UNE RÉFORME INACHEVÉE - Le Moniteur des Pharmacies n° 2905 du 12/11/2011 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2905 du 12/11/2011
 
PREMIÈRE ANNÉE COMMUNE AUX ÉTUDES DE SANTÉ

Actualités

L’ÉVÉNEMENT

Auteur(s) : Claire Bouquigny

Mise en place l’an dernier, la première année commune aux études de santé (PACES) n’a pas tenu ses promesses de culture commune et de reconversion des étudiants en échec. Pour les présidents d’université, il faut aller plus loin.

Un ratage quasi complet ? » Le Pr Dominique Porquet, président de la Conférence des doyens de pharmacie, ne mâche pas ses mots quand il fait le bilan de la première PACES qui s’est achevée en juin 2011. « Les objectifs de la réforme étaient de créer une culture commune entre les futurs professionnels de santé, de stopper l’échec des jeunes qui ne réussissaient pas les concours et de faire entrer les études de santé dans le système européen LMD [licence-master-doctorat] », rappelle Louis Laronche, nouveau président de l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF).

La création d’une culture commune a avorté

Les deux premiers objectifs n’ont pas été tenus. Le principal défaut de la première PACES, c’est qu’elle a été « une année de sélection pure et dure », admet Dominique Porquet. C’était déjà le cas pour la première année de médecine, mais le problème s’est aggravé avec l’introduction des étudiants en pharmacie. En premier lieu, il y a eu « une addition des programmes plutôt qu’une réflexion sur un programme commun », commente le Pr Loïc Vaillant, président de l’université de Tours et de la commission santé de la Conférence des présidents d’université. Ensuite, il n’a pas été possible d’organiser des enseignements dirigés compte tenu du nombre d’étudiants inscrits. De ce fait, la création d’une culture commune n’a pas été possible.

Quant à la réorientation des étudiants en échec, certaines universités ont commencé sa mise en place, comme à la faculté de Tours. « Nous avons notamment organisé des formations débutant au second semestre, ce qui a permis également de récupérer des étudiants qui avaient raté la rentrée de septembre », commente Loïc Vaillant. « Néanmoins, il faudrait l’organiser au niveau des facultés et pas seulement au niveau des UFR de médecine et de pharmacie », souligne Dominique Porquet. En attendant, « les améliorations de la PACES stagnent », accuse l’ANEPF. Seul point positif pour l’association étudiante : le passage au système LMD. « Il a permis d’enclencher la réforme de la suite des études de pharmacie et une reconnaissance au niveau européen », concède Louis Laronche.

« Concernant le choix des filières, les étudiants en pharmacie sont les grands perdants de cette réforme, remarque Louis Laronche. La mise en concurrence des filières a entraîné une marginalisation de la pharmacie qui a accueilli moins de candidats et avec des notes plus basses. » « Cette situation a été générée par le fait que les unités d’enseignement spécifique par filières ont compliqué le système. Les étudiants ont choisi drastiquement une ou deux filières, soit médecine et odontologie. Pour la moitié des facultés, le quatrième choix était celui de pharmacie », reconnaît Loïc Vaillant. Et ce pour une raison simple : les enseignements de la pharmacie étant les plus spécifiques et les plus éloignés des autres, « les jeunes ont compris que s’ils choisissaient à la fois médecine et pharmacie, ils auraient plus d’heures de cours ».

Créer une présélection des étudiants sur dossier ?

« Sur le constat comme sur les solutions, il n’y a pas débat, souligne Dominique Porquet. Les présidents d’université sont tous porteurs du même discours : il faut mettre en place une présélection sur dossier. » « Nous savons tous, dès leur inscription, quels étudiants réussiront le concours, assure Loïc Vaillant. On peut le prédire d’après le type de bac (scientifique), la mention (la plus haute), l’âge (les plus jeunes) et le sexe (les filles)… » L’ANEPF est totalement opposée à cette présélection, comme l’explique Louis Laronche : « Il faut donner leur chance à tous, c’est le principe même de l’université. Il ne serait pas question de sélection si les amphis de PACES n’étaient pas submergés. »

Mais comment réduire le nombre d’étudiants en amphi sans réduire le nombre d’inscriptions ? D’autant que le taux d’échec ne peut varier tant que le nombre d’étudiants inscrits et le numerus clausus restent inchangés. Pour Dominique Porquet, « les étudiants qui ont réussi le concours ne devraient pas s’intéresser au processus de sélection. Il faudrait poser la question à ceux qui ont échoué ».

L’autre solution préconisée par les présidents d’université pour améliorer la PACES est « l’allégement des programmes – mais il y a un problème de résistance des enseignants – et l’augmentation des enseignements tutorés, qui sont plus faciles à organiser quand il y a moins d’étudiants ».

Créer une licence santé en trois ans ?

« Pour l’avenir, les présidents d’université proposent d’aller jusqu’au bout de la réforme et de réorganiser les études de santé en créant une licence de santé en trois ans », explique Loïc Vaillant. Médicaux et paramédicaux seraient réunis dans un tronc commun et des orientations sélectives seraient organisées au cours des études. « Une telle réforme permettrait de faire de l’orientation progressive plutôt qu’une orientation sur échec comme c’est le cas actuellement », commente Dominique Porquet. Toutefois une réforme de cette ampleur ne pourra pas se faire rapidement et elle dépend en premier lieu d’un choix politique. Faut-il demander le retrait de la pharmacie de la PACES, comme l’envisage l’ANEPF ? « Ce serait la mort de la pharmacie du fait de sa difficulté à rendre ses études appétentes !, met en garde Dominique Porquet. Si la pharmacie s’isole, elle sera seule en face d’un système qui réunira tous les autres. Cela entraînera une baisse du nombre d’étudiants et le gouvernement baissera le numerus clausus. A terme, la pharmacie pourrait devenir une sous-spécialisation de la médecine. »

3 QUESTIONS À

LOUIS LARONCHE
PRÉSIDENT DE L’ASSOCIATION NATIONALE DES ETUDIANTS EN PHARMACIE DE FRANCE

Quels dossiers vous attendent ?

Nous allons continuer à travailler sur les dossiers de la PACES, la réforme de la quatrième année dite M1 (master 1) et l’amélioration des stages pratiques.

Quel est votre principal objectif ?

Nous voulons améliorer la communication auprès des étudiants avec Facebook, Twitter et notre site www.anepf-online.com, mais aussi communiquer sur notre participation au Téléthon, à la Vampire Cup (1) et au Printemps des projets (2).

Et votre dernière nouveauté ?

Nous avons créé un guide des diplômes universitaires.? Les officinaux pourront le consulter en s’adressant à la corporation étudiante de la faculté la plus proche de chez eux.

(1) Concours national de don de sang organisé entre toutes les facultés de pharmacie.

(2) Le Forum des projets solidaires organisé par l’ANEPF, dont la première édition a eu lieu en avril 2011, réunit étudiants de pharmacie et professionnels des métiers de l’humanitaire.

Prévoyez-vous de fermer votre officine le 30 mai prochain en signe de protestation ?


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