Le signe de la croix - Le Moniteur des Pharmacies n° 2796 du 03/10/2009 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2796 du 03/10/2009
 

THENON

Initiatives

Chaque année, Mariel Lhuillier réserve la période du 11 au 16 août. Destination Lourdes, où cette titulaire veille au bon usage des médicaments auprès des malades et coordonne une équipe de pharmaciens. Des vacances au service des autres.

Depuis une bonne dizaine d'années, Mariel Lhuillier est fidèle à un rendez-vous : le pèlerinage national de Lourdes du 11 au 16 août. Cette pharmacienne installée à Thenon, en Dordogne, ne manquerait pour rien au monde ces six jours au contact des malades et des personnes âgées. Elle a choisi de s'engager comme pharmacienne bénévole au dispensaire de l'accueil Saint-Frai, une sorte d'hospice où sont hébergés les malades pendant leur séjour dans la cité mariale. Depuis deux ans, cette jeune grand-mère hyperactive y coordonne l'équipe de pharmaciens.

A Lourdes, il n'est pas question de délivrer des médicaments comme dans une pharmacie hospitalière. Depuis deux ans, le dispensaire ne peut plus être un dépôt de médicaments. Seuls les médecins ont donc le droit d'apporter des médicaments. Les patients sont censés avoir dans leurs valises l'ensemble de leur traitement, leur carte Vitale mise à jour, l'attestation de l'Assurance maladie et la photocopie de leurs ordonnances en cours.

Dès leur arrivée, avant les malades, les pharmaciens constituent un chariot d'urgence grâce aux trousses des médecins et au matériel stocké sur place. La liste de tous les médicaments disponibles pour approvisionner le chariot d'urgence est mise à la disposition des pharmaciens qui se chargent de les compléter au fur et à mesure des besoins. « Nous conservons une cantine à Lourdes pour entreposer une base de matériel médical. Tous ces produits proviennent de dons des laboratoires (alèses, gants à usage unique, changes et protections pour incontinence, lecteurs de glycémie, autotensiomètres, stéthoscopes, otoscopes, abaisse-langue, compresses, pansements, ciseaux, pinces, alcool, antiseptiques, sondes, seringues, aiguilles...) », explique Mariel Lhuillier.

Garantir une bonne observance durant le séjour

Mariel Lhuillier et son équipe ne restent pas au dispensaire mais auprès des patients dans les huit services répartis sur les quatre étages de l'accueil. Ils assurent leur service essentiellement aux heures des trois repas, de 7 à 9 h, de 12 h à 14 h et de 18 à 20 h. « Au début de la semaine, il faut d'abord vérifier les piluliers qui ont pu se renverser pendant le voyage voire même constituer des piluliers car les patients arrivent parfois avec leurs médicaments en vrac. Il faut aussi repérer les malades autonomes et ceux qui ne le sont pas et qui nécessiteront plus d'attention. Cela me permet de voir s'il y a des services où il faut affecter plus de pharmaciens. Ensuite, au fil de la semaine, nous vérifions que les médicaments sont pris comme il faut. Nous pouvons aussi être amenés à donner les médicaments aux patients dépendants. C'est pourquoi nous sommes présents dans les étages au moment des repas pour veiller à la bonne observance des traitements. Il arrive qu'il manque un médicament soit parce que le malade l'a oublié, soit parce qu'il déclare une pathologie au cours du séjour. Nous nous rendons alors dans une des officines de la ville chercher les médicaments prescrits après la visite d'un des médecins bénévoles. »

Lorsque des patients nécessitent une prise de sang, soit le laboratoire d'analyses vient chercher les prélèvements, soit une infirmière ou un autre membre de l'équipe soignante les apporte au laboratoire. Les pharmaciens vont ensuite chercher les résultats au laboratoire. L'équipe soignante travaille également avec l'hôpital de Lourdes car il arrive qu'il faille hospitaliser un patient quand il déclare une pathologie aiguë potentiellement sévère. Enfin, les pharmaciens veillent à la bonne utilisation des gants requis pour la toilette et les soins des malades par les « soignants bénévoles », des couches et des alèses. Ils peuvent soigner au dispensaire les autres personnes venues rendre service (hospitaliers, brancardiers...) pour de petites pathologies comme des ampoules, des indigestions...

