La grippe sur tous les fronts - Le Moniteur des Pharmacies n° 2779 du 09/05/2009 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2779 du 09/05/2009
 

L'ÉVÉNEMENT

Actualité

Fébriles la semaine dernière, la communauté scientifique et les pouvoirs publics semblent retrouver un peu de sérénité face à la grippe A(H1N1). Même si certains spécialistes évoquent un risque de flambée à l'automne. Du Mexique, où le gouvernement évoque aussi un recul de l'épidémie, une pharmacienne expatriée raconte.

L'échelle d'alerte pandémique de l'OMSSuivant les recommandations de l'OMS, qui a déclenché le 29 avril la phase 5 de son échelle d'alerte pandémique, la France a basculé le 1er mai au niveau 5a de son plan de préparation à la pandémie. Les phases 2 à 5 se découpent en niveaux a et b, selon qu'elles s'appliquent respectivement à l'étranger ou à la France.

Aucun décès depuis deux jours », « Diminution régulière du nombre d'hospitalisations »... Pour la première fois depuis l'alerte sanitaire à la grippe A(H1N1), le communiqué de presse du 2 mai du ministre de la Santé mexicain, José çngel Córdova, se veut rassurant. Prudent, il évoque une phase de recul du virus dans son pays où, le 4 mai, 590 cas dont 25 décès ont été confirmés.

Une reprise échelonnée des activités dans tout le pays est prévue : mercredi 6 mai, les restaurants et les bars ont pu relever leur rideau. Le 7 mai, les élèves du secondaire et les étudiants ont repris leurs cours et les lieux de culte et les musées ont rouvert. Les vacances forcées des élèves de petite section sont prolongées jusqu'à la semaine suivante. Les cinémas, théâtres et discothèques restent en revanche fermés jusqu'à nouvel ordre. A Morelia, dans l'Etat du Michoacán, la place centrale, traditionnellement bondée, est étrangement calme. Les masques ne sont portés que par une personne sur vingt. Avec une température de 35°, c'est insupportable. D'autres n'ont simplement pas pu s'en procurer.

Les antigrippaux des pharmacies vendus en 24 heures

« Les pharmacies font leur beurre », titre un article du quotidien El Universal, qui reproche à certaines officines de tirer profit de la situation. Des masques ont été vus en vente à Mexico à 50 pesos (plus de 10 fois leur prix habituel). En 24 heures, les antigrippaux auraient été vendus jusqu'à rupture du stock. Devant le risque de dérives, les autorités sanitaires n'ont pas tardé à rappeler les règles de délivrance. « Pour le moment, les produits sont réquisitionnés pour les hôpitaux, explique une vendeuse qui travaille dans une pharmacie de Morelia. On conseille de se laver les mains avec du gel antibactérien et de prendre de la vitamine C, mais tout est en rupture. » L'automédication va bon train. Ici, on propose de la vitamine A, ailleurs de l'Echinacea. Pour Diego, chercheur en agronomie, la crise sanitaire soulève d'autres problèmes. La réactivité dans l'analyse des cas, par exemple. « Aux Etats-Unis, ils ont pu échantillonner les cas rapidement. Ici, la méthode a été mise au point lentement », déplore-t-il. Dans les zones rurales, si l'information passe, elle est parfois mal intégrée. « Pour les villageois, le problème est avant tout citadin. Comme pour le sida, ils ne se sentent pas vraiment concernés », ajoute le chercheur. Finalement, plus que le virus, ce sont ses conséquences qui effraient. Le pays se serait bien passé de cette « publicité » : la crise sanitaire pourrait lui coûter jusqu'à 0,5 % de son PIB, soit 5 milliards de dollars.

Les Français seraient-ils victimes d'une psychose ?

Certains Mexicains s'étonnent de la psychose européenne relayée par les médias. En revanche, pour les expatriés français, l'alerte 5 n'a rien d'exagéré. Le 5 mai au matin, 21 pays avaient rapporté 1 124 cas confirmés. A Roissy-Charles-de-Gaulle, où tous les vols en provenance du Mexique atterrissent, le débarquement se fait dans une zone spécifique, à l'écart des autres passagers et sans contact avec les personnels de l'aéroport. Un soutien médicopsychologique est mis en place à l'intention de ces mêmes passagers. Dans tout le pays, 16 établissements de santé dits « de référence » sont en mesure de prendre en charge la grippe A(H1N1), 13 en métropole et 3 outre-mer.

