SOINS DE SUPPORT HOMÉOPATHIQUES EN ONCOLOGIE

TROUBLES DIGESTIFS

« Zophren et Cortancyl ne suffisent pas ! »

Monsieur B., 60 ans, est traité par de la carmustine pour un mélanome (200 mg/m² toutes les 6 semaines) :

– Je n’en peux plus. peu après la perfusion j’ai des vomissements violents à la limite de la syncope. les médecins m’ont prescrit Zophren et Cortancyl, mais cela ne suffit pas !

– Je peux vous proposer un traitement homéopathique tel que Veratrum album 9 CH pour limiter les vomissements.

– J’arrête alors Zophren et Cortancyl ?

Non, l’homéopathie ne se substitue pas au traitement prescrit par l’oncologue. Mais c’est une chance de plus pour mieux supporter ces traitements lourds et réduire leurs effets indésirables.

NAUSÉES ET VOMISSEMENTS

Relativement moins fréquents qu’auparavant en raison de l’évolution des traitements, les nausées et les vomissements chimio-induits restent toutefois redoutés par les patients.

Facteurs de risques

Liés aux patients

• Certains patients sont plus sensibles : patients jeunes, patients anxieux, patients souffrant facilement du mal des transports, patientes ayant souffert de nausées et de vomissements au cours d’une grossesse.

• Les femmes sont généralement plus touchées que les hommes.

Liés aux médicaments

• Les sels de platine et les anthracyclines sont les molécules les plus émétisantes.

• Ce type de troubles digestifs survient chez presque tous les malades en cas de traitement par cisplatine (> 50 mg/m²), carmustine (> 250 mg/m²), cyclophosphamide (> 1 500 mg/m²), dacarbazine (> 500 mg/m²), lomustine (> 60 mg/m²), pentostatine, streptozotocine…

Souches homéopathiques

A la posologie de 5 granules 3 à 4 fois par jour, et même plus souvent si besoin, au rythme des nausées :

• Nux vomica 9 CH : suite d’intoxication médicamenteuse, nausées, vomissements qui soulagent, langue saburrale (partie antérieure propre et chargée d’un enduit blanc jaunâtre à la base), et aussi diarrhée, hypersensibilité aux odeurs et aux parfums.

En prévention, la souche est conseillée systématiquement.

• Colchicum autumnale 9 CH : nausées aggravées par l’odeur d’aliments, langue saburrale, diarrhée.

• Ipeca 9 CH : nausées non calmées par les vomissements, langue propre, et aussi salivation importante, sensations de dérangement gastrique, face pâle, cernes bleuâtres.

• Cocculus 9 CH : nausée à la vue et à l’odeur d’aliment, à l’idée de manger, vomissements avec vertiges, pâleur, sensation de vide gastrique ; symptômes non améliorés par le grand air.

• Tabacum 9 CH : nausées, vertiges, sueurs froides, grande pâleur ; symptômes améliorés en fermant les yeux et à l’air frais.

• Veratrum album 9 CH : vomissements très violents, algiques et présyncopaux, pâleur, sueurs froides, malaise vagal, diarrhées.

Conseils

Pour ce type d’effet indésirable, la forme gouttes semble plus appropriée que les granules.

MUCITES

• Les mucites correspondent à l’inflammation des muqueuses de la cavité buccale pouvant aller jusqu’à l’ulcération. Elles peuvent occasionner des douleurs, une dysphagie et une dysphonie. Elles sont un effet indésirable de nombreuses chimiothérapies et de la radiothérapie (97 % des patients irradiés au niveau de la tête et du cou) et apparaissent 1 à 2 semaines après le début du traitement.

• Les conséquences sont importantes : dénutrition, déshydratation, hémorragies et infections, notamment mycoses (d’autant plus que le patient est atteint de neutropénie).

Facteurs de risques

Liés aux patients

L’âge du patient, son état nutritionnel et bucco-dentaire, ainsi que sa salivation sont des facteurs de risque.

Liés aux médicaments

Le méthotrexate, les taxanes, la doxorubicine et le 5-fluorouracile font partie des molécules les plus à risque.

Souches homéopathiques

• En première intention, 5 granules une fois/jour en prévention et 3 à 5 fois par jour en curatif de :

– Kalium bichromicum 9 CH : aphtose et ulcération digestive à bords nets réguliers dont le fond est recouvert d’une membrane jaune ;

– Mercurius corrosivus 7 CH : gingivite, stomatite avec langue recouverte d’un enduit blanc jaunâtre qui garde l’empreinte des dents, salivation profuse épaisse et visqueuse, avec soif intense et haleine fétide.

