ANTISEPTIQUES ET PANSEMENTS - Le Moniteur des Pharmacies n° 2930 du 21/04/2012 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2930 du 21/04/2012
 

Cahiers Formation du Moniteur

Conseil

ANTISEPTIQUES

« Je voudrais un désinfectant »

Madame B. vous donne un sac de médicaments périmés :

– Et je voudrais un désinfectant.

– C’est pour désinfecterune plaie ou un thermomètre ?

– En fait, je voudrais compléter ma trousse d’urgence pour les enfants. C’est pour les petits bobos.

– Je vous propose alors un antiseptique incolore comme la chlorhexidine aqueuse qui ne pique pas. Les unidoses sont pratiques : non ouvertes, vous pouvez les conserver jusqu’à leur date de péremption. En revanche, une fois ouvertes, il faut les jeter après usage.

ANTISEPTIQUE OU DÉSINFECTANT ?

• Selon la norme française Afnor de 1981, l’antisepsie est une opération au résultat momentané permettant, au niveau des tissus vivants et dans la limite de leur tolérance, d’éliminer ou de tuer des micro-organismes et/ou d’inactiver des virus.

• La désinfection est la même opération mais concerne les milieux inertes.

• Ainsi, les antiseptiques sont destinés à être appliqués sur des tissus vivants (peau saine, peau lésée, muqueuses), alors que les désinfectants sont utilisés sur des matériaux.

• On trouve à la fois en pharmacie des antiseptiques et des désinfectants.

CRITÈRES DE CHOIX D’UN ANTISEPTIQUE

L’antiseptique idéal présente :

– un spectre d’activité large ;

– un effet bactéricide marqué ;

– un délai d’action court et un effet rémanent ;

– une absence de toxicité systémique ;

– une bonne tolérance locale (sans « piquer à l’application » et sans induire de manifestations allergiques, caustiques ou de photosensibilisation) ;

– une absence de pouvoir colorant : les antiseptiques colorés gênent la surveillance du traitement, tant en termes de tolérance (recherche de rougeur après l’application) que d’efficacité (surveillance de l’évolution de la plaie) ;

– un conditionnement pratique et limitant le risque de contamination de l’antiseptique.

LES DIFFÉRENTS ANTISEPTIQUES

Antiseptiques majeurs

Les antiseptiques majeurs sont les antiseptiques bactéricides et à large spectre d’activité.

Dérivés iodés

• La povidone iodée (complexe renfermant 10 % d’iode) peut être utilisée sur les muqueuses et sur la peau lésée ou saine (avant une ponction, une infiltration ou un acte chirurgical).

• Cet antiseptique peut être à l’origine d’eczéma de contact et d’exceptionnelles manifestations d’hypersensibilité (urticaire, œdème de Quincke, choc anaphylactique). Ces réactions sont non croisées avec les réactions anaphyctaloïdes aux produits de contraste iodés et aux fruits de mer (riches en iode). Les dérivés iodés présentent l’inconvénient de colorer la peau en brun orangé.

• En cas d’administration prolongée sur des surfaces étendues, un passage systémique d’iode peut induire un dysfonctionnement thyroïdien et des troubles de la fonction rénale, notamment chez les nourrissons et les grands brûlés. Ainsi, la polyvidone iodée est-elle contre-indiquée chez le nouveau-né de moins de 1 mois. Son utilisation chez le nourrisson de moins de 30 mois, si elle est indispensable, doit être suivie d’un rinçage à l’eau stérile. En application sur les muqueuses, il est recommandé de ne pas utiliser de dérivés iodés chez l’enfant de moins de 5 ans.

• Du fait d’un risque de résorption transcutanée puis d’un passage transplacentaire, l’utilisation prolongée de dérivés iodés est contre-indiquée pendant les 2e et 3e trimestres de la grossesse. De même, l’utilisation prolongée chez une femme allaitante est contre-indiquée.

• L’association d’antiseptiques iodés aux dérivés mercuriels est déconseillée en raison d’un risque de formation de complexes caustiques.

Chlorhexidine

• Découverte en 1950, la chlorhexidine présente une bonne activité antibactérienne, mais ce biguanide est inactivé par le savon.

• La chlorhexidine est faiblement toxique pour la peau. En revanche, elle est neurotoxique et ne doit donc pas être mise en contact avec l’œil, le cerveau et les méninges, ni pénétrer dans le conduit auditif en cas de perforation tympanique (cas de surdité irréversible chez l’animal).

Dérivés chlorés

• L’hypochlorite de sodium (soluté de Dakin, Amukine, titrant respectivement 0,5 % et 0,06 % de chlore actif) est un antiseptique actif bactéricide, fongicide et virucide qui est potentiellement inactivé par les savons. Les applications locales de Dakin se font sans dilution, en lavages, bains locaux ou en compresses imbibées ou pansements humides.

• Hormis de possibles manifestations d’irritations (notamment sous occlusion), c’est un antiseptique bien toléré, sans contre-indication majeure (sauf lors d’antécédents d’hypersensibilité aux hypochlorites alcalins) et qui peut être utilisé sur les muqueuses.

Alcools

• L’éthanol peut être utilisé comme antiseptique de la peau saine avant injection (dilué à 70 % vol./vol.) ou pour la désinfection de matériel (à 90 % vol./vol.). Il potentialise l’action de la chlorhexidine et de la polyvidone iodée. Il ne doit être utilisé ni sur une plaie ouverte, ni sur des muqueuses. Son utilisation chez les diabétiques pour l’antisepsie du doigt avant de pratiquer un contrôle de glycémie capillaire est à proscrire (risque de fausser les glycémies).

Chez le nourrisson de moins de 30 mois, l’utilisation de l’éthanol n’est pas recommandée (risque d’intoxication alcoolique).

