LE GPUE AU CHEVET DES OFFICINES - Le Moniteur des Pharmacies n° 2939 du 23/06/2012 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2939 du 23/06/2012
 

Actualité

Auteur(s) : Isabelle Guardiola

Du 17 au 19 juin se tenait à Paris la réunion annuelle du Groupement pharmaceutique de l’Union européenne (GPUE). L’occasion, dans un contexte de crise économique, de se recentrer sur les valeurs et les missions de l’officine.

La santé est l’un des secteurs les plus marqués par la crise. Aucune profession de santé ne peut échapper à une redéfinition de ses missions et les pharmaciens doivent participer aux économies à réaliser », a estimé, le 18 juin, Noëlle Lenoir, ancienne ministre française chargée des affaires européennes et présidente du think tank Le Cercle des Européens, lors du symposium annuel du Groupement pharmaceutique de l’Union européenne. L’assemblée réunissait les Ordres et syndicats de pharmaciens de 25 Etats membres et de 6 pays observateurs, et tenait, le 19 juin, son assemblée générale à Paris, la présidence tournante étant assurée, en 2012, par Isabelle Adenot, présidente du Conseil national de l’ordre des pharmaciens.

Au programme de cette année, la présentation d’un Livre blanc sur la pharmacie en Europe. Il a été validé par les membres du GPUE le 19 juin et sera ratifié par chacun des pays au cours de l’été et disponible à l’automne. Dans un condiv de crise et un environnement en mutation, l’objectif du livre est de présenter une vision commune de la pharmacie autour de quatre axes : la mise à disposition de médicaments sûrs, le renforcement de la prise en charge individualisée, les actions de santé publique et la contribution à l’efficience du système de santé.

La tentation de la dérégulation

Pas simple en pleine crise, face aux écarts entre pays et aux voies parfois divergentes empruntées par ceux-ci, de s’accorder sur des préconisations communes. Sans dévoiler la teneur de ce Livre blanc, Isabelle Adenot soutient que tous les membres peuvent défendre « l’indépendance du pharmacien, laquelle doit être préservée pour assurer son rôle d’interface avec le patient, garant de la sécurité ». Tout au long de ces rencontres, l’avenir de l’officine a été interrogé. Noëlle Lenoir a bien résumé les effets de la crise : la baisse des chiffres d’affaires et de la marge bénéficiaire, les procédures collectives encore limitées mais en développement et la tendance à la baisse des cessions, les regroupements et les développements de chaînes (Allemagne, Belgique, Royaume-Uni, Pologne…), avec pour conséquence l’amorce dans certains pays d’une désertification des zones rurales.

Les questions de fond traversant les interventions ont donc porté sur le statut particulier de la pharmacie d’officine en Europe, prise entre protection des législations nationales et volonté de libéralisation de la Commission européenne. A cet égard, Noëlle Lenoir a ainsi évoqué le sujet sensible de la vente sur Internet, invitant les pays réfractaires à s’interroger sur sa pertinence ou encore à imaginer l’avenir d’un pharmacien qui serait propriétaire d’une officine dans un pays et d’une seconde pharmacie dans un autre pays… En Pologne, pays d’obédience libérale, le développement de chaînes de pharmacies fait rage et les médicaments en vente libre sont proposés en supermarchés et stations-service, une dérégulation récusée par Piotr Bohater, vice-président polonais du GPUE : « Ce n’est pas une bonne façon de faire des économies. On sait au contraire que les soins pharmaceutiques permettent de réduire la consommation de médicaments et d’une façon générale de réaliser des économies de santé. »

Revues de médication et nouveaux services

Loin de plonger dans le pessimisme, les intervenants ont aussi mis en avant les atouts de la profession, structurels ou conjoncturels : le système de sécurité sociale très ancré en Europe, les besoins de la population (vieillissement et maladies chroniques) et les nouvelles missions du pharmacien, acteur de la personnalisation des soins.

Deux intervenants, l’Espagnol Miguel Angel Gastelurrutia et Gareth Jones, de l’Association nationale britannique des pharmaciens, sont venus présenter les projets en cours d’expérimentation et d’évaluation dans leur pays, les « revues de médication ». Ces services consistent, à l’initiative du pharmacien, en un entretien avec un patient pour repérer d’éventuels problèmes liés au traitement prescrit, délivrer des conseils et proposer, le cas échéant, au généraliste des modifications de la prescription. Opérationnels en Angleterre, ils sont expérimentés en Espagne au travers du programme Consigue : « Le patient est au départ surpris, puis, quand il en bénéficie, son regard sur son pharmacien change. Certains ont même témoigné qu’il leur avait sauvé la vie », s’est enthousiasmé Miguel Angel Gastelurrutia.

Une conclusion encourageante au seuil des nouvelles missions du pharmacien français. A condition, ici comme ailleurs, que ces missions extrêmement chronophages soient rémunérées correctement, ont communément exprimé les participants.

REPÈRES

• Le GPUE, c’est 160 000 pharmacies, 400 000 pharmaciens dans 31 Etats et 660 000 personnels de support. Il rassemble des organisations nationales (Ordres) et syndicales.

• 23 millions de personnes par jour se rendent dans une pharmacie en Europe : 98 % en 30 minutes et 58 ?% en 5 minutes.

• Baisse de densité des pharmacies : de 1/1 200 en France à 1/5 000 aux Pays-Bas.

• 87 pharmacies au Luxembourg et 23 000 en Turquie. La France est 31e (par ordre décroissant) avec 22 460 officines, la Suède 11e (946), la Grèce 25e (11 000), le Royaume-Uni 27e (12 612), l’Espagne 29e (21 165) et l’Allemagne 30e (21 580).

• 98 % de femmes pharmaciennes au Royaume-Uni ! 70 % en Belgique et 66 % en Italie et en France. La Turquie affiche une quasi-mixité avec 51 % de femmes.

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