• En cas d’ulcérations importantes et sanguinolentes, 5 granules 3 fois par jour de :

– Nitricum acidum 9 CH : gingivite avec salive sanguinolente irritant le menton, haleine fétide ;

– Kreosotum 7 CH : gingivostomatite à liseré bleuâtre ou noirâtre, haleine fétide, gencives enflées et spongieuses avec douleurs brûlantes et lancinantes, saignant facilement.

• En cas de candidose buccale, conseiller 5 granules matin et soir de Monilia albicans 9 CH.

Conseils

• Dissoudre les granules dans un peu d’eau si nécessaire.

• Un bain de bouche alcalin à base de bicarbonate de sodium à 1,4 % est également à proposer à titre préventif.

DIARRHÉE

Facteurs de risques

Liés aux patients

Le risque de diarrhée chimioinduite est plus important chez les patients de plus de 60 ans, chez les femmes, en cas de dénutrition, de diabète, de splénectomie, de maladie intestinale (grêle court, maladies de Crohn, rectocolite hémorragique…).

Liés aux médicaments

• La diarrhée est un effet indésirable majeur du 5-fluorouracile, de la capecitabine, du raltitrexed, des camptothécines, de l’irinotécan, du topotécan…

• Les chimiothérapies aplasiantes sont responsables d’entérocolite neutropénique.

• La diarrhée se rencontre aussi au cours des radiothérapies de l’abdomen ou du pelvis.

Traitement homéopathique

A la posologie de 5 granules 2 à 4 fois par jour, et même plus souvent, au rythme des diarrhées.

• Arsenicum album 15 CH : diarrhée avec selles brûlantes, frissons et altération de l’état général. Il est à conseiller en première intention.

• Aloe 5 CH : diarrhées impérieuses au réveil et après avoir mangé ou bu avec pertes de selles involontaires lors de gaz.

• Podophyllum 9 CH : diarrhées matinales épuisantes de selles jaunâtres, aqueuses et fétides avec douleur de la fosse iliaque droite ; améliorées par la friction et la position allongée sur le ventre.

• Veratrum album 9 CH : diarrhées impérieuses et abondantes avec sueurs froides, crampes abdominales, suivies d’une prostration.

Conseils

• Tenir le ventre au chaud.

• Boire des tisanes chaudes.

TROUBLES CUTANÉS

« Comment limiter l’atteinte cutanée ? »

Madame J., 50 ans, couturière, traitée par Xeloda :

– Mon oncologue m’a prévenu que la chimiothérapie que je reçois en ce moment peut m’abîmer la peau des mains, ce qui serait très ennuyeux pour moi. L’infirmière m’a conseillée une crème hydratante, mais l’homéopathie peut-elle m’aider ?

– Oui, tout à fait. prenez 5 granules matin et soir de Sanguinaria canadensis 9 CH et de Carbo animalis 5 CH avant la chimiothérapie. buvez suffisamment d’eau dès le début de votre chimiothérapie et consommez des aliments riches en vitamines a, e et C. evitez également l’exposition des mains à la chaleur.

SYNDROME MAIN-PIED

Le syndrome main-pied, ou érythrodysesthésie palmoplantaire, se manifeste par des rougeurs importantes au niveau de la paume des mains et de la plante des pieds avec sensation de brûlures, gonflement, sécheresse de la peau et formation de petites cloques voire de crevasses.

Médicaments à risque

Les médicaments les plus à risque sont le 5-fluoro-uracile, la capécitabine, le taxotère et les anthracyclines.

Souches homéopathiques

A la posologie de 5 granules 2 fois par jour.

Phase érythémateuse

• Sanguinaria canadensis 9 CH : rougeurs cutanées circonscrites avec douleurs brûlantes.

• Carbo animalis 5 CH : rougeur avec œdème cutané, douleurs cutanées brûlantes.

• Bovista gigantea 5 CH : œdème, stase circulatoire en regard de la zone affectée.

• Lachesis mutus 15 CH : rougeur violacée et œdème cutané, avec intolérance locale aux strictions, hypersensibilité au toucher.

• Phosphorus 15 CH : congestion cutanée localisée.

Phase de desquamation

• Graphites 9 CH : dermatose prurigineuse avec desquamation prédominant dans les plis.

• Natrum muriaticum 15 CH : peau sèche et squameuse, fissurations cutanées.

• Petroleum5 CH : crevasses et fissures des mains, peau épaisse lichenifiée.

• Rhus toxicodendron 5 CH : inflammation cutanée avec vésicules et sensation de brûlure.

Conseils

• Appliquer une crème émolliente.

