Dr Marc Girard, conseil en pharmacovigilance et en pharmacoépidémiologie :« C'est du grand n'importe quoi au niveau épidémiologique ! »

« Le Moniteur » : Cette agitation autour de la grippe A(H1N1) est-elle exagérée ?

Marc Girard : Bien sûr, la situation est grossièrement exagérée. Oui, la grippe est là. D'accord, c'est un virus nouveau. Mais on nous dit qu'il est plus bénin que celui de la grippe saisonnière. On nous dit aussi qu'il va muter. C'est entendu, mais qu'est ce qui nous prouve que le mutant ne va pas être encore plus bénin ? On constate quand même une discordance inhabituelle entre l'alarmisme des médias traditionnels et l'ironie placide de la population. Au Royaume-Uni, les experts ont revu leurs prévisions du nombre de victimes en les divisant par trois. Cet alarmisme n'est fondé sur rien. La vraie question est celle de l'allocation des ressources. Notre responsabilité de professionnels de santé est de hiérarchiser les menaces qui pèsent sur la santé publique et d'éclairer les politiques sur les choix à opérer. Quand on dépense 1,5 milliard d'euros dans un domaine, c'est forcément au détriment d'autres problèmes de santé publique. Aujourd'hui, c'est de la folie : vous commencez à tousser et on déploie un cordon sanitaire autour de vous ! On se base sur un ensemble de symptômes pour poser un diagnostic, mais combien de tests sont réalisés en pratique ? C'est du grand n'importe quoi au niveau épidémiologique.

Est-il justifié de se faire vacciner ?

Le gouvernement est dans un état de panique. Il faut quand même bien se rendre compte que ces nouveaux vaccins vont apparaître sans avoir été sérieusement évalués. C'est la première fois que je vois un calendrier fixe pour une obtention d'AMM. Pour moi, cela signifie que les dés sont déjà jetés : l'AMM ne sera pas refusée. Un dossier d'AMM, ce n'est pas une simple compilation d'études cliniques, il faut des mois et des mois, et même plutôt des années, pour le boucler. Et là, on essaie de nous faire croire qu'il peut être monté à toute vitesse. Pour moi, il n'y a pas de processus d'évaluation, aucune preuve d'efficacité, aucune donnée rassurante de tolérance et, ça, c'est grave. Il y a danger pour la santé publique. Aux Etats-Unis, fin juillet, la secrétaire à la Santé a même fait passer une loi d'impunité pour les fabricants. En clair, quoi qu'ils fassent, ils ne seront pas poursuivis.

Les adjuvants font débat. Que faut-il en penser ?

Plusieurs produits actifs entrent dans la composition des vaccins : les antigènes et les adjuvants qui boostent la réaction immunitaire. Le souci, c'est que ces derniers n'ont pas fait l'objet d'études toxicologiques approfondies et qu'ils sont extrêmement susceptibles d'accélérer les réactions auto-immunes. Et le vaccin est attendu pour la mi-octobre...

Votre discours a quand même ce côté paranoïaque que l'on retrouve chez les « antivaccinalistes »...

Depuis plus de 20 ans, je suis consultant pour l'industrie pharmaceutique : libre à quiconque de me présenter comme un antivaccinaliste. Je suis simplement « anti-médicaments mal développés ». Certes, il y a beaucoup de paranos et de sectes chez les opposants à la vaccination, mais qu'est-ce qu'il y a comme amateurs dans le domaine des vaccins !

Le 1er octobre paraîtra un livre* sur la grippe dont vous êtes l'div. Mais on lit et on entend déjà tellement de choses... Qu'allez-vous apporter de plus ?

Par rapport à l'inquiétude du public, légitime mais qui peine à s'exprimer, cet ouvrage fournira les réponses d'un professionnel. Il répondra effectivement à l'actualité, mais il est aussi destiné à lui survivre, car à mon avis cette épidémie ne va pas durer très longtemps. Le propos est de démontrer que la grippe A(H1N1) est un exemple type de ce qu'il ne faut pas faire en santé publique.