LES OFFICINES SAUVENT LEUR RENTABILITÉ - Le Moniteur des Pharmacies n° 2926 du 24/03/2012 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2926 du 24/03/2012
 
ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE

Entreprise

Auteur(s) : François Pouzaud

Bien que la progression de l’activité des pharmacies en 2011 soit la plus faible enregistrée au cours de ces deux dernières décennies, la marge et la rentabilité ont augmenté. Deux bonnes nouvelles qui ressortent de l’enquête annuelle de KPMG.

Dans un condiv durable de baisse des prix des médicaments et des volumes prescrits, l’évolution du chiffre d’affaires des officines n’est pas l’indicateur le plus pertinent. C’est le premier constat qui saute aux yeux de Patrick Bordas, responsable national du réseau Professions de santé du cabinet d’expertise comptable KPMG, à la lueur des résultats économiques 2011 extraits d’un échantillon représentatif de 450 officines environ. En effet, se focaliser sur la progression du chiffre d’affaires risque de provoquer régulièrement des aigreurs d’estomac aux pharmaciens. Sauf à prendre du recul sur les évolutions enregistrées. Et sur ce plan, 2011 s’inscrit dans la continuité d’une année 2010 moribonde.

L’évolution du chiffre d’affaires des officines (1,616 M€ l’an dernier) s’est limitée à + 0,8 % en moyenne, soit la plus faible rapportée par KPMG en 20 ans d’analyses statistiques des comptes des officines. Avec une moyenne aussi basse, il n’est pas étonnant d’apprendre que près d’une officine sur deux (47,1 %) a un CA qui régresse. « Pour un quart d’entre elles, ce recul est d’au moins 2,4 %, et pour 10 % d’entre elles, il dépasse les 5 % », précise Joël Vellozzi, responsable de l’enquête.

La taille est de plus en plus un facteur discriminant qui conditionne les évolutions de l’activité. Les officines les plus petites (CA inférieur à 1,1 M€) enregistrent une baisse de 0,4 % en moyenne, alors qu’à l’échelon juste supérieur (CA compris entre 1,1 M€ et 2,2 M€) la ligne de flottaison est franchie (+ 0,6 %). Les officines les plus importantes (CA supérieur à 2,2 M€) connaissent l’évolution d’activité la plus forte (+ 2,2 %). L’analyse par typologie montre que celles de zone urbaine voient leur CA le moins progresser (+ 0,3 %). Si on se penche sur le CA par taux de TVA, la progression la plus marquée (+ 2,6 %) est celle sur les ventes à 5,5 %, grâce au dynamisme du marché de l’automédication en 2011. Le CA sur le 19,6 % continue aussi à croître (+ 2,1 %), mais la part représentée par cette activité est la plus faible (8,7 % du CA global, contre 12,6 % pour le CA 5,5 % et 78,6 % pour le médicament remboursable).

La marge progresse plus que le chiffre d’affaires

A l’inverse, l’évolution des marges est un bon antidote aux brûlures d’estomac. La valeur de la marge retraitée de toutes remises commerciales a progressé sur l’année 2011 de 2,6 %. « Cette hausse satisfaisante permet de faire face à l’augmentation des charges, notamment de personnel, et de conforter la rentabilité des exploitations », commente Joël Vellozzi. La marge augmentant plus vite que le chiffre d’affaires, le taux de marge s’en trouve consolidé : il gagne 0,5 point à 29,3 %. « L’augmentation du taux de marge s’explique, à nouveau en 2011, par une progression significative du taux de marge sur le médicament remboursable, ajoute Patrick Bordas. L’effet générique a encore eu une incidence favorable. »

La marge devient donc le ratio de référence pour mesurer l’activité des officines. « La part d’officines à évolution négative en valeur ne représente que 31 % de l’échantillon, alors que 47 % d’officines reculent en chiffre d’affaires », remarque Joël Vellozzi. KPMG relève toutefois des dispersions significatives du taux de marge entre les officines, puisque 10 % d’entre elles ont un taux de marge inférieur à 26,9 % et 10 % un taux supérieur à 32 %. Les officines urbaines présentent un taux de marge légèrement décroché (29 %).

Une bonne maîtrise des postes de charges

Les charges externes sont globalement bien maîtrisées. Les frais de personnel progressent certes de façon plus importante (+ 1,6 % en valeur et en moyenne) que le chiffre d’affaires, mais cette évolution est en deçà de celle de la marge en valeur, d’où un gain de rentabilité. « L’étude du ratio de frais de personnel sur le chiffre d’affaires apporte peu de renseignements. Pour qu’il ait une valeur significative, il doit être étudié en fonction du nombre de titulaires dans l’officine », insiste Joël Vellozi. L’analyse du ratio des frais de personnel selon la taille et le nombre de titulaires montre que plus la pharmacie progresse en CA, plus il est important. « Les officines de taille moyenne qui ont mis en place des plages horaires en continu ont des ratios de frais de personnel qui explosent ! », alerte-t-il.

Grâce à la progression notable de la marge en valeur conjuguée à une bonne maîtrise des principaux postes de charges, la performance commerciale et de gestion (PCG) – ratio permettant de mesurer la rentabilité – progresse de 3,8 % en valeur. Un score toutefois en retrait par rapport à 2010 qui avait vu la PCG grimper de 5,1 %. L’amélioration de ce ratio clé concerne près de 65 % des officines étudiées.

En outre, les officines soumises à l’impôt sur le revenu (IR) voient leur résultat moyen progresser en valeur de 5 % et celles soumises à l’impôt sur les sociétés (IS) de 6 %. Les pharmaciens exerçant à l’IS perçoivent une rémunération (couverture sociale comprise) en hausse de 3 %. Le salaire net prélevé avant impôt est en moyenne de l’ordre de 40 à 50 000 euros par titulaire.

Les trésoreries des officines restent positives

Autre point positif : les structures financières des officines sont toujours aussi saines. « La très grande majorité d’entre elles clôturent leurs comptes avec une trésorerie positive, et même avec une moyenne en légère amélioration par rapport à 2010 », signale Joël Vellozzi. Même si 15 % des officines font apparaître une trésorerie négative. Cette proportion est stable par rapport à l’année précédente. De même, les ratios moyens des éléments du besoin en fonds de roulement bougent peu depuis quelques années. « Le cycle d’exploitation des officines ne génère pas de besoins financiers. La trésorerie est égale au fonds de roulement, qui s’est amélioré en 2011 », remarque Patrick Bordas.

Pourtant, quelque 3 300 officines du réseau sont dans le rouge. Pour Joël Vellozi, il ne faut pas faire de catastrophisme car le nombre de fermetures en 2011 est stable (139 contre 140 en 2010) : « Les discours pessimistes qui sont réitérés sur l’économie de l’officine entraînent une désaffection inquiétante des jeunes pour les études de pharmacie. Le manque d’attractivité de la profession est autrement plus préoccupant, sous peine de voir la pharmacie se diriger vers des difficultés beaucoup plus sérieuses. »

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