6 CONSEILS PAYANTS - Le Moniteur des Pharmacies n° 2909 du 10/12/2011 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2909 du 10/12/2011
 
PRIMES DE FIN D’ANNÉE

Entreprise

Auteur(s) : Fabienne Rizos-Vignal

Les primes de treizième mois, de Noël et autres gratifications de fin d’année sont un moyen de reconnaissance, de motivation et de fidélisation de vos collaborateurs. Nos six conseils pour une gestion optimale de ce complément de rémunération.

1 Rémunérez selon les objectifs atteints

Effectuer correctement et consciencieusement son travail est la contrepartie du salaire. Son versement est automatique, fixe et à date certaine. C’est un dû qui ne permet pas à l’employeur de pousser très loin le curseur des exigences. Les primes de fin d’année sont en revanche liées à des résultats. Elles récompensent des objectifs atteints, voire dépassés. Ces objectifs peuvent être quantitatifs (augmenter les ventes des produits en libre accès…), qualitatifs (organiser la présentation des linéaires…), collectifs (mettre en place des procédures qualité…) ou individuels (former un apprenti…). « Pour rémunérer des objectifs atteints, l’employeur a intérêt à recourir aux primes variables et exceptionnelles plutôt que d’accorder des augmentations de salaires qui deviendront pérennes », préconise Olivier Delétoille, expert-comptable au cabinet Arythma.

2 Fixez vos propres conditions

Les critères de versement d’une prime peuvent être librement définis par l’employeur, comme par exemple « des résultats positifs de l’entreprise, l’augmentation du panier moyen, le développement d’un marché, les rotations de stocks ou le taux de substitution », suggère Brigitte Defoulny, directrice d’Héliotrope, société de conseil et formation dans le domaine de la santé. Toutes les conditions peuvent être posées, sous réserve que les objectifs fixés soient réalistes, raisonnables, compatibles avec le marché et avec la déontologie professionnelle. « Il est ainsi exclu qu’un titulaire récompense par un système de primes les salariés qui dépassent un certain seuil de chiffre d’affaires au comptoir. Toutes les pratiques qui incitent à la vente de médicaments, remboursables ou non, sont prohibées par le Code de la santé publique », prévient Lionel Jacqueminet, avocat spécialisé en droit pharmaceutique et contentieux de la santé.

3 Individualisez les récompenses

Si les primes collectives présentent l’avantage de mettre tous les salariés sur un pied d’égalité, les plus méritants risquent de se démobiliser puisque tout le monde perçoit le même bonus, indépendamment de son niveau d’implication. « L’individualisation des primes permet au contraire de rémunérer les résultats au cas par cas », conseille Brigitte Defoulny. Ce qui implique de mettre en place un système d’évaluation et de faire un bilan à l’occasion des entretiens annuels. Pour fonder sa décision d’accorder ou non une prime, l’employeur doit s’appuyer sur des critères professionnels objectifs et vérifiables. Les jugements de valeur discriminatoires tels que la situation de famille du salarié, ses mœurs, ses opinions personnelles, politiques ou ses activités syndicales ne doivent pas être pris en compte. Pour éviter d’être taxé de discriminations, Lionel Jacqueminet propose d’établir « une grille d’indices de satisfaction. Ainsi en cas de réclamation d’un salarié, l’employeur sera en mesure de justifier sa décision ».

4 Calculez juste

Le montant de la prime reste à la libre appréciation de l’employeur, sous réserve de respecter le principe « à travail égal, salaire égal ». A cet égard, la Cour de cassation considère que la seule différence de catégorie professionnelle ne peut pas en elle-même justifier une différence de traitement. Le seul fait d’être cadre à l’officine ne donne donc pas droit à une prime plus avantageuse que les non-cadres. En revanche, si la prime a pour objet de rémunérer une activité effective, il n’est ni illégal ni discriminatoire d’appliquer sur son montant un abattement proportionnel au temps d’absence, même s’il s’agit d’un congé de maternité, d’un arrêt maladie ou d’une absence consécutive à un accident du travail. Le bénéfice de la prime peut également être soumis à une condition de présence à l’officine au moment du versement.

5 Variez les versements

Lorsqu’un avantage d’un montant fixe est concédé chaque année à tous les salariés ou à une même catégorie de salariés, il devient un usage. Principal inconvénient, un usage a une force obligatoire et offre l’opportunité aux salariés de l’exiger chaque année. Pour que l’employeur ne s’enchaîne pas à l’obligation de verser chaque année une prime déconnectée des résultats sur objectifs, il est donc important qu’elle ne devienne pas un usage. « Pour cela, il est important de ne pas accorder chaque année le même montant et de varier la date de versement », conseille Lionel Jacqueminet.

6 Ne vous engagez pas contractuellement

Aucun article de la convention collective de la pharmacie d’officine ne prévoit de treizième mois ou de prime de Noël obligatoire. Pour conserver sa marge de manœuvre, l’employeur n’a donc aucun intérêt à s’engager contractuellement ni même verbalement. S’il le fait, la prime deviendra un élément de salaire obligatoire à payer chaque année. Mieux vaut qu’une prime constitue une gratification, exceptionnelle et ponctuelle, dont le versement reste aléatoire.

Les bons d’achat

Plutôt que des primes de fin d’année, l’employeur peut opter pour des bons d’achat. C’est ce qu’a choisi Marie-France Gaime, titulaire à Viviers-du-Lac (Savoie). « Je les joins aux fiches de paye de décembre. Toutes mes collaboratrices perçoivent la même somme car je privilégie le travail d’équipe. Je renouvelle l’opération plusieurs fois par an à l’occasion de la rentrée scolaire, ou d’événements marquants comme les mariages ou les naissances. » Principal avantage, les bons d’achat sont exonérés de cotisations et de contributions de Sécurité sociale. A condition que leur valeur ne dépasse pas pour chaque salarié 5 % du plafond mensuel de la Sécurité sociale.

TÉMOIGNAGE

« Le 13e mois que je verse est devenu un dû »

MATTHIEU HUEBER, TITULAIRE À CHAMBÉRY (SAVOIE)

« Chaque année, j’accorde à mon équipe (une adjointe et deux préparatrices) un treizième mois dont je fractionne le versement : une partie en juin avant les vacances estivales, et l’autre partie en novembre avant les achats de Noël. C’est un moyen de reconnaître leur travail et leur implication. Dans une petite structure comme mon officine, mes collaboratrices s’adaptent aux absences ou aux départs en formation, et n’hésitent pas à effectuer des dépassements d’horaires. Mais ce treizième mois, devenu une habitude, est maintenant perçu comme un complément de salaire acquis et dû. Pour relancer l’intérêt de mon équipe, j’envisage de mettre en place l’année prochaine un plan d’épargne salariale. »

Comment supprimer une prime

• Si la prime est stipulée dans le contrat de travail, l’employeur doit obtenir l’accord du salarié, car il s’agit d’une modification contractuelle.

• Si la prime provient d’un usage qui s’est instauré dans l’officine, ou d’un engagement unilatéral, l’employeur doit appliquer la procédure de dénonciation. Elle consiste à informer individuellement et par écrit chaque salarié, en respectant un délai de prévenance suffisant. Un simple communiqué affiché à l’officine n’est pas suffisant.

• Si la prime constitue une gratification exceptionnelle et ponctuelle, l’employeur peut la supprimer à tout moment, sans formalités ni préavis.

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