Targretin - Le Moniteur des Pharmacies n° 2962 du 15/12/2012 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2962 du 15/12/2012
 

Nouveaux produits

PRESCRIPTION

Auteur(s) : Géraldine Galan

Targretin (bexarotène) est le premier agent antinéoplasique par voie orale agréé dans le traitement des stades avancés des lymphomes cutanés T épidermotropes. Dans cette indication, il s’ajoute à Roféron A (interféron alpha-2a injectable) et Uvadex (photochimiothérapie extracorporelle associée à une photophérèse, réservée à l’hôpital).

Indication

Targretin est indiqué dans le traitement de deuxième ligne (ou plus) des manifestations cutanées des lymphomes cutanés T épidermotropes (LCT) au stade avancé.

Mode d’action

Le bexarotène est un rétinoïde de synthèse qui exerce une action agoniste des récepteurs RXR de type alpha, bêta et gamma régulant la transcription de facteurs impliqués dans la différentiation et la prolifération cellulaires. In vitro, le bexarotène inhibe la croissance des cellules tumorales d’origine hématopoïétique et épithéliale. In vivo, il provoque une régression tumorale dans certains modèles animaux et s’oppose à l’induction tumorale dans d’autres. Le mécanisme exact de l’action du bexarotène dans le traitement des LCT n’est toutefois pas connu.

Posologie

Présenté en capsules molles, le traitement s’administre en une prise quotidienne au cours d’un repas. Il est recommandé d’instaurer le traitement par bexarotène à la dose de 300 mg/m2/jour.

Cette posologie peut être augmentée chez certains patients avec un suivi clinique approprié. Les doses supérieures à 650 mg/m2/jour n’ont pas été étudiées dans cette indication.

En cas de toxicité, la posologie peut être diminuée à 200 puis 100 mg/m2/jour ou le traitement temporairement interrompu si besoin. Les doses peuvent à nouveau être augmentées progressivement une fois la toxicité contrôlée.

Contre-indications

La spécialité est contre-indiquée en cas d’hypersensibilité au bexarotène ou à l’un des excipients. Elle ne doit pas être administrée chez les patients ayant une hypercholestérolémie, une hypertriglycéridémie ou une maladie thyroïdienne incontrôlées. Elle est également contre-indiquée en cas d’hypervitaminose A, d’insuffisance hépatique, d’infection systémique en cours et d’antécédents de pancréatite.

Grossesse et allaitement

• En l’absence de données pertinentes, le bexarotène est contre-indiqué pendant la grossesse et l’allaitement.

• Les femmes en âge de procréer doivent utiliser deux méthodes fiables de contraception pendant le traitement par bexarotène. Le dosage de bêta-hCG plasmatiques doit être négatif au cours de la semaine qui précède le début du traitement. Une contraception efficace sera utilisée dès le dosage effectué, pendant le traitement et pendant au moins un mois après l’arrêt de celui-ci.

• Les patients de sexe masculin dont les partenaires sexuelles sont enceintes, pourraient l’être ou pourraient le devenir, doivent utiliser des préservatifs lors des rapports sexuels pendant le traitement et pendant au moins un mois après la dernière dose de bexarotène.

Effets indésirables

Les effets indésirables le plus souvent observés sous Targretin ont été des hyperlipidémies, des hyperthyroïdies, des céphalées, des leucopénies, des prurits, des asthénies, des troubles dermatologiques (éruptions cutanées, dermatites exfoliatives) et des douleurs.

Interactions médicamenteuses

Aucune étude n’a été menée pour évaluer les interactions médicamenteuses propres au bexarotène.

• Attention à la possible réduction d’efficacité des contraceptifs œstroprogestatifs lorsqu’ils sont associés au bexarotène. Une méthode fiable de contraception, non hormonale, est donc préconisée en accompagnement.

• Le bexarotène étant métabolisée par le CYP3A4, les substrats de ce cytochrome peuvent diminuer ou augmenter les concentrations plasmatiques en bexarotène selon qu’ils sont inhibiteurs (kétoconazole, itraconazole, inhibiteurs de protéase, clarithromycine, érythromycine) ou inducteurs enzymatiques (rifampicine, phénytoïne, dexaméthasone, phénobarbital). La prudence est requise avec les substrats du CYP3A4 dont la marge thérapeutique est étroite (immunosuppresseurs et cytotoxiques notamment).

• Le jus de pamplemousse pourrait augmenter les concentrations de bexarotène.

Surveillance particulière

• Un bilan hépatique et une formule leucocytaire doivent être réalisés avant le début du traitement, toutes les semaines pendant le premier mois de traitement puis tous les mois. Le traitement doit être temporairement interrompu si les valeurs de transaminases ou de bilirubine dépassent 3 fois la normale.

