Ventes en accordéon

Avec une chute de 9,2 % de son chiffre d’affaires, le marché de l’homéopathie connaît un revers historique. « C’est une situation atypique puisque nous comparons avec l’année 2009, où les ventes ont été dopées par la grippe H1N1. Les patients avaient, en effet, anticipé sur la sortie du vaccin en s’approvisionnant en médicaments homéopathiques », nuance Marc Bouchu, responsable marketing des laboratoires Boiron.

De fait, la classe thérapeutique qui avait le plus profité de l’épidémie de grippe en 2009 – les voies respiratoires – est aujourd’hui en retrait de 15,9 %, en unités et de 20,4 % en valeur. Ainsi, les laboratoires Lehning enregistrent une chute exceptionnelle de 17 % de son produit phare, le L52. Avec un volume de 67,62 millions d’euros, les voies respiratoires n’en restent pas moins la classe la plus importante du marché homéopathique, dont elles représentent 44 %.

En dépit de ce condiv morose, le marché de l’homéopathie ne se porte pas si mal. Il présente, en effet, quelques belles percées dans certaines classes comme les antalgiques (plus 10 % de progression). Camilia (Boiron), qui soulage les douleurs liées aux poussées dentaires des bébés, est le numéro un des ventes. De même, les troubles de la circulation affichent une belle envolée de 12,2 %, captant 10,5 % du marché.

Une meilleure notoriété auprès du grand public

Comment expliquer ce regain d’intérêt pour les produits homéopathiques ? « Il existe une vraie prise de conscience et, depuis quelques mois, les patients posent davantage de questions au comptoir sur les produits d’automédication », constate Stéphane Lehning, PDG des laboratoires du même nom, décrivant un retour aux sources du médicament conseil. En outre, la notoriété des produits homéopathiques au sein du grand public ne cesse d’augmenter. D’après une étude réalisée par TNS pour les laboratoires Lehning en janvier dernier, 73 % des personnes interrogées déclarent avoir recours à l’homéopathie. Et, pour 76 % d’entre elles, elle n’a aucun effet indésirable. La moitié des personnes interrogées estiment le conseil du pharmacien, sur ce marché, essentiel. En outre, une nouvelle tendance se dessine : les frontières tendent à disparaître et les patients n’hésitent pas à associer allopathie et homéopathie, parfois remboursée par les mutuelles, notamment en cancérologie.