La grande manifestation de l’USPO n’a pas eu lieu - Le Moniteur des Pharmacies n° 2850 du 16/10/2010 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2850 du 16/10/2010
 

Actualité

L’événement

Auteur(s) : Claire Bouquigny

Lundi 11 octobre, un peu plus de 150 pharmaciens ont répondu à l’appel de l’USPO et manifesté devant les grilles de la Caisse nationale d’assurance maladie à Paris. Une délégation a été reçue par son directeur, Frédéric Van Roekeghem. Récit.

Nous sommes venus devant la CNAM car monsieur Van Roekeghem était présent à la dernière négociation et il était très ferme sur le maintien des grands conditionnements », explique Gilles Bonnefond, président délégué de l’Union des syndicats de pharmacies d’officine (USPO), qui appelait, lundi matin, les pharmaciens à manifester devant la Caisse nationale d’assurance maladie à Paris, Porte de Montreuil.

Ils ne sont que 150, 250 selon le syndicat. « Nous ne sommes pas nombreux, mais chacun d’entre nous représente une équipe de 5 ou 6 personnes qui s’est organisée pour que nous puissions monter sur Paris », expliquent deux manifestants venus de Beaune (Côte-d’Or) et d’Autun (Saône-et-Loire). Pourtant, des adhérents d’autres syndicats se sont joints à l’USPO comme Guy Giacomini, de Drancy (Seine-Saint-Denis), affilié FSPF mais venu à titre personnel – très applaudi quand il « regrette les clivages syndicaux » –, ainsi que des membres de l’APLUS, de l’association Pharmaciens en colère et Patrick Zeitoun, président de l’Union des pharmaciens de la région parisienne (UPRP). Ce dernier s’interroge : « Une pharmacie qui ferme par semaine, 600 personnes qui ont perdu leur emploi, à partir de quel seuil estime-t-on qu’il y a un problème ? »

Réunis en petits groupes sur un bout de trottoir devant le siège de la CNAM, immense bâtiment aux allures de petit Bercy, coincés entre les grilles qui le protègent et la rue, les manifestants, la plupart en blouse blanche, échangent leurs points de vue, évoquent leurs problèmes de trésorerie et, surtout, parlent de leurs inquiétudes. « Nous sommes tous en train de mourir à petit feu. La plupart des pharmaciens sont seuls dans leur officine. Que dire aux jeunes qui veulent se lancer dans la profession ? », s’interroge une officinale francilienne.

« Oui à la pharmacie de proximité », « Non aux TFR »

Nos deux pharmaciens bourguignons rapportent que « la plupart des confrères ne peuvent pas être là car ils sont en difficulté ». Deux titulaires de Bretagne témoignent qu’un confrère « négocie son emprunt bancaire à un an et demi de la retraite ». Ils racontent qu’à Avranches, (Manche), « les patients doivent maintenant faire 25 kilomètres pour trouver une officine de garde ». « Tout le monde nous lâche, commente Kamilla Benmessaoud, pharmacienne au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis), mais les banques, elles, ne nous lâchent pas… ». Un pharmacien du Val-de-Marne regrette d’avoir dû licencier une préparatrice et s’étonne « qu’on ne parle pas des réductions de personnel ». Leur préoccupation va aussi vers les patients qui « plébiscitent le réseau », lequel « répond aux besoins de la population ».

Tout l’enjeu est là, dans la capacité pour la profession à maintenir le maillage territorial, en milieu rural notamment. « Oui à la pharmacie de proximité ! », « Non aux grands conditionnements ! » et « Non aux TFR ! » clament les trois banderoles accrochées aux grilles de la CNAM. Le souhait de Gilles Bonnefond est de sauver la première revendication grâce aux deux autres. « On nous reprochait notre maillage territorial, commente-t-il avec son accent chantant, et maintenant on nous regarde car ils n’arrivent pas à le réaliser avec les autres professions de santé. » Il souligne que le manque de médecins rend d’autant plus vital le maintien du pharmacien, seule profession de santé, avec les infirmières, à pouvoir « encadrer et suivre les patients ». Ces derniers « ont confiance en nous, ils nous restent fidèles car ils savent qu’ils peuvent compter sur nous ». Pour Gilles Bonnefond, « il y a urgence » et il faut dès maintenant donner « un grand bol d’oxygène » à la profession.

« Il y a eu de l’écoute, même si cela ne pouvait être conclusif »

Il fait froid, le petit bout de trottoir est toujours à l’ombre, les pharmaciens en blouse blanche commencent à taper du pied pour se réchauffer. « A quand une confédération qui parle pour tous ? », interroge un manifestant chaudement applaudi. « Je la réclame, cette union. Je désapprouve la stratégie de maintien de la grève des gardes par la FSPF et l’UNPF », répond Gilles Bonnefond, peu avant d’entrer, avec quatre autres pharmaciens, dans les locaux de la CNAM pour rencontrer son directeur général Frédéric Van Roekeghem.

Une heure plus tard, le président délégué de l’USPO ressort satisfait : « Nous avons travaillé sur du concret. Il y a eu de l’écoute, même si cela ne pouvait pas être conclusif, car Frédéric Van Roekeghem n’a pas les manettes. L’arrêt des grands conditionnements n’est pas envisageable, mais Frédéric Van Roekeghem a reconnu que le plus gros des efforts portait sur l’officine et qu’un rééquilibrage des efforts entre les différents acteurs serait une porte de sortie correcte. Concernant les EHPAD, Frédéric Van Roekeghem est disposé à poursuivre l’expérimentation. Nous avons soutenu qu’une facturation détaillée par patient de tous les médicaments prescrits et de leurs prescripteurs serait plus efficace qu’une enveloppe globale. »

Enfin, les cinq visiteurs de la CNAM avaient apporté à Frédéric Van Roekeghem un paquet d’ordonnances portant le tampon « Non substituable » ou la mention « Je décline toute responsabilité en cas de substitution par le pharmacien ». « Nous voulions montrer que le tassement de la substitution des génériques était une stratégie de contournement par les médecins et les industriels. Le message est bien passé », assure Gilles Bonnefond. Certes. Mais, pour l’heure, la réunion du 25 octobre au ministère de la Santé n’a pas été avancée, contrairement aux souhaits de l’USPO et de l’UNPF…

* Voir « Le Moniteur » n°  2847.

Pourrez-vous respecter la minute de silence en mémoire de votre consœur de Guyane le samedi 20 avril ?


Décryptage

NOS FORMATIONS

1Healthformation propose un catalogue de formations en e-learning sur une quinzaine de thématiques liées à la pratique officinale. Certains modules permettent de valider l'obligation de DPC.

Les médicaments à délivrance particulière

Pour délivrer en toute sécurité

Le Pack

Moniteur Expert

Vous avez des questions ?
Des experts vous répondent !