Une collaboration étroite entre les soignants

A Lourdes, les pharmaciens ne sont pas les seuls bénévoles. La communauté des soignants de Saint-Frai se retrouve chaque matin au dispensaire. Elle réunit médecins, pharmaciens et infirmières, mais aussi un kiné, un dentiste et un psychiatre. « Les contacts avec les autres professionnels de santé sont très sympathiques. On travaille main dans la main. C'est très agréable », se réjouit Mariel Lhuillier. Ces réunions sont l'occasion de faire le point sur les malades, sur les éventuels incidents de la nuit... C'est au dispensaire que sont conservées les fiches confidentielles de renseignements médicaux de chaque malade, auxquelles les pharmaciens ont accès. Les soignants communiquent aussi via un cahier de liaison qui reste au dispensaire. Y figure notamment la liste de tous les médecins avec leur numéro de portable. Ce carnet permet bien sûr la transmission d'informations entre les différentes personnes soignantes présentes à Saint-Frai, comme par exemple le prêt d'appareil d'automesure à telle personne.

Une fois par semaine, l'équipe de pharmaciens se réunit également pour faire le point. Et, à chaque retour de Lourdes, Mariel Lhuillier effectue un bilan de la semaine et rédige un compte rendu sur l'organisation de l'équipe, les problèmes survenus avec les patients ou les autres soignants, et le déroulement du pèlerinage.

Etant donné ses responsabilités au sein du « National », Mariel participe à un week-end six mois avant le pèlerinage pour organiser la semaine à venir. Peu de temps avant le départ, elle rencontre également les médecins bénévoles de sa région pour prendre connaissance des fiches confidentielles de renseignements médicaux des patients qui seront hébergés à Saint-Frai. « Cette année, je savais que viendrait un malade qui est en permanence sous oxygène. Il a donc fallu que je prenne contact avec la société qui le fournit habituellement pour qu'une bombonne soit livrée à Lourdes avant son arrivée. »

Un service sans condition de religion

La titulaire de la Pharmacie Moderne aimerait que les pharmaciens bénévoles soient plus nombreux. « On reçoit tellement plus que ce que l'on apporte. » Ils étaient quatre cette année à l'accueil Saint-Frai, accompagnés pour la première fois d'une préparatrice, la fille de Mariel Lhuillier, quand il aurait fallu idéalement une équipe de huit personnes... « Il n'y a pas de conditions d'âge pour être bénévole à Lourdes. Nous cherchons à fidéliser les jeunes pour qu'ils reviennent servir d'une année sur l'autre. Il n'y a pas non plus de condition de pratique religieuse. Catholique ou pas, tous les volontaires sont les bienvenus. »

Cependant, la dimension religieuse revêt une importance toute particulière pour Mariel Lhuillier. Catholique pratiquante engagée dans sa paroisse, elle vient à Lourdes pour servir et ne s'en cache pas. « J'attends avec impatience cette semaine. C'est un grand moment de joie. C'est aussi un projet que je porte toute l'année. Cet été, j'ai emmené une personne âgée de la maison de retraite de Thenon où je suis allée montrer un film pris pendant un précédent pèlerinage. » Et sa vocation professionnelle n'est pas sans lien avec ce goût du service. « A l'officine, j'apprécie que mes patients viennent me dire que je les ai bien conseillés. Ce que j'aime, c'est pouvoir leur demander de leurs nouvelles, leur rendre service. Mes clients savent aussi que je pars à Lourdes m'occuper des malades, ils connaissent mes engagements et les respectent. »

Envie d'essayer ?

Les avantages

- La satisfaction de pouvoir aider.

- Une façon de montrer que le pharmacien n'est pas seulement un « marchand ».

- La vitalité engendrée par 6 jours au service des malades.

- Le plein de souvenirs humains pour l'année.

- Une pause salutaire pour relativiser ses propres tracas.

- Des vacances qui se prévoient facilement !

Les difficultés

- La fatigue au terme de 6 jours non-stop.

- Un trop faible effectif de pharmaciens bénévoles, qui n'est connu qu'au dernier moment.

- Obtenir des dons de matériel auprès des laboratoires.

Les conseils de Mariel Lhuillier

- « N'hésitez pas à vous inscrire suffisamment tôt : les inscriptions s'effectuent en ligne sur http://pelerinage-national.org dès le mois de mai. Mais on peut toujours venir à l'improviste ! »

- « Il n'est pas nécessaire d'être catholique pratiquant pour servir à Lourdes auprès des malades. Il faut seulement aimer le contact avec la personne âgée, avec la personne malade. »

- « Apportez 1 ou 2 blouses blanches pour être mieux identifié. »

- « Ne vous attendez pas à une structure très organisée comme celle d'un hôpital. Ayez un esprit d'initiative, de la rigueur et de l'enthousiasme. »

- « Venez et voyez ! On reçoit beaucoup plus des gens, qu'ils soient malades ou soignants, que ce qu'on leur donne. »

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