L’urée - Le Moniteur des Pharmacies n° 2874 du 19/03/2011 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2874 du 19/03/2011
 

Comptoir

FICHE INGRÉDIENT

Auteur(s) : Michèle Sauvage

Qu’est-ce que c’est ?

• L’urée est un composé organique présenté sous forme de cristaux prismatiques transparents blancs. Elle est très soluble dans l’eau et soluble dans l’alcool. Elle se conserve à l’abri de la lumière.

• Sa dénomination INCI : urea.

• La synthèse de l’urée en 1828 par Friedrich Wöhler marque le début de la chimie organique : pour la première fois un composé organique est synthétisé en dehors d’un organisme vivant.

• Elle est principalement employée en tant que fertilisant. Elle est aussi utilisée dans l’industrie du bois, les produits pour textile, l’alimentation des ruminants ou les produits cosmétiques et pharmaceutiques.

Où en trouve-t-on à l’état naturel ?

• L’urée naturelle fut découverte en 1773 par Hilaire Rouelle, extraite des urines sous le nom de « principe savonneux des urines ». Elle est le produit de dégradation des groupements aminés des protéines au cours du cycle de l’urée. C’est une molécule capitale dans l’élimination de l’ammoniac chez l’homme et les mammifères en général. Synthétisée au niveau du foie, elle est transportée dans le système circulatoire jusqu’aux reins où elle est éliminée dans les urines. Une partie de l’urée est retenue dans l’organisme où elle intervient dans la régulation de l’osmolarité, donc dans la réabsorption de l’eau. On la retrouve ainsi dans tous les liquides et les tissus du corps humain.

• Elle se situe en particulier au niveau de la peau comme composant à 7 % du facteur d’hydratation naturelle (NMF) présent dans les cellules du stratum corneum. L’ensemble des composants du NMF ont pour rôle d’attirer et de retenir dans les cornéocytes l’eau provenant des couches profondes de l’épiderme.

Quelles sont ses propriétés ?

• L’urée est utilisée comme humectant pour sa faculté à retenir et conserver l’eau. Elle participe ainsi à l’hydratation de la peau.

• Elle stimule le renouvellement cellulaire.

• A partir d’une certaine concentration, elle a des propriétés kératolytiques. Elle facilite l’élimination des squames.

• C’est aussi un agent antistatique car elle réduit l’activité statique en neutralisant la charge électrique présente sur une surface donnée.

Quel est son mode d’action ?

• De faible poids moléculaire, l’urée pénètre facilement dans les cellules de la couche cornée. Grâce à son fort pouvoir osmotique, elle y attire les molécules d’eau et les fixe aux chaînes protéiques par liaison chimique.

• Son activité kératolytique s’exerce à partir d’une concentration supérieure à 10 %, par rupture des ponts hydrogène liant entre elles les fibres de kératine. Elle augmente ainsi la perméabilité cutanée.

Quelles sont les concentrations usuelles en dermocosmétique ?

Selon l’effet recherché, l’urée est formulée habituellement dans des concentrations de 3 à 30 % voire 50 %.

Quels sont ses atouts ?

• Sa bonne tolérance.

• Son potentiel toxique très faible par son caractère endogène.

Quels sont ses inconvénients ?

Aucun effet secondaire à long terme ni allergie n’ont été signalés. Une sensation de picotement peut apparaître lorsque la concentration en urée n’est pas appropriée ou sur une peau lésée ou fissurée, par exemple en cas d’eczéma atopique.

En formulation, l’urée en solution aqueuse est hydrolysée rapidement (risque de changement de pH, de coloration, de rupture de l’émulsion) et nécessite donc d’être stabilisée.

L’URÉE EN DERMOCOSMÉTIQUE

– Les produits contenant 3 à 10 % d’urée sont utilisés pour leur effet hydratant sur la peau pour le visage, les mains ou le corps.

– Des formules à 10 % sont indiquées dans le traitement des croûtes de lait du nourrisson.

– L’effet kératolytique des préparations de 20 à 40 % en urée permet de traiter les peaux sèches et squameuses. On trouve aussi à cette concentration des baumes ou shampooings pour état squameux du cuir chevelu.

– Les formulations à 50 % sont réservées aux zones épaissies par des durillons et des callosités. Elles sont aussi utilisées sur les ongles pour les lisser ou pour diminuer leur épaisseur avant la pose d’un traitement antifongique.

Sources : Produits dermocosmétiques, mode d’emploi – C. Lafforgue, J. Thiroux, 2008 ; Synthèse de l’urée, Encyclopædia Universalis ; www.ecd.univ-angers.fr ; www.nouvelles-esthetiques.com/dossier/news/Hydratation ; Les molécules de la beauté, de l’hygiène et de la protection – Pierre Le Perchec – CNRS, édition Nathan ; www.em-consulte.com : « NMF et cosmétologie de l’hydratation cutanée », JP Marty ; Laboratoire SVR ; www.lysaskin.com/dermato.jsp ; Actifs et additifs en cosmétologie, 2e édition, éditions Tec et Doc, éditions EM inter.

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