QUEL INTÉRESSEMENT POUR L’ÉQUIPE ? - Le Moniteur des Pharmacies n° 2959 du 01/12/2012 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2959 du 01/12/2012
 
NOUVELLES MISSIONS

Entreprise

Auteur(s) : François Pouzaud

Les nouvelles missions prévues dans la convention pharmaceutique s’adressent essentiellement aux diplômés pharmaciens. Comment fédérer l’ensemble des collaborateurs à ce projet dans lequel tous ne se sentent pas forcément concernés ? Et peut-on les intéresser sur des actes payés avec des honoraires ?

A compter du 1er janvier 2013, les pharmaciens pourront proposer à leurs patients sous anticoagulants oraux un programme d’accompagnement et des entretiens pharmaceutiques de suivi de leur traitement. C’est l’une des avancées les plus marquantes de la convention pharmaceutique qui va renforcer et valoriser le rôle des pharmaciens en tant que professionnels de santé de proximité.

Ce virage important nécessite certains changements : connaissances à valider, nouvelles compétences à acquérir, nouvelle organisation, aménagements de l’officine, information de la clientèle… Le pharmacien aura besoin de l’implication de toute son équipe, même si les préparateurs en pharmacie et les vendeurs non diplômés ne sont pas habilités à réaliser les entretiens pharmaceutiques. « Les collaborateurs non pharmaciens peuvent avoir un rôle moteur et initiateur du suivi en participant au recrutement des patients sous anticoagulants oraux », considère Jean-Christophe Lauzeral, consultant en charge de la formation sur les entretiens pharmaceutiques pour l’OCP. Au comptoir, ces collaborateurs pourront informer et proposer ce nouveau service aux patients concernés, présenter l’intérêt de l’entretien pharmaceutique de suivi et les inviter à remplir un formulaire d’adhésion avec le pharmacien.

« La mise en place des entretiens pharmaceutiques va prendre du temps, il faut donc focaliser les énergies durablement, impliquer concrètement les collaborateurs à un objectif commun et les associer aux résultats de l’officine résultant de leur propre travail », expose Jean-Christophe Lauzeral. Le but est de n’exclure personne et d’éviter que certains membres de l’équipe aient le sentiment d’être relégués à un rôle subalterne.

Certaines cotisations sociales exonérées

Dans ce condiv, l’intéressement paraît une formule adaptée pour motiver l’équipe sur les nouvelles missions puisque aucun salarié ne peut être exclu d’un accord d’intéressement. Ce dispositif permet de dynamiser une politique salariale fondée sur le versement de primes sans augmenter la charge du coût des emplois.

Correctement mis en place, l’intéressement permet l’exonération pour les salariés des cotisations sociales (sauf CSG et CRDS) et de l’impôt sur le revenu. « Octroyant un allégement de cotisations sociales, l’accord d’intéressement doit être validé par la direction départementale du travail », rappelle Olivier Desplats, expert-comptable au cabinet Flandres, membre du groupement CGP. Cet accord est soumis à un certain formalisme et à nombre de contraintes tenant à l’objectif à atteindre, notamment sur les moyens (outils, formation…), la durée, la périodicité, les moyens de contrôle, le calcul de la prime. « L’intéressement doit être global et l’accord connecté à un objectif clairement défini à cette rémunération complémentaire », ajoute l’expert-comptable.

Habituellement, l’objectif à atteindre et le calcul de la prime sont assis sur des critères purement commerciaux (nombre de patients servis, temps d’attente au comptoir, volume de parapharmacie réalisé…) ou financiers (augmentation du chiffre d’affaires, de l’EBE, des résultats…). « La difficulté est d’appliquer l’intéressement en fonction des préoccupations en tant que professionnel de santé et non en tant que commerce de proximité », expose Jean-Christophe Lauzeral. « Avec les nouvelles missions du pharmacien et les entretiens pharmaceutiques, les objectifs recherchés sont plus qualitatifs que quantitatifs et fixés de façon arbitraire par le titulaire, donc difficilement vérifiables », ajoute Olivier Desplats.

D’abord identifier les compétences

Toutes les pistes sont envisageables, du moment qu’elles puissent être suivies et quantifiées de façon incontestable. Le seuil de déclenchement de la prime sera cohérent et réalisable si l’objectif fixé est mesurable. Par exemple, le nombre d’ouvertures de dossiers ou d’entretiens pharmaceutiques à réaliser par mois, le pourcentage de patients qui acceptent d’être suivis en rapport au nombre total de patients chroniques sous anticoagulants oraux recensés dans la pharmacie.

Selon Christine Caminade, consultante, une pharmacie a en moyenne 40 à 60 patients sous anticoagulants oraux parmi sa clientèle. « Les nouvelles missions du pharmacien relèvent d’un projet d’entreprise », explique-t-elle. Pour que ce projet soit partagé par l’équipe, il faudra d’abord identifier les compétences requises et former les adjoints aux entretiens pharmaceutiques. « La compétence sur les entretiens pharmaceutiques met en œuvre deux valeurs fondamentales interactives entre elles : le savoir-faire, issu de la connaissance et des expériences acquises, et le savoir-être qui s’appuie sur les comportements exigés pour réaliser ces entretiens », précise Christine Caminade. Le niveau d’aptitude et d’expertise de l’adjoint formé se transforme alors en résultats mesurables.

Cette nouvelle compétence va s’acquérir au fur et à mesure de la réalisation des entretiens pharmaceutiques et évoluera dans le temps, d’où la nécessité de mesurer ces évolutions lors de l’entretien annuel d’évaluation, qui pourra donner lieu au versement d’une prime spécifique.

François Maeder, titulaire à Saint-Georges-de-Mons (Puy-de-Dôme), suggère deux solutions pour motiver les adjoints à s’intéresser aux nouvelles missions. La première consisterait à ce que « l’adjoint dûment formé aux entretiens pharmaceutiques et assurant des consultations perçoive une bonification de rémunération égale à un nombre de points conventionnels de salaire. Cela doit être le fruit d’une négociation entre les syndicats et faire l’objet d’un avenant dans la convention collective ». La seconde serait que « la rémunération des 40 euros annuelle par patient suivi et versée au titulaire qui réalise cet acte intellectuel soit reversée à l’adjoint lorsque celui-ci effectue l’acte. Je pratique déjà de la sorte quand mon adjoint réalise une garde à ma place, et c’est lui qui empoche l’indemnité correspondante ». A préciser, bien sûr, dans un avenant au contrat de travail.

« Et, en plus, il faudrait verser une prime ! »

Les nouvelles missions vont donner une autre dimension au rôle du pharmacien et, rien que pour cela, Noëlle Davoust, titulaire à Rennes (Ille-et-Vilaine), et Jean-François Le Quéré, titulaire au Barp (Gironde), veulent les mettre en place. Mais, sur le plan économique, la rémunération qu’ils pourront en retirer ne sera d’aucun soutien pour la marge de l’officine. « Nous ne pouvons pas payer à nos adjoints des actes pour lesquels il n’y a aucune valorisation prévue dans la convention, ni mettre en place une rémunération à la performance », analyse Noëlle Davoust. Jean-François Le Quéré apporte la démonstration économique : « Dans mon officine, le coût horaire d’un adjoint au coefficient 500, charges incluses, est de 33,21 euros. A raison de 45 minutes par entretien pharmaceutique, donc 1 h 30 pour deux entretiens confiés à cet adjoint, je devrais débourser par an et par patient reçu par lui 49,80 euros pour gagner 40 euros, soit un résultat déficitaire de 9,80 euros. Et, en plus, il faudrait verser une prime ! »

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