INTERVIEW Claude Castells, président de la Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique (CSRP) - Le Moniteur des Pharmacies n° 2858 du 11/12/2010 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2858 du 11/12/2010
 
PARTENAIRES RÉPARTITION

Cahier spécial

L’Annuel 2010

Auteur(s) : François Pouzaud

Que faut-il comprendre de la situation actuelle ?

Nous sommes entrés dans une période de transformation. C’est dans ces moments-là qu’il faut relever la tête du guidon. L’Etat doit évidemment faire des économies, il l’exprime en disant qu’il a besoin de payer le juste prix. Les laboratoires recherchent aussi des économies, manifestent un besoin de maîtrise maximum, notamment pour l’export, mais aussi de sécurité et de qualité, aspirent à une proximité accrue avec la pharmacie (voire le patient ?), souhaitent mettre en place des partenariats et des coopérations, et sont friands de nouveaux services.

L’officine recherche des ressources et des économies, est chahutée dans son organisation, en quête d’un futur qu’elle maîtrisera et qui continuera à lui appartenir. A la CSRP, nous voulons attirer l’attention de l’ensemble des acteurs de la distribution du médicament, car chacun cherche ses propres solutions séparément. Jamais la chaîne n’a été autant menacée par des contaminations de comportements : la recherche d’économie sur le transport se fait sans prudence, les ruptures d’approvisionnement se multiplient, on commence à choisir ses distributeurs, bientôt ses produits… Sans compter les opportunistes (shorts-liners), qui en tirent profit. Si on n’y prend pas garde, on aboutira vite à l’éclosion d’un système anglo-saxon non voulu. N’oublions pas la lutte contre la contrefaçon, qui est devenue un enjeu national de sécurité sanitaire et une condition de survie économique du modèle, et qui ne peut que mal s’accommoder de ce système.

Pourquoi la CSRP monte-t-elle aujourd’hui au créneau ?

Il faut garder à l’esprit les fondements philosophiques, sociétaux et juridiques de notre métier, qui se traduisent par des obligations de service public. Il y a grand danger à gommer les garanties du passé sans prendre le temps de construire la solution alternative, et cette affirmation n’a rien à voir avec un quelconque conservatisme ! Nous sommes néanmoins confiants en la clairvoyance de nos partenaires de la chaîne. En effet, toutes les évaluations objectives montrent que les répartiteurs rendent le meilleur service au plus faible coût. Nous facturons au prix d’un timbre-poste ! C’est sans aucun doute le circuit le plus sécurisé, depuis nos réceptions jusqu’aux officines (la contrefaçon n’est pas encore entrée en France).

La répartition était accusée de manque de transparence, ce n’est plus vrai aujourd’hui. Bien sûr, la répartition est « neutre », alors que les laboratoires souhaiteraient des relais commerciaux forts. Je pose une question : en étant les hôtes des laboratoires, ne sommes-nous pas plus efficaces ? Toutefois, si nous voulons un système pérenne, les alertes économiques sont à considérer d’urgence. La marge dégressive lissée est un système dépassé qui nous a fait perdre 9 %, quand l’Ondam augmentait de 16 %, et qui dans 5 ans nous aura ôté 90 % de nos ressources. L’industrie a pris comme prédiv la loi de modernisation de l’économie pour réduire encore les ressources de la répartition.

Enfin, notre rémunération repose sur un système calqué sur celui de l’officine. A l’origine, cela faisait sens, et nous nous sommes vu appliquer une marge dégressive lissée, du dernier palier de laquelle on nous a tout de même privés. Il est désormais inadapté à la multiplication des produits chers, des produits peu chers et des médicaments à distribution particulière. Aussi, nous en appelons à notre tutelle pour corriger cela et moderniser notre mode de rémunération.

Que souhaitez-vous en plus ?

Les bases des obligations de service public de la répartition, définies à l’article R. 5124-59 du Code de la santé publique datent de 1962. Nous pensons qu’elles sont à revoir à l’aune des besoins d’aujourd’hui. Nous sollicitons l’Ordre des pharmaciens pour que des recommandations de bonnes pratiques de la répartition soient élaborées, pour encadrer le métier tel que l’envisagent les répartiteurs sérieux.

Pourquoi ne pas s’attaquer aux causes du dysfonctionnement plutôt qu’à ses effets ? L’industrie est-elle en phase avec vous ?

Nous savons bien que la concurrence ne fait pas baisser les prix pour les payeurs dans notre système régulé, comme certains ont pu le penser. Il faudra bien finir par faire cesser les rétrocessions qui polluent la chaîne, et nous comptons bien sur la rédaction de ces bonnes pratiques pour y contribuer.

En résumé, si l’on vous suit bien, tout en étant dans un système moderne, la répartition a tous les atouts pour redevenir la clé de voûte de la chaîne de distribution…

Nous mesurons l’étendue de nos devoirs, notamment en termes de sécurité sanitaire et de pérennité de notre chaîne, et pensons que nos missions doivent être reconsidérées à la lumière des nouveaux enjeux et que les contributions de chacun doivent être clarifiées. Notre service est fiable et ne génère pas de préoccupation. Pour autant, nous sommes au centre de la chaîne, bien placés pour détecter en premier les risques de dérapage et proposer des pistes d’amélioration. C’est pour cela que nous posons aujourd’hui la question de fond : voulons-nous ensemble que subsiste et évolue une vraie chaîne de distribution sûre et maîtrisée ? Voulons-nous conserver une éthique ou préférons-nous un éclatement en maillons libres et imprévisibles ?

La CSRP en bref

La Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique est l’organisation professionnelle patronale des entreprises de la répartition pharmaceutique. Elle défend les intérêts communs à l’ensemble des grossistes répartiteurs. Depuis sa création en 1985, elle fonctionne grâce aux cotisations versées par ses sociétés adhérentes. Son président actuel, Caude Castells, est président du directoire d’OCP.

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