L’hypertension artérielle - Le Moniteur des Pharmacies n° 2860 du 18/12/2010 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2860 du 18/12/2010
 

Cahiers Formation du Moniteur

Ordonnance

Une prescription à la loupe

Monsieur S., hypertendu, n’est pas observant

RÉCEPTION DE L’ORDONNANCE

Pour qui ?

Jean-Pierre S., 55 ans, 88 kg.

Par quel médecin ?

Son médecin généraliste, le docteur Lepetit.

L’ordonnance est-elle recevable ?

Oui, il n’y a pas de médicament à délivrance particulière.

QUEL EST LE CONdiv DE L’ORDONNANCE ?

Que savez-vous du patient ?

Jean-Pierre a bénéficié de différents traitements antihypertenseurs. Il présente un léger surpoids occasionné par une alimentation peu équilibrée et un manque d’activité physique. Il ne fume pas.

Quel était le motif de la consultation ?

Il y a un mois, Jean-Pierre a pris rendez-vous avec son médecin traitant pour renouveler sa prescription antihypertensive.

Que lui a dit le médecin ?

Les chiffres tensionnels lors de la mesure au cabinet médical n’étant toujours pas bons, le médecin généraliste a rajouté un troisième médicament au traitement : Rasilez.

Il a rappelé à Jean-Pierre que l’hypertension artérielle entraîne des effets délétères sur le système cardiovasculaire et les organes, et qu’il devait prendre régulièrement ses médicaments ainsi qu’observer un régime alimentaire sain.

Il lui a proposé de se procurer un autotensiomètre et de vérifier sa tension, mais M. S. n’a pas souhaité l’acheter le mois dernier, disant qu’il allait réfléchir. Aujourd’hui, il s’agit du renouvellement de sa prescription.

Vérification de l’historique patient

Jean-Pierre n’a pas d’autre traitement.

LA PRESCRIPTION EST-ELLE COHÉRENTE ?

Que comporte la prescription ?

→ Amlor (amlodipine) est un antagoniste calcique (famille des dihydropyridines). L’effet antihypertenseur est obtenu par l’effet relaxant direct sur les fibres lisses vasculaires.

→ Esidrex (hydrochlorothiazide) est un diurétique thiazidique. En inhibant la réabsorption du sodium au niveau du segment cortical, il accroît la diurèse et exerce ainsi une action antihypertensive.

→ Rasilez (aliskiren) est un inhibiteur de la rénine. Rasilez diminue la pression artérielle en bloquant la conversion de l’angiotensinogène en angiotensine au sein du système rénine-angiotensine.

→ Cette association médicamenteuse a pour but de ramener les chiffres tensionnels à des valeurs normales et ainsi réduire la morbidité et la mortalité cardiovasculaires à long terme.

Est-elle conforme aux référentiels ?

QU’EN PENSEZ-VOUS ?

Quelle classe médicamenteuse doit-on retrouver obligatoirement lors d’une trithérapie antihypertensive ?

1) un IEC

2) un diurétique thiazidique

3) un bêtabloquant

L’association inhibiteur calcique-diurétique thiazidique, bien que non synergique, est validée par les recommandations de la Haute Autorité de santé.

En cas d’échec, il est possible de rajouter une troisième molécule à condition que la trithérapie comporte un diurétique thiazidique (réponse 2).

Y a-t-il des médicaments à marge thérapeutique étroite ?

Non, il n’y a pas de médicament à marge thérapeutique étroite dans cette ordonnance.

Y a-t-il des contre-indications pour ce patient ?

Non, le patient ne souffre pas d’insuffisance rénale qui contre-indiquerait Esidrex et Amlor.

Les posologies sont-elles cohérentes ?

→ La posologie d’Esidrex est correcte (12,5 mg par jour au maximum lorsqu’il est prescrit en association).

→ La posologie d’Amlor est correcte (10 mg max/jour).

→ Rasilez peut être prescrit jusqu’à 300 mg par jour (150 mg par jour ici).

Y a-t-il des interactions ?

Non.

Le traitement nécessite-t-il une surveillance clinique et biologique particulière ?

→ La mesure régulière de la tension artérielle est nécessaire. Elle doit être réalisée lors des consultations (le rythme des consultations est déterminé par le médecin en fonction du risque cardiovasculaire et du niveau tensionnel) et, au domicile, par automesure grâce à des appareils validés par l’Afssaps.

→ Au cabinet médical, le médecin utilise un appareil muni d’un brassard huméral adapté à la taille du bras du patient et doit réaliser deux mesures en position assise ou allongée.

Si la pression artérielle n’est pas suffisamment contrôlée, les rendez-vous auront lieu toutes les 4 à 6 semaines. Lorsqu’elle se stabilise, les rendez-vous peuvent être espacés de 3 à 6 mois.

Il serait souhaitable que monsieur S. surveille sa tension régulièrement à domicile.

→ Un contrôle de la natrémie et de la kaliémie est nécessaire à l’instauration du traitement par Esidrex, puis de façon régulière tant que dure la prescription.

La prescription pose-t-elle un problème particulier ?

En vérifiant l’historique patient, le pharmacien s’aperçoit rapidement que les délivrances sont beaucoup plus espacées que ce qu’elles devraient être (6 à 7 semaines entre chaque boîte d’Amlor).

Le pharmacien interroge Jean-Pierre sur son traitement. Celui-ci reconnaît qu’il ne prend pas toujours ses comprimés car il n’en voit pas l’utilité : il se sent bien, et trouve qu’il y en a trop. Ce bon vivant a également beaucoup de mal à suivre les mesures hygiénodiététiques indiquées par le médecin. Par ailleurs, Jean-Pierre indique qu’il souffre de temps en temps de diarrhées depuis qu’il a commencé Rasilez, ce qui peut majorer l’inobservance.

Appel au prescripteur

Le pharmacien, se rendant compte de la non-observance de Jean-Pierre et des diarrhées épisodiques liées au Rasilez, propose à celui-ci d’appeler son médecin généraliste :

– Bonjour Docteur Lepetit, je suis le pharmacien de Jean-Pierre S.

– Bonjour !

– Je vous appelle car, en regardant son historique, je m’aperçois que monsieur S. ne prend pas son traitement régulièrement. Il m’a expliqué que 3 comprimés par jour lui paraissent trop pour une maladie dont il ne ressent pas les symptômes. Pensez-vous qu’il soit nécessaire de rajouter Rasilez si la bithérapie n’était déjà pas prise correctement ?

