Le millepertuis - Le Moniteur des Pharmacies n° 2900 du 08/10/2011 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2900 du 08/10/2011
 

Comptoir

INGRÉDIENT

Auteur(s) : Chantal Ollier

Qu’est-ce que c’est ?

Le millepertuis, Hypericum perforatum L., est une plante herbacée vivace commune dans l’hémisphère Nord. Sa tige de 40 à 60 cm porte des feuilles opposées, ovales, sessiles, bordées de poils glanduleux noirs. Elles sont criblées de poches à essence qui lui valent son nom d’espèce perforatum et son appellation commune de « millepertuis ». Ses fleurs jaune doré groupées en panicules s’épanouissent au solstice d’été, d’où la dénomination « herbe de la Saint-Jean ». Les sommités fleuries sont utilisées en phytothérapie.

Quelles sont ses utilisations ?

Réputé cicatrisant depuis l’antiquité, le millepertuis s’employait au Moyen-âge pour « protéger des esprits du mal ». En France, il est utilisé comme traitement à court terme des symptômes liés aux troubles dépressifs légers et des épisodes dépressifs légers à modérés de l’adulte. Selon sa concentration en actifs, il est aussi utilisé par voie orale contre l’inconfort digestif et l’épuisement nerveux. En application locale (huile, extrait hydroalcoolique, crème) il peut soulager les inflammations cutanées mineures et favoriser la cicatrisation des petites plaies.

Comment agit-il ?

Il contient des flavonoïdes, des proanthocyanes, des naphtodianthrones (dont l’hypéricine) et des dérivés du phloroglucinol (dont l’hyperforine). Ces molécules seraient à l’origine de propriétés :

• antidépressives (inhibition de la recapture de sérotonine, noradrénaline et dopamine et augmentation du nombre de récepteurs postsynaptiques 5-HT1, 5-HT2 et dopaminergiques) ;

• anxiolytiques (augmentation de l’affinité des récepteurs au GABA) et sédatives ;

• astringentes et cicatrisantes (stimulation de la synthèse de collagène et activation de fibroblastes) ;

• anti-inflammatoires, antibactériennes et antivirales, antiradicalaires, antispasmodiques.

A quelle dose est-il efficace ?

• Troubles gastro-intestinaux : infusion 2 g/150 ml d’eau, 1 à 2 fois par jour pendant 1 semaine.

• Epuisement nerveux (traitement de 2 semaines) :

– en infusion, 1,5 à 2 g/150 ml d’eau 2 à 3 fois/j (3 à 6 g de plante/j) ;

– en poudre, 900 à 1 000 mg/j en 2 à 3 prises ;

– en teinture au 1/5, éthanol 50 %, 1 à 1,5 ml par prise, 2 à 3 fois/j (3 à 4,5 ml/j).

• Episodes dépressifs légers à modérés : extrait sec (rapport drogue/extrait 3-6 : 1, solvant d’extraction éthanol 80 %), 900 mg/j en une prise. L’efficacité doit se manifester en 4 semaines.

• Troubles dépressifs mineurs : extrait sec (rapport drogue/extrait 2,5-8 : 1, solvant d’extraction éthanol 50 à 68 %), 500 à 1 200 mg/j en 2 à 3 prises durant 6 semaines. L’efficacité doit se manifester en 4 semaines.

Quels sont ses inconvénients ?

• Photosensibilisation liée à l’hypéricine : éviter l’exposition intense aux UV durant le traitement.

• Interactions médicamenteuses : l’hyperforine est un inducteur du CYP450 et de la glycoprotéine P. Toutefois le risque d’interactions n’est pas significatif pour une absorption journalière inférieure à 1 mg d’hyperforine pendant moins de 2 semaines. La concentration en hyperforine de la plante sèche varie de 0,2 à 4 %; cette teneur diffère ensuite en fonction de la forme galénique, d’où l’importance de ne faire appel qu’à des produits contrôlés indiquant clairement ces teneurs.

• Risque d’effet sérotoninergique en association aux antidépresseurs inhibant la recapture de la sérotonine.

• Utilisation non recommandée en cas de grossesse, d’allaitement, chez l’enfant et l’adolescent de moins de 18 ans faute de données suffisantes.

Quels sont ses avantages ?

• Aux concentrations adéquates, son efficacité semblerait comparable à celle des antidépresseurs de synthèse dans les épisodes dépressifs légers à modérés, avec beaucoup moins d’effets indésirables.

• Pas d’interaction avec l’alcool.

CE QUE DIT LA LÉGISLATION

• Le DGCCRF précise qu’en alimentation humaine, le millepertuis peut être utilisé comme source d’arôme sous réserve que la teneur maximale en hypéricine soit inférieure à 0,01 mg/kg dans les denrées et les boissons.

• Au-delà de cette concentration, tout produit destiné à être ingéré contenant du millepertuis ou un de ses extraits est un médicament et doit faire l’objet d’une autorisation de mise sur le marché.

Sources : « Community herbal monograph on Hypericum perforatum L., herba (well-established use) (traditional use) », EMEA ; « Assessment report on Hypericum perforatum L. herba », nov. 2009, www.emea.europa.eu ; « Nos grand-mères savaient », J. Palaiseul, Ed. R. Laffont.

Vous sentez-vous régulièrement en insécurité dans vos officines ?


Décryptage

NOS FORMATIONS

1Healthformation propose un catalogue de formations en e-learning sur une quinzaine de thématiques liées à la pratique officinale. Certains modules permettent de valider l'obligation de DPC.

Les médicaments à délivrance particulière

Pour délivrer en toute sécurité

Le Pack

Moniteur Expert

Vous avez des questions ?
Des experts vous répondent !