Trobalt - Le Moniteur des Pharmacies n° 2959 du 01/12/2012 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2959 du 01/12/2012
 

Nouveaux produits

PRESCRIPTION

Auteur(s) : Yolande Gauthier

La rétigabine, commercialisée par GSK sous le nom de Trobalt, est le premier antiépileptique dont le mécanisme d’action repose sur l’activation des canaux potassiques. C’est un traitement de deuxième intention, à utiliser en association à un autre antiépileptique.

Indications

Trobalt (rétigabine) est indiqué en association dans le traitement des crises d’épilepsie partielles avec ou sans généralisation secondaire chez les patients épileptiques âgés de dix-huit ans et plus.

Trobalt est remboursé par la Sécurité sociale, soit dans le cadre d’un traitement de deuxième intention, soit après échec d’au moins deux monothérapies.

Mode d’action

La rétigabine agit essentiellement par l’ouverture de certains canaux potassiques situés dans les cellules nerveuses du cerveau, ce qui provoque la sortie de potassium. Cette action stabilise le potentiel de repos de la membrane et contrôle l’excitabilité électrique dans les neurones, ce qui prévient le déclenchement d’éventuels potentiels d’action épileptiformes.

Posologie

En début de traitement, la dose maximale totale est de 300 mg par jour répartie en 3 prises. Elle peut être progressivement augmentée de 150 mg au maximum chaque semaine en fonction de la réponse clinique du patient et de sa tolérance individuelle. La dose d’entretien efficace attendue est comprise entre 600 et 1 200 mg/jour, toujours répartie en 3 prises.

La dose maximale d’entretien ne doit pas dépasser 1 200 mg/jour. La tolérance et l’efficacité de doses supérieures n’ont pas été étudiées.

Les posologies seront diminuées de moitié chez les patients qui ont une insuffisance rénale ou une insuffisance hépatique modérée à sévère.

Chez les patients âgés de plus de 65 ans, des doses supérieures à 900 mg/jour ne sont pas recommandées.

Lors de l’arrêt, la posologie sera progressivement diminuée sur une période d’au moins 3 semaines pour réduire le risque potentiel d’effet rebond sur les crises, sauf si des problèmes de tolérance exigent un arrêt immédiat.

Contre-indications

Contre-indiqué en cas d’hypersensibilité au principe actif ou à l’un des excipients, Trobalt doit être utilisé avec prudence chez les patients qui présentent un risque de rétention urinaire.

Grossesse et allaitement

L’administration n’est pas recommandée pendant la grossesse, ni chez les femmes en âge de procréer qui n’utilisent pas de moyens contraceptifs.

En l’absence de données sur l’excrétion de la rétigabine dans le lait maternel, la décision doit prendre en compte le bénéfice de l’allaitement pour l’enfant et celui du traitement antiépileptique pour la mère.

Effets indésirables

Les effets indésirables se manifestent généralement au cours des 2 premiers mois de traitement. Les plus fréquents sont des sensations vertigineuses, une somnolence, de la fatigue et un état confusionnel. Ils peuvent conduire à un arrêt du traitement.

Le patient sera invité à ne pas conduire ou à ne pas utiliser de machines tant qu’il n’est pas établi que ses capacités pour de telles activités ne sont pas altérées.

Une prise de poids, des nausées , une constipation, une sécheresse buccale, des troubles digestifs et des troubles de la vision peuvent être observés.

Il est recommandé d’informer les patients du risque possible de rétention urinaire, de dysurie et d’hésitation urinaire, qui surviennent généralement dans les 8 premières semaines de traitement.

Interactions médicamenteuses

La rétigabine interagit peu avec les autres antiépileptiques.

L’administration de Trobalt pourrait augmenter la concentration plasmatique de la digoxine ainsi que la durée de l’anesthésie induite par certains anesthésiques.

La prudence s’impose avec l’alcool : la coadministration d’éthanol et de retigabine a induit une augmentation des troubles visuels chez des volontaires sains.

Aucune interaction avec les contraceptifs oraux n’a été relevée pour des doses de rétigabine allant jusqu’à 750 mg/jour.

FICHE TECHNIQUE

Liste I, remb. SS à 65 %.

→ Rétigabine 50 mg pour un comprimé pelliculé violet, rond, boîte de 21 comprimés, 5,31 €, AMM : 417 163.2 ; boîte de 84 comprimés, 19,33 €, AMM : 417 164.9.

→ Rétigabine 100 mg pour un comprimé pelliculé vert, rond, boîte de 21 comprimés, 9,94 €, AMM : 417 165.5 ; boîte de 84 comprimés, 37,33 €, AMM : 417 166.1.

→ Rétigabine 200 mg pour un comprimé jaune, oblong, boîte de 84 comprimés, 70,35 €, AMM : 417 167.8.

→ Rétigabine 300 mg pour un comprimé pelliculé vert, oblong, boîte de 84 comprimés, 103,37 €, AMM : 417 168.4.