• L’alcool benzylique est un alcool aromatique qui présente un effet anesthésique local et qui potentialise l’activité de la chlorhexidine et du chlorure de benzalkonium.

Antiseptiques intermédiaires

Il s’agit des ammoniums quaternaires comme le chlorure de benzalkonium (Biseptine), le cétrimide (Stérilène) ou le miristalkonium (Sterlane)… Ce sont des antiseptiques bactéricides sur les Gram+ et seulement bactériostatiques sur les Gram–. Ils sont peu irritants et peu toxiques mais peuvent toutefois donner lieu à des manifestations d’hypersensibilité. Ils sont inactivés par les savons.

Autres antiseptiques

Les autres antiseptiques, mineurs, sont bactériostatiques et à spectre étroit.

Triclocarban

Les solutions moussantes de triclocarban comme Solubacter, indiquées dans le traitement d’appoint des affections bactériennes de la peau et des muqueuses, ne doivent pas être diluées dans l’eau chaude (risque de formation de dérivés methémoglobinisants).

Hexamidine

L’hexamidine (Hexomédine) n’est pas inactivée par le pus ou les débris organiques contrairement à la majorité des antiseptiques.

Il est plutôt bien toléré, mais peut toutefois provoquer des picotements, des démangeaisons ou des sensations de brûlures. L’hexamidine ne doit pas être utilisée avant une injection ou une ponction.

Dérivés métalliques

• Les sulfates de cuivre et de zinc, présents dans l’eau de Dalibour ou dans des préparations magistrales, présentent des propriétés antibactériennes.

• Le nitrate d’argent, bien qu’à spectre étroit, a fait la preuve d’une efficacité clinique. Les préparations à base de nitrate d’argent noircissent à la lumière (éviter l’exposition au soleil !).

Les produits à éviter

Les organomercuriels

La merbromine (Solution aqueuse de mercurescéine Gifrer) n’est plus recommandée du fait de ses effets indésirables importants (risque de néphrotoxicité, d’hypertension artérielle ou d’accidents neurologiques en cas de passage systémique).

Les colorants et l’eau oxygénée

• Si ces produits ne sont pas des antiseptiques, certaines autres propriétés peuvent justifier leur utilisation. Les colorants (éosine aqueuse à 2 %, soluté de Milian aqueux à 0,25 %, violet de gentiane aqueux à 1 %, permanganate de potassium à 0,01 %) sont tannants et asséchants. L’eau oxygénée est hémostatique et son effervescence peut contribuer à nettoyer la plaie.

• L’éosine peut être à l’origine de photosensibilisation.

LE BON USAGE

• Conserver le produit hors de portée des enfants, dans une armoire à pharmacie, à l’abri de la chaleur, de la lumière et de l’air (bouchon bien refermé).

• Garder le flacon d’origine : ne pas déconditionner, ni transvaser ni compléter un flacon ouvert.

• Respecter les dates de péremption et celles d’utilisation après ouverture. Noter les dates d’ouverture sur les conditionnements. Les dérivés iodés et la chlorhexidine alcoolique se conservent 1 mois après ouverture et les dérivés chlorés, 15 jours. Les solutions aqueuses d’ammoniums quaternaires, facilement contaminables, ne se conservent que 8 jours. Les unidoses doivent être jetées après utilisation.

• Se laver soigneusement les mains avant d’appliquer l’antiseptique. Ne pas toucher l’embout du flacon pour éviter les contaminations.

• Rincer abondamment les savons avant application.

• Respecter les temps de contact des antiseptiques (1 minute pour les dérivés iodés et chlorés et 2 minutes pour l’alcool).

• A l’exception des solutions antiseptiques moussantes, ne pas rincer un antiseptique (sauf chez les nourrissons pour les dérivés iodés).

• Ne pas associer plusieurs antiseptiques (risque d’interactions).

• Sur une peau lésée, ne pas utiliser de solutés alcooliques très dosés. Privilégier les solutés chlorés, la polyvidone iodée et la chlorhexidine aqueuse.

• Sur une muqueuse, privilégier la polyvidone iodée aqueuse (sauf chez l’enfant de moins de 5 ans) ou les solutés chlorés. Ne pas utiliser de soluté alcoolique.

• Surveiller la bonne tolérance locale à l’antiseptique.

PANSEMENTS PROTECTEURS

« Un pansement facile à appliquer »

Monsieur P., âgé de 60 ans :

– En rangeant mon grenier, je me suis égratigné le dos. J’ai réussi à désinfecter mais pour poser un pansement c’est plus difficile. Puis-je laisser la plaie à l’air libre ?

– La plaie cicatrisera mieux si elle est protégée. Etes-vous bien vacciné contre le tétanos ?

– Oui, je l’ai refait au même moment que la grippe.

– Vous n’êtes pas diabétique ou sous traitement immunosupresseur ?

– Non, je ne prends aucun médicament.

– Dans ce cas prenez ce pansement en spray plus facile à appliquer.

• De nombreux types de pansements sont actuellement disponibles sur le marché, mais leur objectif est identique : couvrir, protéger et favoriser la guérison d’une plaie.

• Ils répondent également à des exigences communes : adhérer à la peau saine et non à la plaie, être hypoallergénique, protéger des chocs, ne pas se décoller rapidement, permettre les échanges gazeux, absorber l’exsudat en excès.

LA CICATRISATION

Le phénomène de réparation tissulaire comporte trois grandes phases qui se chevauchent dans le temps.

Phase vasculaire et inflammatoire

Cette première phase dure deux à quatre jours.

Etape vasculaire

La lésion met à nu le sous-endothélium vasculaire et provoque l’adhésion plaquettaire, permettant la formation du caillot. La vasoconstriction rapide qui se met en place est nécessaire pour arrêter le saignement.

