise par sa fréquence, qui dépend de l’émetteur et détermine sa capacité de pénétration. Plus elle est élevée, plus le champ est pénétrant. Les rayonnements ionisants sont suffisamment puissants pour causer des dommages cellulaires directs.

• Toute personne à proximité de l’émetteur absorbe une partie de l’énergie de son champ électromagnétique. Cette dernière diminue rapidement en s’éloignant de l’émetteur (cette diminution est proportionnelle au carré de la distance).

Principaux émetteurs

Rayonnements non ionisants

• Les rayonnements non ionisants ne sont pas suffisamment puissants pour arracher un électron d’un atome pour former un ion.

• Les rayonnements extrêmement basses fréquences sont émis par les lignes de distribution d’électricité et les lignes électrique des métros et trains électrifiés (RER, TGV…).

• Les rayonnements basses fréquences sont émis par tous les appareils électroménagers de la maison et du bureau (écran d’ordinateur, bouilloire électrique, plaque à induction…) dès qu’ils sont en tension, même s’ils ne sont pas en fonctionnement.

• Les ondes radio sont émises par tous les appareils récepteurs (radio, télévision, VHF…).

• Les micro-ondes sont émises par les fours à micro-ondes, les téléphones portables, les antennes satellites…

Rayonnements ionisants

Les rayonnements ionisants sont d’une fréquence plus élevée. Les rayonnements ultraviolets (UV) sont émis par le soleil et par les cabines de bronzage, les rayons X et les rayons gamma par les sources radioactives.

Les risques pour la santé

Les effets immédiats

• Le champ électromagnétique externe crée un courant induit sur la totalité de la surface du corps. Ce courant induit peut exercer des forces d’attraction et de répulsion sur les ions et molécules chargées comme les protéines (enzymes, protéines canaux…). Ce phénomène peut influencer la transmission de l’influx nerveux lorsque le champ électrique induit atteint 5 à 25 V/m. Il est à l’origine de la perception du champ électrique et de phosphènes.

• Le champ magnétique n’est pas perçu mais pénètre beaucoup plus profondément dans les tissus. Son effet sur la santé est mal connu.

• L’hypersensibilité aux champs électromagnétiques est un syndrome dont les causes sont difficiles à établir et qui touche entre 0,01 et 3 % de la population. Les symptômes décrits sont dermatologiques (rougeurs, picotements, sensation de brûlure), neurasthéniques et végétatifs (fatigue, lassitude, difficultés de concentration, étourdissements, nausées…).

• Le rôle des rayonnements électromagnétiques dans ce syndrome n’est pas établi.

Les effets à long terme

• Une étude a suggéré une relation entre leucémie et exposition aux champs extrêmement basse fréquence. Par ailleurs, une augmentation de la fréquence des gliomes a été observée chez les utilisateurs intensifs de téléphone portable. Le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer) a classé les champs extrêmement basses fréquences et les champs de radiofréquence (ondes radio et micro-ondes) dans la catégorie 2B, « cancérogène possible ».

• Les rayonnements électromagnétiques ionisants sont tous cancérigènes.

LA TÉLÉPHONIE MOBILE

Les antennes relais

Les niveaux d’exposition sont faibles, sauf à proximité directe des antennes relais (moins de 5 m), et constituent dans la population générale une source d’exposition bien inférieure à celle des téléphones portables.

Les GSM

• Les fréquences d’émission des téléphones mobiles se situent entre 900 et 1 800 MHz. Ils émettent un rayonnement particulièrement intense lors de la connexion au réseau (envoi d’un SMS, connexion, réception d’appel). Pendant les appels, l’exposition est forte en raison de la proximité avec le cerveau.

• Les normes d’émission fixées pour la téléphonie mobile ne prennent pas en compte la valeur du champ magnétique émis, mais uniquement la valeur de l’échauffement des tissus (norme < 2 W/kg), en considérant que l’utilisateur place son téléphone au minimum à 15 mm du corps.

• Le moyen de protection le plus efficace consiste à éloigner son téléphone (ne pas le garder dans sa poche, utiliser un kit mains libres…) et à en limiter l’utilisation.

