Jeanne Brugère-Picoux, professeur à l'école vétérinaire d'Alfort - Le Moniteur des Pharmacies n° 2779 du 09/05/2009 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2779 du 09/05/2009
 

L'ÉVÉNEMENT

Actualité

« Les circonstances sont rassurantes, mais les mesures de prévention se justifient »

Quel est votre état d'esprit en regard de la situation actuelle ?

Plusieurs critères semblent plutôt rassurants. D'abord, les symptômes ne paraissent pas plus graves que ceux d'une grippe saisonnière. Et puis, une pandémie éclate brutalement... Là, tout a commencé en mars et le nombre de cas mortels liés à cette grippe n'est pas extrêmement alarmant. Enfin, il semblerait que les Mexicains commencent à lever leurs mesures de protection. En France, nous les avons maintenues car les cas, bien que bénins, sont des cas importés. Cela dit, comme tout le monde, j'ai été surprise par cette épidémie. Personne dans la communauté scientifique ne s'attendait à cette maladie émergente de type grippal.

Seriez-vous en train de nous dire que le déclenchement du plan pandémique et, a fortiori le passage au niveau d'alerte 5, serait exagéré ?

Pas du tout. Nous sommes en présence d'un virus qui a une triple origine : porcine, aviaire et humaine. Et une origine géographique diverse (Europe, Asie, Amérique). Autant je m'étais insurgée quand l'Organisation mondiale de la santé avait tiré la sonnette d'alarme pour la grippe aviaire en générant, à mon sens, une peur collective tout à fait inutile car il s'agissait d'un problème vétérinaire touchant principalement des volailles, autant, là, il n'y a pas eu de maladie porcine à l'origine de l'alerte. On est bel et bien face à une contamination interhumaine, et l'espèce porcine a la particularité d'être sensible aux mêmes virus grippaux que l'homme. Les décisions prises par l'OMS et suivies par la France sont tout à fait justifiées car l'évolution est finalement imprévisible. Le taux de mortalité n'est certes pas alarmant, mais le virus est nouveau. Il faut donc prendre des précautions.

Il n'y a cependant aucune raison de se livrer à un abattage systématique des porcs ?

Non. Et on peut continuer à en manger. En revanche, mettre en quarantaine les porcs d'un élevage si l'éleveur est atteint peut se discuter. N'oublions pas que les porcs peuvent être contaminés par l'homme et véhiculer le virus sans être obligatoirement eux-mêmes malades. Ce qui peut contribuer à sa dissémination.

L'accalmie ne serait que passagère et l'épidémie pourrait flamber à l'automne. Pourquoi ?

Parce que l'on se calque sur ce qui s'est passé pour la grippe espagnole. Bien que la grippe A(H1N1) n'ait pas les mêmes facteurs de virulence que celui de la grippe espagnole, rien ne permet de prédire que le passage de ce nouveau virus sur l'espèce humaine ne favorise pas l'acquisition d'une plus grande virulence au bout d'un certain temps. Les virus influenza présentent effectivement la propriété de muter ou de se recombiner facilement. Il ne s'agit cependant que d'une hypothèse. Et, en l'occurrence, de l'hypothèse la plus pessimiste.

Pourrez-vous respecter la minute de silence en mémoire de votre consœur de Guyane le samedi 20 avril ?


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