Etape inflammatoire

Une vasodilatation permet ensuite aux cellules circulantes d’affluer sur le site de la plaie. Neutrophiles, monocytes et macrophages assurent une détersion de la lésion et une action anti-infectieuse locale.

Phase de réparation tissulaire

Cette phase dure environ 10 à 15 jours.

Formation du tissu de granulation

Largement dépendante des cytokines, cette phase correspond à la prolifération des fibroblastes, à l’angiogénèse et à la synthèse de la matrice extracellulaire. L’angiogénèse aboutit à la formation d’un réseau vasculaire indifférencié (bourgeon charnu) visible vers le 5e jour. La transformation de certains fibroblastes en myofibroblastes permet la contraction de la plaie, contribuant à rapprocher les berges.

Epithélialisation

Les cellules épithéliales migrent progressivement à partir des berges de la plaie et se multiplient puis se différencient. Une membrane basale se reconstitue progressivement. Secondairement, l’épiderme est colonisé par des mélanocytes.

Phase de maturation et remodelage

La matrice extracellulaire va progressivement être remodelée dans les deux mois qui suivent la fermeture de la plaie. La maturation secondaire se poursuit parfois pendant deux ans avec une diminution progressive du tissu de granulation, l’élaboration d’une structure collagénique plus dense et l’organisation du réseau vasculaire. Le remodelage matriciel va accroître la résistance de la cicatrice de façon considérable.

QUEL PANSEMENT CHOISIR ?

Pansement sec

Caractéristiques

• Constitué d’une compresse centrale de gaze posée sur un support adhésif, le pansement sec permet à la plaie de cicatriser sous une croûte qui se forme. Lorsque la peau est régénérée, la croûte tombe.

• Uniquement protecteur, facile à poser et économique, le pansement sec est à réserver aux petites plaies superficielles. En effet, la croûte retarde parfois la cicatrisation ou peut s’arracher en se collant à la partie compresse.

• La compresse est microaérée afin de limiter le risque d’adhésion à la plaie et contient souvent un antiseptique (chlorure de benzalkonium). Attention, la présence d’antiseptique empêche son utilisation sur un site de vaccination !

• Des particules d’argent sont parfois ajoutées à la compresse pour limiter la prolifération bactérienne (gamme Elastoplast).

• Le pansement sec doit être changé dès qu’il est souillé, soit une à deux fois par jour.

Pansements prédécoupés classiques

Les pansements prédécoupés sont adhésifs sur les quatre côtés par un sparadrap en tissu. Souvent extensible, ce dernier permet de suivre les mouvements mais il est relativement salissant : Dermaplast Textile Elastic, Elastoplast pansement flexible, Tricosteril extensible, Urgo extensible…

Bandes à découper

Pratiques pour adapter la taille du pansement à la plaie, les bandes à découper ont l’inconvénient de laisser deux bords non adhérents, diminuant le côté protecteur : Elastoplast pansement flexible à découper, Urgo extensible bande à découper…

Pansements résistants à l’eau

Le sparadrap est en polyéthylène, perméable à l’air par la présence de microperforations. Il résiste à un contact léger à l’eau mais se décolle en cas d’immersion (douche, bain) : Dermaplast Waterresistant, Tricosteril Multiusage…

Pansements étanches

En polyuréthanne, le support adhésif est complètement étanche à l’eau, aux bactéries et aux impuretés mais perméable à l’air. Souple et conformable (très minces), ce type de pansement permet le bain ou la douche : Dermaplast Aqua, Tricosteril Protect Plus, Urgo Waterproof…

Pansements épais

Le support en mousse de polyéthylène permet de mieux protéger la plaie face aux chocs : Dermaplast Sport, Urgo Antichoc…

Pansements peaux sensibles

Le support en molleton ou en non-tissé permet un meilleur confort pour les peaux sensibles : Elastoplast pansement peaux sensibles, Dermaplast Sensitive…

Pansements de forme particulière

• Tricosteril Doigts a une forme profilée pour s’enrouler facilement autour du doigt.

• Elastoplast Pansements Doigt contient trois types de pansement spécifiques pour la main et les doigts (jointures, phalanges et extrémités des doigts).

Pansements pour enfants

Par leurs couleurs vives ou leur côté ludique (personnages de BD ou de dessin animé), les « pansements jouets » sont mieux appréciés des enfants : Tricosteril Câlins Tattoos, Dermaplast Kids… Urgo Enfants permet de personnaliser le support avec des gommettes colorées (ne pas appliquer sur la plaie ou sur la peau).

Pansements liquides

• Les pansements liquides ont une même composition de base : un polymère qui forme le film (nitrocellulose ou dérivé cellulosique), un excipient plastifiant (huile de ricin par exemple) et un solvant permettant de mettre le film en solution (éthanol). Au contact de l’air, l’éthanol s’évapore et le film se solidifie.

• Les pansements liquides permettent de soigner les zones les plus difficiles d’accès.

• Présentés sous forme de spray, ils se vaporisent directement sur la plaie propre et sèche, à une distance de 5 à 10 centimètres. Après un temps de séchage de une minute, le film protecteur s’est formé et permet la cicatrisation. Flexible et invisible, il est très confortable, imperméable à l’eau et aux bactéries.

• Le film se résorbant de lui-même progressivement, l’application doit être renouvelée aussi souvent que nécessaire.

• Ce type de pansement ne doit pas être utilisé sur une plaie infectée, profonde, suintante ou sur une brûlure, ni appliqué sur le visage ou les muqueuses. Lors de l’application, une légère sensation de picotement peut apparaître.

• Les laboratoires Elastoplast, Tricosteril et Urgo proposent le pansement liquide sous le nom Pansement Spray.