• Boire suffisamment d’eau et avoir une alimentation riche en vitamine A (beurre, lait, jaune d’œuf, foie, huile de foie de poisson, légumes verts à feuilles, fruits et légumes orangés et rouges), vitamine E (huiles végétales, germes de céréales…) et vitamine C (fruits et légumes).

• Eviter l’exposition des mains et des pieds à la chaleur (douches et bains très chauds). Les tremper dans de l’eau froide plusieurs fois par jour. Eviter les gants ou chaussettes serrées.

DERMATITES ACNÉIFORMES

Certains anticancéreux peuvent être à l’origine de lésions cutanées de type acné. Ces lésions peuvent défigurer et être invalidantes pour le patient.

Médicaments à risque

• Les anticorps monoclonaux à visée anti-VEGF et anti-EGF, comme le cetuximab et le bevacizumab, sont responsables d’acné purulente au niveau du visage et de la partie supérieure du corps : 4 patients traités par cetuximab sur 5 sont atteints.

• L’erlotinib entraîne un érythème ou des lésions papulomaculeuses chez 75 % des patients.

Souches homéopathiques

• Associer 5 granules 2 fois par jour de Kalium bromatum 9 CH (acné remaniée, kystique, suppurée, laissant des cicatrices et de la fibrose sur la face et le haut du dos), indiqué dans l’acné médicamenteuse, à 5 granules une fois par jour de Natrum muriaticum 15 CH (acné sur peau pâle à jaunâtre, d’aspect huileux qui contraste avec des lèvres sèches et craquelées).

• Selenium 7 CH (acné et comédons avec peau grasse, luisante, séborrhéique) peut également y être associé à raison de 5 granules 2 fois par jour.

• Un drainage cutané peut être proposé : Saponaria composé, 15 gouttes 2 fois par jour.

Conseils

Des soins locaux antiseptiques, anti-inflammatoires et cicatrisants peuvent compléter le traitement.

URTICAIRES ET RASH CUTANÉS

Les allergies médicamenteuses en cancérologie sont fréquentes. Toutefois, une cholestase doit systématiquement être recherchée chez un patient qui se plaint de prurit.

Médicaments à risque

Toutes les chimiothérapies peuvent être concernées. Le 5-FU et le méthotrexate sont les médicaments les plus à risque.

Souches homéopathiques

• Systématiquement, 5 granules 3 fois par jour de Poumon histamine 15 CH, médicament des réactions allergiques cutanées : œdème, urticaire, dermographie, œdème de Quincke, érythème, eczéma allergique, choc anaphylactique.

• Y associer, à raison de 5 granules toutes les demi-heures (puis espacer selon l’amélioration des symptômes) :

– Apis mellifica 15 CH si œdème rose avec sensation de piqûres et brûlures amélioré par le froid ;

Urtica urens 5 CH si œdème pâle avec prurit intense amélioré par le chaud.

ŒDÈME

Médicaments à risque

Les taxanes au long cours sont responsables d’œdèmes au niveau des membres inférieurs chez 64 % des patients. Ces œdèmes peuvent atteindre également la plèvre et le myocarde.

Souches homéopathiques

Œdème des extrémités des membres

A la posologie de 5 granules 3 à 5 fois par jour.

• Apis mellifica 15 CH : œdème d’installation récente et rapide, rosé, translucide, associé à des douleurs piquantes, une brûlure, un prurit, aggravé par la chaleur et amélioré par le froid.

• Bovista gigantea 5 CH : œdème ou sensation d’œdème des extrémités, notamment au réveil, fourmillement des mains pendant la nuit, maladresse dans la journée.

Œdème cérébral

• Apis mellifica 15 CH, 5 granules 3 à 5 fois par jour.

• Natrum sulfuricum15 CH, 1 dose unique : œdèmes cérébraux après neurochirurgie ou radiothérapie cérébrale, ou péri-métastasiques cérébraux.

Fatigue associée

Aceticum acidum 15 CH : asthénie et œdèmes, 5 granules 2 à 4 fois par jour.

PERTE DES CHEVEUX

• La perte des cheveux consécutive à une chimiothérapie est généralement mal vécue par les patients, notamment chez les femmes. Malheureusement, il n’existe pas de moyens réellement efficaces pour l’empêcher, y compris en homéopathie.

• Les médicaments les plus concernés sont les anthracyclines (doxorubicine, épirubicine) et les taxanes (docétaxel, paclitaxel).

• Pour stimuler la repousse, il est possible de conseiller Thallium sulfuricum 9 CH, 5 granules 2 fois par jour.

PHOTOSENSIBILISATION

En cas de risque de photosensibilisation, conseiller Hypericum perforatum 15 CH.

