La fin d'une époque - Le Moniteur des Pharmacies n° 2786 du 04/07/2009 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2786 du 04/07/2009
 

MÉDICAMENT REMBOURSABLE

Cahier spécial

Marchés 2008

Quelle que soit l'origine des chiffres, l'année 2008, proche de la croissance zéro, n'aura pas été radieuse. 2009 s'annonce encore pire...

A fin janvier 2009, sur les 12 mois écoulés, la croissance du marché officinal des médicaments remboursables a été de 0,4 %, à 20,89 milliards d'euros.

Après l'essoufflement de 2007, on a assisté à un véritable effondrement du médicament remboursable en 2008... La France, comme tous les autres marchés européens matures (Royaume-Uni, Allemagne...), mais également les Etats-Unis ne sont plus du tout générateurs de croissance ! Sur le marché de ville prescrit (en PFHT), l'augmentation des prescriptions hospitalières, de 5,6 % en 2008 par rapport à 2007, n'aura pas compensé le recul observé au niveau des prescripteurs libéraux (- 0,9 %). La « faute » surtout aux généralistes qui ont sérieusement allégé le poids de leurs prescriptions à la fois en unités, sous la pression de l'Assurance maladie, mais aussi en valeur (via leurs prescriptions de génériques).

Le marché des génériques a passé la barre des 10 % du marché total en valeur l'année dernière. « Avec près de 75 % des délivrances en unités, le taux de pénétration des génériques au sein du Répertoire ne devrait plus beaucoup progresser. La croissance future viendra de son élargissement ainsi que des incitations gouvernementales à la prescription au sein de ce même Répertoire », analyse IMS Health.

Les classes thérapeutiques les plus touchées par cette décroissance sont les anti-infectieux, les médicaments du système nerveux central, les antiulcéreux, les AINS, les médicaments cardiovasculaires (hors cholestérol et HTA), soit sous l'effet des génériques, soit des déremboursements ou soit encore des recommandations gouvernementales. A contrario, plusieurs vaccins (Gardasil, Prevenar...) mais aussi les anti-TNF-alpha, les anti-DMLA, les anticancéreux et plusieurs spécialités prescrites dans le diabète et l'hypercholestérolémie ont tenté de tirer le marché vers le haut.

Le top-5 français est identique au top-5 mondial, à savoir, dans l'ordre : Plavix, Tahor, Seretide, Inexium et Gardasil. Au niveau des laboratoires cette fois, Sanofi-Aventis reste solide leader au niveau de l'Hexagone, en dépit d'une décroissance en 2008.

Le numéro 1 mondial, Pfizer-Wyeth, lui emboîte le pas suivi de Merck. Roche (4e) a bénéficié de la plus forte croissance, au même titre que Mylan (9e). Novartis, Glaxo-SmithKline, AstraZeneca et Servier occupent les places de 5 à 8.

Le marché est tiré par les produits de spécialités tels que les vaccins, les anti-TNF-alpha ou les produits métaboliques. En revanche, les anti-infectieux, médicaments du SNC ou antiulcéreux sont en forte décroissance, sous l'effet des génériques, des déremboursements et des recommandations gouvernementales.

Un taux de remboursement moyen de 75,4 %

Selon le propre bilan économique annuel du Leem (Les Entreprises du médicament), les laboratoires pharmaceutiques ont réalisé l'an dernier un chiffre d'affaires de 26,2 milliards d'euros, soit une hausse de 1,9 % par rapport à 2007. « Les cartes sont redistribuées, et le fait que notre pays bénéficie de nombreux atouts n'est pas un gage de réussite pour l'avenir », a pourtant averti Christian Lajoux, président du Leem.

Le médicament représente aujourd'hui le quatrième excédent commercial en France avec 7,1 milliards d'euros. Les Etats-Unis, l'Allemagne et la Belgique sont les pays où les exportations de médicaments fabriqués en France sont les plus nombreuses (29 %). « Si le pays ne prend pas très rapidement le virage des médicaments issus des biotechnologies, cette situation enviable risque d'être sans lendemain », assure Christian Lajoux. Toujours selon les chiffres du Leem, l'automédication représentait l'an dernier un chiffre d'affaires de 1,9 milliard d'euros, soit 427 millions de boîtes vendues (423 millions en 2007).

