CÉLINE ROPARS AU CŒUR D’UN RÉSEAU PLURIDISCIPLINAIRE - Le Moniteur des Pharmacies n° 2962 du 15/12/2012 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2962 du 15/12/2012
 
AUTERIVE (HAUTE-GARONNE)

Reportage

Auteur(s) : Marie Luginsland

En ayant intégré le réseau Dom-Cica-31, spécialisé dans les plaies et leur cicatrisation, Céline Ropars apporte toute son expertise de pharmacienne à la formation des autres acteurs de santé. Et, dans son officine d’Auterive, elle et son équipe sont à l’écoute des familles de patients en quête de conseils.

Aujourd’hui, comme souvent, madame D. vient à la pharmacie pour sa grand-mère qui souffre depuis un an d’ulcère de jambe récidivant. La situation l’inquiète. Céline Ropars, la titulaire, lui explique le rôle du réseau Dom-Cica-31(1) auquel elle appartient, une association composée de praticiens hospitaliers et libéraux(2) spécialisée dans la prise en charge à domicile des problèmes de plaies et de cicatrisation. Madame D., soulagée, va parler aux infirmiers et au médecin traitant de cette possibilité de recourir à l’équipe mobile de Dom-Cica-31. Ses infirmiers – en coordination avec les soignants habituels – assureront gratuitement chez elle une expertise qui permettra, au besoin, de réajuster le protocole des soins.

Proximité, dialogue et nouvelles technologies

« Je ne vois pas les plaies de mes patients mais je m’en préoccupe ! », résume en souriant la pharmacienne après le départ de madame D. Invisibles au comptoir de Céline Ropars en raison de leur gravité, les escarres, plaies ulcéreuses ou infectées sont pourtant bien présents à l’officine au travers des interrogations des proches des patients. « Quand une plaie traîne, ils me font part de leur inquiétude », explique-t-elle. Ce sont les plaies avec un retard de cicatrisation, mais aussi aiguës traumatiques, chirurgicales, infectées ou non, d’origine cancéreuse… Il s’agit également d’escarres des personnes immobilisées par l’âge ou un accident et ceux des jeunes tétraplégiques, des pieds des diabétiques et de leurs ulcères…

Il y a aussi les urgences, comme un certain samedi de novembre. Monsieur S., 45 ans, travaille sur l’installation électrique de son domicile quand, soudain, un arc électrique provoque une brûlure étendue des doigts et des paumes des deux mains. Son médecin absent, il se rend à la pharmacie toute proche. « J’ai immédiatement appelé l’infirmier référent de Dom-Cica qui réceptionne les appels et lui ai envoyé les photos des plaies depuis mon smartphone, se souvient Céline Ropars. Il m’a conseillé de prodiguer les premiers soins, mais comme ces brûlures concernaient des zones articulaires nous avons décidé d’adresser le patient dans un service pour brûlés afin qu’il soit évalué. » Le lundi suivant, dans l’après-midi, monsieur S. est revenu à la pharmacie avec sa prescription. Désormais pris en charge pour sa cicatrisation à domicile par son infirmier, il devra consulter régulièrement le centre des brûlés.

Une expertise complémentaire pour une prise en charge globale

Depuis son installation à Auterive il y a six ans, Céline Ropars s’est particulièrement impliquée dans ce réseau très utile dans cette zone rurbaine. « Plus on s’éloigne d’un pôle de santé, plus on trouve des plaies récurrentes », constate Yann Beneteau, infirmier libéral et président de Dom-Cica-31. Cet après-midi, à Auterive, il rencontre Céline Ropars avec son confrère Claude Maurier, membre du conseil d’administration du réseau. Les deux infirmiers, titulaires comme les 45 infirmiers du réseau du DU « plaies et cicatrisation », échangent avec la titulaire sur les dispositifs de soins les plus récents. Ils évoquent également la situation de certains patients. Tel monsieur P., 78 ans, diabétique insulinodépendant traite par Lantus. Bien équilibré, il est passé voici deux semaines à la pharmacie demander conseil pour une lésion apparue suite à un défaut de chaussage. Céline Ropars, devant la gravité de la plaie, a appelé l’infirmier référent du réseau et lui a envoyé une photo. Ce dernier lui a alors conseillé d’orienter monsieur P. vers un centre de cicatrisation spécifique en vue d’une hospitalisation. Depuis, monsieur P. est rentré chez lui avec une chaussure de décharge et il est suivi pour des soins locaux en cicatrisation par un cabinet de ville.

« Le pharmacien, en tant qu’acteur de santé de proximité, est la plaque tournante du réseau », estime Yves Ghrenassia, médecin généraliste et membre de Dom-Cica-31. Céline Ropars, comme les 25 autres pharmaciens du réseau, y a trouvé tout naturellement sa place. « Elle détient les dernières informations sur les produits, qu’ils soient remboursés ou non. Elle est donc d’un excellent conseil lors de leur prescription », expose Yves Ghrenassia.

