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FICHE FORMATION
Auteur(s) : Céline Longeard
• L’érysipèle est une infection bactérienne cutanée aiguë, d’installation rapide et non contagieuse, non nécrosante. Il est dû à un streptocoque bêtahémolytique du groupe A (Streptococcus pyogenes), G, B ou C.
• On dénombre 10 à 100 cas pour 100 000 habitants, surtout les sujets âgés de plus de 60 ans.
• L’érysipèle est une maladie particulière par son caractère toxi-infectieux et sa faible charge bactérienne dans les lésions. Il est potentiellement grave s’il n’est pas traité : décompensation d’une pathologie comme un diabète, complications cutanées, localisations septiques secondaires, rechutes.
L’érysipèle se manifeste par des signes généraux (fièvre élevée, frissons, malaise) et des signes locaux : on observe un placard cutané inflammatoire isolé chaud, érythémateux, douloureux, œdémateux et qui s’étend de manière centrifuge. Il touche dans plus de 85 % des cas un membre inférieur (on parle de « grosse jambe rouge aiguë ») mais peut aussi atteindre le visage. Lors d’un érysipèle typique, l’examen clinique suffit au diagnostic.
Il importe d’éliminer une dermohypodermite nécrosante, qui nécessite un traitement chirurgical, et une fasciite nécrosante (infection polymicrobienne avec nécrose de l’aponévrose superficielle), qui est une urgence chirurgicale. L’érysipèle peut aussi être confondu avec une thrombose veineuse, une autre dermohypodermite aiguë (bactérienne non streptococcique, sur cicatrice d’intervention), ou une dermite de stase.
• En pratique, le traitement repose sur les bêtalactamines, principalement l’amoxicilline injectable qui permet un relais oral rapide.
Un érysipèle typique sans signe de gravité pourra être traité per os à domicile avec de l’amoxicilline (3 à 4,5 g par jour pendant 15 jours).
• En cas d’allergie aux bêtalactamines, on a recours à la pristinamycine (Pyostacine) ou à la clindamycine (Dalacine).
• L’antipyrétique de référence est le paracétamol. Les AINS, en usage systémique ou local, sont contre-indiqués dans l’érysipèle (potentiel risque de survenue de fasciite nécrosante). Ils seront cependant conservés si nécessaire chez un malade déjà traité au long cours.
• Il n’y a pas lieu d’appliquer localement un antiseptique. En cas de présence d’une porte d’entrée (voir encadré), celle-ci devra être traitée (antimycosique, soins d’ulcère…). Une toilette classique (douche, bain) est possible.
• Lorsque l’érysipèle a récidivé plusieurs fois, une antibiothérapie préventive peut être proposée : benzathine pénicilline (Extencilline) ou macrolide en cas d’allergie aux bêtalactamines.
• En général, grâce au traitement, le patient peut espérer une disparition de sa fièvre au bout de 72 heures et une amélioration de l’œdème et de l’érythème au septième jour.
• L’évolution est favorable au bout de 8-10 jours dans 80 % des cas. Sans antibiotique, la mortalité serait de 15 à 40 %.
• En cas de persistance ou de récidive des facteurs de risque, l’érysipèle peut lui aussi récidiver (20 % des cas).
• Facteurs de risque : existence d’une porte d’entrée pour le 3/4 des cas (ulcère de jambe, intertrigo interorteils, piqûre d’insecte, plaie traumatique), lymphœdème, insuffisance veineuse chronique et obésité.
• Facteurs de gravité : terrain (âge élevé, diabète, alcoolisme, surpoids, maladies cardiovasculaires) et sévérité du tableau clinique.
Sources : « Erysipèle et fasciite nécrosante », SPILF et SFD, conférence de consensus, janvier 2000 ; « Grosse jambe rouge aiguë », La Revue du praticien, 20 janvier 2010, vol. 60, pp. 107-112 ; « Reconnaître et prendre en charge l’érysipèle de jambe », Prescrire, septembre 2007, tome 27, n° 287, pp. 687-691.
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