SUTURES CUTANÉES

Les bandelettes adhésives stériles sont utilisées pour fermer une plaie quand des points de suture ne sont pas nécessaires (petite coupure). Elles collent à la peau et permettent de rapprocher les deux berges de la plaie. La pose est facile et non invasive, réduisant le risque d’infection. Les produits disponibles à l’officine ont des longueurs, des largeurs et des matières différentes : Curapont, Leukosan Strip, Steri-Strip, Urgostrips.

Pose classique

• Nettoyer et désinfecter la plaie et son pourtour. Rincer au sérum physiologique pour éviter la formation d’un film gras (mauvaise adhérence des bandelettes). Laisser sécher.

• Poser la bandelette perpendiculairement à la plaie en commençant par le centre de la plaie.

• Répartir ensuite les bandelettes toutes les demi-distances restantes.

• Renforcer si besoin par 2 bandelettes transversales.

• Recouvrir d’un pansement protecteur. Les sutures se retirent une fois la cicatrisation terminée.

Pose en croisillon

Très utilisée en chirurgie plastique, cette technique permet de limiter la traction sur les berges de la plaie et de réduire les risques de phlyctènes. Elle peut être utilisée en renfort de fils ou d’agrafes.

PANSEMENTS HYDROCOLLOÏDES

« Je n’arrive pas à décoller le pansement »

Madame H., 64 ans :

– Une ampoule s’est formée au niveau de mon talon pendant ma randonnée. J’ai aussitôt mis un pansement hydrocolloïde qui m’a permis de finir mon parcours. J’ai voulu le retirer pour prendre une douche mais je n’ai pas réussi à le décoller. Auriez-vous de l’antiadhésif ?

– Vous avez bien fait d’utiliser un pansement « seconde peau ». En revanche, vous ne devez pas le retirer maintenant car il absorbe les sécrétions de la plaie et facilite la cicatrisation. Il se décollera de lui-même.

– Au bout de combien de temps ?

– Deux à trois jours.

MODE D’ACTION

L’approche de la cicatrisation est radicalement différente de celle des pansements centrés sur une partie en gaze. La plaie est maintenue dans un environnement humide empêchant la formation de croûte et permettant une régénération naturelle de l’épiderme. La cicatrisation est deux fois plus rapide.

COMPOSITION

• La partie centrale est constituée de carboxyméthylcellulose, aux propriétés hydrosolubles et absorbantes. Au contact des exsudats, la masse hydrocolloïde se transforme en gel qui crée autour de la plaie un milieu humide.

• Le support, un film de polyuréthanne, permet les échanges gazeux tout en constituant une barrière efficace contre les micro-organismes extérieurs. Grâce à sa structure imperméable à l’eau, ce pansement permet la toilette.

INDICATIONS

Brûlures, plaies

• Au comptoir, les pansements hydrocolloïdes (Elastoplast Pansement invisible, Urgo Brûlures/Blessures superficielles) sont proposés pour traiter les brûlures domestiques superficielles du premier ou second degré (inférieures à la moitié de la main du patient) et les blessures superficielles (écorchures, coupures).

• Urgo Brûlures/Blessures superficielles associe au sein du même tulle de la vaseline et des particules hydrocolloïdes.

Ampoules

Description

• Une ampoule, encore appelée phlyctène, est comparable à une brûlure. Elle se forme suite à des frottements et des pressions répétés et inhabituels entre la peau et une surface dure. Il peut s’agir d’un objet (chaussure, raquette…), d’un tissu (chaussette, T-shirt…) ou de la peau elle-même (orteil contre orteil, cuisses…).

• Ce phénomène correspond à une réaction de défense de la peau. Au départ, un simple érythème douloureux apparaît. Puis la lésion peut évoluer vers une séparation du derme et de l’épiderme avec formation d’une poche remplie de liquide séreux clair (lymphe) ou sanguin (si un capillaire se rompt) : l’ampoule est alors fermée. Si l’agression continue, l’épiderme peut se déchirer et mettre à découvert la plaie ; l’ampoule devient ouverte.

Comment traiter ?

• Ampoule fermée : il est très important de garder le « toit » de l’ampoule intact, protection naturelle contre les bactéries. Nettoyer, sécher et désinfecter l’ampoule avant d’appliquer un pansement hydrocolloïde (Compeed, Urgo Ampoules, Clip Ampoules, Dermaplast Hydro, Elastoplast Ampoules, Nexcare gel strips…). Ce sont de vraies secondes peaux, avec des formes ergonomiques qui épousent parfaitement la zone à traiter.

• Ampoule ouverte : lorsque l’ampoule est percée ou déchirée, le risque infectieux est important :

– conserver au maximum le « toit » de l’ampoule. Si besoin, découper la peau décollée avec des ciseaux désinfectés à l’alcool ;

– tamponner l’ampoule avec une compresse imbibée d’un antiseptique non coloré ;

– appliquer un pansement hydrocolloïde jusqu’à cicatrisation complète.

Prévention

• Pour éviter les frottements sur les zones à risque, les hydrocolloïdes peuvent être utilisés en prévention.

• L’application de sparadrap directement sur la peau en guise de protecteur est à bannir car cela ramollit l’épiderme.

CONSEILS

Utilisation

Quelques recommandations doivent être rappelées pour l’utilisation de ces pansements :

– réchauffer le pansement dans la paume de la main une minute avant l’application ;

– décoller la protection ;

– bien centrer le pansement sur la plaie ou l’ampoule (en cas de saignement important, attendre l’arrêt avant l’application) ;

– appliquer le pansement et appuyer pendant une minute encore pour optimiser l’adhésivité ;

– le laisser en place jusqu’à ce qu’il se décolle de lui-même (2 à 3 jours), sinon la cicatrisation risque d’être perturbée ;

– ne pas couper, ne pas réutiliser ;

– pour un retrait plus facile, tirer doucement les bords et les coins tangentiellement à la peau, la partie gélifiée se retirera alors sans difficulté.