• Par mesure de précaution, éviter l’usage du GSM pour les enfants et les femmes enceintes.

• Les patients porteurs d’appareils électroniques (pacemakers, pompe à insuline) doivent éviter d’approcher leur téléphone portable à moins de 15 cm de leurs appareils.

• Dans les transports, le nombre de connexions aux réseaux est plus important en raison du passage à proximité de nombreuses bornes relais ; il est conseillé d’éteindre son téléphone.

• Les smartphones exposent à une irradiation plus forte dès lors qu’ils sont utilisés non seulement pour téléphoner mais aussi pour se connecter au réseau Internet.

LES AUTRES ÉMETTEURS

Lignes à très haute tension

• Le champ magnétique émis par une ligne THT est de l’ordre de 30 µT (T = tesla) sous la ligne, de 12 µT à 30 m de l’axe et de 1,2 µT à 100 m. Dans certains pays comme en Hollande, il est recommandé de ne pas exposer la population à un rayonnement supérieur à 0,4 µT en moyenne au cours de la journée.

• En France, la norme est de 100 µT, mais l’ANSES recommande d’éviter la construction de bâtiments d’accueil du public sensible (hôpital, crèche…) à moins de 100 m d’une ligne THT.

• Pour les personnes « hypersensibles », des peintures au carbone sont proposées pour réduire le champ à l’intérieur d’une pièce. Ces peintures sont efficaces sur les champs externes, mais le champ électromagnétique issu des appareils ménagers subsiste.

Electroménager

• La plus forte source d’exposition est induite par les électroménagers utilisés à proximité directe du corps (rasoirs et sèche-cheveux).

• Il existe des tissus doublés avec des fibres métalliques à base d’argent et de cuivre (RadiaShield, SwissShield…) qui arrêtent les radiations électromagnétiques. Ils peuvent s’installer autour du lit ou sur le ventre des femmes enceintes.

PRODUITS MÉNAGERS

« Une dosette de lessive dans les yeux »

Monsieur J. arrive avec son fils de 4 ans :

– Il a joué avec une dosette de lessive pour lave-vaisselle qui a éclaté dans sa main. Il a dû se frotter les yeux, ils sont tout rouges.

– Je vais lui rincer les yeux sous un filet d’eau tiède une dizaine de minutes.

– Faut-il que j’aille aux urgences ?

– Oui, si les signes d’irritation persistent dans 10 minutes.

LES PRODUITS

Cuisine

• Les produits ménagers utilisés dans la cuisine (lave-vaisselle, nettoyants de surface…) contiennent des tensioactifs ioniques (agents moussants et détergents) irritants pour la peau et les yeux. Les tensioactifs amphotères et non ioniques sont moins irritants.

• Les produits d’entretien multiusages peuvent contenir des composés volatils cancérigènes comme le formaldéhyde. Le risque d’exposition est plus important avec les formes spray que les formes liquide. L’utilisation de lingettes imprégnées est la forme qui limite le plus l’exposition à ces polluants.

• Les nettoyants pour four contiennent des tensioactifs et/ou des bases fortes tels que la soude (caustique). Les nettoyants multiusages, eux, peuvent contenir des acides ou de l’eau de Javel. Le mélange d’un acide et d’une base expose à une vive réaction exothermique et à un dégagement de vapeur irritante.

• En cas d’ingestion d’un produit contenant un tensioactif, ne pas faire boire la personne intoxiquée. L’eau favoriserait la formation de mousse dans l’estomac et la personne atteinte risquerait l’étouffement par passage de la mousse dans les poumons. Rincer la bouche avec un gant humide pour enlever les traces de produits résiduels et donner à manger un biscuit ou une tartine pour prévenir la formation de mousse.

• En cas d’ingestion d’un produit contenant une base ou un acide, ne pas faire vomir car les tissus (œsophage, gorge…) seraient agressés une deuxième fois.

Salon

• Certains fabricants proposent des nettoyants pour vitres d’insert qui, comme les produits pour le four, peuvent contenir des bases fortes. Le nettoyage d’une vitre d’insert se réalise facilement à l’aide d’un papier journal humide et de cendre du foyer qui, par son effet abrasif, élimine les traces de suie.