– Mais je lui ai pourtant demandé s’il prenait bien son traitement !

– Il n’a peut-être pas osé vous le dire, mais une boîte d’Amlor lui fait environ 6 à 7 semaines. Quant à Rasilez, cela lui donne un peu de diarrhée et il ne le prend pas régulièrement.

– Alors, reprenons tout à zéro. On va arrêter Rasilez pour l’instant et vous allez lui donner Amlor et Esidrex. Dites-lui de repasser me voir. Je lui prescrirai une association. Mais qu’il prenne régulièrement ses médicaments !

– Très bien Docteur. Au revoir.

– Merci de votre appel. Au revoir.

Le pharmacien explique à Jean-Pierre que son médecin traitant va modifier son traitement pour qu’il n’ait plus qu’un seul comprimé à prendre le matin. En attendant, il ne doit plus prendre qu’Amlor et Esidrex.

QUELS CONSEILS DE PRISE DONNER ?

Il s’agit d’un renouvellement d’ordonnance, déjà délivrée en une fois.

Efficacité du traitement.

« Avez-vous mesuré régulièrement votre tension artérielle depuis que vous prenez le nouveau traitement ? » La réponse est négative. Monsieur S. n’a pas acheté d’autotensiomètre depuis sa dernière consultation.

Effets indésirables

QU’EN PENSEZ-VOUS ?

Esidrex peut provoquer :

1) une hypokaliémie

2) une hyperkaliémie

→ Esidrex peut entraîner une hyponatrémie et une hypokaliémie (réponse 1). Ces troubles hydroélectrolytiques sont surveillés par analyse biologique.

→ Jean-Pierre ne ressent pas de céphalées, de sensation de chaleur au niveau de la face et ne souffre pas d’œdèmes des membres inférieurs avec Amlor.

→ Comme tous les traitements antihypertenseurs, Amlor peut être responsable d’hypotension orthostatique, de fatigue et de sensations vertigineuses. Conseiller au patient de ne pas se lever trop brutalement.

Suivi biologique

→ Le pharmacien doit vérifier qu’il y a des contrôles réguliers de kaliémie et de natrémie.

→ Deux fois par an, il est nécessaire de contrôler la créatininémie et d’évaluer les facteurs de risque (glycémie, cholestérolémie, tabac, alcool).

Observance

→ Le patient ne prend pas régulièrement ses médicaments. Pour l’inciter à le faire, il faut lui expliquer les risques induits par l’hypertension et privilégier des molécules en association afin de réduire le nombre de prises.

→ C’est aussi l’occasion de lui proposer de nouveau un autotensiomètre, en lui reprécisant le fonctionnement. Même si les modèles à brassard sont ceux conseillés par la Haute Autorité de santé, monsieur S. ne veut pas en entendre parler, les trouvant trop « ringards » ! Il se laisse finalement tenter par un modèle de poignet. Il faut alors lui expliquer comment et quand réaliser la mesure.

→ M. S. doit prendre sa tension au minimum les 3 jours précédant la consultation : le matin et le soir en répétant la mesure trois fois de suite à intervalle de 2 minutes. Il sera peut-être utile de contrôler la tension en fin de soirée et au lever avant la prise des médicaments pour améliorer l’adhésion du patient à son traitement.

→ Pour ne pas oublier les médicaments, le pharmacien précise à monsieur S. d’associer la prise à une activité quotidienne, comme par exemple le petit déjeuner ou le brossage des dents.

→ En cas d’oubli, ne pas prendre une double dose le lendemain.

Modalités de prise

Jean-Pierre doit prendre les 2 comprimés le matin à heures régulières pour éviter les variations de concentration plasmatique.

Quels signes nécessiteraient d’appeler le médecin ?

Une tension artérielle élevée (maux de tête en arrière de la nuque en fin de nuit ou le matin au réveil, vertiges, bourdonnements d’oreilles, éclairs devant les yeux…), malgré une prise régulière des médicaments, doit inciter le patient à consulter son médecin.

CONSEILS COMPLÉMENTAIRES

→ Les traitements antihypertenseurs se prennent plutôt le matin avant le petit déjeuner pour éviter les interactions avec l’alimentation.

→ Rappeler au patient les conseils associés à l’automesure de la pression artérielle : se reposer 5 minutes en position assise, poser l’avant-bras sur une table à hdiv du cœur, déclencher l’appareil, ne pas bouger, ne pas parler, noter les mesures et les présenter au médecin et/ou au pharmacien régulièrement.

→ Pour prévenir les complications, il faut :

– avoir une hygiène de vie correcte ;

– essayer de perdre du poids en ayant une alimentation variée et équilibrée (peu grasse, peu sucrée, riche en fruits et légumes) ;

– limiter les apports en sel ;

– pratiquer une activité physique régulièrement, 30 minutes 3 fois par semaine ?;

– limiter l’alcool à 3 verres de vin par jour au maximum.

→ Rappeler au patient qu’il doit systématiquement informer les professionnels de santé de son traitement antihypertenseur, en particulier lorsqu’il sollicite un conseil pour des affections respiratoires (rhume…).

Pathologie

L’hypertension artérielle en 4 questions

L’hypertension artérielle (HTA) se définit par l’élévation permanente de la pression artérielle systolique au-dessus de 140 mmHg ou de la pression artérielle diastolique au-dessus de 90 mmHg. Elle constitue un facteur de risque cardiovasculaire majeur.

QUELS SONT LES SIGNES CLINIQUES ?

→ L’HTA est le plus souvent cliniquement silencieuse. On peut observer des céphalées pulsatiles ou survenant lors d’efforts physiques. La présence d’une épistaxis évoque une HTA lorsque aucune cause ORL ou hématologique n’est retrouvée.

Certains patients décrivent des sensations vertigineuses ou des acouphènes. Ce n’est que très exceptionnellement, lorsque les chiffres de pression artérielle (PA) sont très élevés (> 250/150 mmHg) et font craindre une HTA maligne (urgence hypertensive), que les symptômes sont plus marqués : troubles neurologiques avec céphalées, troubles de la vision, signes méningés, altération de l’état général.

→ Par ailleurs, les éléments d’orientation vers une HTA secondaire doivent être recherchés (souffle abdominal ou lombaire en cas de sténose de l’artère rénale…).

→ L’HTA résistante se manifeste lorsque la PA reste élevée malgré une trithérapie à doses adéquates et des mesures hygiénodiététiques. Dans ce cas, des facteurs de résistance sont recherchés (mauvaise observance, consommation d’alcool…).

