Incivo - Le Moniteur des Pharmacies n° 2948 du 15/09/2012 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2948 du 15/09/2012
 

Nouveaux produits

PRESCRIPTION

Auteur(s) : Géraldine Galan

Le télaprévir est l’une des deux antiprotéases nouvellement disponibles en ville (avec le bocéprévir, Victrelis de chez MSD), utilisées dans le cadre d’une trithérapie de l’hépatite C chronique due au VHC de type I. Il a l’avantage d’augmenter considérablement le taux de guérison et dans certains cas de réduire la durée de traitement de moitié par rapport à la traditionnelle bithérapie.

Indication

Incivo est indiqué dans le traitement de l’hépatite C chronique due au virus VHC de génotype 1 en association avec le peginterféron alfa et la ribavirine. Il est réservé aux adultes ayant une maladie hépatique compensée (même en cas de cirrhose), naïfs de traitement ou préalablement traités par l’interféron alfa seul ou en association à la ribavirine, y compris en cas de rechute, de réponse partielle ou de réponse nulle.

Mode d’action

Le télaprévir est un antiviral à action directe. Il inhibe la sérine-protéase NS3-4A du VHC, indispensable à la réplication du virus.

Posologie

Incivo s’administre à raison de 2 comprimés toutes les 8 heures, soit une posologie quotidienne de 6 comprimés. Ils doivent être avalés entiers (sans croquer) et au cours d’un repas sous peine d’en voir diminuer l’efficacité.

Incivo est toujours associé à la ribavirine et au peginterféron alfa-2a ou alfa-2b. Le taux d’ARN viral doit être dosé aux semaines 4 et 12 suivant l’instauration du traitement.

• Chez les adultes naïfs de traitement ou rechuteurs après un précédent traitement, Incivo est administré en trithérapie pendant 12 semaines. S’ensuivent 12 semaines supplémentaires de ribavirine + peginterféron alfa après l’arrêt d’Incivo. Le traitement peut être arrêté après ces 24 semaines en présence d’un taux d’ARN du VHC indétectable aux semaines 4 et 12. Les patients ayant un taux d’ARN viral détectable à la semaine 4 ou 12 ou souffrant d’une cirrhose reçoivent 24 semaines supplémentaires de peginterféron alfa et de ribavirine, soit une durée totale de traitement de 48 semaines.

• Chez les patients répondeurs nuls ou partiels à une précédente thérapie, le traitement dure 48 semaines (trithérapie de 12 semaines puis 36 semaines de bithérapie).

• Chez tous les patients, le traitement par Incivo doit être arrêté si le taux d’ARN du VHC dépasse 1 000 UI/ml à la semaine 4 ou 12.

Contre-indications

Aucune hormis une hypersensibilité à un constituant d’Incivo.

Grossesse et allaitement

• En l’absence de données, Incivo n’est pas recommandé pendant la grossesse ni chez les femmes en âge de procréer n’utilisant pas de contraception.

• Du fait de l’association avec le peginterféron alfa et la ribavirine, les patient(e)s et leurs partenaires sexuel(le)s doivent utiliser 2 méthodes de contraception efficaces pendant le traitement.

Les contraceptifs hormonaux sont susceptibles de ne pas être fiables durant la prise d’Incivo et jusqu’à 2 mois suivant son arrêt. Pendant cette période, les patientes en âge de procréer qui utilisent d’habitude une contraception hormonale doivent avoir recours à deux méthodes efficaces de contraception non hormonales (préservatif, stérilet par exemple). Deux mois après l’arrêt d’Incivo, les contraceptifs hormonaux peuvent être à nouveau utilisés comme l’une des deux méthodes efficaces de contraception requises.

• L’allaitement doit être arrêté avant l’instauration du traitement.

Effets indésirables

• Au cours des essais réalisés avec Incivo versus placebo, les effets indésirables les plus fréquemment observés étaient des anémies, des éruptions cutanées, des prurits, des nausées et des diarrhées.

• Les patients doivent être informés de la nécessité de consulter immédiatement en cas d’apparition d’une éruption cutanée ou d’aggravation d’une éruption existante. Des éruptions cutanées sévères à type de DRESS (peu fréquent) ou de syndrome de Stevens-Johnson (rare) ont en effet été rapportées sous Incivo.

Interactions médicamenteuses

• Incivo ne doit pas être associé à des médicaments dont la clairance dépend fortement du CYP3A et pour lesquels des concentrations plasmatiques élevées sont associées à des événements graves ou mettant en jeu le pronostic vital tels qu’une arythmie cardiaque (amiodarone, bépridil, pimozide, quinidine), un vasospasme ou une ischémie périphériques (dérivés de l’ergot de seigle), une rhabdomyolyse (certaines statines), une sédation accrue ou une dépression respiratoire (midazolam ou triazolam per os), une hypotension ou une arythmie cardiaque (alfuzosine et sildénafil, utilisés dans l’HTA pulmonaire).

• Incivo ne doit pas être associé à des antiarythmiques de classe Ia ou III (sauf lidocaïne injectable).

