Dessine-moi une vitrine - Le Moniteur des Pharmacies n° 2813 du 16/01/2010 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2813 du 16/01/2010
 

ANICHE

Initiatives

Sans les conseils de professionnels du merchandising, mais avec beaucoup d'imagination, d'ingéniosité et un goût artistique certain, Stéphane Decroos réalise lui-même ses vitrines. Et il adore ça. Les enfants aussi, qui en redemandent. Quant à leurs parents, ils n'hésitent pas à entrer pour complimenter le titulaire.

A la croisée de la rue Patoux et de la rue d'Alsace à Aniche (Nord), la pharmacie Decroos crée souvent l'événement. « Je suis situé dans le voisinage de trois écoles. Les enfants passent souvent devant mes vitrines, et s'arrêtent... Cela tombe bien, parce que c'était d'abord pour eux que je voulais faire de belles vitrines », explique Stéphane en souriant. Sans nostalgie, mais toujours avec beaucoup d'émerveillement dans la voix, il se souvient des vitrines des grands magasins, à Noël, découvertes lors d'un voyage à Paris avec ses parents. « Je me suis dit alors que je ferai la même chose quand je serai grand ! »

Adolescent, Stéphane Decroos rêve d'abord de devenir cosmonaute : « Dans les années 80, on disait que les médicaments se fabriqueraient dans l'espace, donc j'ai trouvé logique de faire pharmacie pour étudier le médicament... » Il veut même rédiger sa thèse sur la synthèse moléculaire en apesanteur. Sa passion pour l'espace ne le lâchera pas. Mieux, il l'utilisera comme source d'inspiration pour réaliser une de ses plus surprenantes vitrines à l'occasion du 40e anniversaire du premier alunissage.

« Permettre aux gens de s'évader de leur quotidien »

Même si la vitrine est un moyen reconnu pour attirer le chaland, Stéphane Decroos pense d'abord au plaisir qu'elle va procurer aux enfants, ensuite à celui des adultes. « La première fois que j'ai conçu une vitrine, c'était au début de ma titularisation, il y a trois ans, et je me suis demandé si les passants n'allaient pas être surpris, reconnaît Stéphane. La pharmacie est un monde plutôt "carré" et les gens sont habitués à voir une vitrine avec des produits, des prix, un totem, etc. » Or, le nouveau titulaire a d'abord eu envie « de permettre aux gens de s'évader de leur quotidien », mais aussi « de personnaliser [ses] vitrines, de poser [son] empreinte ». Il va même jusqu'à admettre qu'il pense souvent aux décors qu'il va fabriquer avant de penser aux produits qu'il va mettre en avant. « Je suis certain qu'un professionnel me dirait que j'ai tout faux, que je dois plus mettre en scène le produit... » C'est en pleine période de Noël qu'il se lance la première fois. Dans la nuit, les guirlandes bleutées scintillent et grimpent à l'assaut de la façade de l'officine. Dans la vitrine principale, un train court dans un paysage enneigé, des petits personnages se parlent sur la place du village ou devant un manège... « La deuxième année, ma vitrine de Noël était un peu plus aboutie, car j'avais déjà du matériel (le petit train, les maisons et les personnages), et surtout j'avais des idées en plus ! »

Utiliser la lumière et les couleurs pour attirer l'oeil

Stéphane Decroos a un autre atout. « En dehors de la pharmacie, je suis comédien depuis dix ans et je fais partie de deux troupes. Alors, avec mes vitrines, j'essaye d'entraîner les gens dans mon monde, comme je le fais au théâtre ! » Il entraînera ainsi jeunes et moins jeunes dans ses rêves d'adolescent.

Parfois, il adopte cependant un comportement moins artistique et pense aux produits qu'il va mettre en évidence. « Je ne suis pas persuadé que de mettre en vitrine un produit connu fasse entrer le passant, mais j'ai remarqué que la mise en vitrine d'un produit nouveau facilite son démarrage commercial... Je me souviens par exemple d'une cliente qui cherchait partout un produit à base d'huile d'argan après avoir vu un reportage. Elle était de passage à Aniche et est entrée parce que j'avais mis en scène de l'argan en vitrine. »