FATIGUE ET DOULEURS

« Je suis épuisée alors que je ne fais rien ! »

Madame F. est traitée pour un cancer du sein depuis 6 mois :

– Je suis tout le temps fatiguée alors que je ne fais rien de mes journées.

– C’est normal, votre traitement met à mal votre corps qui se fatigue.

– Je prends déjà des vitamines. Que puis-je faire de plus ?

– Un médicament homéopathique peut vous aider à surmonter cette période difficile. Vu vos œdèmes, je vous propose Aceticum acidum 15 CH.

ASTHÉNIE

La fatigue est l’un des symptômes les plus fréquemment évoqués par les patients traités pour un cancer. Sa prévalence varie en fonction de la tumeur, du stade de la maladie et du traitement. 80 à 100 % des malades sous chimiothérapie et 30 à 90 % de ceux ayant eu une radiothérapie, souffrent de fatigue.

Origine

La sensation de fatigue semble être la conséquence de l’effort important fourni par l’organisme pour lutter contre la maladie et les effets indésirables des traitements.

La douleur, l’état émotionnel du patient, une dénutrition, une anémie, une diminution de la capacité respiratoire ou de la fonction cardiaque rentrent en compte également.

Souches homéopathiques

A la posologie de 5 granules 2 fois par jour.

• Aceticum acidum 15 CH : il s’agit du médicament des patients épuisés par leur traitement anticancéreux avec tendance aux œdèmes.

• China rubra 15 CH : asthénie associée à un visage pâle anémique avec des cernes bleuâtres et des muqueuses décolorées, faisant suite à une perte liquidienne (diarrhée, vomissements, sueurs).

• Phosphoricum acidum 15 CH : profonde fatigue physique et psychologique avec tendance à la diarrhée. Le patient est dans un état d’indifférence générale et de perte d’intérêt avec une lenteur intellectuelle.

Conseils

• Exécuter les gestes quotidiens assis le plus souvent possible.

• Demander de l’aide pour économiser ses forces quand cela est possible.

• Répartir les activités incontournables tout au long de la journée.

• Prévoir des périodes de repos au cours de la journée. Ne pas hésiter à faire des siestes, mais courtes (20 minutes) pour ne pas entraver le bon déroulement de la nuit.

• Privilégier une alimentation équilibrée riche en protéines. Boire suffisamment.

DOULEURS NEUROPATHIES

Facteur limitant la poursuite du traitement anticancéreux, les douleurs neuropathiques peuvent être réduites si le traitement homéopathique est instauré dès le début des manifestations neurologiques. La prise en charge de ces effets indésirables est développée dans l’item « Autres toxicités » (voir page 8).

DOULEURS ARTICULAIRES

Médicaments à risque

• Les antiaromatases (anastrozole plus que létrozole), traitement d’hormonothérapie adjuvante du cancer du sein chez la femme ménopausée, sont responsables de 30 % des douleurs articulaires et tendino-musculaires.

• La chimiothérapie associée à une radiothérapie facilite également l’apparition de ce type de douleurs.

Souches homéopathiques

A la posologie de 5 granules 3 fois par jour.

En première intention

• Rhus toxicodendron 9 CH : douleurs et raideurs articulaires, améliorées par temps chaud et sec, par la chaleur locale, aggravées par l’immobilité.

• Radium bromatum 15 CH : douleurs articulaires sans sensibilité particulière au froid, améliorées par le mouvement continu et en s’étirant. Peutêtre conseillé en cas d’échec à Rhus toxicodendron (modalités proches). Son action est plus profonde que Rhus toxicodendron : à privilégier en cas de radiothérapie.

En complément

• Bryonia alba 9 CH : douleurs et raideurs articulaires améliorées par l’immobilité, la chaleur et la pression forte. A conseiller notamment en cas d’épanchement articulaire.

• Causticum 15 CH : douleurs déchirantes, tiraillantes avec sensation de brûlure et raideurs articulaires. A conseiller dans les douleurs du deltoïde avec limitation articulaire de l’épaule douloureuse surtout la nuit (notamment en cas de cancer du sein). Couvrir l’épaule chaudement pour dormir.

DOULEURS OSSEUSES

Une douleur osseuse doit systématiquement faire rechercher une métastase.

Médicaments à risque

Les facteurs de croissance des granulocytes (filgrastim plus que pegfilgrastim) entraînent des douleurs osseuses chez 26 % des patients.

Traitement homéopathique

A la posologie de 5 granules 3 fois par jour.

• Mezereum 15 CH : douleurs osseuses principalement nocturnes des os du crâne, de la face et des tibias. Douleurs et brûlure au niveau des os longs qui semblent augmenter de volume.

• Aurum 9 CH douleurs osseuses déchirantes, tranchantes nocturnes, en coups de couteau, notamment des os courts, aggravées la nuit et par le coucher.