COMMENT SE FAIT LE DIAGNOSTIC ?

→ Le diagnostic d’HTA est confirmé par la mesure de la PA. Pour être fiable, il doit être établi après plusieurs mesures successives (au cabinet : au minimum 2 mesures par consultation, au cours de 3 consultations successives sur une période de 3 à 6 mois). A cet égard, la mesure de la PA en dehors du cabinet médical, soit par automesure, soit par MAPA (mesure ambulatoire de la pression artérielle ou Holter tensionnel sur 24 h), est plus fiable et reflète plus fidèlement le pronostic cardiovasculaire.

L’automesure tensionnelle, basée sur la répétition de la mesure de la pression artérielle par le patient, permet de s’assurer de la permanence de l’hypertension artérielle et est recommandée par la HAS. L’utilisation de l’automesure est encouragée pour son intérêt dans l’éducation thérapeutique du patient (jugement de l’efficacité du traitement…) et sa précision (mesure moins ponctuelle que lors des consultations). Les mesures étant effectuées en dehors de la présence du médecin, l’automesure tensionnelle permet également de différencier « authentique HTA », « HTA blouse blanche » (PA plus élevée au cabinet médical qu’à domicile) et « HTA masquée » (PA le plus souvent normale à la consultation mais élevée à domicile).

→ Une liste d’appareils d’automesure tensionnelle validés est éditée par l’Afssaps. D’après l’Agence, les modèles huméraux sont les plus fiables. Ils doivent être enfilés, tuyau vers le bas, à 2 doigts du pli du coude.

L’utilisation d’un appareil de poignet impose de positionner le poignet à la hdiv du cœur (un appareil situé trop bas majore les chiffres mesurés, situé trop haut il les minore). La meilleure position avec un appareil de poignet est d’être assis, les bras croisés, chaque main posée sur le bras controlatéral, le cadran posé vers la face interne du poignet à 2 doigts du poignet.

Le patient doit être assis et se reposer 5 minutes avant de procéder à la mesure. Le protocole suit la « règle des 3 » : 3 mesures successives le matin avant le petit déjeuner et la prise des médicaments, en respectant un intervalle d’environ 2 minutes entre chaque mesure, puis 3 mesures le soir avant le coucher, pendant 3 jours consécutifs, par exemple les 3 jours précédant la consultation. Soit 18 mesures au total, que le patient note, et dont on calcule la moyenne (certains appareils sont dotés d’une mémoire électronique qui donne automatiquement la moyenne). C’est sur cette moyenne que l’on se base pour confirmer ou infirmer le diagnostic d’HTA.

Le seuil qui détermine l’HTA en automesure tensionnelle est plus bas (135/85 mmHg) que lors de la mesure conventionnelle au cabinet médical (140/90 mmHg). A l’officine, les mêmes conditions de mesure citées plus haut doivent être respectées.

→ La comparaison des chiffres en position assise puis debout permet de dépister une hypotension orthostatique.

→ Les examens complémentaires ont pour but de rechercher les facteurs de risque autres que l’HTA, une atteinte des organes cibles (c’est-à-dire les organes sur lesquels l’élévation de la PA agit préférentiellement), une maladie cardio-vasculaire associée, une cause d’HTA secondaire.

→ Le bilan initial comporte : créatininémie avec calcul du débit de filtration glomérulaire, recherche d’une protéinurie et d’une hématurie à la bandelette, kaliémie, glycémie à jeun, bilan lipidique et électrocardiogramme de repos.

→ Les autres examens (MAPA, échocardiographie, échographie rénale, Doppler vasculaire, épreuve d’effort…) sont à réaliser en fonction du condiv propre à chaque patient.

→ Au terme de l’évaluation clinique et paraclinique, il faut évaluer le niveau de risque cardiovasculaire du patient, sur lequel se basent la décision de traitement et la stratégie thérapeutique. Pour cela, on dresse la liste des facteurs de risque cardiovasculaire (en dehors de l’HTA elle-même) : âge > 50 ans chez l’homme et > 60 ans chez la femme, tabagisme, antécédents familiaux précoces d’infarctus du myocarde, de mort subite ou d’AVC, diabète (même traité), dyslipidémie (LDL-cholestérol ≥ 1,60 g/l, HDL-cholestérol ≤ 0,40 g/l). On recherche ensuite une atteinte des organes cibles. On croise ensuite les chiffres de PA et les éléments obtenus, ce qui définit trois niveaux de risque cardiovasculaire (faible, moyen ou élevé).

QUELLES SONT LES ÉTIOLOGIES ?

→ Lorsqu’aucune cause n’est identifiée, on parle d’HTA « essentielle » (95 % des cas). Il existe cependant des facteurs prédisposants : obésité, sédentarité, consommation excessive de sel, antécédents familiaux d’HTA, facteurs génétiques et âge.

→ Dans 5 % des cas, l’HTA est dite « secondaire », en rapport avec une cause identifiable. De nombreuses affections peuvent en être à l’origine, mais elles sont rares en population générale :

– Maladies rénales, syndrome d’apnées du sommeil, hyperaldostéronisme primaire…

– HTA iatrogène (AINS, estroprogestatifs, corticoïdes, ciclosporine, tacrolimus, vasoconstricteurs nasaux, anti-VEGF…) ;

– HTA toxique (alcool, réglisse, ecstasy, amphétamines, cocaïne…).

En pratique, la HAS recommande de rechercher une HTA secondaire si l’interrogatoire, l’examen clinique ou les examens systématiques recommandés ont fourni une orientation étiologique, ou en cas d’hypertension chez le patient jeune (< 30 ans) ou d’HTA sévère d’emblée (≥ 180/110) ou s’aggravant rapidement, ou enfin en cas d’HTA résistante.

QUELLES SONT LES COMPLICATIONS ?

→ La prise en charge de l’HTA a pour but de réduire la fréquence des complications cardiovasculaires. La persistance d’un niveau élevé de PA peut induire une athérosclérose, un épaississement des parois artérielles et un remodelage de la paroi cardiaque.

→ L’HTA peut ainsi retentir à plusieurs niveaux :

– cardiaque : hypertrophie ventriculaire gauche et/ou insuffisance cardiaque gauche ou droite, insuffisance coronaire (angor, infarctus du myocarde) ;

– cérébral : AVC ischémique constitué ou transitoire, AVC hémorragique, troubles cognitifs et démence ;

– vasculaire : artériopathie des membres inférieurs, anévrisme de l’aorte abdominale ;

– rénal : diminution du débit de filtration glomérulaire, protéinurie, micro-albuminurie, insuffisance rénale.