• Rifampicine et millepertuis réduisant fortement les concentrations plasmatiques du télaprévir, ils ne doivent pas être associés à Incivo.

• Les inhibiteurs puissants du CYP3A, tels que la carbamazépine, la phénytoïne et le phénobarbital, sont contre-indiqués avec Incivo sous peine d’une perte d’efficacité de l’antiviral.

• Les inducteurs légers et modérés du CYP3A doivent être évités et Incivo doit être utilisé avec précaution avec la propafénone et le flécaïnide, antiarythmiques de classe Ic.

FICHE TECHNIQUE

Télaprévir 375 mg pour un comprimé pelliculé oblong jaune.

Flacon de 42 comprimés, liste I, remb. SS à 65 %, 2 295,83 €, AMM : 219 249.8.

Janssen-Cilag 01 55 00 45 00

L’HÉPATITE C

→ Qu’est-ce que c’est ?

• Il s’agit d’une infection par le virus de l’hépatite C (VHC) provoquant une inflammation du foie à l’origine d’une destruction des hépatocytes.

• Il existe 6 génotypes de VHC, dont dépendent le pronostic de la maladie, le choix du traitement à instaurer et sa durée. En Europe, les plus fréquemment rencontrés sont les VHC de types 1, 2 et 3, avec 60 % de génotype 1.

• Sa transmission s’effectue le plus souvent par voie sanguine (toxicomanie, piercings, tatouages…) et, dans de rares cas, par voie sexuelle. Contrairement à d’autres types d’hépatites, elle n’est pas transmise par le lait maternel, les aliments ou l’eau.

• Dans le monde, 150 millions de personnes seraient atteintes d’hépatite C chronique. On estime à plus de 350 000 le nombre de décès annuels liés au virus. En France, 400 000 personnes seraient porteuses d’anticorps contre le virus de l’hépatite C, soit 0,84 % de la population.

→ Quels sont les symptômes ?

• La période d’incubation est comprise entre 2 et 6 semaines.

• S’ensuit la phase aiguë de l’infection. Asymptomatique chez 80 % des patients, elle se traduit chez les 20 % restants par de la fièvre, de la fatigue, une baisse d’appétit, des nausées, des vomissements, des douleurs abdominales, une coloration sombre des urines et une décoloration des selles (teinte grisâtre), des douleurs articulaires et/ou un ictère.

→ Quelle est son évolution ?

• L’hépatite C devient chronique chez 75 à 85 % des patients infectés. L’hépatite chronique est définie biologiquement par la présence d’anticorps anti-VHC pendant plus de 6 mois. Au sein des patients atteints de chronicité, 5 à 20 % développeront une cirrhose et 1 à 5 % décéderont de cette dernière ou d’un cancer hépatique.

• Au total, 25 % des cancers du foie sont liés à une hépatite C.

Géraldine Galan

L’AVIS DE LA HAS

→ Service médical rendu important.

→ Amélioration du service médical rendu mineure (ASMR IV) chez les patients naïfs de traitement et modérée (ASMR III) chez les adultes en échec de traitement sans décompensation hépatique.

→ Population cible estimée à environ 67 800 personnes en France.

L’AVIS DU PHARMACOLOGUE Denis Richard, hôpital Laborit (Poitiers)

Télaprévir : un vrai tournant dans la prise en charge de l’hépatite C

L’efficacité et la tolérance du télaprévir (Incivo) ont été évaluées dans trois études de phase III, dont deux conduites chez des sujets naïfs de traitement (Advance et Illuminate) et une (Realize) sur des patients en échec à un traitement antérieur (rechuteurs et non répondeurs). Ces études comparaient la trithérapie télaprévir/peginterféron alfa-2a/ribavirine à la bithérapie peginterféron/ribavirine.

L’étude Advance, incluant 1 095 patients en double aveugle, a permis d’obtenir une augmentation du pourcentage de réponse virologique soutenue (charge virale indétectable à 24 semaines) chez 74,7 % des sujets bénéficiaires du télaprévir (adaptation du traitement guidée par la réponse) versus 43,8 % dans le bras bithérapie.

L’étude Illuminate, ouverte, incluant 504 patients, a démontré la non-infériorité du télaprévir associé au peginterféron et à la ribavirine sur 24 semaines versus une bithérapie sur 48 semaines en termes de réponse virologique soutenue, chez des patients non préalablement traités par interféron donnant une réponse virologique rapide étendue (charge virale indétectable aux semaines 4 et 12).

L’étude Realize a livré des résultats comparables à l’étude Advance sur 662 patients en situation d’échec : la réponse virologique soutenue a été de 64,3 % dans le bras télaprévir (adaptation du traitement guidée par la réponse) versus 16,7 % (bras bithérapie).

Notons cependant que l’association du télaprévir à la bithérapie peginterféron/ribavirine augmente l’incidence des effets indésirables de grades 2, notamment les anémies, les thrombopénies, les lymphopénies et les réactions cutanées (prurit, éruptions allant jusqu’aux toxidermies sévères).

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