AUTRES TOXICITÉS

« Je ne sens plus le bout de mes doigts »

Madame V., 63 ans, est traitée par oxaliplatine pour un cancer colorectal :

– Je commence à avoir des troubles sensitifs au niveau des doigts. C’est très désagréable. existe-t-il un traitement ?

– il existe peu de traitements allopathiques, mais je peux vous conseiller de l’homéopathie : Nerfs 8 DH, Phosphorus 15 CH et Oxalicum acidum 15 CH.

NEUROPATHIES PÉRIPHÉRIQUES

• En cancérologie, la toxicité neurologique est le facteur limitant le plus fréquent après la toxicité hématologique.

• Les atteintes des nerfs périphériques représentent la majorité des atteintes neurologiques chimio-induites.

• Cela se manifeste par des paresthésies (fourmillements) souvent déclenchées par le froid, des douleurs indépendantes d’un stimulus douloureux spontanées ou provoquées par pression.

Patients à risque

Les patients alcooliques, diabétiques, présentant des perturbations du bilan hépatique ou ayant déjà reçu des chimiothérapies neurotoxiques sont particulièrement exposés à ces atteintes périphériques.

Médicaments à risque

Les principaux médicaments responsables de neuropathies périphériques sont :

– les poisons du fuseau (alcaloïdes de la pervenche : vincristine, vinblastine, vindésine, vinorelbine ; taxanes : paclitaxel, docetaxel) ;

– les sels de platine : cisplatine et surtout l’oxaliplatine.

Souches homéopathiques

Douleurs neuropathiques

En préventif

• Nerfs 8 DH, 1 ampoule perlinguale : organothérapie à visée neurologique.

• Phosphorus 15 CH : toxicité neurologique des médicaments, névralgies, paresthésies nocturnes et matinales des avant-bras et des mains, sensation de brûlure des mains, 5 granules 1 à 2 fois par jour.

En complément

A la posologie de 5 granules 3 fois par jour.

• Petroleum 7 CH : douleurs piquantes du bout des doigts, aggravées par le froid. A conseiller si une dermatose distale est présente.

• Hypericum perforatum 15 CH : neuropathie, douleur des terminaisons nerveuses.

• Oxalicum acidum 15 CH (névralgies périphériques avec engourdissements et parésies) si oxaliplatine (neuropathie sensitive périphérique dans les heures suivant la perfusion).

Paresthésies

• Une ampoule perlinguale de Nerfs 8 DH par jour.

• Y associer 5 granules par jour de Phosphorus 15 CH et de Causticum 15 CH (paralysies et parésies).

TROUBLES HÉMATOLOGIQUES

Neutropénie

Une neutropénie est définie par un nombre de polynucléaires neutrophiles inférieur à 1 500/mm³. Sous chimiothérapie, une prise en charge est instaurée quand le nombre de polynucléaires est inférieur à 1 000/mm³. Le risque infectieux est important quand ce nombre descend en dessous de 500/mm³.

Facteurs de risque

• La survenue d’une neutropénie dépend de l’âge et de l’état de santé du patient. Des antécédents de radiothérapie ou de chimiothérapie sont également des facteurs de risque. La baisse du nombre de polynucléaires neutrophiles peut aussi être liée à un envahissement médullaire.

• En ce qui concerne les chimiothérapies, les neutropénies les plus sévères sont observées lors de l’administration d’anthracyclines, d’alkylants comme le cylophosphamide, de nitrosourées ainsi que de cytarabine et de vinblastine.

Souches homéopathiques

• Meduloss 8 DH (organothérapie à visée hématologique), 1 ampoule perlinguale par jour.

• Aucun traitement n’est conseillé en cas d’atteinte médullaire et de prise de certains médicaments dont la toxicité hématologique est recherchée (cytarabine).

Anémie

Une anémie est définie par un taux d’hémoglobine inférieur à 12 g/dl chez la femme et 13 g/dl chez l’homme. Elle est légère au-dessus de 10 g/dl, modérée entre 8 et 10 g/dl et devient sévère en dessous de 8 g/dl.

Facteurs de risque

• Le risque d’anémie chimio-induite est plus fréquente chez la femme et chez les patients ayant au démarrage un taux d’hémoglobine bas.

• Concernant les chimiothérapies, les sels de platine sont très souvent à l’origine d’anémie, notamment la carboplatine.

Souches homéopathiques

Systématiquement dès qu’une des trois lignées sanguines est atteinte, conseiller 1 ampoule de Meduloss 8 DH 1 fois par jour. Y associer 5 granules par jour de China rubra 9 CH en cas d’asthénie associée.