« Il ne faut pas négliger le facteur économies ! »

En étant membre du conseil d’administration de Dom-Cica-31, Céline Ropars bénéficie d’une approche globale du patient à sa sortie d’hôpital. L’ordonnance du chirurgien en main, elle téléphone alors à Claude Maurier pour discuter de l’opportunité d’adapter la prescription, par exemple pour réajuster un traitement prévu sur trente jours au fur et à mesure des besoins du patient. « Il ne faut pas négliger le volet économies que le réseau permet de réaliser ! », insiste Céline Ropars. Reconnue pour son expertise des dispositifs, l’officinale intervient sur l’aspect réglementaire du soin des plaies lors des Journées annuelles midi-pyrénéennes de cicatrisation à Toulouse(3). En 2011, elle a donné une conférence aux infirmiers et aux médecins sur les recommandations en matière de prescription. Cette année, elle a dirigé la session « escarres ». « J’anime également des ateliers sur la prescription dans d’autres villes de la région », précise Céline Ropars.

Dom-Cica-31 s’est doté d’outils permettant de dialoguer et d’utiliser des tableaux de correspondances. Sur le logiciel Dopcica(4), tous les intervenants suivent, grâce à un code sécurisé, l’évolution de la plaie du patient, cartographiée et documentée régulièrement. Céline Ropars a participé à la rédaction du lexique des 300 pansements – avec leur code infirmier et leur code pharmacien équivalent – qui le composent, et collabore chaque année à sa réactualisation. Pour chaque famille de pansements, une fiche conseil et une photo complètent la nomenclature.

Ces outils ont conduit tous les acteurs impliqués dans Dom-Cica-31 à tenir le même propos, au comptoir comme au chevet du malade. « Dès qu’un patient se révèle difficile en termes d’observance, il est important d’avoir le même discours », attestent en chœur la pharmacienne et les deux infirmiers. Cette démarche se poursuit par la rencontre avec l’infirmier du patient. « Nous lui proposons une aide sur un geste technique et/ou de formation au chevet de son patient », détaille Yann Beneteau. Une communication qui contribue, comme le souligne Claude Maurier, à ce que, « sur certaines étiologies de plaies, un rendez-vous dans un centre de cicatrisation privé ou public puisse être pris plus rapidement ». Et Céline Ropars de constater : « Quand le patient apprend qu’il est intégré au réseau, il est soulagé. Il sait que sa plaie va être prise en charge. »

En outre, la titulaire a développé la prévention dans son rayon de matériel médical. Au comptoir, elle rappelle les gestes essentiels aux aides ménagères, notamment en ce qui concerne la protection de la peau. Quand elle livre du matériel au domicile d’un patient, elle s’assure de son confort. Et redouble de vigilance face aux risques d’escarres et d’infection. A défaut de pouvoir les panser, Céline Ropars les soulage et les prévient. Son credo : « Etre pharmacien avant d’être une force de vente. »

1) www.domcica31.org ; Dom-cica.31@wanadoo.fr.

2) Médecins généralistes et spécialistes, pharmaciens, infirmiers, kinésithérapeutes, laboratoires d’analyses, pédicures, podologues…

3) www.jmpc.fr (la 2e édition des Journées midi-pyrénéennes de cicatrisation a eu lieu le 5 avril 2012) ; info@jmpc.fr (http://therashare.tv/webtv/channel/1-plaies-et-cicatrisation/events/156-journees-midipyrenenne-cicatrisation).

4) www.dopcica.org

Céline Ropars en cinq dates

• 1999 Diplôme de docteur en pharmacie à l’université de Toulouse.

• 2000 DU d’orthopédie.

• 2000 Intègre le réseau Pharmasoins 31.

• 2006 Installation à Auterive.

• 2006 Intègre le réseau Dom-Cica-31 et en devient membre du conseil d’administration.

• Actuellement en formation diplômante en éducation thérapeutique.

Si vous avez envie d’essayer

Les avantages

• Le travail en équipe et l’enrichissement qu’il apporte.

• La spécialisation de l’officine.

• Les échanges des formations pluridisciplinaires et des ateliers permettent d’amorcer le dialogue avec le client.

Les inconvénients

• La difficulté de faire parler les aidants sur les problèmes rencontrés face à la plaie du patient.

• Faire accepter au médecin et à l’infirmier de partager « son » patient.

Les conseils de Céline Ropars

• S’équiper des outils du réseau : poster, lexique, ou encore application Dopcica (logiciel de suivi des plaies) sur www.dopcica.org.

• Assister aux formations (le titulaire et son équipe).

• Rejoindre un réseau régional.

• Exporter l’idée dans d’autres régions.

L’AVIS DE L’ÉQUIPE

Cathy Mauran, préparatrice, est responsable du matériel médical : « L’appartenance au réseau nous permet de disposer des outils nécessaires et de trouver une réponse adéquate face à une plaie qui reste bloquée à un stade donné. Le patient et son aidant se sentent soutenus et sont contents de voir que nous nous efforçons de trouver une solution. Par ailleurs, les formations avec les soignants et les médecins nous permettent d’aller plus loin. Cela renforce notre intérêt pour le sujet et valorise notre travail à l’officine. »

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