Haut perchée

Même si l’époque des croissances à deux chiffres est révolue, les ventes officinales d’articles de contention veineuse affichent, en 2010, une progression honorable de 6,6 %, enregistrant 8,405 millions d’unités. En valeur, l’envolée est également sensible, avec une hausse de 5,5 % du chiffre d’affaires, à 317,45 M€. Ce rythme est plus élevé que celui de l’an passé : en 2009, le marché de la contention avait enregistré une croissance de 4,1 % en volume et de 3,3 % en valeur.

Le dynamisme du secteur tient avant tout à l’efficacité des bas médicaux. Le recrutement de plus en plus tôt des patients souffrant d’insuffisance veineuse et le déremboursement des veinotoniques contribuent à la bonne tenue du marché, qui se montre reconnaissant des efforts constants de recherche et d’innovation consentis par les fabricants. Avec le temps, les marques ont réussi à donner aussi une dimension de plaisir au traitement de la maladie veineuse par compression. Elles ont montré au client que la contention s’est adaptée à la mode et qu’elle est capable d’esthétisme.

Une croissance homogène pour tous les segments

Le premier marché de la contention, les bas jarrets et les chaussettes, représentent une part de marché de 53,5 % (et 44,7 % en valeur). Mais, contrairement à l’an dernier, ce n’est pas ce segment qui tire la croissance. Sans décliner, les bas jarrets et les chaussettes évoluent en phase avec le marché global de la contention, avec une croissance de 6,7 % (à 4,49 millions d’unités) et de 5,3 % de chiffre d’affaires (à 141,9 M€). Facile d’utilisation et pratique, la chaussette est le produit de compression veineuse qui correspond le mieux au schéma de vie actuel.

Les bas-cuisses – qui représentent 35,4 % de parts de marché en volume et 40,5 % en valeur – ont vu, elles, leurs ventes augmenter de 7 %, à 2,97 millions d’unités. Le chiffre d’affaires croît, lui, de 5,6 % (128,5 M€).

Quant aux trois autres segments, dont les parts de marché sont plus modestes, les progressions en volume sont homogènes et regroupées autour de la moyenne. Il n’y a donc plus de ventre mou au sein de ce marché. Ainsi, les collants – 9,8 % de parts de marché en volume et 13,4 % en valeur – progressent de 4,8 % en volume, affichant 820 milliers d’unités vendues (pour un chiffre d’affaires en hausse de 6 % à 42,5 M€). Les bas et collants antithrombotiques – 1,3 % de parts de marché en volume et en valeur – croissent de 5,3 % en volume (à 110 milliers d’unités) pour un chiffre d’affaires de 4 M€ (+ 1,3 %). Enfin, les collants de maternité augmentent de 5 % en volume à 8000 unités (pour un chiffre d’affaires de 408 k€, + 3 %).

Pour les grands acteurs du marché, l’innovation a toujours été le moteur de la croissance. L’année 2010 ne déroge pas à la règle et la concurrence entre fabricants reste intense, en haut comme en bas du classement.

Les nouveaux acteurs captent 10 % du marché

L’an dernier, force est de constater que beaucoup de nouveautés sont arrivées sur le marché, contribuant à améliorer l’intention d’achat et l’observance. Les équipes officinales ont pu conseiller une nouvelle génération de bas résilles (Intrigue), un bas pour jarret restant en place toute une journée (JarFix de Radiante), des bas particulièrement fins dotés de la nouvelle technologie brevetée 3UP System (Innothéra), des chaussettes aux propriétés thermorégulatrices (Optimum by Venactif de Gibaud)…

En plus, l’arrivée de nouveaux acteurs, comme Pierre Fabre avec Veinostim, Negma avec Veinamitex ou encore l’allemand Medi avec Mediven, participent à la croissance du marché et gagnent des parts de marché en volume. En 2010, ils captent 10 % du marché. Cette tradition d’innovation devrait se perpétuer car le secteur dispose encore d’un fort potentiel. « Il se vend annuellement 8 millions d’articles de contention, alors que 22 millions de personnes en France souffrent d’insuffisance veineuse », souligne Clémence Le Levreur, chef de produit chez Thuasne. Néanmoins, les français sont davantage soucieux de leurs problèmes veineux. D’autant que la compression a perdu son image de « dispositif médical » et que la séduction d’une jambe fait partie du concept thérapeutique. « Les jambes ne se cachent plus de porter une compression », ajoute-t-elle. Les acteurs majeurs de la contention ont montré un dynamisme certain, refusant pour le moment de se reposer sur leurs lauriers. Thuasne, le numéro trois du marché de la contention, gagne 0,4 point de parts de marché en unités (11,6 %) grâce à une progression de ses ventes de 10 %. Pour Clémence Le Levreur, le bon cru 2010 de Thuasne récompense les efforts du laboratoire à rendre l’offre Venoflex lisible. « Notre gamme est devenue plus simple à comprendre et, donc, facile à délivrer par les équipes officinales, explique-t-elle. A la fin de l’année 2010, nous avons arrêté trois gammes, Douceur, Transparent et Vénocoton, de manière à éviter les doublons. Nous avons construit une offre composée de deux gammes en entrée de prix, Secret et Elégance, et de produits haut de gamme, City pour homme, Incognito, Kokoon, et les deux gammes Simply pour femme. »

Des contentions plus féminine

Par ailleurs, Thuasne déploie des efforts pour rendre ses produits de contention plus fantaisistes. Sa gamme Venoflex Kokoon comprend des motifs « milleraie » et « losange » qui se déclinent en plusieurs coloris. Le laboratoire s’oriente aussi vers le coton pour proposer des produits encore plus doux et agréables à porter. Sans oublier les chaussettes qui représentent le cœur du marché avec 55 % de parts de marché. Ce fabricant concentre aussi son attention sur les collants médicaux. « Ils sont davantage adoptés que les bas cuisses par les femmes jeunes, ils sont confortables et adaptables à tous les types vestimentaires », précise-t-elle.

Numéro quatre du marché, Radiante voit également ses parts de marché progresser à 9,8 %. Le leader Sigvaris (96 M€ de CA), qui affiche un taux de croissance identique au marché, perd malgré tout 1,6 point de parts de marché, même s’il reste largement en tête (41,8 %) et revendique l’offre la plus large du marché. « Nous avons abandonné notre approche par produit au profit d’une présentation plus globale de notre offre, qui s’adapte mieux aux envies des femmes », indique Audrey Berthéas, responsable de la communication de Sigvaris. Une nouvelle approche conçue pour permettre aux femmes d’accorder leur traitement aussi bien à leurs tenues qu’à leur personnalité.

A côté d’une offre rendue plus explicite et accessible pour le patient, Sigvaris met l’accent sur les conditions de délivrance et la valorisation de ses produits de compression médicale par les pharmaciens et les orthopédistes. « Nous avons mis en place des critères spécifiques de dispensation rassemblés dans une grille d’habilitation », explique Audrey Berthéas.