Broyage des médicaments

Afin de permettre la prise de médicaments oraux chez les patients présentant des difficultés de déglutition, le patient ou ses proches sont amenés à couper, ouvrir ou écraser la forme galénique. Si dans de nombreux cas cette pratique est envisageable, elle peut parfois entraîner des effets délétères.

Quels sont les risques ?

Une mauvaise manipulation peut entraîner des modifications des propriétés galéniques, physicochimiques ou pharmacocinétiques du médicament. Cinq conséquences en découlent :

• Une baisse ou une perte d’efficacité. Par exemple, un risque d’inefficacité des médicaments gastrorésistants si les principes actifs sont libérés en milieu acide. Ainsi, les inhibiteurs de la pompe à protons sont gastrosensibles et deviennent inefficaces au contact du milieu acide de l’estomac si le comprimé ou la gélule n’est plus protégé par son enveloppe gastrorésistante ; et un principe actif photosensible peut perdre son efficacité s’il est broyé et exposé à la lumière. Il est alors impératif de l’administrer immédiatement après broyage (Lasilix, Athymil…).

• Une toxicité par surdosage immédiat. Tous les comprimés LP écrasés exposent à un risque d’effet indésirable majoré (surdosage puis manque de couverture thérapeutique). Par exemple, un comprimé écrasé de félodipine LP 5 mg expose à un risque accru de chute de la tension artérielle et à une remontée de la tension artérielle dans un deuxième temps.

• Une toxicité locale directe. La mise en contact de principes actifs avec les muqueuses peut entraîner des effets indésirables graves. Par exemple, des ulcérations buccales ont été notifiées lors du broyage de Tardyferon. Un risque existe également avec les biphosphonates et le potassium.

• Un démasquage du goût du médicament. Le pelliculage sert aussi à masquer l’amertume du principe actif. Mélangé à la nourriture, le comprimé écrasé peut entraîner la diminution à la fois de la prise alimentaire et du principe actif ;

• Des incompatibilités entre les médicaments écrasés simultanément.

Comment couper ou broyer un médicament ?

• Certains comprimés comportent un trait permettant de les couper en 2 parties (non égales) pour faciliter la prise, mais qui ne permet pas la prescription d’un demi-comprimé (ex. : Bilaska). Les comprimés ne peuvent être prescrits par moitié que s’ils présentent une rainure sur les deux faces (barre de sécabilité).

• Ne pas couper, écraser les comprimés ni ouvrir les gélules à l’avance (altération des principes actifs).

• Les comprimés sublinguaux, les capsules molles ou les gélules à contenu huileux ne doivent pas être écrasés.

• Privilégier les formes liquides quand elles existent. Par exemple, Zovirax comprimé peut être remplacé par Zovirax suspension buvable.