• Les produits destinés à nettoyer les vitres sont en général des alcools et glycols, dangereux en cas d’ingestion.

Salle d’eau

• Les produits destinés au nettoyage des WC contiennent des acides utiles pour éliminer le tartre ou de l’eau de Javel, une base forte utilisée comme désinfectant.

• Les solutions d’eau de Javel diluées sont peu dangereuses en cas d’ingestion si elles sont prises en petite quantité. Un topique gastrique peut alors être proposé.

• En cas d’ingestion massive de produit dilué ou de produit concentré, ne pas faire boire (augmentation du volume de liquide agressif et risque de vomissement). Orienter la personne vers les urgences.

• Les produits nettoyants spécifiques pour salle de bains contiennent souvent des produits acides (pour leur action anticalcaire, inutile dans les régions non calcaires) associés à des détergents.

• La prudence est recommandée en cas d’utilisation de produit contenant des huiles essentielles, déconseillées chez les femmes enceintes.

• L’accident le plus fréquent est le mélange d’un acide pour détartrer avec de l’eau de Javel ou un produit en contenant. Il se produit un dégagement de chlore gazeux extrêmement irritant pour les voies respiratoires.

• En cas de mélange accidentel, rincer rapidement à l’eau ou tirer la chasse d’eau, aérer et quitter l’intérieur du logement le temps d’évacuer les gaz toxiques. Toutes les personnes qui ont eu des signes objectifs d’irritation des voies aériennes (toux, dyspnée, bruits anormaux à l’auscultation thoracique, etc.) doivent bénéficier d’une surveillance médicale d’au moins une douzaine d’heures (en raison du risque d’œdème aigu du poumon).

• Les déboucheurs de canalisation sont le plus souvent constitués d’un mélange de soude et d’ammoniaque, deux bases fortes. Lors de leur utilisation, il faut s’assurer qu’il ne reste pas de résidus de produit acide dans la canalisation à traiter. La pièce doit rester fermée pendant le temps de pose et aérée après rinçage (attention aux projections lors du rinçage !).

Buanderie

• Les produits destinés à laver le linge contiennent des tensioactifs irritants associés à des azurants, des parfums…

• Les constituants pouvant être à l’origine d’allergie, il est conseillé de choisir un produit sans parfum.

• Les détachants contiennent des solvants pétroliers (le trichloréthylène et le benzène sont interdits). Ils doivent néanmoins être utilisés à l’extérieur. Certains sont également inflammables.

Atelier de bricolage

• Pour éviter les accidents, séparer les acides et les bases dans deux placards différents. Les solvants sont pour certains très inflammables et doivent être entreposés loin de toute source de chaleur. L’acétone est un solvant qui dessèche la peau et aggrave la formation de crevasses.

• Les gants doivent être adaptés au produit utilisé. Le néoprène ou le caoutchouc naturel protègent de l’acétone mais pas du white-spirit ni de la térébenthine. Il faut utiliser des gants en nitrile pour se protéger du white-spirit et en PVC pour se protéger de la térébenthine.

RECOMMANDATIONS

Précautions avant l’emploi

• Conserver le produit dans son emballage d’origine (ne jamais le transvaser dans une bouteille d’eau). En France, la moitié des lésions corrosives accidentelles survient avec un produit qui a été déconditionné.

• Regarder les pictogrammes avant l’utilisation et l’entreposage des produits (voir ci-dessus).

• Ranger le produit hors de portée des enfants (en hdiv, dans un placard fermé).

Précautions d’emploi

• Ne jamais respirer directement un produit.

• Porter des gants adaptés.

• Ne jamais mélanger deux produits.

• Respecter les doses et le rinçage indiqués.

Réagir

• En cas d’ingestion : ne pas faire vomir, ne pas donner à boire, sauf recommandation du centre antipoison.

• En cas de contact avec la peau : enlever les vêtements souillés et rincer sous la douche ou au robinet.

• En cas de projection dans les yeux : rincer les yeux 10 minutes sous l’eau.

• En cas d’inhalation : quitter la pièce et respirer à l’air libre.

• Dans tous les cas : prévenir le centre antipoison ou le SAMU.