Contre-indications

• Les pansements hydrocolloïdes sont contre-indiqués en cas de plaie infectée. Ils sont également à utiliser avec précaution chez le patient diabétique qui nécessite une surveillance plus importante.

• Les brûlures du troisième degré, en raison du risque permanent de développement de germes, empêchent l’utilisation de ces pansements.

• En cas d’eczéma dans la zone périlésionnelle, ces pansements sont contre-indiqués.

Quand consulter ?

• Toute rougeur accompagnée de douleurs nécessite une consultation médicale pour traiter l’infection naissante.

• Le diabète augmente le temps de cicatrisation et provoque des neuropathies périphériques. En cas d’ampoule fermée, le traitement s’accompagne d’une surveillance quotidienne. Une fois percée, le risque infectieux étant trop important et pouvant passer inaperçu, la plaie doit être vue par le médecin. Attention ! l’ampoule peut sembler guérie mais en réalité être cachée sous une hyperkératose et provoquer un mal perforant.

PANSEMENTS TRAITANTS

« Je me suis coupé en me rasant »

Monsieur I., 57 ans, arrive avec une compresse sur la joue :

– Je viens de me couper en me rasant, mais, comme je prends du clopidogrel, je n’arrive pas à arrêter le saignement.

– Votre traitement empêche la coagulation de la plaie et votre compression ne suffira pas à arrêter le saignement.

– Dois-je aller aux urgences ?

– Non, je vous propose d’appliquer ce pansement hémostatique qui stoppera le saignement au contact de la plaie.

Toute une gamme de nouveaux pansements est arrivée sur le marché ces dernières années. Ils sont de forme, de composition et de présentation différentes, selon le problème à traiter.

COR

• Epaississement localisé de la peau, un cor est la conséquence de pressions ou de frictions répétées sur une même zone, souvent le pied (orteils ou plante). Des cellules épidermiques sont alors produites en excès pour tenter de protéger la zone de la pression, formant une couche dure de peau morte.

• Sous la pression continue, le cor prend la forme d’un cône qui s’enfonce dans les couches plus profondes de la peau. Il devient douloureux quand l’extrémité du cône atteint les terminaisons nerveuses.

Pansement traitant

• Alternative à l’utilisation de solutions kératolytiques, les pansements pour cors comprennent un disque imprégné d’acide salicylique kératolytique.

• Le support adhésif est constitué d’un disque protecteur en mousse et d’un sparadrap simple en tissu : Urgo coricide, Scholl Cors pansements coricides, Elastoplast pansement cor, Feuille de saule emplâtre coricide… Le disque empêche les pressions et évite le contact de l’acide salicylique avec la peau saine (risque de brûlure).

• Compeed Cors+ associe une pastille d’acide salicylique à la technologie hydrocolloïde qui favorise l’hydratation.

• Remplacer le pansement au bout de 1 à 2 jours : ramollir la peau lésée à l’aide d’un bain de pied chaud puis, avec une râpe douce, frotter ces peaux afin de les éliminer doucement, sans faire saigner. La durée du traitement varie de 3 à 5 jours.

Pansement protecteur

Certains pansements sont seulement pourvus du disque protecteur en mousse (pas d’acide salicylique) pour protéger les orteils : Scholl pansements protecteurs pour les cors…

DURILLON

• De structure similaire au cor, le durillon est situé sur la plante du pied et les talons.

• Scholl Durillons pansements coricides et Feuille de saule Durillon proposent des pansements avec un disque d’acide salicylique kératolytique.

• Epitact est constitué de gel de silicone et d’HE de gaulthérie. Il est protecteur et kératolytique. Autoadhésif, le pansement peut rester en place 5 jours.

CREVASSE

• Les crevasses sont des fissurations de la peau de taille variable. Ces lésions superficielles, fréquemment douloureuses, apparaissent au niveau des mains ou des talons. Elles peuvent saigner.

• La peau des mains est fine et ses glandes sébacées, qui participent à l’élaboration du film hydrolipidique cutané, sont peu nombreuses. Les crevasses se forment lorsque cette barrière peu résistante est exposée à des agressions importantes ou répétées, notamment climatiques (humidité, chocs thermiques), chimiques (manipulation de produits irritants comme les détergents, les produits colorants capillaires…), microtraumatiques à répétition (frottements, usage d’outils, sport…).

• La cicatrisation des crevasses nécessite leur maintien en milieu humide pour éviter une nouvelle rupture de la surface de la peau.

Pansement liquide

• De composition similaire aux pansements liquides en spray, les pansements liquides indiqués pour les crevasses (Apaisyl Crevasses, Nexcare Skin Crack Care, Urgo Filmogène Crevasses) protègent la crevasse par la formation d’un film et maintiennent un milieu humide favorable à la cicatrisation.

• Déposer et appliquer le filmogène à l’aide de la spatule ou du pinceau afin de combler complètement la crevasse. Laisser sécher jusqu’à l’apparition du film protecteur. Appliquer aussi souvent que nécessaire jusqu’à guérison complète. Associer une crème hydratante pour les mains.

Pansement hydrocolloïde

• Certains pansements hydrocolloïdes sont de forme adaptée aux doigts et au talon pour traiter les crevasses (Compeed Gerçures et Crevasses, Compeed Crevasses du talon).

• Ces pansements maintiennent l’humidité de la peau pour une cicatrisation rapide. Les fluides provenant de la crevasse forment au contact de l’hydrocolloïde un gel souple qui protège la plaie des frottements et pressions par un effet coussinet.