Thrombopénie

Une thrombopénie se définit par un nombre de plaquette inférieur à 150 000/mm³. Lorsque ce nombre est inférieur à 10 000/mm³, une transfusion de culot plaquettaire est organisée en milieu hospitalier. Entre 10 000 et 20 000/mm³, des transfusions de concentrés plaquettaires sont réalisées uniquement en cas de signes cliniques (épistaxis, hématome cutané, gingivorragie…).

Médicaments à risque

Les thrombopénies sont fréquentes avec les sels de platine.

Souches homéopathiques

Meduloss 8 DH, une ampoule par jour, associé à 5 granules par jour de Crotalus horridus 9 CH.

TROUBLES GYNÉCOLOGIQUES

Bouffées de chaleur

Médicaments à risque

• Les chimiothérapies peuvent provoquer une aménorrhée, voire une ménopause précoce, à l’origine de bouffées de chaleur.

• Par ailleurs, l’hormonothérapie (antiaromatase) par blocage de la synthèse des estrogènes chez la femme ménopausée est responsable de bouffées de chaleur importantes.

• L’homme peut aussi être touché par ce type de symptôme dans le cancer de la prostate traité par les analogues de la LH-RH.

Souches homéopathiques

• Lachesis mutus 15 CH est le médicament principal des bouffées de chaleur (avec congestion céphalique, réveil nocturne par les bouffées obligeant à se découvrir, à ouvrir les fenêtres, avec thermophobie, érythrose du visage, céphalées fréquentes, écchymoses spontanées, modification de l’humeur avec alternance). Conseiller 5 granules par jour.

• Y associer 5 granules 3 à 4 fois par jour de Belladonna 9 CH en cas de sueurs abondantes et de rougeur du visage ou de Sanguinaria 15 CH en cas de rougeur circonscrite aux joues.

Ostéoporose

Médicaments à risque

Les antiaromatases (anastrozole, létrozole…) abaissent le taux d’estrogène circulant. Ils peuvent par conséquent entraîner une diminution de la densité minérale osseuse augmentant le risque de fracture.

Souches homéopathiques

Associer :

• Le matin, 5 granules de Symphytum 9 CH.

• Le soir, 5 granules de Calcarea composé 5 CH.

CHIMIOTHÉRAPIES COURANTES

« Je veux limiter les effets néfastes »

Madame G., 59 ans, atteinte d’un cancer du sein :

– Je vais à l’hôpital dans une semaine pour ma première séance de chimio. J’ai peur des effets indésirables. Je me soigne souvent avec de l’homéopathie. que pourrais-je prendre pour m’aider ?

– Savez-vous quelle chimiothérapie va vous être administrée ?

– Oui, le médecin m’a dit que ce serait taxotère.

– Ce traitement est en effet responsable de plusieurs effets indésirables. Je vous propose un premier traitement pour prévenir les effets majeurs en termes de fréquence et de gravité et de l’adapter aux symptômes qui vont apparaître.

GLIVEC

• L’imatinib (Glivec) est un inhibiteur de la tyrosine-kinase qui inhibe la protéine Bcr-Abl anormale résultant d’une translocation chromosomique. Le traitement se prend par voie orale à raison d’une prise ou deux prises aux cours du repas pour éviter les troubles digestifs. Il est indiqué en cas de leucémie myéloïde chronique et de leucémie aiguë lymphoblastique avec chromosome de Philadelphie BCR-Abl positif, de tumeur stromale gastrointestinale, de syndrome myélodysplasique et myéloprolifératif.

Toxicités

L’imatinib est responsable de troubles digestifs (nausées, vomissements, diarrhée), de crampes musculaires, myalgies, d’œdèmes, de troubles hématologiques (leucopénie, thrombopénie, anémie), de céphalées, de dyspepsie, de rash cutané, d’eczéma.

Prévention

• Le matin, une ampoule perlinguale de Rénine 8 DH (œdèmes et atteinte rénale).

• Le midi, 5 granules de Phosphorus 15 CH (œdèmes, atteintes rénales et neurologiques) et de Bryonia alba 5 CH (troubles digestifs et de l’appareil locomoteur).

• Le soir, 5 granules d’Apis mellifica 15 CH et de Natrum sulfuricum 15 CH (œdèmes, atteintes rénales et neurologique).

HERCEPTIN

• Le trastuzumab (Herceptin) est un anticorps monoclonal qui inhibe le Human epidermal growth factor receptor de type 2 (HER2), récepteur surexprimé dans 30 % des cancers du sein. Il n’est donc indiqué qu’en cas de forte surexpression ou d’amplification de ce gène dans certains cancers du sein métastatiques. Le trastuzumab est administré par voie parentérale toutes les semaines ou toutes les trois semaines pendant un an selon la surveillance cardiaque.