– ophtalmologique : rétinopathie hypertensive.

→ L’urgence hypertensive se définit par la présence de chiffres tensionnels supérieurs ou égaux à 180/110 mmHg et accompagnés de signes de souffrance viscérale : cardiaque, cérébrale, rénale ou oculaire.

Thérapeutique

Comment traiter l’HTA ?

L’objectif thérapeutique est la réduction de la morbimortalité cardiovasculaire à long terme. La stratégie qui en découle est adaptée en fonction des chiffres tensionnels et du niveau de risque cardiovasculaire.

STRATÉGIE THÉRAPEUTIQUE

→ L’objectif thérapeutique est d’abaisser les chiffres tensionnels sous 140 mmHg de pression artérielle systolique (PAS) et 90 mmHg de pression artérielle diastolique (PAD), sauf pour le patient diabétique ou insuffisant rénal (130/80 mmHg).

→ Le traitement médicamenteux est instauré d’emblée en association aux mesures hygiénodiététiques en cas de risque élevé, se traduisant par une PAS > 180 et/ou une PAD > 110 mmHg, ou par une tension comprise entre 140-179 (PAS) et/ou 90-109 (PAD) mmHg mais associée à 3 facteurs de risques ou plus, à un diabète ou à une atteinte d’organes cibles, ou encore se traduisant par une insuffisance rénale, une maladie cardio- ou cérébrovasculaire et ce quelle que soit la valeur de la pression artérielle.

→ Dans tous les autres cas, les mesures hygiénodiététiques seront seules instaurées dans un premier temps avec réévaluation du patient à 6 mois en cas de pression artérielle comprise entre 140-159 (PAS) et/ou 90-99 (PAD) mmHg sans facteur de risque élevé ou à 1 ou 3 mois dans les autres cas.

Choix du traitement antihypertenseur

→ Cinq classes ont démontré leur efficacité en termes de réduction de la morbimortalité, leur permettant d’être proposées en première intention. Il s’agit des diurétiques thiazidiques, des bêtabloquants, des inhibiteurs calciques, des inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) et des antagonistes des récepteurs de l’angiotensine II (ARA II ou sartans).

→ Les critères de choix sont alors des indications préférentielles dans certaines situations cliniques, l’efficacité et la tolérance des médicaments déjà pris par le patient, la présence de facteurs de comorbidité pouvant contre-indiquer telle ou telle classe, et le coût journalier du traitement. Pour favoriser l’observance, le recours à une monoprise quotidienne par l’intermédiaire d’un médicament à longue durée d’action est préféré.

→ L’aliskiren (Rasilez), seul représentant des inhibiteurs de la rénine, est indiqué en seconde intention dans la mesure où, contrairement aux autres classes, il n’a pas fait preuve de bénéfice en termes de réduction de la morbimortalité et où il n’apporte pas d’amélioration du service médical rendu.

→ Les autres classes d’antihypertenseurs, comme les antihypertenseurs centraux ou encore les alphabloquants, n’ont pas démontré d’efficacité sur des données de morbimortalité. Pour autant, ils peuvent conserver un intérêt en permettant d’atteindre les objectifs tensionnels en cas d’effet indésirable, de profil particulier ou en association avec d’autres antihypertenseurs.

Associations thérapeutiques

→ Lors du recours à la bithérapie, il est recommandé de choisir une association présentant un effet additif et un bon profil de tolérance. Les associations validées sont :

– thiazidique + bêtabloquant ou IEC ou inhibiteur calcique ou antagoniste des récepteurs de l’angiotensine II,

– inhibiteur calcique + IEC ou antagoniste des récepteurs de l’angiotensine II,

– inhibiteur calcique type dihydropyridine + bêtabloquant.

→ Le passage à la trithérapie nécessite obligatoirement le recours à un diurétique thiazidique.

Situations particulières

→ Sujet âgé : la réduction de la pression artérielle diminuant l’incidence des événements cardiovasculaires, de l’insuffisance cardiaque, des AVC et de la démence chez le sujet âgé de 60 à 80 ans, il est recommandé d’obtenir une tension inférieure à 140/90 mmHg. Toutefois une réduction de 20 à 30 mmHg semble déjà très acceptable. Chez le sujet de plus de 80 ans, l’objectif sera une PAS < 150 mmHg sans hypotension orthostatique. Les classes thérapeutiques recommandées en première intention sont les thiazidiques ou les dihydropyridines à longue durée d’action, en débutant par une monothérapie à faible dose, et en veillant à ne pas dépasser 3 médicaments chez le sujet de plus de 80 ans. Attention à l’hypotension et aux chutes En cas de fièvre ou de diarrhée, le traitement doit être réévalué.

→ HTA et diabète : la réduction de la pression artérielle associée à un contrôle strict de la glycémie permet chez le patient diabétique de limiter le risque de survenue de complications microvasculaires et macrovasculaires. Les cinq classes peuvent être utilisées dans le diabète de type II. Seuls les IEC dans le diabète de type I et les ARA II dans le diabète de type II ont démontré un effet néphroprotecteur dès le stade de la microalbuminurie.

→ HTA et pathologie cardiaque : chez le patient hypertendu coronarien stable, le traitement de première intention recommandé est un bêtabloquant ou un inhibiteur calcique de longue durée d’action.

En cas d’insuffisance cardiaque par dysfonction systolique associée à une HTA, les médicaments s’étant avérés bénéfiques sont les IEC, certains ARA II, les diurétiques de l’anse ou thiazidiques et certains bêtabloquants (à posologie progressive).

→ HTA et atteinte rénale : en cas de maladie rénale ou d’insuffisance rénale avec clairance de la créatinine inférieure à 60 ml/min, le contrôle tensionnel est indispensable, avec pour objectif thérapeutique une tension inférieure à 130/80 mmHg et une protéinurie < 0,5 g/j. Une association médicamenteuse est le plus souvent nécessaire, composée d’un IEC ou d’un ARA II associé à un diurétique thiazidique ou de l’anse, sachant que ce dernier est recommandé en cas d’insuffisance rénale sévère avec clairance inférieure à 30 ml/min.

