« Les titulaires devront avoir des démarches alternatives pour compenser la moindre valorisation de leur capital » - Le Moniteur des Pharmacies n° 2852 du 30/10/2010 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2852 du 30/10/2010
 
PATRICK BORDAS, RESPONSABLE DU RÉSEAU PROFESSIONS DE SANTÉ CHEZ KPMG

Le grand débat

Une officine est un outil de travail qui assure à son titulaire la sécurité d’un revenu et la perspective de se constituer un capital. Or, le revenu disponible est ce qui reste quand l’emprunt a été payé. Il est donc lié au rapport entre le prix d’achat de l’officine et sa rentabilité. Au cours des dix dernières années, la rentabilité a été écornée, sans que les prix de vente ne s’en ressentent. De ce fait, le revenu disponible des nouveaux titulaires a baissé, au point de se rapprocher de celui d’un adjoint. Autrement dit, l’adjoint qui devient titulaire n’a presque pas d’évolution de son niveau de vie car l’essentiel du revenu est affecté au paiement de l’outil de travail. En contrepartie, il peut espérer se constituer un capital important lors de la revente de son officine.

Certaines professions font des arbitrages différents. Les laboratoires d’analyses de biologie médicale constituent un cas intéressant, car ils sont assez proches (au moins pour la formation) de la pharmacie. Depuis peu, les prix des laboratoires flambent sous l’effet d’une concentration du secteur. Mais auparavant, et sur une longue période, l’arbitrage était assez différent entre capital et revenu. En effet, il y a cinq ans, un laboratoire se vendait autour de 80 % du chiffre d’affaires, avec une rentabilité de 20 à 30 %. Cela valorisait l’outil de travail à quatre ans de résultat. Avec un prix d’achat à ce niveau, la part de bénéfices affectée au revenu disponible était beaucoup plus forte qu’en officine. Le niveau actuel de certaines transactions (140 à 160 % du chiffre d’affaires) va remettre en cause cet équilibre, même si la rentabilité plus forte laisse de la marge de manœuvre pour rémunérer le travail.

Autre exemple, celui des experts-comptables, lesquels ont, de longue date, organisé l’intégration des jeunes en leur ouvrant l’accès au capital. Il est courant d’avoir dans les cabinets plusieurs stades d’association, correspondant à des niveaux de rémunération et d’accès au capital différents. De la sorte, le niveau de revenu disponible est attractif pour les nouveaux associés.

Et les pharmaciens ? Le niveau de revenu d’un adjoint reste assez modeste pour une formation bac + 6. En outre, les plus jeunes mettent davantage l’accent que leurs aînés sur la préservation d’un équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Cette évolution s’ajoute à une très large féminisation de la population des adjoints (82 % en 2010). Le modèle économique binaire (adjoint-titulaire) peut-il dès lors rester attractif pour les jeunes ? Une voie intermédiaire pourrait-elle émerger, consistant à intégrer au capital des adjoints qui deviendraient cotitulaires, avec un revenu amélioré et une qualité de vie préservée ?

Le modèle économique de l’installation peut-il également rester attractif ? L’arbitrage entre le revenu immédiat et le capital se fait au détriment du train de vie immédiat. Cette situation exerce déjà une pression à la baisse sur le prix des officines. Dès lors, les titulaires en place devront développer des démarches alternatives pour compenser la moindre valorisation de leur capital.

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