L’INTERVIEW Dr Robert Garnier CHEF DE SERVICE DU CENTRE ANTIPOISON DE PARIS

« Il faut éduquer à la sécurité domestique »

Le Moniteur : Quelles sont les raisons les plus fréquentes des appels au centre antipoison ?

Dr Garnier : Les appels sont le plus souvent liés à des intoxications d’origine médicamenteuse, mais aussi à des ingestions de produits ménagers. Quel que soit le produit en cause, le manque de formation à la sécurité domestique est responsable d’une grande partie de ces accidents. Maintenir les produits hors de portée des enfants, y compris les produits de toilette, et éduquer ceux-ci aux dangers de la maison permettrait d’éviter un grand nombre de consultation et d’hospitalisation.

La pollution de l’air intérieur est-elle responsable d’une augmentation des cas d’asthme et d’allergie ?

La principale source d’allergènes de la maison est constituée par les acariens, les squames d’animaux domestiques, les poussières et les moisissures. Les composés organiques volatils ont un rôle mineur dans le développement des allergies et de l’asthme, qui ont des facteurs multiples et dépendent en particulier de la stimulation immunitaire au cours de l’enfance.

Des personnes déclarent souffrir d’hypersensibilité chimique multiple ou aux ondes électromagnétiques. Qu’en pensez-vous ?

Nous avons effectivement un nombre important de consultations pour ces nouveaux syndromes. Aucune atteinte organique ou biologique n’a été observée chez les patients atteints, mais la souffrance est réelle. Une thérapie comportementaliste peut aider ces personnes à se sentir mieux. La prise en charge doit se faire en partant de la plainte personnelle et associer l’entourage. Il est important de ne pas négliger les plaintes d’un patient car son hypersensibilité risque de s’aggraver et de devenir un handicap social et professionnel grave.

Que peut faire le pharmacien face à ce type de plainte ?

Ils peuvent orienter leurs patients vers l’un des 32 centres de pathologies professionnelles et de l’environnement, dont celui de notre service à l’hôpital Fernand-Widal.

INFOS CLÉS

• Aérer régulièrement la maison en ouvrant grand les fenêtres au moins 5 min par jour.

• Choisir des produits de construction et de décoration dégageant le moins de COV (à vérifier sur l’étiquetage).

• Ne pas abuser des parfums d’ambiance et ne pas fumer dans la maison.

COV : règles d’étiquetage

Depuis le 1er janvier 2012, les nouveaux produits de construction et de décoration (isolants, revêtements de sols, vernis, colles, peintures…) mis sur le marché doivent être munis d’une étiquette indiquant leur niveau d’émission en COV. Les polluants visés sont ceux rencontrés le plus fréquemment dans les logements (formaldéhyde, acétaldéhyde, toluène, tétrachloroéthylène, xylène, triméthylbenzène, dichlorobenzène, éthylbenzène, butoxyéthanol, styrène…). Les produits sont classés de A (très faibles émissions) à C (fortes émissions).

Qui est vulnérable ?

• Les personnes les plus vulnérables à la qualité de l’air intérieur sont les asthmatiques et les personnes allergiques, les nourrissons, les jeunes enfants, les femmes enceintes, les personnes âgées et celles dont le système immunitaire est affaibli.

• Pour ces personnes, une attention particulière doit être portée à l’aération et à la limitation des sources de pollution de l’air intérieur.

QU’AURIEZ-VOUS RÉPONDU ?

Gérard vient de repeindre son appartement :

– Je voudrais mettre des plantes dépolluantes pour assainir l’atmosphère. Quels types de plantes pourrais-je utiliser ?

– Certaines plantes ont une capacité à éliminer certains polluants gazeux, mais en pratique cela n’est pas prouvé. Je vous recommande plutôt de bien aérer votre maison dans les jours qui viennent : c’est la meilleure solution pour dépolluer l’air intérieur.

Qu’en pensez-vous ?

