Interview du professeur Dominique Porquet Président de la Conférence des doyens de faculté de pharmacie, doyen de l’UFR de pharmacie de l’université Paris-Sud-XI à Châtenay-Malabry - Le Moniteur des Pharmacies n° 2836 du 19/06/2010 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2836 du 19/06/2010
 

Dossiers

Enquête

Auteur(s) : Claire Bouquigny

Comment s’est passée la coopération entre médecins et pharmaciens pour la conception des cours de première année des études de santé ?

Cette première année devait être réfléchie et coorganisée par un groupe de pilotage, c’est-à-dire un groupe local (par université) associant les différents interlocuteurs concernés : le doyen de médecine, le doyen de pharmacie, le doyen d’odontologie et, le cas échéant, les directeurs ou directrices d’écoles de sage-femme. Dans la plupart des universités, ce groupe a existé, mais de façon informelle. Parfois, une véritable structure a été créée. Nous avons travaillé à la fois sur les contenus pédagogiques et les intitulés des cours, puis nous les avons déclinés en volumes horaires. Dans la majorité des universités, la réflexion commune a été menée conjointement par des médecins et des pharmaciens. Pour un petit nombre d’entre elles, malheureusement, les UFR de médecine considèrent que la PACES n’est qu’un ex-premier cycle des études de médecine (PCEM 1) et qu’ils peuvent assurer le travail seuls. Ce n’est ni légitime ni pertinent, et c’est contraire à l’esprit de « travail commun ». Il est vrai que le contenu pédagogique correspond pour 85 à 90 % à une ex-première année de médecine et pour 60 à 70 % à une ex-première année de pharmacie. Au-delà de la réflexion sur les contenus, il se pose la question du « qui fait quoi ? ». C’est pourquoi la mise en place est délicate.

Quelles facultés intégreront les étudiants ayant réussi le concours dans une faculté qui ne comprend pas d’UFR de pharmacie ?

Cette situation concerne Nice, Brest, Saint-Etienne, Corte et les DOM-TOM. Dans ces cas-là, chaque université de médecine « orpheline » fonctionnera avec une seule université de pharmacie et elle intégrera les étudiants reçus avec un certain quota de places réservées. Ainsi, les étudiants de Nice et de Corte iront à Marseille, ceux de Brest à Rennes, ceux de Saint-Etienne à Lyon et ceux des Antilles et de Guyane à Bordeaux. La question s’est posée également en Ile-de-France car on y dénombre sept universités de médecine pour deux universités de pharmacie. Nous y avons travaillé au niveau de la collégiale des doyens de faculté d’Ile-de-France. La solution trouvée est que les étudiants de facultés de médecine de Paris-V, VII et XIII intégreront la faculté de pharmacie de Paris-V/ René-Descartes et ceux des facultés de Paris VI, XI, XII et Versailles/Saint-Quentin intégreront la faculté de pharmacie de Paris-XI à Châtenay-Malabry.

Pensez-vous que cette première année commune va permettre aux étudiants de tisser des liens et d’acquérir une culture commune ?

Leur formation est proche sur le plan de la pédagogie. En revanche, il est peu probable que les étudiants acquièrent une culture de groupe. C’est une année de concours, les étudiants seront d’un individualisme forcené et ils ne tisseront que peu de liens entre eux. Le problème vient de ce que le bac n’est pas un diplôme de fin d’études secondaires mais un diplôme d’entrée dans l’enseignement supérieur. On pourrait envisager de faire un concours 15 jours après le bac puis 2 ans de formation commune, mais cela n’est peut-être pas encore d’actualité.

Quelles pourront être les voies de réorientation ?

Les filières scientifiques, comme la biologie et la chimie, seront heureuses d’accueillir des étudiants car leurs effectifs sont en baisse. Cependant, il y a très peu d’étudiants ayant échoué en médecine qui se tournent vers les professions paramédicales. Beaucoup d’entre eux préfèrent se diriger vers des études de droit, de sciences économiques ou de commerce. La réorientation pourra se faire au sein des facultés car, excepté en Ile-de-France, la plupart d’entre elles sont généralistes.

Cette première année va entraîner une réorganisation des études pharmacie. Quels seront les changements les plus importants ?

Les médecins ne sont pas encore prêts à entrer dans le système LMD. Pour les pharmaciens, la réforme sera obligatoire dès le 1er septembre 2011 puisque la première année sera totalement différente. Réforme pour réforme, autant entrer dans le système LMD. Les arrêtés précisant le contenu des LMD ne sont pas encore sortis mais la Commission pédagogique nationale des études de pharmacie y travaille depuis 2 ans. Les études de pharmacie durant 6 ans, il y aura un premier grade de licence après 3 ans d’études, puis un grade de master après 2 années supplémentaires et enfin une année supplémentaire sera nécessaire pour acquérir le diplôme permettant l’exercice de la pharmacie. Nous allons notamment intégrer un enseignement à l’éducation thérapeutique du patient. Ce sont aux pharmaciens d’officine de nous dire quels sont leurs besoins afin que nous puissions définir des contenus qui soient en adéquation.

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