Toxicités

• Le trastuzumab peut provoquer une insuffisance cardiaque congestive dans 4 % des cas. Cette toxicité est 3 fois plus importante en cas d’association avec le paclitaxel (Taxol) et près de 7 fois plus avec l’adiamycine et le cyclophosphamide. Un traitement cardiotonique peut être nécessaire.

• D’autres troubles cardiaques sont possibles : vasodilatation, tachycardie supraventriculaire, hypotension, myocardiopathie, palpitations.

• Une réaction d’hypersensibilité (rash, fièvre avec frissons, bronchospasme et hypotension) est liée à la perfusion.

• Au niveau cutané, le trastuzumab provoque prurit, sueurs, sécheresse cutanée, alopécie et acné.

• Les autres effets indésirables sont notamment des myalgies, des arthralgies, des spasmes musculaires, une asthénie, des œdèmes, des troubles neurologiques, respiratoires et digestifs…

Prévention

Le jour de la cure

5 granules matin, midi et soir de Gelsemium 15 CH et d’Arsenicum album 15 CH.

Les autres jours

• Le matin, 5 granules de Rhus toxicodendron 5 CH et Strophanthus hispidus 5 CH.

• Le midi, 5 granules de Natrum muriaticum 15 CH et Arsenicum iodatum 15 CH.

• Le soir, 5 granules de Sulfur iodatum 9 CH et 1 ampoule perlinguale de Cardine 8 DH.

TARCEVA

L’erlotinib (Tarceva) est un inhibiteur des récepteurs de la tyrosine kinase administré par voie orale (1 prise par jour en dehors des repas). Il est utilisé dans le cancer bronchique non à petites cellules et dans le cancer du pancréas métastasique.

Toxicités

• L’erlotinib est responsable d’éruptions cutanées et d’acné sur tout le corps dans 75 % des cas. Il peut aussi entraîner une hyperpilosité, une photosensibilisation et une coloration des cils.

• Au niveau digestif, cette molécule provoque diarrhées et hémorragies gastro-intestinales.

• L’erlotinib peut être à l’origine d’une conjonctivite ou d’une kérato-conjonctivite.

• Il augmente aussi les transaminases. Une surveillance hépatique ainsi qu’une formule sanguine sont réalisées régulièrement.

Prévention

• Le matin, 5 granules de Phosphorus 15 CH (troubles digestifs) et de Muriaticum acidum 15 CH (troubles cutanés).

• Le soir, 5 granules d’Arsenicum album 15 CH (troubles digestifs) et de Mercurius corrosivus 9 CH, (troubles digestifs).

Conseils

Se protéger du soleil et veiller à avoir une bonne hydratation.

TAXOTÈRE

Le docétaxel (Taxotère) est un alcaloïde de la famille des taxanes qui entraîne le blocage de la mitose.

Administré par perfusion toutes les 3 semaines, il est utilisé dans le cancer du sein métastatique résistant aux anthracyclines ou en rechute, dans les cancers de la prostate, des ovaires, du poumon et dans l’adénocarcinome gastrique métastatique.

Toxicités

• Le docétaxel affecte particulièrement la peau et les tissus sous-cutanés (syndrome main-pied, atteinte des ongles).

• Cette molécule est responsable de neutropénie et d’anémie.

• Au niveau digestif, le docétaxel provoque des nausées, des vomissements, une stomatite, une diarrhée.

• Il entraîne une neurotoxicité périphérique et des paresthésies.

• Sont aussi retrouvées une asthénie, une rétention hydrique et une prise de poids.

Prévention

• Le matin, une ampoule perlinguale de Meduloss 8 DH (troubles hématologiques) et de Nerfs 8 DH (atteintes neurologiques).

• Le midi, 5 granules de Kalium bichromicum 9 CH et de Mercurius corrosivus 9 CH (troubles digestifs).

• Le soir, 5 granules de Graphites 9 CH et de Carbo animalis 5 CH (atteintes cutanés et unguénales).

XELODA

La capécitabine (Xeloda) est un antagoniste pyrimidique indiqué dans le cancer colorectal métastatique, le cancer du côlon, le cancer gastrique et le cancer du sein localement avancé ou métastatique. Ce traitement par voie orale (matin et soir, 30 minutes maximum après la fin du repas ) est pris 14 jours de suite toutes les trois semaines à raison de 2 000 à 2 500 mg/m²/jour ou 1 300 mg/m²/jour en continu.

Toxicités

• Cet antimétabolite est responsable de troubles digestifs, particulièrement de diarrhée, mais aussi de nausées, de vomissements, et de mucites pouvant nécessiter l’arrêt du traitement.

