L’œdème de Quincke - Le Moniteur des Pharmacies n° 2967 du 26/01/2013 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2967 du 26/01/2013
 

Comptoir

FICHE FORMATION

Auteur(s) : Maryline Lescure

L’œdème de Quincke est une manifestation grave de l’allergie qui peut nécessiter une prise en charge immédiate et une prévention des récidives.

Qu’est ce que c’est ?

• L’anaphylaxie est une réaction allergique aiguë induite par l’introduction d’un allergène dans l’organisme. Le tableau clinique varie d’une forme cutanéomuqueuse simple (urticaire) à une atteinte multiviscérale sévère.

• Les principaux agents responsables sont les aliments, les médicaments, les piqûres d’hyménoptères et le latex.

• L’œdème de Quincke (ou œdème laryngé ou angio-œdème) est une forme sévère d’anaphylaxie. Il peut toucher n’importe quelle partie de la peau ou muqueuse avec une prédilection pour le visage. Il est caractérisé par une infiltration des tissus sous-cutanés profonds et par l’apparition d’œdèmes de la face (paupières, lèvres, langue, luette, cou…) et/ou pharyngolaryngés pouvant entraîner une obstruction des voies respiratoires.

• L’apparition d’une dyspnée, d’une dysphagie ou d’une dysphonie est un signe d’alarme d’asphyxie et nécessite une prise en charge médicale urgente. De même, l’œdème de Quincke peut être le signe inaugural d’un choc anaphylactique.

• Les symptômes de l’œdème de Quincke surviennent généralement dans les minutes suivant l’exposition à l’allergène.

Quel est le mécanisme d’action ?

• Après une phase asymptomatique de sensibilisation de l’organisme à l’allergène lors d’un premier contact, le patient développe des immunoglobulines spécifiques qui vont se fixer à la surface des mastocytes et des polynucléaires basophiles.

• Lors des contacts suivants, l’allergène se fixe sur ces immunoglobulines et provoque une activation massive de ces cellules, qui vont alors libérer des médiateurs chimiques, dont le plus connu est l’histamine, à l’origine de l’œdème et des autres signes d’anaphylaxie. La libération massive d’histamine entraîne l’augmentation de la perméabilité vasculaire qui elle-même engendre le passage du liquide plasmatique vers le milieu interstitiel (formation d’œdèmes).

• Il existe d’autres mécanismes d’activation cellulaire plus directs ne nécessitant pas de premier contact (ex. : aliments riches en histamine).

Quelle est la conduite à suivre ?

• Eviction du contact avec l’allergène.

• Appeler les secours. En cas de gêne respiratoire, la position assise, dos incliné, est recommandée et les voies respiratoires doivent être libérées (cravate…).

• Administration d’antihistaminiques per os.

• En cas de signes de gravité, une auto-injection d’adrénaline (Anapen* ou Jext**) en intramusculaire doit être réalisée en urgence.

• A l’arrivée des secours, une injection de corticoïdes par voie IM ou IV et/ou d’adrénaline, une administration d’oxygène et une intubation trachéale ou trachéotomie dans les états asphyxiques peuvent être mises en place.

• Une surveillance hospitalière d’au moins 24 heures est nécessaire.

Quelle est la prévention ?

• Consulter un allergologue au minimum 4 à 6 semaines après la réaction : identification de l’allergène voire désensibilisation.

• Port d’une carte ou d’un bracelet indiquant l’allergie.

• Eviction de l’allergène. Si usage indispensable d’une substance potentiellement anaphylactique, prémédication (corticoïdes, antihistaminiques).

• Prescription au patient d’une trousse d’urgence contenant au minimum un stylo auto-injecteur d’adrénaline et un antihistaminique per os, et apprentissage de leur utilisation.

* Anapen est en rupture d’approvisionnement. Il peut être remplacé transitoirement par Epipen dispensé dans les pharmacies hospitalières selon le protocole émis pas l’ANSM en août 2012.

** Jext est présenté en p. 19 de ce numéro.

EN PRATIQUE

• Auto-injection d’adrénaline en IM : face antéroexterne de la cuisse ou région deltoïdienne (adultes : 0,30 mg ; enfants : 0,15 à 0,30 mg). La dose peut être augmentée en fonction du poids ou chez les personnes sous bêtabloquants (effets antagonistes).

• Allergies médicamenteuses fréquentes sous bêtalactamines, produits de contraste iodés, curares, vaccins, codéines et morphiniques, AINS, aspirine, IEC.

• Contre-indication de toute la classe médicamenteuse d’un médicament allergisant suspecté en attendant les explorations allergologiques.

Sources : Bulletin de l’Académie nationale de médecine, « Prise en charge des urgences allergiques sévères », tome 193, décembre 2009, n° 9, pp. 2087-2092 ; « Œdème de Quincke et anaphylaxie », La Revue du praticien, vol. 62, juin 2012.

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