COPIE À REVOIR - Le Moniteur des Pharmacies n° 2874 du 19/03/2011 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2874 du 19/03/2011
 
PREMIÈRE ANNÉE COMMUNE DES ÉTUDES DE SANTÉ

Actualité

Auteur(s) : Claire Bouquigny

Cours surchargés, épreuves pénalisantes, réorientations inexistantes, le bilan à mi-course de la première année commune des études de santé (PACES) est plus que mitigé. Les universités vont devoir revoir leur copie.

La première année commune des études de santé (PACES), lancée à la rentrée 2010-2011, est « une année de rodage », reconnaît le Pr Dominique Porquet, doyen de la faculté de pharmacie de Châtenay-Malabry et président de la conférence des doyens des facultés de pharmacie. Six mois après le début des enseignements, « nous avons pris conscience que les contenus pédagogiques étaient trop lourds et le système d’évaluation inadapté ». Les étudiants en font les frais, comme le souligne Florentin Normand, président de l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF), qui déplore que « la mise en place de la PACES s’apparente à un test de réforme à grande échelle ».

Un système d’évaluation sans nuance

Premier problème, « le programme de cette année commune est terrifiant, assure le Pr Porquet. On a voulu mettre plus de choses dans le même nombre d’heures de cours ». Les cours étaient particulièrement denses dans « certaines universités, où les enseignants de médecine n’ont pas voulu renoncer au volume horaire de leur discipline, ce qui a entraîné un cumul des heures de cours des premières années de médecine et de pharmacie passées », relève Florentin Normand. Pas de problèmes en revanche avec les cours en visioconférence. Toutefois, le Pr Laurence Vian, doyen de la faculté de pharmacie de Montpellier, s’interroge sur l’adéquation de ce type de pédagogie à des jeunes de niveau bac au regard de « l’absentéisme majeur » des étudiants qui avaient accès aux cours via le circuit Intranet de l’université.

Deuxième problème, le système d’évaluation s’est avéré très pénalisant. Pratiquement toutes les unités d’enseignement sont validées par des épreuves sous forme de QCM (questions à choix multiples). Ce système a l’avantage d’être rapide, la correction étant automatisée, mais il possède un inconvénient majeur : toute non-réponse ou la moindre erreur entraîne la note zéro. « De ce fait, la moyenne générale des étudiants qui se situait les années précédentes aux alentours de 10 avec une barre à 12 pour les étudiants reçus, est descendue de 2 ou 3 points. La moyenne se situe cette année à 7-8 avec une barre à 10 », commente le Pr Porquet. Et pourtant, « les étudiants ne sont pas plus mauvais que les années précédentes », assure-t-il. En attendant, il va falloir faire avec car le système d’évaluation des connaissances ne peut être changé en cours d’année à moins de risquer une annulation des épreuves.

Des réorientations quasi inexistantes

Conséquences de cette situation : il y aura très peu de « reçus-collés ». Les étudiants n’ayant pas obtenu la moyenne ne pourront pas valider des ECTS (European credit transfer system, unités de valeur européennes). Et leur réorientation vers d’autres filières va être plus difficile à négocier, car « comment expliquer à mon collègue de la faculté de biologie que cet étudiant recalé avec 8 de moyenne est plutôt bon ? », commente le Pr Porquet. Pour l’heure, les réorientations n’ayant pas encore été mises en place dans la plupart des universités – elles ne seront obligatoires que l’an prochain –, certaines facultés ont autorisé les étudiants les plus faibles à continuer de suivre les cours, alors que d’autres les ont déjà exclus. Pour Florentin Normand, « les objectifs de la réforme ne sont pas atteints. L’ANEPF attend que des mesures fortes soient rapidement prises et que les engagements pris en matière de pédagogie et de réorientation pour éviter le gâchis humain soient respectés ».

Et la gagnante est médecine

En fin de premier semestre, les étudiants ont choisi les filières dans lesquelles ils voulaient concourir. « Nous pensions que 70 à 80 % d’entre eux choisiraient les quatre filières : médecine, pharmacie, odontologie et maïeutique. Mais cela signifie qu’ils devaient, au programme comprenant déjà 500 heures de cours, ajouter 50 heures de cours supplémentaires par filière. Cela a eu un effet dissuasif terrible et moins de 5 % des étudiants ont pris cette option », rapporte le Pr Porquet. Le choix unique a donc été majoritaire et il a bénéficié à la filière médecine. Pour le Pr Laurence Vian, cette situation tient surtout au fait que « les lycéens sont mal informés. D’ailleurs, à Montpellier, la presse régionale parlait du “concours de médecine” ». Les chiffres, eux, sont difficiles à interpréter car il faut cumuler toutes les inscriptions pour connaître le nombre d’étudiants inscrits par filière et il est impossible de préjuger des résultats finaux. Une première analyse des choix fournis par 10 universités montre que « 15 % des étudiants ont choisi la filière pharmacie seule, 6 % ont fait 2 choix dont pharmacie, 4,5 % ont fait 3 choix dont pharmacie et seulement 3 % des étudiants ont choisi les 4 filières. Au total, 28,5 % des étudiants ont choisi l’option pharmacie seule ou avec d’autres filières », remarque le Pr Porquet qui souligne que « l’on ne peut pas analyser, on peut juste constater ».

Dans l’attente des résultats finaux, les universités réfléchissent aux améliorations à apporter pour l’an prochain « en termes de contenu pédagogique, d’examen, de mutualisation des filières et d’informations sur les filières métiers », conclut Dominique Porquet.

L’ESSENTIEL

• Le programme de la première année commune des études de santé (PACES) est très chargé : certaines universités ou certains enseignants ont conservé le même contenu de cours avec un volume d’heures réduit.

• Les évaluations par QCM s’avèrent très pénalisantes et la moyenne des notes a baissé.

• Les réorientations sont loin d’être mises en œuvre dans les facultés.

• Moins de 5 % des étudiants ont choisi les 4 filières : médecine, pharmacie, odontologie et maïeutique.

Informer dès le lycée

« Nous avons envoyé des milliers de brochures de la campagne “Pharma c’est pour moi” aux facultés et aux confrères qui interviennent dans les lycées et les collèges pour parler de leur métier. Quant au film, il a été visionné 22 000 fois sur Youtube », rapporte Jérôme Parésys-Barbier, président de la section D de l’Ordre des pharmaciens, qui en était le maître d’œuvre. Cependant, la campagne n’a pas tout à fait trouvé son public, car « les jeunes qui se sont inscrits en PACES savaient déjà ce qu’ils souhaitaient faire », souligne Jérôme Parésys-Barbier. Et de conclure : « La campagne a plu, d’ailleurs nous avons été contactés par l’ONISEP, mais elle doit être mise en place plus tôt. Nous allons la présenter dans les salons étudiants et auprès des lycéens, des collégiens et de leurs parents, car beaucoup d’entre eux ont des idées toutes faites sur les métiers ».

C. B.

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