Suivi thérapeutique

→ Le suivi thérapeutique du patient hypertendu réside dans la surveillance tensionnelle, l’adaptation posologique des traitements prescrits, la recherche des effets indésirables médicamenteux, une évaluation de l’observance au traitement, la recherche de nouveaux facteurs de risque et l’aggravation des complications cardiovasculaires. Ce suivi est mené tous les 3 mois en cas de risque cardiovasculaire élevé et tous les 6 mois dans les autres cas.

→ Les diurétiques, IEC ou ARA II nécessitent une surveillance de la kaliémie et de la créatininémie avant le traitement, après le début du traitement et/ou après chaque changement de posologie. Ces examens ainsi que la protéinurie sont à réaliser tous les 1 à 2 ans pour les autres médicaments.

LES TRAITEMENTS

Le traitement non médicamenteux

Le traitement non pharmacologique de l’HTA est recommandé à tous les patients hypertendus et repose sur des mesures hygiénodiététiques :

→ limiter les apports en sel (NaCl) à 5-6 g/j au maximum ;

→ réduire la surcharge pondérale afin de maintenir l’indice de masse corporelle < 25 kg/m² ou obtenir une réduction de 10 % du poids initial ;

→ pratiquer une activité physique régulière d’au moins 30 minutes 3 fois par semaine ;

→ arrêter le tabac et limiter la consommation quotidienne d’alcool à 3 verres de vin chez l’homme et 2 verres chez la femme ;

→ observer un régime alimentaire pauvre en graisses saturées et riche en fruits et légumes.

Les traitements médicamenteux

Les diurétiques thiazidiques

→ Efficacité. Doués d’une grande efficacité antihypertensive, les thiazidiques et apparentés (hydrochlorothiazide, indapamide, chlortalidone, altizide, bendrofluméthiazide, ciclétanine, méthyclothiazide, clopamide) ont été les premiers à démontrer une baisse du risque cardiovasculaire et de la mortalité. Ils sont utilisés à faible dose dans la plupart des associations fixes.

→ Effets indésirables. Les hypokaliémies sont fréquentes. Les hyponatrémies, rarement sévères, peuvent s’accompagner chez le sujet âgé de signes neurologiques confusionnels réversibles à l’arrêt du traitement. Une hyperuricémie, une élévation du cholestérol total et des triglycérides ainsi qu’une insulinorésistance ou une intolérance au glucose peuvent aussi survenir.

Les bêtabloquants

→ Parmi les bêtabloquants (DC en -olol ou -alol), certains sont bêta-1-sélectifs (cardiosélectifs), d’autres bloquent les récepteurs bêta-1 et bêta-2 (bronches et vaisseaux).

→ Effets indésirables. Les effets indésirables les plus fréquents sont l’asthénie et la fatigue musculaire, la bradycardie, les céphalées, la froideur des extrémités, l’impuissance et des troubles gastro-intestinaux. Les molécules lipophiles peuvent générer troubles du sommeil et cauchemars. Enfin, les bêtabloquants sont à l’origine de perturbations métaboliques sur le profil glycémique et lipidique, aggravent l’insulinorésistance et entraînent une augmentation du LDL-cholestérol et des triglycérides. De plus, ils peuvent masquer les signes d’une hypoglycémie.

Les perturbations métaboliques qui leur sont imputées remettent en cause leur intérêt en première intention.

Un arrêt brutal du traitement peut entraîner un syndrome de sevrage.

Les inhibiteurs calciques

Les inhibiteurs calciques sont composés des dihydropyridines (DC en -dipine), du diltiazem ou du vérapamil, les premières ayant une sélectivité vasculaire plus importante, les autres une sélectivité sur les cardiomyocytes (avec bradycardie).

La baisse des résistances vasculaires qu’ils engendrent génère une contre-régulation baroréflexe à l’origine d’une activation sympathique alpha-adrénergique.

→ Efficacité. Les inhibiteurs calciques génèrent une baisse de 10 à 20 % des chiffres tensionnels, ce qui leur confère une efficacité comparable aux diurétiques, IEC et bêtabloquants.

→ Effets indésirables. L’effet vasodilatateur intensif, notamment des dihydropyridines, peut être à l’origine de céphalées, d’un flush facial, de bouffées vasomotrices et de palpitations. Les inhibiteurs calciques sont responsables d’œdèmes des membres inférieurs et leur utilisation durant la grossesse est controversée. La nifédipine peut provoquer une hyperplasie gingivale et le vérapamil, une constipation.

Les inhibiteurs de l’enzyme de conversion

La plupart des IEC (DC en -pril) sont des prodrogues.

→ Efficacité. Les IEC ont un effet protecteur cardiovasculaire, notamment en cas d’insuffisance coronaire ou cardiaque, de néphropathie avec ou sans diabète associé. Contrairement aux diurétiques ou aux bêtabloquants, ils sont réputés pour améliorer l’insulinorésistance et diminuer le risque de survenue de diabète.

→ Effets indésirables. Les IEC génèrent une toux sèche ou une gêne pharyngée par accumulation de bradykinines chez 10 à 12 % des patients, réversible à l’arrêt du traitement. Des troubles du goût, des éruptions cutanées et des troubles digestifs leur sont aussi imputables lors des 4 premières semaines de traitement. Ces médicaments sont photosensibilisants.

La surveillance clinique sous IEC consiste en un suivi de la kaliémie (risque d’hyperkaliémie) et de la créatininémie avant ou 7 à 15 jours après le début du traitement. Si la créatininémie s’élève de plus de 20 à 30 %, il est recommandé d’arrêter l’IEC et d’instaurer un traitement par ARA II.

Les inhibiteurs de l’angiotensine II (ARA II)

→ Efficacité. Les inhibiteurs de l’angiotensine II (DC en -sartan) et les IEC présentent une efficacité similaire dans l’hypertension artérielle.

→ Effets indésirables. Les effets indésirables des ARA II sont comparables à ceux des IEC, en dehors de la toux sèche plus fréquente sous IEC. Les ARA II étant plus coûteux que la plupart des IEC, il est recommandé de prescrire un IEC en première intention et de réserver les ARA II aux patients toussant sous IEC. Les ARA II partagent les mêmes règles de surveillance thérapeutique que les IEC.

Les inhibiteurs de la rénine

→ L’inhibiteur de la rénine (aliskiren, Rasilez) permet une administration en une seule prise par jour de par sa demi-vie longue.

→ Effets indésirables. Les effets indésirables les plus fréquent sont la diarrhée et les éruptions cutanées.