Au total, le médicament, remboursé à hdiv de 75,4 % en moyenne, représente 19 % des dépenses de remboursement de l'assurance maladie du régime général. Pour l'année 2009, le Leem envisage une faible croissance du marché remboursable en ville (entre 1 % et 2 %) ; celle du non-remboursable devrait se situer aux alentours de 4 %, tout comme celle du marché hospitalier.

En France, le laboratoire Sanofi-Aventis conforte sa position de leader, malgré une décroissance en 2008. Le numéro 1 mondial, Pfizer-Wyeth, lui emboîte le pas, suivi de Merck. A noter que Roche (4e) et Mylan (9e) ont bénéficié de la plus forte croissance.

Le CAPI passe mal

Selon IMS Health, le marché hospitalier était estimé à 5,2 milliards d'euros (prix réels) en 2008, soit une hausse de 6,2 %. Les antinéoplasiques et les anti-infectieux concentrent près de la moitié de ce marché. Les cinq premiers produits en représentent à eux seuls 20 % : Herceptin, Taxotère, MabThéra, Avastin et Remicade. D'importants reports vers le marché de ville ont été observés avec les EPO et les antinéoplasiques notamment.

Le Leem a profité de la présentation du bilan du secteur pour confirmer ses réserves vis-à-vis du projet de Contrat d'amélioration des pratiques individuelles (CAPI), « notamment quant au droit à l'information des patients et au droit pour eux de bénéficier de l'innovation thérapeutique ». Rappelons que ces contrats signés entre les médecins et les caisses primaires, entrés en vigueur à la mi-mars 2009 malgré une très forte opposition syndicale et ordinale, introduisent le paiement à la « performance ». Le médecin qui signe un CAPI s'engage, durant trois ans, à tenter d'atteindre des objectifs fixés par l'Assurance maladie dans trois domaines différents : la prévention, les pathologies chroniques et l'optimisation de la prescription. La rémunération finale sera variable en fonction de l'atteinte des objectifs, qui repose à 60 % sur les deux premiers domaines et à 40 % sur l'optimisation des prescriptions. Au final, un « médecin CAPI » peut toucher jusqu'à 5 600 euros de plus par an.

Si la CNAMTS a budgété 10 millions d'euros en année 1 sur ce poste, les médecins ne devraient pas être très nombreux à se précipiter sur ces CAPI, lesquels auront, sur le long terme, des répercussions sur les prescriptions et donc sur les délivrances officinales... A titre d'exemple, les prescriptions de vasodilatateurs chez les patients de 65 ans et plus devront passer de 14 % à 7 % et celles mentionnant des benzodiazépines à demi-vie longue devront baisser de 12,5 % à 5 % de ces personnes. Les sartans sont également dans le collimateur : l'objectif est de tomber à 35 % des hypertenseurs au lieu des 58 % actuellement.

L'optimisation de la prescription concerne essentiellement le Répertoire : les génériques doivent représenter 90 % des antibiotiques en unités, 80 % des inhibiteurs de la pompe à protons, 80 % des antidépresseurs et 70 % des statines ! Pas difficile d'imaginer toutes les conséquences pour l'officine si les médecins mordent au CAPI.

- 1,1 %

En 2008, le médicament remboursable a représenté un chiffre d'affaires de 27,2 milliards d'euros (- 1,1 % par rapport à 2007), correspondant à 2,74 milliards d'unités délivrées

(- 4,9 %).

Top-10 en valeur (ventes totales)

1. Plavix 75 mg, comprimés (30)

2. Gardasil

3. Seretide Diskus, 60 doses

4. Prevenar

5. Enbrel 50 mg, comprimés (28)

6. Inexium 40 mg, comprimés (28)

7. Lucentis

8. Inexium 20 mg, comprimés (28)

9. Humira

10. Tahor 10 mg, comprimés (28).

Top-10 en volume (ventes totales)

1. Doliprane 1000 mg adulte, comprimés sécables (8)

2. Efferalgan 1000 mg adulte, comprimés effervescents (8)

3. Dafalgan 500 mg, gélules (16)

4. Doliprane 500 mg adulte, comprimés (16)

5. Dafalgan 1000 mg, comprimés (8)

6. Efferalgan 500 mg, comprimés effervescents (16)

7. Doliprane 1000 mg adulte, comprimés effervescents (8)

8. Kardégic 75 mg, sachets (30)

9. Eludril, solution pour bain de bouche

10. Ixprim, comprimés (20).

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