• Un dosage plasmatique de bêta-hCG doit être effectué dans la semaine qui précède la première prise de Targretin.

FICHE TECHNIQUE

Bexarotène 75 mg pour une capsule, boîte de 100 capsules, remb. SS à 100 %, 880,96 €, AMM : 365 747.9.

Cephalon 01 49 81 81 00

LES LYMPHOMES CUTANÉS T ÉPIDERMOTROPES

→ Qu’est-ce que c’est ?

Les lymphomes cutanés T (LCT) épidermotropes appartiennent au groupe des lymphomes non hodgkiniens. Ils sont caractérisés par la prolifération maligne de lymphocytes T débutant au niveau cutané. Ils regroupent essentiellement 2 formes de lymphomes : le mycosis fongoïde et le syndrome de Sézary. Le mycosis fongoïde est le plus fréquent des LCT épidermotropes.

→ Qui touchent-ils ?

Les LCT épidermotropes apparaissent généralement après 60 ans mais des cas de mycosis fongoïde ont été rapportés chez des enfants. Le mycosis fongoïde atteint préférentiellement les hommes. Les données épidémiologiques concernant le syndrome de Sézary sont moins nombreuses. Les causes des LCT épidermotropes sont mal connues mais le psoriasis serait un facteur de risque de mycosis fongoïde.

→ Comment se manifestent-ils ?

Le mycosis fongoïde débute généralement par l’apparition de macules érythémateuses qui deviennent squameuses et qui sont parfois prurigineuses. Les manifestations restent longtemps uniquement localisées au niveau cutané, surtout sur les zones protégées du soleil. L’atteinte du cuir chevelu, caractérisée par une alopécie, est possible. Le mycosis fongoïde évolue lentement, en une vingtaine d’années, par la diffusion et l’infiltration des lésions et par l’apparition de nodules ou de tumeurs avec une atteinte viscérale et ganglionnaire possible.

Le syndrome de Sézary est beaucoup plus rare ; il est dit « agressif » : le taux de survie à 5 ans est d’environ 25 %. Il se manifeste par l’apparition d’un érythème prurigineux associé à une polyadénopathie, une onychodystrophie, une kératodermie au niveau palmoplantaire et une alopécie. Le syndrome de Sézary est également caractérisé par la présence de cellules tumorales (cellules de Sézary) au niveau sanguin.

Delphine Guilloux

L’AVIS DE LA HAS

→ Service médical rendu important.

→ Pas d’amélioration du service médical rendu (ASMR V).

→ Population cible estimée entre 240 et 320 patients par an.

DÉLIVRANCE

→ Liste I

→ Prescription hospitalière.

→ Prescription réservée aux spécialistes et services de cancérologie, d’hématologie ou d’oncologie médicale.

→ Surveillance particulière pendant le traitement.

L’AVIS DU PHARMACOLOGUE

Denis Richard, hôpital Laborit (Poitiers)

Bexarotène : une option contre le lymphome cutané

L’évaluation clinique du bexarotène repose sur deux études non comparatives déjà examinées en Transparence en 2002 puis en 2007 (d’autres études mises en avant par le laboratoire n’ont pas été retenues du fait d’un faible niveau de preuve et/ou hors cadre de l’indication) :

– la première, réalisée aux stades précoces du lymphome cutané T (LCT) épidermotrope, ne peut être prise en compte car elle se situe hors du périmètre de l’AMM ;

– la seconde a été réalisée sur des patients dont la maladie était avancée et réfractaire à au moins un traitement systémique. La posologie retenue a été de 300 mg/m2 pour des raisons de tolérance, sur une durée de 16 semaines au minimum. Sur 93 patients éligibles au traitement, 61 ont été traités par bexarotène en monothérapie à la dose retenue (les 32 autres l’ont été à une dose supérieure et non retenus pour l’évaluation). Ces sujets avaient bénéficié antérieurement de deux traitements systémiques en médiane : interféron, méthotrexate, polychimiothérapies, corticoïdes systémiques, photophérèse. Le taux de réponse tumorale globale a été de 51 % et le taux de réponse clinique complète de 3 %.

La quantité de l’effet du bexarotène demeure difficilement appréciable car l’analyse de l’ANSM repose sur un sous-groupe de patients extraits d’une étude non comparative plus vaste.

Le traitement induit chez environ 75 % des patients une hypertriglycéridémie avec risque de pancréatite et chez un tiers une hypothyroïdie régressive à l’arrêt des administrations. Une étude de phase IV est prévue pour estimer la fréquence d’un trouble du métabolisme glucidique chez les patients présentant une hypertriglycéridémie induite par le bexarotène.

Dites-le au patint

Certains rétinoïdes étant photosensibilisants, minimiser l’exposition au soleil et ne pas s’exposer aux lampes à UV pendant le traitement.

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