Les autres antihypertenseurs

→ Les antihypertenseurs centraux (clonidine, méthyldopa, rilménidine, moxonidine) inhibent le système nerveux sympathique par déplétion cérébrale en noradrénaline. Leur efficacité antihypertensive est démontrée mais ils n’offrent pas d’avantage en termes de cardio- ou de néphroprotection. Les effets indésirables sont une hypotension orthostatique, une sécheresse buccale, une somnolence, une constipation, une bradycardie (clonidine et guanfacine), une impuissance et des troubles du système immunitaire (méthyldopa).

→ Les alphabloquants (prazosine et urapidil) antagonisent la noradrénaline au niveau des récepteurs alpha-1-noradrénergiques. Ils entraînent une dilatation des artérioles et des veinules. D’une efficacité équivalente aux diurétiques, bêtabloquants, IEC et ARA-II, ils trouvent leur place dans l’HTA sévère. L’initiation de traitement est obligatoirement progressive, et l’on privilégie les formes retard, surtout chez le sujet âgé. Une hypotension orthostatique et une rétention hydrosodée peuvent apparaître.

→ Les diurétiques de l’anse (furosémide, pirétanide et bumétanide) possèdent une action plus rapide et plus intense que les autres diurétiques. Leur posologie n’étant pas restreinte par l’insuffisance rénale, ils trouvent leur place chez le sujet insuffisant rénal ou cardiaque. Il existe un risque d’hypokaliémie, d’alcalose métabolique, d’augmentation de la glycémie et de l’uricémie, de déshydratation par augmentation de la diurèse.

→ Les diurétiques hyperkaliémiants (amiloride, triamtérène, éplérénone), sauf la spironolactone, qui est un antagoniste des récepteurs de l’aldostérone, n’interagissent pas avec les récepteurs de l’aldostérone. Les effets indésirables les plus fréquents sont des troubles digestifs, une hyperkaliémie, une gynécomastie et une impuissance (spironolactone). Ces médicaments sont surtout utilisés pour pallier l’hyperaldostéronisme induit par les diurétiques thiazidiques et apparentés.

PERSPECTIVES THÉRAPEUTIQUES

→ D’autres classes thérapeutiques sont en cours de développement, notamment les antagonistes sélectifs des récepteurs de l’endothéline utilisés actuellement dans l’hypertension artérielle pulmonaire.

→ Des premiers essais de dénervation rénale, chez des patients ayant des chiffres tensionnels élevés malgré une polythérapie, ont montré des résultats encourageants.

Accompagner le patient

L’HYPERTENSION VUE PAR LES PATIENTS

Impact psychologique

L’hypertension évolue de façon silencieuse et n’entrave pas le quotidien des patients. Il est donc difficile de se reconnaître comme « patient chronique » et d’être obligé de suivre un traitement médicamenteux à vie lorsqu’on ne souffre d’aucun symptôme. Cela peut entraîner une mauvaise observance des médicaments prescrits.

Impact sur le quotidien

Souffrir d’hypertension ne modifie pas radicalement le quotidien mais le patient doit avoir une bonne hygiène de vie.

Impact sur la sexualité

→ Chez l’homme, une dysfonction érectile peut apparaître à cause de l’altération des parois des vaisseaux qui ont subi une pression élevée.

→ Certains médicaments antihypertenseurs peuvent également être responsables de troubles de l’érection (diurétiques thiazidiques, spironolactone, bêtabloquants…).

À DIRE AUX PATIENTS

A propos de la maladie

→ Pour éviter les complications dues à l’HTA, il est nécessaire de respecter certaines règles hygiénodiététiques :

– limiter la consommation de sel à 5 à 6 g par jour. Rehausser le goût par des épices, du poivre, de l’ail, de l’oignon, des herbes aromatiques… Eviter les plats cuisinés, les charcuteries, le pain, les conserves et le fromage. Vérifier la quantité de sel dans les aliments (mention « sodium » ou « chlorure de sodium ») : 1 g de Na équivaut à 2,5 g de sel ;

– remplacer les graisses animales par des graisses végétales et privilégier les viandes blanches et le poisson, adopter un régime riche en légumes et en fruits ;

– limiter la consommation d’alcool, de caféine à fortes doses et de réglisse ;

– arrêter le tabac ;

– pratiquer une activité physique en évitant les compétitions. Préférer les sports d’endurance à raison de 3 fois par semaine pendant 30 minutes environ ;

– en cas de surcharge pondérale, réduction du poids afin d’obtenir un IMC inférieur à 25 kg /m2 ou au minimum une réduction de poids de 10 % du poids initial.

→ Evaluer la tension artérielle par des visites régulières chez le médecin et si possible par automesure. L’automesure permet une meilleure adhésion du patient à son traitement (meilleurs résultats sur les chiffres tensionnels et l’observance médicamenteuse).

La mesure doit être réalisée grâce à un autotensiomètre validé par l’Afssaps (liste disponible sur le site www.afssaps.fr). Préférer des autotensiomètres avec un brassard huméral car il y a moins d’erreurs de positionnement qu’avec les autotensiomètres de poignet et la mesure est plus fiable. Après un repos de 5 minutes en position assise, ajuster le brassard sur le bras non dominant pour faciliter la mesure (ou celui où la tension est la plus élevée). Poser le bras fléchi sur une table à hdiv du cœur. Déclencher l’appareil, ne pas bouger, être détendu, ne pas serrer le poing et ne pas parler. Refaire les mesures le matin (avant le petit déjeuner et la prise des médicaments) et le soir (avant le coucher) en répétant 3 fois de suite à des intervalles de 2 minutes. Les premières mesures avec l’appareil ne doivent pas être prises en compte (période de familiarisation). Puis noter chaque mesure et faire les moyennes des valeurs.

Il est possible de télécharger un relevé d’automesure et d’obtenir une moyenne des résultats et un graphique sur le site Automesure.com. Apporter l’appareil au médecin 1 à 2 fois par an pour en vérifier la fiabilité.

A propos du traitement

→ Les spécialités regroupant plusieurs principes actifs améliorent l’observance.

→ L’observance du traitement est essentielle pour abaisser les chiffres tensionnels.

→ Contrôle de l’efficacité du traitement sur un rythme de 3 à 4 consultations annuelles et suivi biologique régulier (créatininémie, natrémie, kaliémie…).

→ Prendre les médicaments en même temps qu’une activité quotidienne (brossage de dents, lecture du journal…).

→ Si le patient oublie de prendre son médicament, ne pas doubler la dose le lendemain, risque d’hypotension. Si le patient ne sait plus si la prise a eu lieu, il ne doit pas reprendre le médicament (risque de malaise hypotensif).

