Faut-il externaliser le tiers payant ? - Le Moniteur des Pharmacies n° 2860 du 18/12/2010 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2860 du 18/12/2010
 
GESTION

Entreprise

Auteur(s) : Françoise Sigot

A l’heure ou les trésoreries se tendent dangereusement, les efforts sont principalement portés sur le front office. L’externalisation du tiers payant peut être un moyen de se dégager du temps tout en limitant les rejets, et donc les impayés. Revue de détails de ses avantages et inconvénients.

1. Un taux d’impayés de moins de 1 %

Pour Philippe Levy, le fondateur de Néopharma, « les choses se complexifient pour les pharmaciens qui doivent prendre en charge une multitude d’opérations. La règle qui prévaut à une bonne gestion est d’avoir les justes personnes aux justes endroits. Le tiers payant n’y échappe pas ». En marge du professionnalisme des spécialistes, l’externalisation permet également d’agir vite et de façon régulière et donc de ne pas laisser s’accumuler rejets et impayés difficiles à « récupérer » sur le long terme. « Quand la trésorerie est tendue, ce qui est de plus en plus fréquent dans les officines, il faut veiller à ne pas avoir d’argent dehors », insiste Philippe Lévy. Ainsi, en intervenant régulièrement les spécialistes de la gestion du tiers payant font valoir des taux d’impayés ramenés à un niveau quasi incompressible, en général à moins de 1 %.

2. Pas d’engagement à long terme

Une autre vertu de l’externalisation réside dans le fait que les prestations sont facturées à l’image de n’importe quel autre fournisseur et ne lient pas le pharmacien sur le long terme, comme cela peut être le cas avec un salarié. « Parmi nos clients, nous avons vu une grosse pharmacie réaliser 50 % d’économies par rapport au salaire versé à une préparatrice qui ne prenait en charge que la gestion du tiers payant », assure Marie-Anne Martin-Pavot, directrice générale de Litipharma, l’un des nombreux prestataires spécialisés dans la gestion du tiers payant. « C’est un métier à part entière. Il faut savoir où s’adresser, passer bien souvent par des interlocuteurs réservés aux professionnels de santé pour régler litiges et impayés, et surtout traiter les dossiers rapidement. De plus, bien souvent, il faut savoir lire les causes des rejets qui sont de plus en plus nombreuses et complexes. Face à cela, l’intervention d’un spécialiste fait gagner du temps, et donc de l’argent », renchérit Mylène Farhat, responsable de Pharmy Gestion, un autre spécialiste de la gestion du tiers payant.

3. Le lien social disparaît

Reste que, comme pour toute prestation, l’opportunité de l’externalisation du tiers payant doit être appréciée à la faveur de la situation de l’officine. D’autant qu’il semble bien difficile d’évaluer, chiffres à l’appui, son véritable impact. « Si vous avez au sein de votre équipe une personne très rigoureuse et rodée à ce genre d’exercice, l’externalisation n’est pas obligatoirement la solution », remarque Jean-Noël Quenelle, expert-comptable. Par ailleurs, les interventions des experts parfois forfaitisées peuvent être porteuses de mauvaises surprises et certains prestataires qui prennent la main à distance auraient tendance à peu partager l’information avec leurs donneurs d’ordres. « J’ai consulté une entreprise spécialisée dans l’externalisation qui a chiffré mes besoins à environ 800 € par mois. Face à cela, j’ai préféré salarier une personne qui consacre 10 heures par semaine à la gestion du tiers payant. Elle travaille à la pharmacie et reste donc en lien avec l’équipe, ce qui permet une continuité. D’autre part, elle gère le tiers payant de façon plus personnelle avec les clients et parvient ainsi à résoudre beaucoup de rejets », analyse Guy Barral, pharmacien à Brignais, en banlieue lyonnaise. Il reconnaît que la solution qu’il a choisie n’est pas la plus économique, mais préfère mettre en avant l’aspect social de sa démarche.

4. Des données confidentielles…

Gilles Bonnefond, président délégué de l’USPO, formule une autre réserve. « En confiant la gestion du tiers payant à une société extérieure à la pharmacie, des informations confidentielles et sensibles, comme les identités des prescripteurs ou les médicaments dispensés, se trouvent bien évidemment entre les mains de tierces personnes. A ce jour, nous n’avons pas véritablement de garanties de la CNIL sur la façon dont sont gérées ces informations par les prestataires de services qui ne sont pas des structures issues de pharmaciens. C’est pourquoi à l’USPO nous partons du principe qu’il vaut mieux limiter les rejets à la source plutôt que de faire du recyclage avec des frais supplémentaires », fait-il remarquer. Externalisation ou pas, il n’en reste pas moins que le tiers payant est un poste qui coûte cher. D’après une enquête de l’USPO, réalisée en 2008, le coût annuel moyen de gestion du tiers payant en pharmacie s’élevait à 12 525,54 €.

En quoi consiste l’externalisation ?

Deux types d’interventions prédominent en matière d’externalisation du tiers payant.

→ La première consiste à « prendre la main à distance ». Ainsi, le prestataire assure le suivi du paiement et le règlement des rejets, voire le paramétrage et le référencement des nouveaux organismes (caisses primaires et complémentaires), la mise à jour des bases de données, en se connectant sur le système informatique de l’officine. Dès lors, les échanges se font à distance.

→ L’autre forme d’intervention vise à déléguer au sein de la pharmacie une personne, salariée par le prestataire, et dont la mission va être de suivre des opérations liées au tiers payant (rejets, suivi des dossiers, intégration des nouveaux entrants…). Elle intervient de façon régulière (en général quelques heures par semaine) ou de manière plus ponctuelle.

« Du temps supplémentaire pour ma clientèle »

Christine Ambrosi, titulaire à Versailles (Yvelines)

« Depuis quatre ans, j’ai fait le choix d’externaliser la gestion du tiers payant. Car il n’est pas possible d’être devant et derrière le comptoir. Or, cette solution me permet de dégager du temps pour mes clients. Par ailleurs, mes impayés sont, avec l’externalisation, inférieurs à 1 %. C’est donc une solution qui m’assure une vraie tranquillité d’esprit : je sais que le tiers payant est traité de façon efficace. En outre, si je ne peux plus assumer cette charge, je peux mettre un terme au contrat qui me lie à mon prestataire ou le revoir à la baisse, alors que je pourrais difficilement licencier un salarié dédié à cette mission. »

Du côté de la rémunération

Les entreprises spécialisées dans la gestion du tiers payant ont des pratiques bien diverses. Certaines facturent leur intervention au nombre de dossiers traités, d’autres suivant le pourcentage de rejets ou en fonction du chiffre d’affaires traité. Enfin dans d’autres cas, la facturation est indexée au nombre d’heures de la prestation.

Vous sentez-vous régulièrement en insécurité dans vos officines ?


Décryptage

NOS FORMATIONS

1Healthformation propose un catalogue de formations en e-learning sur une quinzaine de thématiques liées à la pratique officinale. Certains modules permettent de valider l'obligation de DPC.

Les médicaments à délivrance particulière

Pour délivrer en toute sécurité

Le Pack

Moniteur Expert

Vous avez des questions ?
Des experts vous répondent !