« La chance sourit aux audacieux ! »

Quels sont les avantages et inconvénients de l’installation quand on a peu d’expérience ?

Aujourd’hui, il faut beaucoup de motivation et l’esprit d’entreprise pour s’installer. Il faut aussi une petite part d’inconscience… L’expérience est toujours un « plus » quand elle ne devient pas un frein pour se lancer. Il y a en effet un type de scénario, assez habituel, où le jeune diplômé qui, au fur et à mesure de son parcours professionnel, prend conscience des risques, a souvent tendance à les exagérer. Il se piège lui-même en perdant confiance en son projet. Il faut accepter une part de risques pour s’installer et surtout croire en soi. A condition bien sûr de savoir différencier entre « prendre un risque » et « gérer un risque ». Autrement dit, de ramener le risque à un niveau acceptable en s’entourant de personnes compétentes et en étant curieux et à l’écoute sur l’affaire que l’on veut acquérir.

Quelles principales mises en garde peut-on donner aux jeunes pour éviter de s’échouer sur des écueils parfois fatals ?

Les échecs sont majoritairement liés à un manque de « rigueur scientifique » lors de la phase d’acquisition, un défaut paradoxal vu le profil des jeunes diplômés ! Dès que l’on parle argent, chiffre ou, plus prosaïquement, « business », je constate, et je ne pense pas être le seul, que des lieux communs ou des fausses idées sont véhiculées qui perturbent le sens logique. Il convient en premier lieu de faire un audit de la situation de l’officine et se projeter sur les cinq ans à venir : comment est constitué le chiffre d’affaires ? Va-t-on garder comme client cet EHPAD à proximité ? Quel est l’environnement, les médecins alentour, l’ordonnancier, la situation économique du secteur ? Bref, travailler sur des équations plutôt que faire de la divination…

Quels conseils peut-on donner à ceux qui, au contraire, attendent trop avant de s’installer ?

La chose la plus rare n’est pas l’argent mais le temps. On en a plus facilement conscience à cinquante ans qu’à vingt-cinq ans, mais c’est un fait ! Plus tôt on s’installe, plus tôt on a fini de rembourser son emprunt. Par ailleurs, on accepte plus aisément les indispensables sacrifices financiers liés au démarrage d’une activité lorsque l’on est jeune (on a moins de charges). On met régulièrement en avant la mauvaise conjoncture économique pour repousser le projet d’installation, ce n’est pas forcément un bon calcul car les périodes difficiles sont souvent propices à la découverte de belles opportunités. La chance sourit aux audacieux !

Pour remédier au manque d’apport personnel et d’expérience, quelle est la meilleure formule d’installation pour un jeune qui sort de la faculté : le parrainage dans le cadre d’une SEL, l’association dans le cadre d’une SNC, l’acquisition seul d’une petite officine à un prix décoté ?

Sur le papier, la meilleure formule pour un jeune diplômé sans argent ni expérience est l’association avec un titulaire dans le cadre d’une société (SEL ou SNC) ou l’association avec un parrain investisseur dans le cadre d’une SELARL. Le jeune installé trouvera une sécurité et apprendra plus vite que seul. Dans la majorité des cas, ce type de montage est une position intermédiaire avant une reprise globale de l’officine – on peut parler de palier.

L’association n’est-elle pas dangereuse pour un jeune acquéreur inexpérimenté ?

Le risque majeur lorsqu’on s’associe est de le faire avec un titulaire qui va considérer le jeune diplômé comme un « superadjoint ». Nous le voyons parfois dans le cadre de certains parrainages en SELAS dans lesquelles les pharmaciens investisseurs « louent » un diplôme. Il n’y a pas de volonté de s’associer car le jeune titulaire n’a pas son mot à dire. Ce type de formule ne mène à rien et engendre frustration et déception. A tout prendre, il vaut mieux acquérir une officine tout seul. On travaille pour soi et non par procuration.