VOUS DÉLIVREREZ ENCORE MOINS D’ANTIBIOTIQUES - Le Moniteur des Pharmacies n° 2907 du 26/11/2011 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2907 du 26/11/2011
 

Actualités

L’ÉVÉNEMENT

Auteur(s) : Marie Lestelle

La France reste championne de la consommation d’antibiotiques et les multirésistances bactériennes se multiplient. La Journée européenne de sensibilisation au bon usage des antibiotiques, le 18 novembre, a donné le coup d’envoi du nouveau plan national d’alerte. Il vise à faire chuter la consommation de 25 % en cinq ans. Ambitieux.

Nous pesons nos mots, il s’agit bien d’un plan d’alerte car des cas de résistances bactériennes aux antibiotiques deviennent très préoccupants », a insisté le Pr Benoît Schlemmer, président du Comité national de suivi du plan pour préserver l’efficacité des antibiotiques, lors de sa présentation le 18 novembre. Derrière ce constat, se profile une menace de santé publique avec un nombre croissant de situations d’impasse thérapeutique contre certaines infections.

Ce plan national d’alerte sur les antibiotiques 2011-2016 est le troisième du genre. Le premier avait été lancé en 2001 afin de sensibiliser la population et les professionnels de santé aux résistances bactériennes (qui ne souvient pas du slogan « Les antibiotiques, c’est pas automatique » ?). Les différentes mesures ont permis de réduire la consommation de 16 % au cours de la dernière décennie, mais la consommation est repartie à la hausse depuis 2009, notamment en ville chez les jeunes adultes.

Trois axes, sept mesures, vingt et une actions

Les autorités de santé vont donc muscler leur plan d’attaque. Celui-ci s’articule désormais autour de trois axes : améliorer l’efficacité de la prise en charge des patients, préserver l’efficacité des antibiotiques existants et promouvoir la recherche. L’objectif est clair ?: réduire d’un quart la consommation d’antibiotiques au cours des cinq prochaines années afin de se rapprocher du niveau de consommation européen, 30 % inférieur à celui de la France.

Le premier axe consiste donc à améliorer l’efficacité de la prise en charge des patients. Pour cela, la Haute Autorité de santé souhaite avant tout revoir ou établir des recommandations adaptées pour chaque spécialité médicale. Elles préciseront aux prescripteurs la nature et la durée de l’antibiothérapie et de l’antibioprophylaxie ou encore les modalités d’utilisation des molécules en fonction de populations cibles, quitte à modifier les résumés des caractéristiques des produits. A ce jour, environ 30 % des prescriptions effectuées en ville restent inappropriées car destinées à traiter des infections virales, essentiellement respiratoires et ORL. En parallèle, la CNAMTS va promouvoir l’utilisation de tests rapides d’orientation diagnostique en cabinet. Elle souhaite renforcer l’usage du test de dépistage rapide pour l’angine et étudie la possibilité d’un dispositif similaire avec des bandelettes urinaires dans les cystites.

Les prescripteurs et les officinaux seront formés

Les autorités de santé mettent l’accent sur la formation des prescripteurs et des pharmaciens. « Il faut [leur] donner, avant le commencement de leur pratique, les clefs leur permettant de comprendre les enjeux individuels et collectifs de la juste utilisation des antibiotiques et les risques induits par le développement des résistances bactériennes », décrit le plan. Pour les pharmaciens, les mesures vont consister à compléter le cursus initial par un module de pharmacie clinique spécifique à l’utilisation des antibiotiques. Le développement professionnel continu ne sera pas en reste avec « l’objectif d’y inclure la juste utilisation des antibiotiques et de mettre en place des modules de formation continue adaptés ».

La sensibilisation du grand public reste par ailleurs un objectif clé. Pour cela, la CNAM a choisi un nouveau slogan : « Les antibiotiques utilisés à tort, ils deviendront moins forts ». Si, depuis une dizaine d’années, les Français acceptent mieux l’absence de prescription et respectent mieux les règles d’observance, seulement 16 % d’entre eux connaissent ce problème des résistances.

Une liste d’antibiotiques de derniers recours

Le deuxième axe du plan vise à préserver l’efficacité des antibiotiques. Pour cela, une mesure forte consiste à encadrer leur dispensation. « Depuis 10 ans, l’absence de création et de développement de nouvelles molécules est dramatique. Nous devons absolument protéger les antibiotiques dont nous disposons », justifie le Pr Dominique Maraninchi, directeur général de l’Afssaps. Il s’agit d’établir un socle national minimal d’antibiotiques à dispensation contrôlée pour les établissements de santé, qu’ils compléteront eux-mêmes en fonction du condiv local. Pour la ville, la DGS et l’Afssaps vont élaborer une liste nationale d’antibiotiques de « dernier recours » mise à jour au minimum chaque année. Enfin, le dernier axe est destiné à encourager les chercheurs et laboratoires à réinvestir ce champ pour découvrir et développer de nouvelles molécules, et favoriser le développement d’autres tests de diagnostic rapide.

L’ESSENTIEL

• Le plan 2011-2016 prévoit de réduire d’un quart la consommation antibiotique en cinq ans.

• La HAS doit établir des recommandations de traitement par spécialité médicale.

• Les tests rapides d’orientation diagnostique vont être développés.

• Un module de pharmacie clinique spécifique va être intégré aux études de pharmacie.

• Une liste nationale des antibiotiques de dernier recours, révisée chaque année, doit être établie.

Les 3 axes du plan et les 7 mesures

Axe I : renforcer l’efficacité de la prise en charge des patients

• Mesure I : améliorer les règles de prise en charge par les antibiotiques.

• Mesure II : informer et former les professionnels de santé.

• Mesure III : sensibiliser la population aux enjeux d’une bonne prise en charge.

Axe II : préserver l’efficacité des antibiotiques existants

• Mesure I : renforcer la surveillance des consommations et des résistances.

• Mesure II : réduire la pression de sélection des agents antimicrobiens et prévenir la diffusion des bactéries multirésistantes.

• Mesure III : encadrer les modalités de dispensation des antibiotiques.

Axe III : promouvoir la recherche

• définir les priorités en matière de recherche.

REPÈRES

16 % C’est la baisse de la consommation d’antibiotiques observée au cours des dix dernières années.

25 % C’est l’objectif de baisse de consommation supplémentaire au cours des cinq prochaines années.

87 % C’est la part du secteur ambulatoire dans les prescriptions d’antibiotiques (dont 71,7 % émanent des médecins généralistes).

Vous sentez-vous régulièrement en insécurité dans vos officines ?


Décryptage

NOS FORMATIONS

1Healthformation propose un catalogue de formations en e-learning sur une quinzaine de thématiques liées à la pratique officinale. Certains modules permettent de valider l'obligation de DPC.

Les médicaments à délivrance particulière

Pour délivrer en toute sécurité

Le Pack

Moniteur Expert

Vous avez des questions ?
Des experts vous répondent !