BOUTON DE FIÈVRE

• Infection par le virus Herpes simplex de type 1, le bouton de fièvre se caractérise par des vésicules douloureuses au niveau des lèvres ou du nez.

• Aucun traitement n’est actuellement capable d’éradiquer le virus de l’herpès. C’est pourquoi des pansements traitants sont apparus sur le marché, en alternative aux crèmes antivirales qui doivent être utilisées dès les premiers picotements. Le bouton de fièvre est alors traité comme une plaie à cicatriser et à protéger pour éviter tout risque de contamination.

Patchs

• Issus de la technologie hydrocolloïde, les patchs contre les boutons de fièvre sont plus fins que les hydrocolloïdes conventionnels. D’où les nombreux avantages : le patch est souple (idéal pour les lèvres mobiles), il est transparent (discrétion et application possible de crème ou de maquillage) et le bouton de fièvre est couvert (réduction du risque de contamination). Le diamètre de ce type de patch est de 1,5 cm.

• Maintenant le bouton dans un environnement humide, le patch permet une meilleure cicatrisation, soulage les sensations de douleurs, les picotements, les démangeaisons et prévient la formation de croûte.

• Appliquer le patch selon les recommandations du laboratoire, attendre qu’il se décolle de lui-même avant de le changer (en général au bout de 8 heures).

• Elastoplast SOS Herpès Patch, Compeed Patch Bouton de fièvre Total Care Jour ou Nuit (la formule nuit est enrichie avec un extrait de tanaisie pour renforcer l’action cicatrisante du patch).

• Activpatch n’est pas un hydrocolloïde mais un film de polyuréthanne extrêmement fin (15 µm) dont l’application doit être renouvelée au minimum toutes les 12 heures et autant de fois que nécessaire jusqu’à la cicatrisation. L’application de crème aciclovir est possible avant d’appliquer le patch (attendre que la crème ait bien pénétré).

Pansement liquide

• Urgo Bouton de fièvre est un Filmogel de composition comparable au pansement liquide en spray. Une fois appliqué sur le bouton, le gel devient un film transparent. Son pH acide crée un milieu hostile au virus, limitant le développement du bouton de fièvre. Ce pansement invisible isole la lésion, empêchant la contamination. Il crée un milieu humide favorisant une cicatrisation sans croûte. Les démangeaisons et les brûlures sont également réduites.

• Il peut être utilisé dès les premiers symptômes jusqu’à la disparition complète du bouton, à partir de 12 ans.

• A l’aide de l’applicateur jetable, appliquer la dose nécessaire pour recouvrir le bouton. Laisser sécher environ 1 à 2 minutes. Renouveler l’application jusqu’à 4 fois par jour au maximum (24 applicateurs fournis).

• Une sensation de picotement ou de brûlure transitoire peut apparaître à l’application.

APHTE

• Les aphtes sont des petites lésions superficielles localisées sur la muqueuse buccale ou gingivale. Ils se manifestent par une ulcération de forme ronde ou ovalaire, aux bords nets, entourée d’un liséré rouge inflammatoire.

• Les aphtes ne sont pas contagieux et peuvent guérir spontanément sous une dizaine de jours. Cependant, ils sont souvent douloureux et sources d’inconfort à la mastication.

Pansement liquide

• Urgo Aphtes est un gel filmogène à base de dérivé cellulosique qui, une fois appliqué sur la muqueuse buccale, se transforme en film fin et souple. La douleur est soulagée, l’aphte protégé des agressions extérieures, la cicatrisation est activée.

• Utilisable chez l’enfant dès 6 ans, ce gel aromatisé à l’orange permet 100 applications. Il est contre-indiqué en cas d’allergie aux salicylés ou d’aphtes majeurs.

• Plonger la spatule dans le flacon et l’essuyer sur le rebord : la quantité restante est suffisante pour recouvrir l’aphte. Laisser sécher une dizaine de secondes avant de refermer la bouche. Renouveler l’application dès que le film disparaît, plutôt avant les repas et jusqu’à 4 fois par jour.

• La cicatrisation complète s’observe au bout de 3 à 5 jours. En raison de sa formule alcoolisée, le nettoyage de la spatule n’est pas nécessaire après chaque utilisation.

PLAIE À RISQUE D’INFECTION

• L’argent, qui possède une action antibactérienne à large spectre, est également fongicide et stimule la cicatrisation. C’est pourquoi il est intégré à des pansements à cicatrisation sèche ou humide.

• Pour les pansements secs, des particules d’argent métallique sont fixées sur un film de polyéthylène qui recouvre la compresse centrale. Pour les pansements à cicatrisation en milieu humide, la compresse est formée d’un gel de polyuréthanne dans lequel sont dispersés des ions argent. Ils sont libérés au contact des exsudats de la plaie.

• En conseil, seule la gamme Elastoplast a intégré la technologie argent à ses pansements (à l’exception des Pansements invisibles, ampoules, cors et spray). Ces pansements sont recommandés pour des plaies sans gravité mais à risque d’infection. Les pansements secs doivent être changés chaque jour car l’effet antibactérien de l’argent ne dure que 24 heures.

PLAIE HÉMORRAGIQUE

• Urgo Stop Saignement et Nexcare Blood Stop sont des pansements indiqués dans les petites plaies hémorragiques. La cellulose oxydée qui forme la compresse centrale a des propriétés hémostatiques : elle forme une couche gélifiée au contact du sang favorisant l’arrêt du saignement.

• Appliquer le pansement après avoir nettoyé et désinfecté la plaie. Les pansements Urgo sont destinés aux plaies des doigts.

POST CICATRISATION

Plusieurs produits conseil sont actuellement disponibles pour aider à réduire les cicatrices.

