Bien-être et bien-paraître

Catherine entre à la Pharmacie centrale de Trouville (Calvados) le sourire aux lèvres. Aujourd'hui elle a rendez-vous avec Patricia, préparatrice spécialisée en dermocosmétique, pour une « séance découverte » un peu particulière. « Je viens faire de la balnéo ! Au bord de la mer, quoi de plus normal ! », plaisante-t-elle. Au programme, une séance de balnéothérapie plantaire, incluant un gommage et la découverte de produits de soin pour les pieds. « Les clients trempent leurs pieds dans une huile à base de sels de la mer Morte qui a la particularité de ne pas mousser une fois l'appareil en marche », explique Jean-Luc Leroy, le titulaire.

Les yeux mi-clos, les pieds dans l'eau bouillonnante, Catherine se laisse bercer par la musique et les sons marins diffusés dans la petite pièce qui fait office de cabine. Le gommage dure environ cinq minutes. Pendant cinq autres minutes, Patricia lui massera les pieds, car la préparatrice initie également ses « hôtes » à la réflexologie.

Les rendez-vous sont proposés systématiquement au comptoir, et les clientes ayant déjà participé sont recontactées par téléphone. La cabine où sont prodigués les soins a été installée dans une petite pièce au fond de l'officine et le salon d'orthopédie situé à l'étage peut accueillir une seconde cliente en cas d'affluence.

« Je veux faire de mon officine une maison de santé »

A la Pharmacie centrale, outre le gommage des pieds, on soigne aussi les mains et le dos d'une clientèle stressée. « Pour moitié, ma clientèle se compose de Parisiens qui viennent un week-end sur deux se ressourcer à Trouville, précise Jean-Luc Leroy. Je veux faire de mon officine une maison de santé où ils se sentent accueillis comme chez des amis, où ils prennent soin d'eux et repartent avec le sourire. Ici, on vient chercher confort et réconfort. » Le titulaire de Trouville n'en est pas à son coup d'essai. Animation et vitrines originales sont presque devenues sa marque de fabrique. « Tout a commencé alors que je venais d'acquérir ma première officine, à Rouen, raconte-t-il. A l'époque, Darphin, qui était référencé chez nous, proposait une soirée par mois à Paris centrée autour d'une animation. C'est ainsi que j'ai commencé à mettre en place mes propres animations. »

Dans l'officine rouennaise, située dans la même rue que l'Ordre, Jean-Luc Leroy invitait déjà sa clientèle à des soirées de relooking et de maquillage. « C'était uniquement sur invitation, avec service d'ordre à l'entrée. Deux maquilleurs de plateaux TV conseillaient les clientes de 21 h à 2 h du matin dans une ambiance festive. Nous étions dans les tout premiers à proposer ce type d'animation. » Une autre animation, toujours aux heures de fermeture, aura permis aussi à quelques clientes de s'initier au concept de la médecine chinoise. « Nous avions même organisé un concert de violoncelle, ajoute Jean-Luc Leroy. Et, pour la semaine consacrée à l'insuffisance veineuse et aux bas de contention, une moto customisée trônait dans la vitrine avec un mannequin ! Au début, les clients sont étonnés. Mais il faut savoir oser, sans jamais passer les bornes du mauvais goût. » Un leitmotiv qui lui a permis de faire de son officine un lieu de vie où ses clients aiment à s'arrêter, même sans but précis.

Un petit salon pour le conseil en prothèses mammaires

A la Pharmacie centrale, il se passe toujours quelque chose. Et pas seulement en matière de bien-être. Le titulaire a aussi développé l'orthopédie et plus particulièrement le conseil en prothèses mammaires. L'été, une vitrine met d'ailleurs en valeur les maillots de bain afférents. « Je m'y intéresse depuis que je suis assistant. J'ai très vite été frappé par le défaut de prise en charge des femmes après la chirurgie. D'une part, on leur parle de prothèses à leur sortie de l'hôpital, à un moment où elles ne sont pas du tout disponibles pour entendre ce discours et n'ont qu'une envie, rentrer chez elle. D'autre part, peu d'officines proposent ce service. » A l'étage, une pièce aménagée en petit salon permet de recevoir ces femmes et de les écouter autour d'un café ou d'un thé. « Au premier rendez-vous, nous ne montrons rien. La discussion consiste à beaucoup écouter. Cela dure une demi-heure à trois quarts d'heure. En général, lorsqu'elle se sent en confiance, la femme se déshabille et montre spontanément sa cicatrice. On parle alors de ce qu'il est possible de faire pour elle. »

« C'est important de garder le contact et d'assurer un suivi »

Deux adjointes spécialisées ont suivi la formation de la marque Amoena, fabricant de prothèses et de produits textiles pour les femmes opérées du cancer du sein. Un « plus » qui est mentionné sur le site de la marque qui référence tous ses dépositaires. « J'ai également le diplôme, indique Jean-Luc Leroy, mais je pense qu'il est plus facile pour les patientes d'avoir affaire à une femme. Je n'interviens donc qu'en cas d'absolue nécessité, si mes deux adjointes ne sont pas disponibles. » Une fois la prothèse délivrée, et éventuellement des sous-vêtements, la patiente est invitée à revenir deux ou trois semaines plus tard. « C'est important pour nous de garder ce contact et d'assurer un suivi après la délivrance, confie le titulaire. Il nous arrive aussi d'appeler la patiente pour savoir si tout va bien, si elle est satisfaite. Le relationnel est primordial pour ce type de délivrance et nous tenons à l'entretenir. »

Et ce type de prestation a tout autant besoin sinon plus du relationnel qu'un massage des pieds par exemple.