→ Prévoir une boîte de médicaments ou quelques comprimés sur le lieu de travail en cas d’oubli.

→ Anticiper les besoins et conserver l’ordonnance sur soi pour éviter les ruptures de traitement.

→ Ne pas hésiter à se faire aider dans la prise en charge du traitement par une tierce personne.

→ En cas de décalage horaire, prendre les médicaments en respectant les horaires du lieu de destination.

→ Pour éviter un rebond dangereux, ne pas arrêter brutalement un traitement.

→ En période de canicule, le médecin diminue périodiquement certains médicaments comme les diurétiques ou suspend le régime hyposodé pour éviter le risque de déshydratation des personnes âgées.

→ Tous les antihypertenseurs présentent un risque d’hypotension orthostatique.

→ Sous diurétiques (thiazidiques ou de l’anse), il y a un risque d’hypokaliémie et de déshydratation. Les interrompre chez la personne âgée en cas de forte fièvre, de diarrhées et/ou de vomissements.

→ L’association des hypertenseurs avec les AINS entraîne une augmentation de la tension par diminution de la synthèse des prostaglandines et rétention hydrosodée. De plus, la prise d’AINS avec les IEC, les diurétiques, les ARA II et l’aliskiren est déconseillée car elle entraîne une altération de la fonction rénale.

→ Eviter les médicaments effervescents car ils peuvent contenir jusqu’à 500 mg de sodium par comprimé.

Délivreriez-vous ces ordonnances ?

Ordonnance 1 : NON. L’association Triatec-Aldactone est déconseillée. Aldactone (spironolactone) est un diurétique épargneur potassique et Triatec (ramipril) un inhibiteur de l’enzyme de conversion et peut entraîner une hyperkaliémie. Il y a donc une potentialisation possible de ces effets hyperkaliémiants.

Ordonnance 2 : NON. Pendant la grossesse, les antagonistes de l’angiotensine II sont proscrits. Les IEC et l’aliskiren sont également interdits. Les médicaments autorisés sont, entre autres, méthyldopa, labétalol, clonidine.

Mémo délivrance

L’ordonnance est-elle conforme à la stratégie thérapeutique ?

→ En cas de monothérapie, 5 classes thérapeutiques peuvent être prescrites indifféremment : les diurétiques thiazidiques, les bêtabloquants, les inhibiteurs calciques, les inhibiteurs de l’enzyme de conversion et les antagonistes des récepteurs de l’angiotensine II.

→ En cas de bithérapie, les associations validées sont thiazidique + bêtabloquant ou IEC ou inhibiteur calcique ou antagoniste des récepteurs de l’angiotensine II, inhibiteur calcique + IEC ou antagoniste des récepteurs de l’angiotensine II, inhibiteur calcique type dihydropyridine + bêtabloquant.

→ En cas de trithérapie, un diurétique thiazidique doit obligatoirement être prescrit.

Le patient souffre-t-il d’effets indésirables liés à son traitement ?

Sous diurétique thiazidique : hypokaliémie, hyponatrémie, hyperuricémie, élévation des triglycérides et du cholestérol total, insulinorésistance ou intolérance au glucose.

Sous bêtabloquant : asthénie et fatigue musculaire, bradycardie, céphalées, froideurs des extrémités, impuissance, troubles gastro-intestinaux, troubles du sommeil, cauchemars, insulinorésistance, augmentation du LDL-cholestérol et des triglycérides.

Sous inhibiteur calcique : céphalées, flushes faciaux, bouffées vasomotrices, palpitations, œdèmes des membres inférieurs, hyperplasie gingivale (nifédipine), constipation (vérapamil).

Sous inhibiteur de l’enzyme de conversion ou antagonistes des récepteurs de l’angiotensine II : toux sèche ou gêne pharyngée chez 10 à 12 % des patients (IEC +++), troubles du goût, troubles digestifs, éruptions cutanées, hyperkaliémie, photosensibilisation.

Sous inhibiteur de la rénine : diarrhées et éruptions cutanées.

Le patient connaît-il son objectif tensionnel ?

→ Valeurs maxi : 140 mmHg de pression artérielle systolique et 90 mmHg de pression artérielle diastolique (chez le patient de moins de 80 ans).

→ Cas particuliers : pour le patient diabétique ou insuffisant rénal, l’objectif tensionnel est de 130/80 mmHg.

Le patient utilise-t-il correctement son autotensiomètre ?

→ Commencer après un repos de 5 minutes en position assise.

→ Enfiler le brassard huméral, « tuyau » vers le bas, à 2 doigts du pli du coude, et poser le bras fléchi sur une table à hdiv du cœur ou, pour les appareils de poignet, croiser les bras, chaque main posée sur le bras controlatéral, le cadran posé sur la face interne du poignet à deux doigts du poignet. Ne pas bouger, être détendu, ne pas serrer le poing et ne pas parler.

→ Réaliser 3 mesures successives le matin avant le petit déjeuner et la prise des médicaments, en respectant un intervalle d’environ 1 minute entre chaque mesure, puis 3 mesures le soir avant le coucher pendant 3 jours consécutifs (par exemple les 3 jours précédant la consultation).

Le patient est-il sensibilisé aux risques de l’automédication ?

→ Ne pas utiliser d’AINS.

→ Eviter les médicaments effervescents (qui contiennent jusqu’à 500 mg de sodium).

Le cas

Jean-Pierre S., 55 ans, chauffeur routier, est un client régulier de la pharmacie depuis que son hypertension a été diagnostiquée, il y a environ 2 ans. Le mois dernier, les chiffres tensionnels étaient élevés et son médecin traitant a rajouté Rasilez.

LES CHIFFRES

→ On dénombre 11 millions d’hypertendus traités en France.

→ 55,4 % seulement des hypertendus traités sont contrôlés.

→ 31 % des plus de 35 ans sont hypertendus.

→ On estime à 17 % le nombre d’hypertendus non dépistés ou non traités.

→ 75 % des hypertendus ont au moins un autre facteur de risque.

→ L’HTA est le premier facteur influant la santé modifiable en fréquence.

MAPA

Mesure indiquée pour évaluer les variations de la pression artérielle sur la journée (influence du syndrome d’apnées du sommeil…). Les mesures sont réalisées tout au long des 24 h par un petit appareil portatif équipé d’un brassard.