Cette nouvelle grippe justifie-t-elle cette peur panique qui a conduit certains patients à se ruer sur les stocks de masques et d'antiviraux, voire de gels antibactériens ? « Il est trop tôt pour répondre, explique le Dr Jean-Marie Cohen, coordinateur national du réseau des GROG (groupes régionaux d'observation de la grippe). Depuis quelques années, les virologues nord-américains signalent périodiquement des cas humains de grippe dus à des virus grippaux porcins H1N1 un peu différents de ceux qui sont habituels chez les humains. Ce virus grippal H1N1 a diffusé à Mexico, prouvant qu'il est bien adapté à l'homme et qu'il se transmet facilement. Avant d'avoir peur, il faut rappeler que les virus A(H1N1) humains habituels circulent depuis 1917. Même si ce nouveau virus grippal est antigéniquement très différent du H1N1 humain habituel, il est possible que ceux qui ont des anticorps anti-H1N1 soient naturellement partiellement protégés. Quoi qu'il en soit, pour l'instant, les formes cliniques de cette nouvelle grippe ne sont pas plus sévères que celles de la grippe saisonnière habituelle. Quant aux antiviraux oraux, ce ne sont pas des vaccins. Prendre un antiviral spécifique de la grippe à titre préventif alors qu'on n'est pas encore porteur du virus n'a aucun intérêt. »

Bientôt une réunion organisée au ministère pour les pharmaciens

Marie-Paule Kieny, directrice de l'initiative pour la recherche sur les vaccins de l'OMS, a indiqué le 4 mai que la souche de référence de la grippe A(H1N1) qui servira de base au développement d'un vaccin pandémique serait disponible avant la fin du mois. Il faudra ensuite 4 à 6 mois pour produire la première dose de vaccin, mais la capacité ne sera de toute façon pas suffisante pour produire des vaccins pour l'ensemble de la population mondiale. L'OMS n'a par ailleurs pas recommandé de stopper la production de vaccin contre la grippe saisonnière. Espérons qu'il faudra moins de temps à nos professionnels de santé pour accorder leurs violons sur le terrain. Mardi matin, le ministère organisait une réunion d'information sur la grippe A(H1N1) pour les seuls médecins libéraux ! Furieux, Jean Parrot, raconte qu'il s'en est ouvert auprès du cabinet. « Muriel Dahan [conseillère « médicament » de Roselyne Bachelot] m'a assuré qu'une réunion pour les officinaux sera organisée dans les meilleurs délais, peut-être mardi après-midi ou mercredi. » Aux yeux du président du Conseil national de l'ordre des pharmaciens, « il y aurait eu une logique à coordonner à la fois les médecins et les pharmaciens ». Cela n'aura donc pas été le cas. Mais, l'épidémie semblant « marquer le pas, cela laisse le temps d'ajuster les tirs des uns et des autres pour se coordonner ». Quelle chance... !

Une campagne d'information

« Lavez-vous les mains plusieurs fois par jour », « Utilisez un mouchoir en papier pour éternuer ou tousser. Jetez-le ensuite », « Limitez les contacts avec les personnes malades », « Appelez votre médecin traitant ou le 15 en cas de symptômes grippaux »... Ces gestes sont martelés dans les médias français depuis mardi dernier. A la radio, à la télévision et dans la presse quotidienne nationale et régionale, les pouvoirs publics ont mis en place une campagne grand public sur la grippe A(H1N1) pour limiter les risques de transmission et informer le grand public. Des affiches ont également été envoyées aux pharmacies, aux préfectures, aux mairies, à l'Education nationale et aux services de l'Etat. Anne-Laure Mercier

Alerte à Saint-Genis-Laval

Parce que c'était le premier cas suspect à Lyon, l'affaire a vite fait les gros titres des journaux locaux. Avant que des tests annoncent, le 29 avril, que la patiente de retour du Mexique n'était pas atteinte par la grippe A(H1N1). Cette habitante de Saint-Genis-Laval, dans la banlieue lyonnaise, avait consulté son médecin puis s'était rendue à la Pharmacie de la Place. Après avoir demandé si les autorités sanitaires avaient été averties - ce que le médecin avait omis de faire -, la pharmacienne a aussitôt décidé de contacter le SAMU, lequel a acheminé la patiente au service des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital de la Croix-Rousse, à Lyon. Avec modestie, la pharmacienne a aussitôt nuancé ce signalement : « J'ai fait mon métier, c'est tout... » La DDASS, qui se félicite de l'issue de l'affaire, a confirmé dans le quotidien Le Progrès qu'aucune consigne n'avait été diffusée aux généralistes et que, sur 3 000 médecins enregistrés dans le Rhône, elle ne disposait des numéros de téléphone que de 250 d'entre eux.

Jean-Claude Pennec

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