Le pharmacien a bien répondu. L’ADEME (1) considère actuellement que le terme de « plantes dépolluantes » n’est pas validé scientifiquement. Si en laboratoire, sous conditions contrôlées, certains végétaux (2) montrent une capacité à éliminer des polluants gazeux présents dans l’air intérieur, dans les conditions « réelles » d’exposition (faibles concentrations de polluants dans l’habitat mais mélange de ces polluants…) leur capacité d’épuration n’est pas suffisante pour diminuer significativement les concentrations en COV. En l’état actuel des connaissances, aérer et ventiler reste bien plus efficace.

(1) Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie.

(2) Dragonnier (Dracaena marginata), phalangère ou plante araignée (Chlororophytum comosum), pothos (Scindapsus aureus).

Ventiler et aérer

• La ventilation permet de renouveler l’air du logement en assurant une circulation générale et permanente, de façon naturelle ou mécanique.

• Pour une ventilation efficace, il est recommandé de ne pas obturer les entrées d’air ni les sorties (bouches ou grilles d’aération), de ne pas les masquer derrière un meuble ou un revêtement. Les entretenir une fois par an en les dépoussiérant ou en les nettoyant. La VMC (ventilation mécanique contrôlée) est conçue pour fonctionner en permanence. Elle est réglée en débit maximal lors de certaines activités (douche, cuisine…).

• Aérer quotidiennement est indispensable car la ventilation à elle seule ne suffit pas à évacuer les polluants et l’humidité excessive. Ouvrir largement portes et/ou fenêtres 5 à 15 minutes 1 à 2 fois par jour, été comme hiver (penser à éteindre les radiateurs), y compris lors d’un pic de pollution extérieure. Aérer également lors des activités telles que le ménage, le bricolage, l’utilisation de produits d’entretien, au moment d’une production ponctuelle d’humidité (cuisine, après la douche ou le bain).

INFOS CLÉS

• Aérer quotidiennement 5 à 15 minutes une à deux fois par jour, été comme hiver, même pendant les pics de pollution, et ne pas obturer les conduits d’aération.

• En cas de présence de moisissures, nettoyer à l’eau de Javel.

• Eviter les « nids à poussières » (moquette, couvertures, canapés en tissus…) pour limiter la présence d’acariens et laver fréquemment la literie.

Les acariens

• Les acariens colonisent poussières, moquettes, tapis, rideaux, peluches, toutes les poussières en général. Ils apprécient la chaleur et l’humidité.

• Les mesures d’éviction accompagnent le traitement symptomatique et la désensibilisation :

– aérer les pièces pour réduire l’humidité relative, utiliser un aspirateur muni d’un filtre HEPA ;

– limiter les « nids à poussières » (tapis, moquettes, rideaux, bibelots, peluches…) ou recourir aux acaricides à base de pyréthrinoïdes (A-par, Acardust…) ou aux huiles essentielles (lavande, thym, niaouli…) ;

– laver souvent la literie, même à basse température, pour éliminer mécaniquement les allergènes (tous les 15 jours : draps et housses de couette ; tous les 3 mois : peluches, oreillers et couettes) ;

– utiliser une housse antiacarien sur le matelas ;

– préférer un nettoyage humide (idéalement à la vapeur), qui évite de mettre en suspension les poussières.

HEPA

La dénomination HEPA (haute efficacité pour les particules aériennes) s’applique à tout dispositif capable de filtrer, en un passage, au moins 99,7 % des particules > 0,3 µm.

Testez-vous

Vrai ou faux ?

a) La présence de moisissures peut majorer les symptômes de l’asthme.

b) L’eau de Javel détruit les moisissures.

c) Aérer quotidiennement est indispensable, sauf si l’habitation est équipée d’une VMC.

a : vrai ; b : vrai ; c : faux

CÉRUSE

Carbonate de plomb donnant un aspect blanchâtre utilisé dans un but décoratif.

Cadmium

• L’alimentation est la principale source d’apport de cadmium dans la population générale. La pollution industrielle et le tabagisme peuvent augmenter les doses de cadmium absorbées.

• Néphrotoxique, ce métal se concentre principalement dans les céréales, le poisson et les abats. Dans l’estuaire de la Garonne, les poissons et fruits de mer ont une teneur élevée en cadmium.

