La dihydroxyacétone - Le Moniteur des Pharmacies n° 2930 du 21/04/2012 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2930 du 21/04/2012
 

Comptoir

FICHE INGRÉDIENT

Auteur(s) : Delphine Jonas

Qu’est-ce que c’est ?

• La dihydroxyacétone ou DHA (1,3-dihydroxy-2-propanone) est un cétose (triose) dérivé du glycérol. Elle se présente sous la forme d’une poudre cristalline blanche.

• Comme tous les sucres, elle est très soluble dans l’eau. On la retrouve donc aussi sous forme de solution aqueuse.

• Elle est utilisée dans les produits cosmétiques depuis plus de 50 ans en tant qu’autobronzant grâce à la découverte fortuite dans les années 1920 de son pouvoir colorant.

• Autrefois obtenue par oxydation du glycérol (issu du maïs ou de la canne à sucre), elle est aujourd’hui fabriquée par biotechnologie.

• Dénomination INCI : dihydroxyacetone.

Quelles sont ses propriétés 

• C’est la molécule la plus utilisée dans le monde en tant qu’autobronzant mais elle n’offre aucune protection contre les UV.

• Elle procure rapidement, en 2 à 6 heures, une coloration brune artificielle à la peau. Elle disparaît en 5 à 7 jours du fait de la desquamation des kératinocytes.

• Elle n’est stable qu’à pH acide (entre 4 et 6) et à température ambiante. Elle est thermolabile.

Comment l’utilise-t-on en cosmétique ?

• On l’utilise sous forme de crème, mousse ou solution en spray pour le visage, le décolleté, les jambes et les bras.

• Dans les instituts de soins esthétiques, elle peut être appliquée sur le corps entier et se présente alors sous forme d’émulsions très fluides pulvérisées à l’aide d’un aérographe.

Quel est son mode d’action ?

• La dihydroxyacétone ne stimule pas la mélanogenèse.

• La coloration de la peau provient d’une réaction chimique dite « réaction de Maillard ». C’est une réaction d’oxydoréduction : la DHA interagit avec les acides aminés des protéines de la couche cornée. Puis différentes réactions amènent à la formation d’aldosamines ou cétoamines. Ces dernières produisent des composés odorants et volatils par des réactions d’oxydation et de déshydratation. Enfin, par polymérisation, ces composés donnent des pigments appelés mélanoïdines.

Quelles sont les concentrations en cosmétique ?

• Plus la concentration est forte, plus la couleur développée sera foncée.

• Il n’existe pas en Europe de limite de concentration en DHA mais la Commission européenne émet des recommandations.

• Les concentrations recommandées dépendent du type de peau :

– de 3 à 5 % dans les autobronzants pour les peaux claires (type I et II) ;

– de 5 à 10 % dans les autobronzants pour les peaux mates (type III-IV/V) ;

– de 1 à 2 % dans les soins destinés à l’entretien de la peau (type crème à effet « bonne mine ») ;

– de 8 à 14 % dans les solutions pour pulvérisation utilisées par les cabinets de soins esthétiques.

Quels sont ses avantages ?

Sa tolérance est bonne après application topique. Peu de cas de sensibilisation cutanée sont rapportés.

Quels sont ses inconvénients ?

• Une odeur désagréable causée par la réaction de Maillard,

• Une couleur jaunâtre liée à son instabilité du fait de son incompatibilité avec de nombreuses substances (acides aminés, protéines, sels ammoniacaux, tampons phosphate) induisant la coloration désirée dans la formulation galénique finale et non sur la peau. Sa conservation n’excède pas 1 an (9 à 12 mois selon les formes galéniques).

• Une répartition sur la peau inhomogène.

Les formulations actuelles semblent détourner ces problèmes de galénique par l’utilisation de parfums, de produits masquants, d’huiles essentielles. L’utilisation de DHA microencapsulée ou liposomée permet une meilleure conservation des produits.

LA DHA EST-ELLE SANS DANGER ?

• Les avis sur la DHA sont partagés : certaines études lui confèrent un potentiel génotoxique, d’autres prouvent le contraire. De plus, son utilisation en pulvérisation dans les cabinets de soins esthétiques semble controversée à cause d’une éventuelle exposition par inhalation.

• Dans un avis émis le 14 décembre 2010, le Comité scientifique des produits de consommation a conclu que l’utilisation de la DHA ne présente pas de danger pour le consommateur aux concentrations maximales de 10 % dans les cosmétiques et de 14 % en pulvérisation dans les instituts de soins esthétiques.

Sources : M.-C. Martini, M. Seiller, « Actifs et additifs en cosmétologie », Tec & Doc/EM Inter, 3e édition ; M.-C. Martini, « Autobronzants ou bronzants artificiels », « Encyclopédie médicochirurgicale. Cosmétologie & dermatologie esthétique », 50-170-D-10, 2009 ; A. Gougerot-Schwartz, « Autobronzants », « Encyclopédie médicochirurgicale. Cosmétologie & dermatologie esthétique », 50-170-D-10, 2000 ; P. Thomas, A. Bonnevalle, « Indications des produits de protection solaire », « Encyclopédie médicochirurgicale. Cosmétologie & dermatologie esthétique », 50-200-B-10, 2011 ; ec.europa.eu/consumers/cosmetics/cosing.

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