Sans le savoir, Stéphane Decroos respecte aussi une des règles souvent énoncées par les professionnels : ce n'est pas le produit qui attire l'oeil, mais la lumière et les couleurs. Ainsi, pour mettre en valeur des produits à base de plantes, il dispose sur un drap blanc des plantes exotiques, un chat en porcelaine et des vases translucides qu'il éclaire de l'intérieur pour leur donner une clarté laiteuse la nuit. Très sensible aux effets de lumière lorsqu'il joue au théâtre, il adapte ce principe à ses vitrines et « sculpte » les produits avec des petits faisceaux lumineux. Souvent, les enfants sont ses cibles préférées. Pour mettre en valeur des produits pour bébé, il façonne une entrée de tunnel dans le panneau publicitaire pour y faire circuler son train. A Noël, il a réalisé un décor particulier pour sa plus petite vitrine, de 2,50 mètres. « C'était une petite chambre d'enfant, avec un sapin de Noël, une cheminée, des peluches par terre, mais aussi des gels douche pour enfant en forme de Mickey, de Barbie, etc. Les enfants tiraient la manche de leurs parents pour leur demander l'article en vitrine. Les parents entrent parfois pour me faire des compliments ! »

Des décors qui coûtent entre 200 et 600 euros

« J'imagine seul mes décors, mais j'ai besoin de l'avis de mon équipe pour les critiques ! » Pour les fêtes de Noël, ses collaboratrices ont ainsi trouvé que les produits « faisaient tache dans le décor ». Il les a donc enlevés de la vitrine principale, sauf le médicament pour le rhume. « Je fabrique mes décors au millimètre près et c'est ce qui me demande le plus de temps. Pour ma dernière vitrine de l'année, j'ai passé une nuit blanche à l'installer ! » L'officine de 100 mètres carrés (réserves et bureau inclus) est éclairée par deux vitrines, dont la plus grande fait 3,82 mètres. « En fait, je me suis remis au modélisme, que je n'avais pas pratiqué depuis mon enfance. Le décor représente des scènes paisibles et idylliques, champêtres, de vacances, de loisirs, de bonheur... » Mais le modélisme, c'est aussi de la technique, de l'ingéniosité. « Ce qui est long parfois, c'est de fabriquer les modules (les coffrages en bois sur lesquels on pose les décors), mais de fil en aiguille, en tâtonnant, j'ai trouvé des idées. » Sur la période de janvier-février, il fait un clin d'oeil aux sports d'hiver et offre aux regards des passants un téléphérique qui monte et descend. « Deux roues servent au guidage précis du câble de traction, afin d'éviter tout déraillement des cabines. Les poulies de roulement sur le câble porteur, qui mesurent 1 mm, font 4 mm de diamètre avec une gorge de 0,7 mm. » Précisions presque scientifiques.

Côté finances, Stéphane essaye de ne pas dépasser un budget raisonnable : « Mon plus gros investissement était de 600 à 700 euros, quand j'ai commencé à faire ma première vitrine, car je n'avais pas de matériel. En revanche, pour mon dernier Noël, j'ai juste dépensé 200 euros, parce que j'ai réutilisé des éléments de l'année précédente. J'ai bricolé le décor en quelque sorte ! »

Dans Le Système des objets, le philosophe et sociologue Jean Baudrillard écrit au sujet des vitrines : « On voit, mais on ne peut toucher... Une vitrine, c'est féerie et frustration, mais aussi information. » Tout est dit !

Envie d'essayer ?

Les avantages

- « Créer de l'animation dans la rue et être parfois, comme on me l'a déjà dit, un but de promenade. »

- « Donner un peu de baume au coeur des patients qui n'ont pas le moral. »

- Montrer à l'extérieur l'état d'esprit qui règne à l'intérieur.

- « Si l'on n'est pas certain du retour sur investissement en termes économiques, les réactions positives ou émerveillées des clients et des représentants des laboratoires montrent que l'on apporte une émotion. »

Les difficultés

- Trouver du temps : « Quand je passe la moitié de la nuit à faire une vitrine, je me demande parfois si ça vaut le coup, mais les compliments sont ma récompense. »

- Construire les modules qui vont permettre au décor de tenir.

- Respecter les échelles.

Les conseils

- Faites en sorte que la vitrine soit propre et belle du premier au dernier jour de l'exposition. - Entretenez régulièrement le décor et veillez au bon fonctionnement des automates.

- Eclairez de façon subtile la vitrine.

- Changez régulièrement de vitrine pour la faire vivre. Stéphane Decroos le fait toutes les six semaines.

- « Soyez un observateur enthousiaste du monde qui vous entoure et laissez vagabonder votre imagination. Nos vitrines reflètent l'image de nos entreprises. Elles doivent toujours être conçues avec goût pour donner envie : envie d'acheter ou simplement envie d'entrer. »

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