Ce que vous en pensez : Faire appel à la Poste pour porter des médicaments au domicile des patients

JEAN-LUC LEROY, TROUVILLE-SUR-MER (Calvados)

Je partage l’opinion générale des pharmaciens. Un système de portage avec un prestataire doit s’étudier au cas par cas, avec l’ensemble des instances professionnelles mais aussi des pharmaciens représentatifs de chaque typologie d’officine. En effet, les besoins peuvent varier en fonction des régions et des endroits. Ce service est à envisager dans les zones désertées par le réseau et dans les cas d’urgence, tout en restant dans le périmètre d’action de la pharmacie la plus proche. C’est pourquoi il doit répondre à un cahier des charges précis et rédigé par les pharmaciens. Il faut être très vigilant car des débordements peuvent vite arriver et aboutir à la vente par correspondance.

CHRISTINE DONNAT, LUYNES (Bouches-du-Rhône)

Le portage de médicaments par un tiers me gêne car il nous prive de la relation avec le patient, et cela n’est pas sans risque. Lorsque je délivre une ordonnance, j’aime bien avoir la personne en face de moi si j’ai un interrogatoire à mener sur ses antécédents, ses pathologies, ses traitements. Comment également conseiller et réaliser des ventes associées dans ces conditions ? Ponctuellement, il m’arrive de porter les médicaments à domicile à la demande d’un patient que je connais bien et pour lequel il y a un suivi de ses traitements. Faire appel à la Poste me paraît aller à l’encontre d’un rôle accru du pharmacien dans l’accès aux soins. Néanmoins, il ne faut pas se désintéresser du sujet sinon d’autres s’en occuperont, avec le risque que le médicament nous échappe.

ROBERT BAUMGARTEN, CHENOVE (Côte-d’Or)

Je ne vois pas l’utilité de faire appel aux services de la Poste. Nous assurons gracieusement le portage de médicaments auprès des clients qui ne peuvent pas se déplacer à l’officine, auprès des cliniques et des maisons de retraite. Il y a eu de précédentes initiatives avec les ambulanciers et elles ont toujours capoté. Leur service a un coût mais personne n’est prêt à payer. Il ne faut pas se couper du patient, il y a des tâches qui sont irremplaçables au comptoir. Comment expliquer une substitution si la relation devient anonyme ? Qu’il s’agisse du portage des médicaments ou de leur vente par Internet, il faut veiller à ne pas dévaloriser notre rôle face à la menace Michel-Edouard Leclerc.