Ce que vous en pensez : La vente de médicaments OTC sur Internet

PHILIPPE BOURGADE, Sancoins (Cher)

Sur un plan pratique, la vente de médicaments sur Internet ne présente aucune utilité pour le patient. S’il a besoin de prendre un médicament dans l’immédiat, le plus simple est de l’acheter dans l’heure qui suit et, s’il s’agit d’un achat de précaution, il peut très bien attendre plusieurs jours pour se le procurer en pharmacie. En outre, on ouvre là une boîte de Pandore, avec le risque de casser un circuit de dispensation sécurisé qui protège à la fois le consommateur et le pharmacien. On ne maîtrise plus rien sur Internet. Les fraudes, contrefaçons et falsifications y sont légion. De plus, les internautes cherchent des prix moindres et les ventes en ligne favoriseront uniquement la consommation.

FRANÇOISE GÉRARD, Nancy (Meurthe-et-Moselle)

Internet est déjà omniprésent. Pas la peine d’en rajouter. La création de relations virtuelles avec le patient déshumanisera la pharmacie et shuntera une étape clé dans la prise en charge de ses petits maux quotidiens. Si la vente de médicaments en ligne est autorisée, les clients finiront par se passer de nos compétences car elles ne seront plus reconnues. Les contradictions du ministère de la Santé me surprennent d’ailleurs : d’un côté, il fait tout pour nous valoriser et nous inciter à mettre en place le dossier pharmaceutique, de l’autre, il veut minimiser notre rôle de conseil. Les gens achèteront en outre leurs médicaments là où c’est le moins cher. Il est probable que les pharmacies qui ont les moyens de baisser leurs prix sauteront à pieds joints dans ce système. Les petites pharmacies de quartier pourraient alors être menacées de disparition.

BRUNO SIDI, Castres (Tarn)

Le prix du médicament officinal est peu élevé en France. L’enjeu de la vente de médicaments en ligne n’est donc pas économique, sauf à ce qu’il y ait un transfert des dépenses à la charge de l’assuré en diminuant le recours aux médicaments de prescription remboursables. En fait, l’action menée par le ministère de la Santé est très symbolique. Elle s’inscrit dans le cadre plus large du remodelage d’un système de distribution du médicament arrivé en bout de course et dans les objectifs gouvernementaux de concentration du réseau. C’est pourquoi les pharmaciens doivent être opposés par principe à la vente de médicaments sur Internet. Mais aussi pour des raisons tenant à la sécurité des patients et à la responsabilité professionnelle.