Les porphyries - Le Moniteur des Pharmacies n° 2921 du 25/02/2012 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2921 du 25/02/2012
 

Comptoir

FICHE FORMATION

Auteur(s) : Denis Richard

Contre-indication ou effet indésirable de certains médicaments, les porphyries, quand elles sont hépatiques, se traduisent par des crises aiguës (douleurs abdominales parfois compliquées d’atteinte neurologique) relevant de l’urgence médicale.

Que sont les porphyries ?

• Les porphyries sont des maladies génétiques liées à un déficit d’une des enzymes participant à la biosynthèse de l’hème, c’est-à-dire de la partie non protéique de l’hémoglobine et d’autres hémoprotéines comme les cytochromes P450.

• La maladie résulte de la toxicité des précurseurs ALA (acide delta-aminolévulinique) et PBG (porphobilinogène) et/ou des porphyrines qui s’accumulent en amont du déficit enzymatique.

• Selon le tissu dans lequel prédomine le trouble métabolique, on distingue les porphyries hépatiques et les porphyries érythropoïétiques, toutes étant des maladies rares.

• Les porphyries hépatiques regroupent 5 porphyries :

– les porphyries hépatiques aiguës (au nombre de 4, crise aiguë +/– signes cutanés),

– la porphyrie cutanée (absence de crise aiguë).

• Les porphyries hépatiques, susceptibles d’être déclenchées par des médicaments, concernent plus particulièrement le pharmacien d’officine.

Porphyrie hépatique aiguë : quels signes ?

• La porphyrie hépatique aiguë se traduit par de violentes douleurs abdominales souvent associées à des douleurs lombaires, de la constipation, des nausées et vomissements, des sueurs profuses, des troubles tensionnels, de la tachycardie et des troubles psychiatriques (dépression, anxiété, irritabilité, hallucinations, etc.).

• Des complications neurologiques graves (faiblesse musculaire, paralysie, convulsions…) et parfois fatales (paralysie respiratoire) peuvent survenir par l’utilisation de médicaments inadaptés (voir infographie) en absence de diagnostic.

• Ces crises affectent le plus souvent des femmes jeunes (80 % des cas) car le cycle menstruel est un facteur déclenchant.

• Le diagnostic est porté par le dosage des précurseurs de l’hème dans l’urine prélevée pendant une crise. Il est très évocateur au vu de la couleur « porto » de l’urine exposée à la lumière.

Quels facteurs sont déclencheurs ?

• La survenue d’une crise aiguë de porphyrie nécessite la combinaison de deux conditions :

– le déficit de l’activité de l’une des enzymes impliquées dans la synthèse de l’hème ;

– un besoin accru en hème au niveau du foie avec pour conséquence l’emballement de la première enzyme de la voie de biosynthèse de l’hème (ALA-synthase 1).

Ces deux conditions réunies expliquent l’accumulation en amont des précurseurs des porphyrines (ALA et PBG).

• Les principaux facteurs déclenchants sont les régimes amaigrissants, les infections, le stress, les chocs affectifs, les règles chez la femme, l’alcool et les médicaments.

• La crise peut être déclenchée par la prise de nombreux médicaments, notamment ceux nécessitant pour leur métabolisme une induction hépatique de cytochromes P450 (barbituriques, sulfamides, œstroprogestatifs…).

Comment éviter les conséquences d’une crise ?

• Connaître et éviter les facteurs précipitants.

• Réaliser le dépistage familial des porteurs asymptomatiques de l’anomalie génétique.

• Consulter un spécialiste au moins une fois par an.

• Après une première crise, porter la carte de soins et d’urgences et la présenter à l’occasion de tout acte médical.

• Informer l’entourage familial et professionnel des signes d’alerte de la maladie.

EN PRATIQUE

• Les crises de porphyries hépatiques aiguës sont des affections rares : 30 nouveaux cas/an sont signalés en France. 40 à 50 000 personnes sont porteuses de l’anomalie génétique, dont 5 à 10 % déclareront ou ont déclaré la maladie.

• Le pharmacien peut se référer aux sites spécialisés (www.drugs-porphyria.org), mais surtout au Centre français des porphyries (hôpital Louis-Mourier à Colombes, tél. : 01 47 60 63 34), dont le site constitue une ressource documentaire de grande qualité : www.porphyrie.net.

Sources : Puy H., Gouya L., Deybach JC. (2010), Porphyrias, Lancet 375, pp. 924-937 ; Siegesmund M., Van Tuyll van Serooskerken A.M., Poblete-Gutiérrez P., Frank J. (2010), The acute hepatic porphyrias : current status and future challenges, Best Pract. Res. Clin. Gastroentero., pp. 593-605 ; Thunell S. et al.(2007), Guide to drug porphyrogenicity prediction and drug prescription in the acute porphyries, Br. J. Pharmacol., 64 : 5, pp. 668-679.

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