• Selon l’Autorité européenne de sécurité des aliments, le taux d’exposition au cadmium de certaines populations pourrait atteindre plus de 2 fois la dose hebdomadaire tolérable fixée : sont concernés les végétariens, les enfants, les fumeurs et les personnes vivant dans des régions fortement contaminées.

INFOS CLÉS

• Remplacer les peintures écaillées dans les logements anciens si des enfants sont présents.

• Eviter les contenants émaillés pour les aliments et boissons.

• Eviter la consommation de gros poissons carnassiers (en particulier chez les enfants et les femmes enceintes).

QU’AURIEZ-VOUS RÉPONDU ?

Madame S. vit seule dans un petit village :

– Mon eau a un goût métallique et le fond de mon évier est vert. J’ai peur de m’intoxiquer avec le cuivre.

– Rassurez-vous, une intoxication au cuivre n’apparaît que pour des doses élevées. Faites couler un ou deux litres d’eau avant de la prélever pour boire et utiliser une carafe filtrante. Plus la filtration est lente, plus elle est efficace.

Le pharmacien a-t-il bien répondu ?

Oui, mais les carafes filtrantes éliminent aussi le chlore qui maintient la qualité bactériologique de l’eau. Il aurait dû préciser que l’eau filtrée doit être stockée au réfrigérateur, que la carafe doit être nettoyée très régulièrement et que le filtre doit être changé chaque mois.

PHOSPHÈNE

Sensation lumineuse ou perception de taches dans le champ visuel.

INFOS CLÉS

• L’exposition aux ondes émises par les antennes relais est largement inférieure à celles émises par les GSM.

• Le téléphone portable est à éviter chez l’enfant par mesure de précaution.

• Eviter de téléphoner en voiture, dans les transports en commun et lorsque la connexion est mauvaise.

Comment réduire son exposition

• Privilégier le filaire dès que possible pour la téléphonie et l’informatique.

• Choisir un téléphone avec un débit d’absorption spécifique faible mais avec une bonne sensibilité.

• Limiter le nombre et la durée des communications (6 min au maximum).

• Eviter d’utiliser votre téléphone en voiture, dans les transports en commun ou en cas de mauvaise réception du signal. Dans ces situations, il est préférable de l’éteindre.

GLIOMES

Tumeurs cérébrales, bénignes ou malignes, issues des cellules gliales qui produisent en particulier la myéline.

Testez-vous

Le rayonnement électromagnétique le plus pénétrant est émis par :

a) Une ligne électrique de 400 000 V à 50 m.

b) Une antenne relais à 10 m.

c) Un GSM collé à l’oreille.

Réponse : c.

Insecticides

• Certains sprays ou diffuseurs libèrent des pyréthrines ou du pyrèthre naturel dans la maison pour éliminer les insectes (mouches, puces, blattes…).

• Les « foggers » diffusent un brouillard d’insecticide. Il faut les utiliser avant de quitter la pièce et aérer après utilisation.

• Les pyréthrines ne sont toxiques pour l’homme qu’à forte concentration. La forme aérosol peut poser des problèmes chez les asthmatiques.

• Les parfums provoquent des allergies chez les sujets sensibles.

INFOS CLÉS

• Ne jamais mélanger un acide fort et une base forte.

• Ne pas déconditionner les produits ménagers.

• Les ranger hors de portée des enfants.

QU’AURIEZ-VOUS RÉPONDU ?

Maria est femme de ménage pour une entreprise de nettoyage. Elle a des démangeaisons depuis quelques mois au niveau des mains :

– Je transpire avec les gants en vinyle, alors je les retire parfois pour travailler et manipuler les produits.

– Vous devriez mettre une crème protectrice pour protéger vos mains de l’agression des produits. Pour éviter la transpiration, vous pouvez porter des gants fins en coton sous vos gants de travail.

Le pharmacien a-t-il bien répondu ?

Oui, le port de gant et l’application d’une crème limiteront l’exposition de la peau aux produits. En revanche, les signes évoquent une allergie, qui peut s’aggraver avec la répétition des expositions. Maria devrait noter la composition des produits qu’elle utilise et consulter un allergologue pour évaluer son hypersensibilité aux composants des produits ménagers.

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