→ Rétigabine 400 mg pour un comprimé pelliculé violet, oblong, boîte de 84 comprimés, 136,40 €, AMM : 417 169.0.

→ Rétigabine 50 mg/100 mg, boîte de 21 + 42 comprimés, 24,04 €, AMM : 417 170.9.

GlaxoSmithKline

01 39 17 80 00

L’ÉPILEPSIE PARTIELLE ET L’ÉPILEPSIE SECONDAIREMENT GÉNÉRALISÉE

Qu’est-ce que c’est ?

L’épilepsie est une pathologie qui se manifeste par la répétition chronique de crises épileptiques. Ces crises sont le résultat d’une décharge paroxystique et hypersynchrone des neurones du cortex cérébral. On parle d’« épilepsie partielle » lorsque la décharge atteint une partie du cerveau et d’« épilepsie partielle secondairement généralisée » lorsque la décharge se propage à l’ensemble du cerveau.

Qui touche-t-elle ?

L’épilepsie touche en France entre 500 000 et 600 000 personnes. Même si elle peut survenir à tout âge, son incidence est surtout importante chez les enfants de moins de 4 ans et les personnes âgées de plus de 65 ans. L’épilepsie est symptomatique (lésion cérébrale visible : tumeur, séquelle d’AVC…), idiopathique (prédisposition génétique fréquente) ou cryptogénique (lésion suspectée mais non prouvée).

Comment se manifestent les crises ?

Les signes cliniques des crises partielles dépendent de la zone du cerveau atteinte. On distingue les crises partielles simples et les crises partielles complexes. Les crises partielles simples, sans altération de la conscience, peuvent se manifester par des troubles moteurs (mouvements saccadés) ou visuels, des fourmillements, des hallucinations, une sensation de déjà-vu, une angoisse… Les crises partielles complexes, qui touchent une zone plus importante du cerveau et sont associées à une altération de la conscience, se manifestent, entre autres, par des mouvements involontaires et répétés ainsi qu’un comportement inhabituel. Quant aux crises généralisées, qu’elles le soient d’emblée ou secondairement, elles se manifestent le plus souvent par une crise tonicoclonique : perte de conscience avec chute suivie par une contraction de l’ensemble des muscles puis par des convulsions.

Delphine Guilloux

Dites-le au patient

• Trobalt peut être pris indifféremment avec ou sans nourriture.

• En cas d’oubli d’une ou de plusieurs doses, prendre une prise unique dès que possible. Respecter un intervalle d’au moins 3 heures entre cette prise de rattrapage et la prochaine prise, puis reprendre le rythme normal des administrations.

L’AVIS DE LA HAS

→ Service médical rendu important.

→ Pas d’amélioration du service médical rendu (ASMR V) par rapport aux autres spécialités indiquées en association dans le traitement des crises d’épilepsie partielles avec ou sans généralisation secondaire chez les patients épileptiques âgés de 18 ans et plus.

→ Population cible : entre 39 000 et 55 000 patients.

L’AVIS DU PHARMACOLOGUE Denis Richard, hôpital Laborit (Poitiers)

Rétigabine : une alternative dans l’épilepsie partielle

Le mécanisme d’action de la rétigabine est original : ouvrant les canaux potassiques neuronaux, elle stabilise le potentiel de repos membranaire et contrôle l’excitabilité infraliminaire, prévenant le déclenchement d’éventuels potentiels d’action épileptiformes. Ce mécanisme n’est pas exclusif, d’autres cibles pharmacologiques ne sont pas encore élucidées.

Trois études randomisées, en double aveugle versus placebo versées au dossier de Transparence, ont permis d’évaluer l’efficacité et la tolérance de la rétigabine chez des patients ayant au moins 4 crises par période de 28 jours en dépit d’un traitement stable par 1 à 3 antiépileptiques. Elles ont été suivies d’études en ouvert incluant les mêmes patients. Le taux de réduction d’au moins 50 % de la fréquence mensuelle des crises partielles sous rétigabine a été significativement supérieur à celui observé sous placebo dans deux études sur trois à la dose de 1 200 mg/j ou 900 mg/j, et dans une étude sur trois à la dose de 600 mg/j. Le pourcentage de répondeurs a été également supérieur dans deux études aux doses de 1 200 et 900 mg/j et une étude à la dose de 600 mg/j. Ces résultats sont retrouvés pendant les études en ouvert. La quantité d’effet observée sous rétigabine est similaire à celle des autres antiépileptiques déjà disponibles aux doses de 900 et 1 200 mg/j ; la dose de 600 mg semble moins convaincante.

Certains événements indésirables justifient un plan de gestion des risques portant sur l’éventualité d’une rétention urinaire avec dysurie et lithiase, de prolongation dose-dépendante de l’intervalle QT, et de troubles à type d’hallucinations et de réactions d’allure psychotique. Mais l’absence de métabolisme oxydatif de la rétigabine ou de son métabolite actif N-acétylé rend peu probable une interaction avec des inhibiteurs ou des inducteurs du CYP450.

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