Pourquoi des Belges s'installent en France

Le 2 janvier, Florence Bustin et son père Olivier ont repris à Dominique Baras et Marie-Christine Vanhille la Pharmacie de la Place à Anzin, une commune contiguë à Valenciennes. Diplômés de la faculté de Liège, ils ont choisi d'y exercer en France alors qu'Olivier est déjà propriétaire (non exploitant) de plusieurs officines dans son pays. Cette installation est le fruit d'« une démarche entrepreneuriale familiale » pour permettre à Florence de débuter sa vie professionnelle dans les meilleures conditions.

Cette reprise aurait pu se concrétiser en Belgique. « Car, depuis longtemps, l'ouverture du capital y est une réalité, explique Olivier Bustin. La moyenne de CA y est de 750 000 euros, mais 80 % des pharmaciens font moins. Les reprises de taille ne sont plus à la portée des jeunes et l'officine libérale du début de ma carrière n'est plus possible aujourd'hui... » Mais pas question d'imaginer le salariat à vie pour une jeune femme dont les grands-parents, parents, frères et soeurs, beaux-frères ont exercé ou exercent en tant que libéraux. Le père et sa fille se sont donc intéressés aux marchés allemand, néerlandais et luxembourgeois pour finalement choisir la France : « Nos modes de fonctionnement sont proches et, surtout, la France est réellement un marché où il y a des pharmacies à vendre, de l'ordre de 500 en permanence, de toute taille et de toute qualité. » La qualité de l'officine (plus de 4 millions de CA), la confiance qui s'est instaurée avec les cédants et l'avis des conseillers dont Olivier Bustin s'est entouré ont emporté la décision.

« La France championne des formalités »

Puis a débuté le parcours administratif : « Tout a été fait dans les règles, de l'équivalence des diplômes à l'inscription aux tableaux A et D de l'Ordre », explique Olivier Bustin, conscient qu'il en aurait été autrement s'il avait été titulaire responsable d'une officine en Belgique. Ils ont tout de même connu leur lot de petites difficultés comme la nécessité de « se faire un profil bancaire à la française » propre à intéresser des banquiers plutôt attentistes. « Il n'a pas été évident non plus de faire comprendre que nous avons conservé la même structure juridique, une SNC, avec son code SIRET, ses comptes bancaires, Dominique Baras ayant cédé ses 60 % du capital directement à ma fille et Marie-Christine Vanhille ses 40 % à moi-même... La France est bien championne du monde des formalités administratives ! »

Père et fille sont aujourd'hui toute la semaine à Anzin. Ils se sont adaptés aux spécificités françaises, qu'il s'agisse par exemple du nom des spécialités ou de leur conditionnement. Il leur a fallu aussi s'habituer au tiers payant (en Belgique il reste un dû à la charge du patient), au paiement par chèque (abandonné en Belgique au profit du paiement électronique) ainsi qu'à la télétransmission quotidienne (mensuelle là-bas avec envoi d'une unique facture par patient). « Et si le prix du médicament est globalement moins cher en France, analyse Olivier Bustin, la traçabilité est plus complète en Belgique grâce au code-barre unique par boîte. »

« Nous n'avons pas l'impression de faire un métier différent ici », constatent Olivier et Florence Bustin. Même si, pour Florence, c'est une première expérience concrète de manager à la tête de 13 personnes autour d'un même projet d'entreprise. Et pour Olivier, il s'agit d'un accompagnement avant un envol en solo.