• Elastoplast Réducteur de cicatrices s’utilise aussi bien pour prévenir la formation des cicatrices, dès que la plaie est fermée, que pour améliorer l’aspect des cicatrices hypertrophiques, rouges et/ou chéloïdes, récentes ou anciennes. Constitué de polyuréthanne, le pansement crée un milieu humide favorisant localement l’augmentation de la température. Il active ainsi la microcirculation et l’apport en oxygène, ce qui limite le risque de surproduction de collagène aboutissant à la formation de cicatrices hypertrophiques ou de chéloïdes. La pression exercée par le pansement favorise le bon alignement des fibres de collagène. Souple et transparent, il s’utilise dès 3 ans, ne nécessite d’être porté que durant 12 heures consécutives et résiste à l’eau. Appliquer un pansement chaque jour pendant 8 semaines de façon à ce que la cicatrice soit totalement recouverte. Si besoin, découper le pansement ou en accoler plusieurs côte à côte. Ne pas appliquer sur des plaies ouvertes ni sur des cicatrices atrophiques (creusées) comme celles de l’acné ou de la varicelle.

• Tricostéril Réducteur de cicatrices se présente sous forme de pansement ou de gel à base de silicone (maturation de la cicatrice et hydratation du tissu). Utilisé sur des cicatrices hypertrophiques ou chéloïdes déjà cicatrisées, il contribue à aplanir, lisser et atténuer la coloration des cicatrices, apaiser les éventuelles sensations de démangeaisons. Préférer le gel pour les parties découvertes (visage, décolleté), les zones de flexion et les zones pileuses. Appliquer un pansement une fois par jour pour une durée d’au moins 12 heures et le gel 2 fois par jour en massant. Peut s’utiliser dès la naissance.

• Urgo Cicatrices est un filmogel à base de dérivé cellulosique qui protège les lésions dues à la petite chirurgie dermatologique, les griffures ou coupures. Il rend les cicatrices moins visibles, fait barrière aux agressions extérieures et réduit les croûtes et irrégularités. Utilisable dès 3 ans, il s’applique une fois par jour.

L’INTERVIEW Dr Juliette Fontaine DERMATOLOGUE, PRATICIEN HOSPITALIER À L’HÔPITAL ROTHSCHILD (PARIS)

« Conseiller les hydrocolloïdes en cas d’abrasion »

Le Moniteur : Pour quel type de plaies faut-il préférer un pansement hydrocolloïde à un pansement sec ?

DrJuliette Fontaine : La HAS recommande les pansements hydrocolloïdes pour les plaies chroniques et des pansements hydrocellulaires et hydrofibres pour les plaies aiguës. Toutefois, la cicatrisation en milieu humide est adaptée pour la majorité des plaies. Pour des petites plaies aiguës, le pansement hydrocolloïde peut être conseillé s’il y a une perte d’une partie d’épiderme, en cas d’abrasion par exemple, ou de phlyctène. Il protège la zone douloureuse et permet la prise de douche. En revanche, il faut limiter son emploi dans la durée, à la phase douloureuse ou érosive. Les pansements secs sont à privilégier lors de petites plaies ou après une suture. Dans ce cas, conseiller l’élimination des croûtes avec de la vaseline pour une meilleure cicatrisation.

Concernant les bandelettes adhésives, quand orienter le patient vers un médecin pour des points de suture ?

Les bandelettes adhésives doivent être posées sans tension. Ceci est impossible quand les berges de la plaie sont écartées ou que la plaie est profonde (le derme est visible au fond de la plaie et il y a une masse blanche). Les points de suture (ou la colle) sont également préconisés quand la plaie se situe dans une zone de mobilité ou visible. Les bandelettes peuvent être posées en plus des points de suture pour les soutenir.

Que pensez-vous des pansements et gels réducteurs de cicatrice ?

Ils sont chers mais intéressants pour prévenir les cicatrices chéloïdes ou hypertrophiques après une chirurgie sur la région présternale ou les épaules, ou chez les patients ayant un antécédent de chéloïde et après la réduction d’une chéloïde. C’est aux dermatologues de les conseiller. Dans les autres cas, on peut conseiller la pose sur la cicatrice de sparadrap microporeux dans le sens de la cicatrice pendant quelques semaines. On peut aussi conseiller le massage quotidien de la cicatrice avec une crème réparatrice afin de l’assouplir.

Efficacité des antiseptiques

Résistance naturelle

Caractéristique d’une espèce microbienne donnée, l’absence d’efficacité s’explique par le mécanisme d’action des antiseptiques. La plupart agissent au niveau de la membrane cytoplasmique des bactéries et doivent donc traverser leur paroi. Le risque de non efficacité est alors d’autant plus important que la paroi bactérienne est épaisse et difficile à franchir. Ainsi, par ordre décroissant de résistance, on classe les mycobactéries (qui possèdent une couche de cire difficile à franchir), les Gram– et les Gram+ (qui ne possèdent pas de membrane externe).

Résistance acquise

Elle résulte d’une mutation génétique rendant des bactéries naturellement sensibles à un antiseptique donné résistantes à cet antiseptique. Une mauvaise utilisation des antiseptiques, avec des concentrations ou des temps de contact insuffisants, favorise les résistances.

INFOS CLÉS

• De nombreux antiseptiques sont inactivés par le savon : bien rincer !

• Les dérivés iodés sont contre-indiqués chez le nourrisson de moins d’un mois. Avant 30 mois, ils doivent être évités et au minimum rincés.

• La chlorhexidine ne doit être appliquée ni dans l’œil ni dans le conduit auditif.

• Chez l’enfant et sur les muqueuses, privilégier les formes aqueuses.

Les différentes étapes de l’antisepsie d’une plaie

• Les antiseptiques sont inhibés par les matières organiques (sauf l’hexamidine), d’où la nécessité d’une première phase de détersion ou de nettoyage à l’eau et au savon ou avec un antiseptique de la même classe que celui qui sera appliqué ensuite pour retirer les débris cutanés et sanguins et les éventuels corps étrangers.

