Prendre un apprenti sous son aile - Le Moniteur des Pharmacies n° 2855 du 20/11/2010 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2855 du 20/11/2010
 
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Entreprise

Auteur(s) : Françoise Sigot

Transmettre son savoir, participer à la formation de jeunes, anticiper un besoin de recrutement… Si les motivations divergent, beaucoup d’officinaux décident un jour de faire confiance à un apprenti. Cette aide précieuse demande néanmoins de lui consacrer du temps.

La formule de l’apprentissage a fait ses preuves. Une étude réalisée en 2008 par l’Assemblée des chambres françaises de commerce et d’industrie révèle que 75 % des apprentis ont obtenu un emploi dans les trois mois suivant leur formation. Ce taux monte à 90 % à un horizon de six mois. Dans la moitié des cas, il s’agit de contrats à durée indéterminée. L’apprentissage est, en outre, une formule efficace de prérecrutement puisque 44 % des apprentis se voient proposer un emploi par leur entreprise d’accueil. Fort de ces résultats, le gouvernement vient de fixer le curseur de l’apprentissage à 800 000 apprentis à l’horizon 2015, contre 600 000 aujourd’hui.

Mais si l’apprentissage est une voie de plus en plus prisée par les employeurs, il traîne encore souvent une image attachée à l’échec scolaire et aux métiers manuels. Pourtant, dans les officines, les préparateurs figurent parmi les meilleurs exemples de réussite de l’apprentissage puisque c’est par cette voie qu’ils sont formés. Mais les préparateurs ne sont pas les seuls à pouvoir être concernés puisque les pharmacies, comme toute entreprise, peuvent intégrer un apprenti sur tout type de poste.

Un investissement en temps de toute l’équipe

L’apprentissage demande un investissement important de la part des équipes. Car intégrer un apprenti est bien souvent une aventure collective. « Nous constatons que lorsqu’un titulaire souhaite prendre un apprenti, mais que le reste de l’équipe est réticent, les deux ans d’apprentissage sont très souvent difficiles. Un apprenti demande un investissement de la part de tout le personnel de l’officine, et pas seulement de la part de son maître d’apprentissage, qui est en général le titulaire. C’est bien l’ensemble de l’équipe qui lui apporte son expérience, ses connaissances et sa pratique du métier », souligne Marielle Laratte, directrice du CFA (centre de formation en apprentissage) de la pharmacie de Troyes.

Cet investissement collectif peut être valorisant pour l’équipe en place. « Bien souvent, un apprenti aide à souder les équipes. C’est un œil extérieur et vierge, du sang neuf qui dynamise l’officine », ajoute Yves Bernard, pharmacien enseignant au CFA de Troyes. Pour guider les officinaux dans le suivi de l’apprenti, les CFA tissent en général des liens étroits avec les tuteurs. Echanges téléphoniques, carnets de liaison, compte rendu de formation…, les formes varient mais concourent toutes aux mêmes objectifs : faciliter le parcours du jeune et toujours lier apprentissage théorique et mise en pratique. Autant dire qu’un engagement auprès d’un apprenti demande du temps. « Il ne faut pas oublier que si la théorie s’acquiert au CFA, la pratique s’apprend en officine. Il faut donc avoir du temps à consacrer au jeune », prévient la directrice du CFA de Troyes.

L’apprenti ne doit en aucun cas remplacer un membre du personnel, même s’il peut petit à petit apporter une aide précieuse à l’équipe officinale. « Lorsque je suis arrivée dans la pharmacie au sein de laquelle j’ai fait mon apprentissage, j’ai d’abord regardé ce qui se passait durant les deux premières semaines, puis j’ai participé au rangement des médicaments, puis à la préparation des ordonnances, et enfin j’ai pu réaliser quelques préparations en seconde année », témoigne Carole, 24 ans, titulaire du BP de préparatrice depuis trois ans et actuellement en poste dans une pharmacie de la banlieue de Clermont-Ferrand.

Tenir compte des compétences et des aptitudes de l’apprenti

Comme Carole, la plupart des apprentis débutent leur cheminement pratique par l’observation, mais très vite, et en fonction de ce qu’ils apprennent au CFA, ils peuvent également prendre en charge certaines tâches (vérification des commandes, calculs des prix, travail administratif avec les caisses de Sécurité sociale ou les mutuelles, préparation d’ordonnances…). « Un apprenti n’est pas seulement là pour ranger les commandes. Certes, il n’est pas là non plus pour se substituer à un salarié diplômé, mais il peut au fur et à mesure prendre en charge bien des missions, toujours sous le contrôle de son tuteur ou d’un autre membre de l’équipe », précise Marielle Laratte. Pour accompagner le jeune apprenti dans son parcours pratique, Yves Bernard conseille, notamment au début, de tenir compte de ses compétences et de ses aptitudes : « Certains iront plus naturellement vers l’agencement des vitrines, d’autres vers le rangement des médicaments ou les calculs de prix. Leur confier des missions où ils sont à l’aise les aide à prendre confiance en eux. »

Reste que tout parcours d’apprentissage est encadré par un référentiel qui définit avec précision les contenus de la formation pratique et théorique. Et, au bout de deux ans, chaque apprenti doit passer un examen dont les épreuves sont définies par l’Education nationale. A la clé, le diplôme et parfois l’embauche, car une fois diplômés bon nombre d’apprentis se voient proposer un contrat de travail au sein de l’officine qui les a formés.

« Ces jeunes créent une véritable dynamique pour l’équipe »

Titulaire depuis 10 ans de la Pharmacie Gambetta à Saint-Dizier, en Haute-Marne, Jeanine Skafar a accueilli quatre apprentis préparateurs en pharmacie. « L’apprentissage est d’abord le seul moyen de former des préparateurs. Ensuite, cela me permet d’anticiper des recrutements liés à des départs. Enfin, je forme ces jeunes à ma façon, ce qui leur permet de connaître la pharmacie et nos méthodes de travail. C’est un plus en vue d’une intégration définitive dans notre officine », analyse la titulaire. Sans compter que ces jeunes apprentis obligent aussi l’équipe à se remettre en question en permanence et qu’ils sont une source d’échanges et de cohésion d’équipe évidente. « Ces jeunes créent une véritable dynamique pour l’équipe », résume la pharmacienne, insistant sur le fait que chacun doit s’investir pour les aider à réussir. « Evidemment, cela prend du temps, mais ici tout le monde est à leur disposition pour les aider à avancer. Ils progressent ainsi à leur rythme et en fonction des échanges que nous avons avec le CFA. Chaque trimestre, nous faisons un point avec l’école, ce qui nous permet de savoir quels sont les objectifs à atteindre. Cela nous permet de leur confier progressivement de nouvelles missions en fonction de ce qu’ils apprennent au CFA. » Les quatre apprentis formés par Jeanine Skafar et son équipe ont tous décroché leur diplôme et deux d’entre eux ont été embauchés. « L’un des deux nous a quittés pour des raisons personnelles, mais l’autre est toujours avec nous », souligne Jeanine Skafar, qui cette année s’est accordé une « pause » et n’accueille pas d’apprenti. Un choix temporaire pour cette titulaire qui entend bien à l’avenir encore accompagner de nouveaux jeunes vers l’emploi de préparateur en pharmacie.

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