Physiopathologie de l’hypertension artérielle

→ L’élévation de la pression artérielle résulte de l’augmentation du débit cardiaque et/ou de l’élévation des résistances périphériques, ces dernières étant déterminées par la pression artériolaire. La diminution de l’élasticité des gros troncs artériels joue également un rôle, elle altère leur capacité à se distendre et à « absorber » le volume sanguin éjecté par le cœur lors de la systole.

→ Trois facteurs principaux interviennent chez le sujet sain dans le processus d’autorégulation grâce auquel la PA se maintient.

– Le système nerveux sympathique, dont l’activation provoque une vasoconstriction, une augmentation du débit cardiaque et de la fréquence cardiaque. Son activation (par l’exercice physique, le stress) explique les variations instantanées de la PA, mais peu l’élévation chronique des chiffres de PA.

– La mise en jeu du système rénine-angiotensine-aldostérone est un autre élément majeur de l’équilibre tensionnel. L’angiotensine II est un puissant peptide vasoconstricteur et a aussi pour effet de stimuler la sécrétion d’aldostérone (qui favorise la réabsorption du sodium) par la glande surrénale et d’activer le système nerveux sympathique.

Ces trois éléments concourent à élever la PA lorsque le système rénine-angiotensine-aldostérone est activé.

– L’endothélium vasculaire, tissu au contact du flux sanguin, formant le revêtement interne du cœur et des vaisseaux sanguins, sécrète de nombreuses substances vasoactives, soit vasodilatatrices, soit vasoconstrictrices. La dysfonction endothéliale peut donc être à l’origine d’une élévation de la PA.

HYPERALDOSTÉRONISME PRIMAIRE

Exagération de la production d’aldostérone par les glandes surrénales, soit du fait d’un adénome (syndrome de Conn), soit du fait d’une hypertrophie surrénale.

Ce qui a changé

Apparu

→ Apparition du premier inhibiteur de la rénine en 2009 : aliskiren (Rasilez).

→ Commercialisation en 2010 d’Exforge HCT, première association fixe de trois molécules antihypertensives.

Vigilance !

Certaines contre-indications aux traitements de l’HTA doivent être connues du pharmacien.

→ Diurétiques thiazidiques : insuffisance rénale (IR) sévère.

→ Bêtabloquants : bradycardie sévère, asthme, BPCO, insuffisance cardiaque (IC) non contrôlée, phénomène de Raynaud.

→ Antagonistes calciques : IC, infarctus du myocarde récent, angor instable.

→ IEC et ARA II : IR sévère, état d’hypovolémie et de déshydratation sévères, grossesse.

→ Inhibiteur de la rénine : grossesse.

→ Antihypertenseurs centraux : états dépressifs graves, IR sévère.

→ Alphabloquants : IC, œdème pulmonaire.

→ Diurétiques de l’anse : IR aiguë, hypokaliémie et hyponatrémie sévères, hypovolémie.

→ Diurétiques hyperkaliémiants : IR et insuffisance hépatique sévères.

point de vue

« Le pharmacien a un rôle majeur dans l’éducation des patients à l’automesure »

Quelle est la vocation des Centres d’excellence en hypertension artérielle ?

Ces Centres ont pour objectif de prendre en charge tous les aspects de la maladie des patients traités pour une HTA sévère, compliquée, secondaire ou résistante et de guider les médecins traitants. Ils ont également un rôle d’enseignement et de recherche et proposent des formations médicales continues. Il existe 11 centres en France, tous fédérés dans un réseau. La liste de ces Centres est disponible sur le site de la Société Française d’Hypertension Artérielle www.sfhta.org.

Quel est le rôle du pharmacien dans la mesure de la pression artérielle ?

Pour l’achat de leur tensiomètre, les patients se tournent plus fréquemment vers leur pharmacien que vers Internet ou les supermarchés. Mais, devant cette confiance, il faut que les pharmaciens jouent complètement leur rôle : en recommandant un tensiomètre huméral, plus fiable que les tensiomètres de poignet, et en assurant l’éducation au geste d’automesure. Il faut également éduquer les patients à restituer les résultats de leurs mesures. On ne devrait plus voir d’officines diffusant sans pédagogie des appareils de poignet !

DR Nicolas Postel-Vinay

Praticien dans l’unité spécialisée d’hypertension artérielle de l’hôpital européen Georges-Pompidou

Témoignage

KATIA, 68 ANS, INFIRMIÈRE RETRAITÉE

« Il y a plus de 10 ans, j’ai découvert par hasard que j’avais de l’hypertension artérielle. Je travaillais encore et je ne ressentais aucun symptôme. Le médecin m’avait prescrit Atacand et Aldactone. Il y a deux ans environ, il a décidé d’arrêter le diurétique. Je vérifie de temps en temps ma tension avec mon autotensiomètre. Je ne suis pas de régime particulier à part éviter le sel. Je prends régulièrement mes comprimés le matin avec mon café : pour moi, ce n’est pas contraignant puisque je n’ai qu’une prise et que c’est devenu une habitude. Depuis un mois et demi, ma tension monte de façon importante et j’ai d’importants maux de tête. Le médecin m’a prescrit de la lercanipidine 20 mg. Pour l’instant, ce n’est pas très efficace. J’ai un bilan à faire bientôt. Cela m’angoisse toujours quand ma tension monte. »

Questions de patients « La pilule peut-elle augmenter la tension artérielle ? »

Oui, chez certaines personnes, la pression artérielle peut augmenter avec la prise d’une contraception œstroprogestative. Dans ce cas, le médecin prescrit une autre pilule ou une autre méthode de contraception.

Questions de patients « Puis-je utiliser un sel de régime en complément de mon traitement par spironolactone ? »

Non, il faut éviter les sels de régime avec les traitements antihypertenseurs hyperkaliémiants (IEC, ARA II, diurétiques épargneurs potassiques) car ils sont riches en potassium et majorent le risque d’hyperkaliémie.

En savoir plus

Automesure.com

www.automesure.com

Réalisé par des médecins, le site Automesure.com permet d’informer patients et professionnels de santé sur les bonnes pratiques de l’automesure (diabète, AVK, PA…). De nombreux outils pratiques (fiche sur la prise de mesure, liste des modèles d’autotensiomètre certifiés…) y sont disponibles.

Comité français de lutte contre l’hypertension artérielle

www.comitehta.org

Cette association a pour but de faire connaître les problèmes de l’hypertension artérielle au public et aux professionnels de santé. Documents, témoignages de patients et tests y sont diffusés.

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