• La plaie est ensuite soigneusement rincée à l’eau ou au sérum physiologique (cette étape est très importante, un bon nombre d’antiseptiques étant inactivés par le savon).

• Ce nettoyage est suivi d’un séchage par tamponnement avec des compresses stériles, visant à éviter de diluer l’antiseptique.

• Enfin, l’antiseptique est appliqué (éventuellement rincé en pédiatrie et néonatalogie) et sèche à l’air libre. Ne pas essuyer pour favoriser sa rémanence.

• A la pharmacie, se protéger avec des gants lors de l’antisepsie d’une plaie.

QU’AURIEZ-VOUS RÉPONDU ?

Madame S. demande à la pharmacienne :

– Le week-end dernier, j’ai acheté en province de l’Hexomédine transcutanée pour mon mari qui avait un panaris. Combien de temps se conserve le flacon une fois ouvert ?

– Vous pouvez conserver cet antiseptique pendant 15 jours.

La pharmacienne a-t-elle correctement répondu ?

Non. La pharmacienne aurait dû demander à madame S. comment son époux avait utilisé l’antiseptique. En effet, utilisée en badigeonnage ou en pansements humides, Hexomédine transcutanée se conserve effectivement 15 jours après ouverture. En revanche, elle ne se conserve que 5 jours si le doigt infecté a été baigné directement dans le flacon. En outre, dans ce cas, elle ne peut pas être utilisée pour un autre usage antiseptique que celui du panaris de monsieur S.

INFOS CLÉS

• Les pansements protecteurs sont à réserver aux petites plaies superficielles.

• Les pansements secs se différencient par les propriétés du support adhésif (extensible, résistant à l’eau…). Ils doivent être changés 1 à 2 fois par jour.

• Sous forme liquide, l’application du pansement est à renouveler fréquemment.

QU’AURIEZ-VOUS RÉPONDU ?

Madame N. a des traces de pansement sur la main.

– Je voudrais un flacon d’éther. Je n’arrive pas à enlever la colle laissée par mon pansement.

– L’éther ne se délivre que sur ordonnance. Je vous conseille cet antiadhésif.? Il est aussi efficace que l’éther mais beaucoup moins dangereux.

Le pharmacien a-t-il bien répondu ?

Oui, l’éther est un solvant organique efficace mais particulièrement inflammable, toxique par inhalation et irritant pour les muqueuses. Succédané de l’éther, la solution antiadhésive possède la même propriété diluante des colles et des produits pétroliers. En revanche, elle est ininflammable et présente une odeur agréable. Imbiber légèrement un coton et appliquer en évitant le contact avec la plaie. Nettoyer toute trace du produit après utilisation. Ne pas utiliser chez l’enfant de moins de 30 mois.

INFOS CLÉS

• Le pansement « seconde peau » s’utilise aussi bien en préventif qu’en curatif (ampoule ouverte ou fermée) mais pas en cas d’infection.

• Il faut le chauffer une minute entre les mains avant de l’appliquer.

• Il se décolle de lui-même au bout de 2 à 3 jours.

Pansements hydrogels

• Présentés sous forme de plaque translucide, les pansements hydrogels sont composés en grande partie d’eau (70 à 90 %). Ils agissent en relarguant progressivement de grandes quantités d’eau sur la plaie afin de maintenir une humidité propice à la cicatrisation. Ils sont imperméables aux bactéries mais autorisent les échanges gazeux.

• Leur viscosité facilite l’application et leur transparence permet de surveiller l’évolution de la plaie. Ils apportent au moment de la pose une sensation rafraîchissante et apaisante.

• En conseil, le laboratoire Asepta propose le pansement Cicaléine Hydrogel (photo) indiqué pour protéger les plaies en milieu humide. Il favorise la cicatrisation et réduit les pressions en raison de son épaisseur.

• Medela Hydrogel Pads, compresse hydrogel non adhérente, est indiquée dans le soin du mamelon de la femme allaitante, notamment en cas de crevasse ou de gerçure. La compresse peut être placée au réfrigérateur quelques minutes pour améliorer la sensation rafraîchissante. Elle peut être réutilisée pendant 24 heures.

Testez-vous

Vrai ou faux ?

a) Eviter de prendre un bain avec un pansement hydrocolloïde.

b) Toujours percer une ampoule avant d’appliquer un pansement « seconde peau ».

Réponses. a : faux ; b : faux.

INFOS CLÉS

• Utilisée dans différentes pathologies, la technologie Filmogel favorise la cicatrisation en milieu humide.

• Une fois sec, le film formé constitue une barrière aux agressions extérieures.

QU’AURIEZ-VOUS RÉPONDU ?

Madame L. vous demande conseil :

– La cicatrice de ma césarienne présente des petits bourgeons de chair. Pourtant je la masse avec de la vaseline. Une amie m’a parlé d’un stylo à l’argent…

– Les crayons au nitrate d’argent sont effectivement utilisés pour traiter les plaies bourgeonnantes. Vous devez au préalable humidifier la mine d’argent avec du sérum physiologique avant de l’appliquer sur les bourgeons. Mais attention à ne pas la toucher avec vos doigts car c’est un produit très caustique !

Le pharmacien a-t-il bien réagi ?

Oui et non. Différentes concentrations de nitrate d’argent existent selon les crayons. Le choix doit être réservé au médecin selon la fragilité de la zone à traiter. Il semble plus judicieux d’orienter la patiente vers un pansement réducteur de cicatrice, plus facile à utiliser et moins dangereux.

Pourrez-vous respecter la minute de silence en mémoire de votre consœur de Guyane le samedi 20 avril ?


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