Les médicaments détournés en forte expansion en Afrique

Dans les pays du Nord, il s'agit de dopage et de surconsommation de benzodiazépines et de tranquillisants alors que, dans les pays en voie de développement, le détournement de médicaments concerne les stimulants sexuels et la dépigmentation », a expliqué Jean-Loup Rey, vice-président de ReMeD, au cours d'une conférence organisée par l'association. Au Bénin, par exemple, le Vasobral est utilisé pour améliorer l'érection et l'Anafranil pour retarder l'éjaculation. Autres types de détournements courants dans ce pays d'Afrique francophone : l'Uteplex, donné comme fortifiant aux enfants, ou l'amoxicilline, censée lutter contre la constipation. « Si l'on refuse de vendre, les gens passent à côté ou les achètent sur les marchés qui sont très fournis », déplore Moutiatou Toukourou, pharmacienne et présidente de Pharmaction.

Problème numéro un : la dépigmentation

Mais le problème le plus crucial en Afrique est la dépigmentation volontaire. « Les produits utilisés sont l'hydroquinone, des corticoïdes, des caustiques et des produits mercuriels », rapporte Antoine Mahé, dermatologue au centre hospitalier de Meaux. Avec pour conséquence l'apparition de mycoses, d'érésipèle, de vergetures, d'acné, d'ochronose exogène, de syndrome néphrotique... Face à ce problème, le pharmacien doit garder à l'esprit que « la dispensation est unitaire, applicable à une ordonnance et à un patient, et qu'en cas de doute il a le droit et le devoir de la refuser », conclut Jean-Loup Rey.