Mediator Le feu illeton continue - Le Moniteur des Pharmacies n° 2864 du 15/01/2011 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2864 du 15/01/2011
 

Actualité

L’événement

Auteur(s) : Magali Clausener

Chaque jour apporte son lot de révélations sur ce qu’il faut bien appeler l’« affaire Mediator ». Si vous avez raté les épisodes précédents, le point sur les différents protagonistes et les derniers rebondissements avant la remise du rapport de l’IGAS le 15 janvier.

Jean Marimbert, directeur général de l’Afssaps, l’accusé et le bouc émissaire

Mercredi 12 janvier, Jean Marimbert, directeur général de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, annonce dans Libération qu’il va « bientôt quitter cet établissement public dans le condiv d’une crise sans précédent ». Il est vrai que les médias s’interrogent sur les raisons qui l’ont conduite à ne pas retirer du marché dès 1998 le médicament des laboratoires Servier. Le Figaro a révélé plusieurs documents et études qui montrent que nombre de médecins s’interrogeaient sur les risques de Mediator et que l’Afssaps était au courant. Le 17 décembre 2010, le quotidien cite une lettre de trois médecins de l’Assurance maladie adressée le 21 septembre 1998 à Jean-René Brunetière, alors directeur général de l’Agence du médicament, sur l’opportunité de « procéder à une réévaluation de l’utilité de Mediator dans la stratégie thérapeutique de la maladie diabétique et dans celle des hyperlipidémies ».

Le Figaro souligne aussi que de nombreux procès-verbaux de l’Afssaps traitent de Mediator entre 1997 et 2009, et montrent que des compléments d’information et des enquêtes sont régulièrement demandés… sans résultat concret. Et ce alors que Mediator a été retiré du marché en Espagne en 2003 et en Italie en 2004. Année où Jean Marimbert prenait ses fonctions à l’Afssaps.

Jacques Servier, l’industriel au cœur de la tourmente

Dans son édition du 6 janvier, Libération cite les propos de Jacques Servier, président fondateur des laboratoires Servier, lors de ses vœux au personnel le 4 janvier : « 500 est un très beau chiffre marketing, mais il ne s’agit que de 3 morts. Les autres avaient déjà des valvulopathies. » Des propos qui suscitent l’indignation de Xavier Bertrand, ministre du Travail, de l’Emploi et de la Santé. Le groupe a cependant envoyé en décembre un courrier à des dizaines de milliers de cardiologues, diabétologues, endocrinologues, médecins généralistes et pharmaciens afin de se justifier « devant le déferlement d’une campagne médiatique sans précédent qui vise notre spécialité Mediator ». La lettre de trois pages mentionne les malades (« […] nous sommes particulièrement sensibles à l’inquiétude ressentie par les malades et leurs familles […] ») et fait état de trois études confirmant l’efficacité du médicament. Les médias citent un courrier en date du 21 décembre signé par le Dr Daniel Molle. Les laboratoires Servier ont transmis au Moniteur un courrier identique, daté du 3 décembre et signé par le Dr Arnaud Lallouette. Quoi qu’il en soit, la lettre souligne que le groupe ne dispose pas alors des rapports des études pharmacoépidémiologiques. Il faut attendre le 11 janvier pour que le groupe passe à l’offensive dans les médias.

Lucy Vincent, directrice générale du groupe en charge des relations extérieures, accorde une interview au Journal du dimanche dans laquelle elle déclare que « la mort de trois personnes, c’est déjà trop », et que Servier ne nie pas « que Mediator ait pu présenter un vrai risque ». Les laboratoires seront également entendus lors des auditions menées par le parquet de Paris, qui ont commencé le 12 janvier, et celles qui auront lieu dans le cadre des missions parlementaires sur le médicament.

Xavier Bertrand, le pompier volant

Xavier Bertrand est sur tous les fronts. Dès qu’il est question de Mediator, il réagit aussitôt. Il a reçu les associations de patients le 12 janvier dans le cadre du comité de suivi des patients pour savoir comment garantir une indemnisation « juste et rapide » (questions au gouvernement à l’Assemblée nationale le 11 janvier). Au sujet des conflits d’intérêt, il souhaite également la « totale clarté, la totale transparence » et « qu’il y ait même maintenant des déclarations d’intérêt pour les membres des cabinets ministériels, que ce soit ceux qui suivent la politique du médicament ou ceux qui ne suivent pas la politique du médicament ». Il est vrai que le Canard enchaîné a écrit le 11 janvier que des conseillers de Xavier Bertrand, ministre de la Santé en 2006, travaillaient pour Servier…

Dominique-Michel Courtois, l’avocat des victimes

Le 11 janvier, Dominique-Michel Courtois, président de l’Association des victimes de l’Isoméride et du Mediator (AVIM) basée à Bordeaux, dépose 116 plaintes pour homicides et blessures involontaires de la part de victimes du Mediator. Des centaines d’autres plaintes sont en préparation. L’association UFC-Que choisir doit également porter plainte contre X. Pour rappel, des plaintes ont déjà été déposées fin novembre. De son côté, Georges-Alexandre Imbert, président de AAA VAM, veut négocier à l’amiable avec Servier et a déjà écrit une lettre au groupe pharmaceutique à ce sujet.

Gérard Bapt, le député justicier

Cardiologue et député PS de Haute-Garonne, Gérard Bapt s’est emparé de l’affaire. Il dénonce les liens entre laboratoires pharmaceutiques, cabinets ministériels, agences… C’est lui qui préside la mission de l’Assemblée nationale qui a été installée le 12 janvier afin de faire la lumière sur ce scandale sanitaire. « La mission fera une évaluation précise des dommages de Mediator pour la collectivité, passés et à venir, mais on peut déjà penser que le coût des soins approcherait les 800 millions d’euros », déclare Gérard Bapt dans Les Echos du 11 janvier.

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