• La capécitabine est aussi à l’origine d’alopécie, du syndrome main-pied, de dermatite, d’une sécheresse cutanée.

• Les autres toxicités sont cardiaque, hépatique (hyperbilirubinémie), neurologique (céphalées, paresthésies, vertiges, insomnies), hématologique (neutropénie, anémie).

• Une asthénie se manifeste souvent.

• La fonction rénale est également à surveiller.

Prévention

• Le matin, 5 granules d’Arsenicum album 15 CH (troubles digestifs) et de Phosphorus 15 CH (troubles hématologiques, digestifs et altération de l’état général).

• Le midi, une ampoule perlinguale de Meduloss 8 DH (troubles hématologiques).

• Le soir, 5 granules de Mercurius corrosivus 9 CH (troubles digestifs) et de Natrum muriaticum 15 CH (altération de l’état général).

PROTOCOLE FEC

Le protocole FEC correspond à une cure toutes les trois semaines de 5-fluorouracile, d’épirubicine et de cyclophosphamide, en général pendant 6 semaines.

Toxicités

Ce protocole est responsable d’une hypoplasie médullaire, de troubles cardiaques rares mais potentiellement graves (insuffisance cardiaque, spasmes coronariens), digestifs (stomatite, mucite, nausées, vomissements, diarrhée), dermatologiques (hyperpigmentation, syndrome main-pied), urinaire et d’asthénie.

Prévention

De J-1 à J+4

• Cardine 8 DH : 1 ampoule perlinguale matin, midi et soir (troubles cardiaques)

• Apis mellifica 15 CH et Cactus grandiflorus5 CH : 5 granules de chaque matin et soir (réactions immuno-allergiques).

• Kalium bichromicum 9 CH et Mercurius corrosivus 9 CH : 5 granules de chaque à midi (troubles digestifs).

Pendant le reste du traitement

• Le matin 1 ampoule perlinguale de Cardine 8 DH et de Meduloss 8 DH (troubles hématologiques).

• Le midi, 5 granules de Mercurius corrosivus 9 CH et de Kalium bichromicum 9 CH (troubles digestifs).

• Le soir, 5 granules de Phosphorus 15 CH et de Sanguinaria canadensis 9 CH (troubles cutanés).

L’INTERVIEW FRANÇOIS ROUX PHARMACIEN D’OFFICINE, RESPONSABLE PÉDAGOGIQUE DU D.U. D’HOMÉOPATHIE DE LA FACULTÉ DE PHARMACIE DE TOULOUSE

« L’homéopathie a sa place au sein des soins de support »

Le Moniteur : Proposez-vous de l’homéopathie aux patients sous chimio même s’ils n’en font pas la demande ?

F. Roux : J’essaie d’en parler sans prosélytisme. Je ne suis pas pour faire du forcing mais je suis contre une certaine hypocrisie. Avant les gens prenaient tout et n’importe quoi, et les médecins fermaient les yeux. Moi, je me bats pour une homéopathie raisonnée et raisonnable. Les patients sont contents que ce soit proposé par un professionnel de santé. Et se demandent souvent, après coup, pourquoi ce n’est pas proposé systématiquement à tout le monde.

Certains patients refusent-ils l’homéopathie ?

C’est rare. Lorsqu’on souffre d’un cancer on a envie de tout essayer mais le coût du traitement est important. Les traitements homéopathiques doivent être accessibles à tous, aussi bien au niveau des informations disponibles que financièrement.

Avez-vous parfois des ordonnances d’oncologues prescrivant de l’homéopathie en soins de support ?

Ce serait mon rêve ! En fait, c’est encore rare, mais les lignes sont en train de bouger. Il y a moins de dichotomie qu’avant. Les purs allopathes acceptent l’aide de médecines complémentaires.

Y a-t-il un risque que le patient arrête son traitement allopathique ?

Non si l’on anticipe et si l’on explique bien à quoi sert l’homéopathie. La première chose que je dis à un patient c’est : « L’homéopathie ne guérit pas le cancer. C’est une chance de plus. » L’homéopathie a une place privilégiée dans les soins de support*. Mon premier entretien pharmaceutique pour un patient atteint d’un cancer dure une demi-heure à trois quarts d’heure. Mon autre rêve : que ce soit rémunéré !

Pensez-vous que tout pharmacien sans véritable formation spécifique peut déjà faire un conseil de base ?

Tous les officinaux peuvent le faire sous réserve de se former en oncologie. Côté homéo, les souches sont très classiques. Ce Cahier va leur donner envie. Et si on hésite entre deux souches il n’y a aucun risque à conseiller les deux.