LES PATIENTS SE PRENNENT EN MAIN - Le Moniteur des Pharmacies n° 2869 du 19/02/2011 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2869 du 19/02/2011
 
ONNAING (NORD)

Reportage

Auteur(s) : Isabelle Latour

François-Xavier Hanon propose aux clients de son officine de modifier leurs comportements à risque. Entretiens, dépistages et accompagnements font partie du programme de prévention qu’il a développé. Thèmes retenus pour cette initiative : la glycémie, le cholestérol, l’hypertension, le surpoids, le tabagisme et le mal de dos.

Tout a commencé en décembre 2009 pour François-Xavier Hanon, quelques mois après l’adoption de la loi HPST. « J’ai saisi cette opportunité pour développer, avec mon équipe, un programme de prévention à partir de données et d’outils (questionnaires, scores) destinés au public et validés par des institutions de santé(1) », explique François-Xavier Hanon. Ce pharmacien a par ailleurs fait appel à une société spécialisée dans les programmes de prévention(2) pour le conseiller et le former, lui et sa préparatrice, au recrutement des clients et à la réalisation des entretiens.

Trente et un patients recrutés en dix mois

« La phase opérationnelle a démarré en mars 2010. Nous avons inclus dans notre programme les personnes qui avaient le plus besoin d’outils de prévention et qui étaient prêtes à s’impliquer dans la démarche, à se prendre en charge », indique François-Xavier Hanon. En dix mois, 31 patients ont été recrutés : ceux qui présentaient des anomalies (glycémie, cholestérol, tension au-delà de la normale) ou chez qui des facteurs de risque (antécédents familiaux ou personnels de maladies cardiovasculaires) avaient été dépistés au cours d’un premier entretien. « Nous proposons à la personne à risque la réalisation d’un bilan basé sur la prise de tension, la détermination de glycémie ou de cholestérol capillaire, ou encore l’évaluation de l’IMC. » Le patient décide ensuite sur quels aspects il souhaite travailler pour modifier son comportement, en ciblant des items en cohérence avec la pathologie à prévenir (alimentation, exercice physique, aspect psychologique, par exemple, comment passer le cap de l’envie de fumer). « Nous l’aidons à trouver des solutions concrètes, en tenant compte du condiv professionnel et familial », commente le titulaire. Une charte d’engagement est ensuite signée. Dernière phase du programme : le bilan à deux mois. Après avoir pris rendez-vous, le patient revient faire un point. « L’objectif est de voir si les solutions trouvées ensemble ont été efficaces, si elles lui conviennent, si elles sont en phase avec ses habitudes de vie. »

Des résultats concrets et positifs

A ce jour, 45 entretiens ont été réalisés (une personne sur deux est allée jusqu’à l’entretien final), 70 % des patients ont appliqué au moins un conseil et 60 % ont obtenu des résultats (perte de poids, baisse du cholestérol, etc.). « Celui qui a obtenu des avancées sur la glycémie peut ensuite s’attaquer à un autre aspect de la prévention comme le cholestérol ou la tension », signale François-Xavier Hanon, qui ne souhaite surtout pas écarter de son programme le médecin traitant. Une lettre de suivi informe en effet ce dernier de la démarche entreprise et le tient au courant des progrès du patient. Quels sont les thèmes qui fonctionnent le mieux du point de vue des résultats ou de la facilité de réalisation ? « Le surpoids et le cholestérol. Le tabac suscite le plus d’intérêt mais il est le plus difficile à mettre en œuvre car il nécessite quatre entretiens. »

François-Xavier Hanon pense-t-il développer ses services, pour le moment limités à un nombre restreint de patients ? « Pas pour l’instant car nous n’avons pas obtenu de financement par l’agence régionale de santé auprès de qui nous avions déposé un dossier. Cependant, cette agence, via les réseaux et l’éducation thérapeutique, offrira bientôt des opportunités de faire de la prévention, même si son cahier des charges diffère sensiblement de l’action menée ici. » Le programme continue cependant d’évoluer. L’initiative du pharmacien bénéficie aussi d’échanges de pratiques au sein d’un réseau transfrontalier qui réunit des professionnels en santé publique des zones frontalières du Nord et de la Belgique. « Les comités régionaux d’éducation pour la santé ayant réalisé de nombreuses études locales sur la santé et la manière de la promouvoir, ils offrent un appui méthodologique précieux. » Face à l’accueil très favorable fait à la démarche et au vu des résultats obtenus, le souhait de François-Xavier Hanon serait d’arriver à pérenniser son programme, voire d’élargir l’initiative, pour le plus grand bénéfice des patients.

(1) Haut Conseil de la santé publique et Institut national de prévention et d’éducation pour la santé.

(2) Preventime.

François-Xavier Hanon en 3 dates

2000 : diplôme d’Etat de docteur en pharmacie et diplôme d’études approfondies : épidémiologie et intervention en santé publique.

2002-2004 : en poste à l’OMS, au bureau régional pour l’Europe de Copenhague.

2006 : première installation à Onnaing dans la Pharmacie Pura Vida.

Si vous avez envie d’essayer

Les avantages

• Les patients prennent conscience des risques liés à leurs comportements et s’approprient des solutions pratiques pour modifier leurs habitudes.

• Ils sont reconnaissants de cette initiative qui va dans le sens d’une amélioration de leur état de santé.

• Ils voient qu’il existe une réelle compétence derrière la délivrance de médicaments ; l’équipe est valorisée, ils développent une plus grande confiance en leur pharmacien.

• Les médecins apprécient ce partage des tâches car ils ne peuvent consacrer qu’un temps limité à la prévention.

• Ce type d’action crée une valeur ajoutée pour le patient, pour le système de santé et vis-à-vis des autres professionnels. Cela donne une dimension forte de santé publique au métier.

Les difficultés

• Le temps passé lors des entretiens (un entretien dure de 20 à 30 minutes) et lors de leur préparation.

• La gestion du personnel (celui ou celle qui fait passer les entretiens doit être remplacé au comptoir).

• Le financement ou les subventions éventuellement accordés impliquent un cadre de travail souvent incompatible avec l’exercice en officine.

• Trouver sa place pour obtenir un financement de l’ARS face aux programmes à grande échelle des réseaux ou des caisses primaires n’est pas chose facile.

• La difficulté à monter un dossier de demande de financement.

Son conseil

• Se lancer – à petite échelle d’abord – sur un aspect spécifique pour mieux cibler ses besoins de formation et d’organisation, puis s’appuyer sur des partenaires dont c’est le métier. Enfin, impliquer toute l’équipe.

LE PLUS ET LE MOINS DE SON MÉTIER

• « La polyvalence et la possibilité d’entreprendre avec une équipe pour réinventer le métier. »

• « Le manque de visibilité dans la gestion de la pharmacie, avec les baisses de prix ou les changements de réglementation qui empêchent de s’investir sur le long terme. »

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